C’est parce que les deux entrainent une vasodilatation et donc une hypotension.
Or, quand on mange, ça entraine une mobilisation de sang au niveau du ventre, pour assurer la digestion. Seulement, le sang en question n’est pas tiré de nulle part. Il vient des autres parties du corps. Et du coup, il y en a moins pour le reste du corps. La digestion entraine donc elle aussi une certaine hypotension. C’est d’ailleurs pour ça qu’on a moins d’énergie après un repas copieux.
Or, vu que le corps est déjà en état d’hypotension, ce manque de sang va l’aggraver. Et la personne risque de mourir par emballement ou arrêt cardiaque.
Du coup, le corps supprime le problème de la digestion. Et il le fait en vomissant. Le sang qui était mobilisé pour la digestion peut alors être mobilisé ailleurs. Et la tension sanguine va remonter. En vomissant, le corps supprime cette source d’hypotension. Le fait de vomir est un mécanisme de protection contre l’hypotension de la part du corps.
Il est possible que ce soit une fonction réflexe quand il y a hypotension et donc, que le corps vomisse même s’il n’y a pas de digestion d’entamée. C’est à voir.
Par ailleurs, il est dit que lorsque la morphine est prise à haute dose, au contraire, ça a plutôt une action anti-vomitive. C’est assez logique. Comme ça entraine une détente musculaire, à partir d’une certaine dose, les muscles du ventre sont tellement détendus qu’ils deviennent incapables de vomir. Du coup, effectivement, à haute dose, ça a un effet anti-vomitif.
Et puis, toujours pour la morphine, il semble aussi que le corps s’habitue. Ce qui entraine qu’il faut souvent augmenter les doses de façon énorme pour continuer à obtenir le même effet. Donc, il est possible que si la personne a moins de nausée quand elle prend des fortes doses, ce soit parfois parce qu’elle s’est habituée au produit et que ça lui fait moins d’effet. Dans ce cas, les nausées reviendraient une fois la dose à nouveau augmentée.
Il est possible aussi que le ralentissement de la digestion causée par l’effet de détente musculaire entraine une mauvaise digestion (développement de bactéries) et que les toxines émises participent parfois à l’envie de vomir.
D’une façon générale, on peut se dire que la plupart des produits qui entrainent une vasodilatation vont avoir tendance à entrainer des nausées et des vomissements.
La solution pour limiter un tout petit peu cet effet, dans le cas de la morphine, c’est de manger léger. C’est-à-dire, déjà, pas de fortes quantités. Mais vu que les personnes en question ne doivent pas avoir tellement faim, c’est surtout au niveau de la composition des repas que l’amélioration peut être obtenue en ce qui concerne la légèreté. Il faut éviter de manger des fruits ou des légumes à fort index glycémique avec des produits d’origine animale. Donc, surtout pas de steak + patates. Plutôt un steak + haricots verts/salade/tomates/brocolis/choux rouges/etc… Voir, pas de steak du tout. Pas de fruits à la fin du repas. A la limite un yaourt comme dessert. Ce genre de choses quoi. Et pour les fruits, les manger seuls. Faire un repas uniquement de fruit sans mélange avec d’autres types d’aliments.
Ajout du 15/11/2010 :
En faisant une recherche sur l’héroïne, évidemment, j’ai trouvé que ça aussi, ça entraine des nausées et des vomissements (c’est normal, puisque c’est en réalité la même chose que la morphine). C’est même ce qui fait en grande partie que les héroïnomanes arrêtent de s’alimenter et maigrissent rapidement. Ca doit aussi avoir un effet coupe-faim, mais les nausées doivent faire que même avec de la volonté de manger, les héroïnomanes sont rebutés par ce problème de nausée. Sur ce forum, quelqu’un dit que même le fait d’être debout entraine des nausées. Ce qui est logique, puisque quand la personne est debout, elle fait un effort, ce qui nécessite d’augmenter le rythme cardiaque. Et comme il n’y a pas assez de pression dans le système sanguin, le système a une nouvelle fois le réflexe de vouloir vomir.
C’est intéressant, parce que ça permet de comprendre de nouveaux détails pour la morphine. Puisque ça entraine des nausées, comme pour les héroïnomanes, les patients sous morphine ne vont plus pouvoir se nourrir. Du coup, ils vont maigrir rapidement, comme les héroïnomanes. Donc, la morphine va être une autre source d’amaigrissement importante (dans le cas du cancer, la première chronologiquement est le traitement anticancéreux). Or, quand le patient est considéré comme étant en phase terminale, on lui donne de la morphine. Donc, alors qu’il est déjà affaibli, on donne quelque chose qui va l’amaigrir énormément. Seulement, on mettra ça sur le compte de la maladie et pas sur le compte de la morphine. On se dira que s’il est aussi amaigri, c’est parce qu’il est en phase terminal.
Bien sur, on mettra le patient sous sonde gastrique. Mais vu que le problème de la digestion et donc des nausées et des vomissements continuera à se poser, il risquera de finir par la refuser. Et là, il s’amaigrira à nouveau à vue d’œil.
Il faut tenir compte par ailleurs de la déshydratation qui va être associée à l’amaigrissement. Or, comme la déshydratation entraine une hypotension. Et que la morphine entraine déjà de l’hypotension, on imagine le degré d’hypotension du patient.
Le fait que les nausées soient provoquées par le simple fait d’être debout est important également. Ca veut dire qu’un patient sous morphine va avoir tendance à rester alité, afin de ne pas subir ces nausées (enfin.., surtout ceux en phase terminale). Du coup, pour les proches, ça corroborera l’idée qu’il est en phase terminale (le fait que ça provoque des phases de délire ira aussi dans le sens de cette idée).
On me dira que les héroïnomanes ne sont pas alités en permanence, et ne meurent pas en quelques mois d’amaigrissement et de déshydratation. Oui, mais comme je l’avais dit dans un article précédent sur la morphine, la plupart des héroïnomanes sont jeunes. Donc, ils ont une santé et une énergie bien meilleures que les cancéreux ou autres malades à qui on donne de la morphine, qui sont vieux pour l’écrasante majorité. Et puis, ils alternent les drogues. A certains moments, ils vont prendre des drogues entrainant de l’hypertension et favorisant l’envie de manger (cocaïne, amphétamines). Et parfois, par manque d’argent, ils devront faire un arrêt forcé. Ou alors, ils devront prendre des palliatifs ayant beaucoup moins d’effet (ou à des doses ayant beaucoup moins d’effet). Alors que les malades n’ont pas d’interruption dans leur traitement. Par ailleurs, les drogués sont limités dans la quantité d’héroïne qu’ils peuvent prendre, tout simplement à cause du prix. Un héroïnomane ne pourra rapidement plus augmenter sa consommation, parce qu’il n’aura pas assez d’argent pour le faire. Et comme l’héroïne, de la même façon que la morphine, nécessite qu’on augmente régulièrement les doses pour garder le même effet, ne plus pouvoir le faire entrainera la diminution ou la stagnation de ce dernier. Les malades, de leur coté, ne sont pas limités. Le médecin peut augmenter les doses autant qu’il le veut. Et c’est ce qui va souvent arriver. En tout cas pour les patients en phase terminale. Quelque part, le prix de leur drogue protège les héroïnomanes d’une mort beaucoup plus précoce. Alors que les malades, eux, n’ont pas cette « chance ».