Les grandes épidémies de peste n’ont jamais existé 2

Les estimations sont essentiellement faites à partir de quelques registres et des écrits de quelques chroniqueurs

Bien sur, on pourrait se baser sur les registres paroissiaux et seigneuriaux pour faire les estimations. Le problème, c’est qu’on ne tenait pas de registres paroissiaux à l’époque en Europe. En France, l’obligation d’en tenir a été faite seulement à partir de 1539 à l’initiative du roi François 1er par l’ordonnance de Villers-Cotterêts. Et encore, au départ, on ne comptabilisait que les naissances. La comptabilisation des mariages et des morts n’a commencé à être faite qu’à partir de 1579, par l’ordonnance de Blois édictée par Henri III. Il est dit qu’avant l’ordonnance de François 1er, les registres ont commencé à être tenus à la fin du moyen-âge. Mais, la fin du moyen-âge commence à partir de 1500.

Et dans le reste de l’Europe, c’est pareil. C’est seulement à partir de 1497 que cette pratique a commencé à être utilisée, en Espagne d’abord, puis, petit à petit, dans toute l’Europe. Et c’est en 1563 que l’Eglise catholique a ordonné la tenue de ces registres. C’est par exemple le cas en Allemagne (fin du 16ème siècle), au Danemark (un peu plus tard, vers 1640) et en Norvège (1668). Donc, il doit y avoir un nombre très très restreint de registres paroissiaux datant d’au moins 1347.

Les historiens parlent des registres anglais. Mais, ceux-ci semblent ne remonter au plus tôt que vers les années 1540.

En fait, apparemment, il y a un seul registre paroissial qui date d’avant 1347 en France, c’est celui de Givry, en Saône et Loire, commencé en 1303 et tenu jusqu’en 1357 (et il compte les actes de baptême, de mariages ainsi que les actes de sépulture). Le deuxième plus ancien registre paroissial semble être celui de Nantes, qui a commencé en 1406.

Alors, effectivement, dans le registre de Givry, sur une population de 1500 habitants, il y aurait eu 649 sépultures de réalisées en 1348 (dont 630 de juin à septembre), contre 40 d’habitude. Ce qui irait dans le sens de la théorie officielle.

Heureusement, miracle d’Internet, j’ai retrouvé un livre intitulé « le registre paroissial de Givry et la peste noire », de Pierre Gras, écrit en 1939. C’est relativement court, et ça passe par le prisme de l’analyse de l’auteur qui croit à l’épidémie de peste. Mais les quelques détails donnés permettent d’imaginer une toute autre version que celle qui est donnée dans cet ouvrage.

Déjà, si les informations sur les sépultures vont seulement jusqu’en 1348, heureusement, celles sur les mariages vont jusqu’à 1357 (tout ça est répartie sur plusieurs cahiers). Et manque de chance pour la théorie officielle, les informations sur les mariages contredisent assez la thèse des ravages dus à la peste. Soit disant, la peste a tué 630 personnes de juillet à novembre 1348. Mais, en fait, ça ne se retrouve pas du tout dans les chiffres des mariages. Ceux-ci sont les suivants : 1336, 19 ; 1337, 20 ; 1338, 11 ; 1339, 29 ; 1340, 15 ; 1341, 11 ; 1342 (incomplète), 1 ; 1343 (incomplète), 5 ; 1344 (incomplète), 3 ; 1345 (incomplète), 2 ; 1346, manque complètement ; 1347 (incomplète), 19 ; 1348 année de la Peste noire, 0 ; 1349, 86, 1350, 33 ; 1351, 22 ; 1352, 19 ; 1353, 15 ; 1354, 19 ; 1355, 12 ; 1356, 10 ; 1357 (incomplète), 9.

Donc, alors qu’environ 43 % de la population est morte en 1348, ça n’a strictement aucun impact sur le nombre de mariages les 9 années suivantes. La théorie officielle dit que c’est parce qu’il y aurait eu une flambée de mariages après l’épidémie. Mais si, à la rigueur ça pourrait tenir pour les deux ou trois premières années, on devrait quand même voir un impact les années suivantes. Normalement, il devrait y avoir alors environ 43 % de mariages en moins. Mais non, tout continue exactement comme avant, comme s’il ne s’était rien passé. Eh oui, ça continue comme s’il ne s’était rien passé, tout simplement parce qu’il ne s’est rien passé.

Cela dit, même la première année, l’explication officielle ne tient pas. Il est dit que parmi les 86 mariages de cette année, 42 furent célébrés entre le 14 janvier et le 24 février 1349. Donc, 43 % des gens meurent entre juillet et novembre. Mais en moins de quelques mois, probablement moins de 3 mois pour certains, 43 personnes se remarient. Les veufs et les veuves étaient vraiment sacrément joyeux à Givry. Surtout qu’à l’époque, les mariages étaient des choses qui ne se faisaient pas du jour au lendemain. En général, vu que ça impliquait des dotes pour les filles, des réunions de terrains, etc.., et que les parents étaient fortement décisionnaires, les choses ne se décidaient pas en deux ou trois mois. D’autant plus qu’il devait y avoir des périodes de fiançailles qui duraient un minimum de temps. Alors on voit mal comment, en seulement 2 ou 3 mois, toutes les décisions, les consultations de parents, les périodes de fiançailles, etc.., auraient pu être réalisées. Surtout que ça implique que tout se serait décidé presque au lendemain de la fin du massacre, dès décembre. Rapides les gars. Et puis, les gens en question ne savaient pas si la peste allait revenir ou pas. Donc, s’engager pour l’avenir alors qu’ils étaient loin d’être sur que tout était terminé, ça semble assez peu crédible. Un an d’attente aurait semblé le minimum.

Et puis, pour qu’il y ait eu flambée de mariages, il aurait fallu que le plus souvent, un seul des deux conjoints fût mort. Mais vu la façon dont on nous présente la peste (causée par les puces des rats), ça aurait du être au contraire l’exception plutôt que la règle. La plupart du temps, vu qu’ils vivaient au même endroit, les deux conjoints auraient du être mordus par les puces des rats et auraient du mourir. Donc, il n’y aurait eu que très peu de veufs ou des veuves à marier.

Donc, cette flambée de mariages si peu de temps après une telle catastrophe qui aurait du emporter surtout des couples, voir des familles entières, et le maintien par la suite des mariages au même niveau qu’avant est illogique par rapport à la théorie d’un véritable massacre dû à la peste.

Par ailleurs, ce comptage des morts pendant la peste par le vicaire, puis son arrêt soudain est assez bizarre. Il aurait continué l’œuvre de son prédécesseur même sans se faire payer (quasiment pas d’indication de luminaires durant cette période. Le luminaire étant apparemment un paiement pour la cérémonie funéraire). Puis, alors qu’il aurait retranscrit la mort de 630 personnes en quelques mois, il aurait ensuite arrêté de le faire ? Et ceci alors qu’il aurait continué à retranscrire les mariages. Ca parait assez illogique.

Mais, à la lumière des informations données dans ce livre, je crois qu’on peut comprendre ce qui s’est réellement passé. Ma théorie est la suivante. L’élément capital, c’est que le 24 juin 1348, un nouveau vicaire est arrivé pour s’occuper de la cure de Givry. Un autre élément très important est que le comptage des morts s’arrête à la fin de novembre 1348. A la lumière de ces deux éléments ainsi que de quelques autres, on peut penser qu’en fait, il ne s’agit pas de comptage des morts, mais tout simplement du recensement de ses ouailles par le nouveau vicaire. C’est pour ça qu’il n’y a quasiment pas d’indication de luminaires de la part du nouveau vicaire. C’est aussi pour ça qu’il n’y a que des noms, sans aucune note, ni aucune allusion à un fléau quelconque. Et c’est pour ça que le livre s’arrête en novembre. En fait, le vicaire avait tout simplement fini de recenser la population. Et il arrêtait donc le comptage. S’il y a seulement 630 personnes de comptées au lieu de 1500 (le chiffre de la population totale), c’est qu’il ne devait pas compter les enfants. Seul le couple chef de famille devait l’intéresser. D’où un chiffre bien moins élevé que les 1500. Il y avait quelques indications de luminaires, parce qu’il devait y avoir eu des morts lors de son comptage. Il les a donc retranscrits à l’occasion de son recensement.

S’il y a eu 86 mariages en 1349, c’est peut-être tout simplement parce qu’il y avait eu des retards dans la réalisation des mariages l’année, ou peut-être même les années précédentes. Peut-être qu’il y a eu des cérémonies qui n’ont pas été réalisées à cause de problèmes venant du précédent vicaire (d’où son remplacement). Il est dit qu’il n’y a aucune donnée pour 1346 dans les cahiers tenus par l’ancien vicaire et que les 4 années précédentes étaient incomplètes (ainsi que l’année 1347). Et s’il y a eu zéro mariage en 1348, c’est peut-être là encore tout simplement à cause des déficiences du précédent vicaire et du temps qu’à mis le nouveau vicaire à recenser ses ouailles. La situation finissant par être urgente, ce dernier aurait donc effectué les mariages en retard assez tôt dans l’année 1349.

Peut-être aussi que le retard se situait seulement dans la comptabilisation des mariages. Du coup, le nouveau vicaire aurait comptabilisé les mariages de 1348 et peut-être de 1347 en début d’année 1349, pour que les comptes soient à jour. De ce qu’en dit Pierre Gras, il ne s’agissait pas d’un livre officiel, mais juste de cahiers de comptes personnels pour les vicaires en place. Donc, vu que c’était quelque chose d’informel, il n’avait pas à rendre compte à qui que ce soit. Il pouvait prendre du retard dans les écritures ; ça ne regardait que lui.

Ensuite, en 1350, vu que le vicaire officiait alors normalement et n’avait plus de retard soit dans le nombre de mariage à effectuer, soit dans sa comptabilité des mariages, le nombre de mariage noté dans ses cahiers est logiquement revenu à la normale durant les six années suivantes.

Le fait que les cahiers avaient seulement un usage personnel peut expliquer aussi que le nouveau vicaire ait marqué son recensement dans un des cahiers précédemment utilisé pour le comptage des cérémonies funéraires. Comme il ne s’agissait de rien d’officiel, il aurait tout simplement pris un cahier où il y avait de la place et l’aurait détourné de sa fonction précédente. Il est dit qu’il a arrêté de l’utiliser alors qu’il y avait encore de nombreuses feuilles blanches pour écrire. Là aussi, ça n’a plus rien d’étonnant. Ayant fini sa tache de recensement, il a simplement arrêté d’utiliser ce cahier. Mais évidemment, pour quelqu’un lisant le cahier 7 siècles plus tard, ça pouvait amener à croire que les chiffres du nouveau vicaire concernaient toujours la comptabilisation des cérémonies funéraires. Et avec la croyance préalable qu’une terrible épidémie avait ravagé l’Europe en 1348, la confusion devenait plus que probable.

Donc en fait, ce que le registre de Givry nous décrirait, ce serait simplement un problème avec un précédent vicaire, les lenteurs d’installation du nouveau vicaire, son recensement informel de la population, et peut-être le rattrapage de certaines cérémonies de mariage durant l’année 1349. Bref, le livre en question nous décrit des évènements qui n’ont rien à voir avec un quelconque massacre. Il décrit seulement la vie paisible d’une petite bourgade du XIVème siècle.

Il est dit que les anglais auraient parmi les meilleures données. Seulement, on ne parle apparemment pas de registres paroissiaux et de nombre de morts. Donc, de quoi retourne-t-il exactement ? Mystère. Il semblerait, si je comprends bien, mais je suis loin d’en être sur, qu’on se base sur les chiffres de recensement de population de certaines villes ou paroisses. Mais, ça ne voudrait alors rien dire. Parce que selon les historiens eux-mêmes, la population était en baisse en Europe depuis le début du 14ème siècle. Donc, se baser sur les chiffres de recensement ne permettrait aucune conclusion sur une éventuelle peste.

Et les registres seigneuriaux, si jamais il y en a eu à cette époque, ont du disparaitre avec leur seigneur.

De toute façon, il y aurait une contradiction logique. Il est dit que les prêtres étaient les plus touchés par l’épidémie. Donc, comment aurait on pu avoir des registres paroissiaux à jour durant les années 1347-1350 avec la plupart des prêtres morts, et probablement une bonne partie des autres en fuite pour échapper à la pestilence ? Surtout que ce qui est indiqué sur les registres, ce n’est pas la date de la mort, mais la date de la sépulture. Mais là aussi, il y a un problème. On nous dit par ailleurs que vu que les morts étaient trop nombreux, ils étaient enterrés dans des fosses communes. Donc, il ne devait pas y avoir d’acte de sépulture dans ces cas là.

Par ailleurs, les registres paroissiaux enregistrent apparemment les baptêmes, pas les naissances. Donc, si jamais un danger à entrainé la fuite des gens et des prêtres, forcément, il n’y aura pas de baptême cette année là.

Donc, les estimations générales de morts sont faites essentiellement non pas sur la base de registres paroissiaux ou seigneuriaux, mais sur les écrits de quelques chroniqueurs. On fait mieux comme source crédible.

Vous vous dites que ce n’est pas possible de bidonner autant. Ben, de nos jours, on bidonne pratiquement autant concernant les chiffres du nombre de mort par sida en Afrique. Alors, bidonner des chiffres d’il y a 750 ans, ce n’est vraiment pas un problème.

Les chroniqueurs en question et les personnages de l’époque

Déjà, il est illogique que seulement quelques chroniqueurs parlent de cet évènement. S’il y avait eu un tiers de la population qui avait disparu, il y aurait eu des tonnes de témoignages : écrits, peintures, etc… Mais non, on a juste quelques chroniqueurs qui en parlent.

Et, encore mieux, les chroniqueurs en question évoquent le massacre de façon très courte, parfois en seulement une ligne ! Le truc de fou.

C’est le cas de Jean Froissart. Il parle de la peste dans une seule ligne de tout son ouvrage, ou il dit que le tiers de la population est morte à cause d’une maladie, sans préciser laquelle (dans ce temps, une maladie que l’on nomme épidémie couroit, dont bien la tierce partie du monde mourut). Donc, il y a le tiers du monde connu qui meurt d’une épidémie, mais il ne parle de l’évènement que dans une seule ligne. Bien sur, très crédible. La réalité, c’est qu’il n’y a eu aucune épidémie. Il doit inventer complètement. C’est pour ça qu’il n’en parle que dans une seule ligne. Et si ça se trouve, c’est un truc rajouté par la suite.

Et puis quand on se renseigne sur Froissart, on voit qu’il est né en 1337. Donc, en 1347, il avait 10 ans. Il aurait donc du avoir des souvenir assez nets de l’horreur. Vu les massacres auxquels il aurait du assister, ça aurait du marquer sa mémoire et il aurait du en parler quand même pas mal dans son livre. Mais non, juste une seule ligne.

Froissart est d’ailleurs vilipendé par la plupart des historiens comme exagérant fortement et presque constamment. Le gars fiable.

Au niveau des exagérations relevées (je ne sais pas si ça concerne Froissard), on a par exemple ça :

« au début, les gens étaient stupéfiés, et les témoins apeurés avaient tendance à exagérer leur témoignage. A Avignon, en France, les chroniqueurs parlent de 62.000 morts (et certains autres de 120.000), alors que la population de cette cité était probablement de moins de 50.000 personnes« .

Le moine de Saint-Denis parle aussi de la maladie, mais sur une seule page. Ben voyons.

Il y a aussi Giovanni Boccaccio (Boccace en Français), l’auteur du Décaméron, né apparemment en 1313. Soi-disant, il écrit le Décaméron  entre 1349 et 1353. On a l’Europe qui perd le tiers de sa population. Dans les villes, c’est souvent les deux tiers de la population. Mais alors que le monde s’effondre autour de lui, ce gars écrit un recueil de nouvelles. Et par ailleurs, alors qu’il écrit son livre, il voyage dans toute l’Europe, soit disant touchée par la peste. Par exemple, en 1350, il va à Brandebourg, Milan et Avignon. Et en Octobre 1350, il va à Florence, et rencontre Francesco Pétrarque qui lui conseille d’étudier le grec ancien et la littérature latine.

Dans son Décaméron, il parle des bubons : « aux hommes comme aux femmes, venait d’abord à l’aine ou sous les aisselles certaines enflures, dont les unes devenaient grosses comme une pomme ordinaire, d’autres comme un œuf, d’autres un peu plus un peu moins, que le vulgaire nommait bubon« . Donc, contrairement à ce que dit la version officielle de maintenant, il n’y avait pas un bubon mais plusieurs. Ce que dit Boccace, c’est que ça commençait à l’aine ou sous les aisselles. Donc, ensuite, il y en avait d’autres à d’autres endroits du corps. D’ailleurs, le principe que ça commence d’abord à l’aine ou sous les aisselles parce que les puces auraient piqué seulement à ces deux endroits est absurde. Les puces piquent partout. Il suffit de lire les témoignages de personnes ayant un problème de puce de parquet. A chaque fois, elles disent qu’elles se grattent les jambes. Seulement, effectivement, en dehors des aisselles et de l’aine, où il y a beaucoup de ganglions lymphatiques, on ne voit pas comment il y aurait pu y avoir des bubons. Soit c’est limité à ces deux endroits et éventuellement au cou, soit il y en a ailleurs, et alors, le problème n’était pas des ganglions gonflés, mais bien des espèces de cloques. Et on retombe sur le problème de symptômes que personnes n’a jamais vu.

Par ailleurs, Boccace dit « la propriété de la maladie en question fut de se transformer en taches noires ou livides qui apparaissaient sur les bras, sur les cuisses« . Donc, certains ont bien parlé de bubons noirs ; même s’il parle ici plutôt de taches (alors qu’il parle d’enflures ailleurs, la contradiction ne le gêne pas). Le fait qu’il parle aussi de bubons clairs, en plus du fait que personne ne parle de ça dans la théorie officielle, montre qu’il raconte n’importe quoi, parce qu’encore plus que des gros bubons noirs sur tout le corps, personne n’a jamais vu ça.

Le Décaméron lui-même va à l’encontre de la version officielle, puisque Boccace place l’action de ses personnages à la campagne. Et il laisse entendre que tout y était idyllique, en tout cas pour les personnages de son recueil de nouvelles. Il dit bien au début de l’ouvrage que les campagnes aussi sont touchées, mais de façon bien moins importante. Or, selon la théorie officielle, les campagnes étaient elles aussi touchées très fortement puisqu’il y avait dans les 30 % de mortalité. En tout cas, les personnages eux, ne sont absolument pas importunés par la peste durant leur séjour. Alors, peut-être qu’il s’agissait d’invention poétique. Mais alors, rien n’empêche de penser qu’il en était de même quand il parlait de la peste par ailleurs. Ca pouvait être une pure invention qu’il aurait trouvée bien pour son livre.

Il semble aussi que Ibn Khaldun (1332-1406), un historien arabe, ne s’étende que très peu sur la peste dans ses ouvrages. Alors pourtant que ses parents sont soi-disant morts à cause de celle-ci quand il avait 17 ans. Apparemment, il n’y a que cette référence : « Tant à l’est qu’à l’ouest, la civilisation subit une incursion destructrice, celle de la peste qui dévasta les nations et raya des populations entières de la surface de la terre. Elle annihila le bien qui avait été créé […] le niveau de civilisation décrut en même temps que le nombre d’habitants. La face du monde habité en fut changée« . Donc, là aussi, on a quelqu’un de super prolixe sur un évènement qui a soi-disant rayé de la carte des populations entières.

Dans le même genre absurde, on a la reine Jeanne, comtesse de Provence. Alors que l’épidémie de peste est sensée avoir commencé vers le 1er novembre 1347 à Marseille, que fait-elle ? Elle quitte Naples pour arriver à Marseille le 29 janvier 1348. En pleine peste ! Il est dit que son arrivée ressemblait plus à une fuite qu’à une visite de ses États. En effet, le 11 janvier 1348 Louis de Hongrie était à Bénévent prêt à envahir le royaume de Naples. Devant cette menace, Jeanne qui s’était retirée au Château-Neuf et confiante en la fidélité des habitants de Marseille, avait préparé son évasion afin d’échapper à la vengeance de Louis. Elle reste un mois à Marseille. Et ensuite, elle quitte Marseille le 27 février pour se rendre à Châteaurenard, près d’Arles. Là, elle attend que le pape Clément VI lui donne audience à Avignon. Ce qui est fait le 15 mars (cf. la page Wikipédia sur Clément VI et la reine Jeanne).

Donc, elle fuit Naples par peur de la mort ou de l’emprisonnement, mais elle va à Marseille qui est en pleine épidémie de peste. Elle y reste un mois, puis va près d’Arles puis à Avignon, où là aussi, la peste fait des ravages. Et elle y reste jusqu’au 21 juillet 1348. Bref, alors qu’elle fuit la mort, elle va et ensuite reste dans des endroits ou elle a apparemment toutes les chances de mourir.

La cerise sur le gâteau étant que durant les moments de rencontre entre le pape Clément VI et la reine Jeanne, celui-ci achète Avignon à la reine Jeanne (80.000 florins ; elle avait en effet besoin d’argent). La peste est sensée ravager Avignon, et à un tel rythme qu’on peut se demander s’il restera un seul homme vivant dans cette ville. Mais Clément VI décide d’acheter cette ville.

Encore un autre truc amusant concernant Clément VI et Avignon. En 1348, considérant que la guerre fait rage en France, il décide qu’Avignon a besoin de protection. Et dès 1349, il charge Juan Fernandez de Heredia de diriger la construction des nouveaux remparts devant ceindre Avignon. Pour les financer, les Avignonnais sont taxés et les membres de la Curie envoyés aux quatre coins de l’Europe pour trouver des subsides. Donc, les deux tiers de la population de la ville sont morts. Ca doit être au moins le tiers de la population dans les campagnes alentours. Et que décide le pape ? De construire des remparts qui doivent couter une somme phénoménale et une quantité d’ouvriers énorme. Et en plus, il taxe certainement très fortement les survivants.

Autre évènement complètement en décalage avec les ravages de la peste. Le 6 juin 1349 : Louis de Tarente et les barons napolitains sont mis en déroute par les troupes hongroise qui ont envahit le royaume de Naples à la bataille de Melito. L’Italie est massacrée par la Peste, et que font les hongrois ? Ils envahissent l’Italie. Apparemment, ils n’avaient pas peur que leurs troupes soient ravagées par la peste. D’ailleurs, vu que la Hongrie elle-même devait être ravagée par la peste à ce moment là, on se demande comment ils ont pu réunir une armée. Sans compter que décider d’envahir un autre pays alors que le sien est en train d’être ravagé par la peste, il faut quand même avoir un grain. Soi-disant, il est obligé de se retirer à cause de la peste. Mais il est dit aussi qu’il se retire à cause de la révolte des barons napolitains. On peut penser que c’est cette dernière explication qui est la bonne.

Mieux, il refait une campagne contre le royaume de Naples dès février 1350 (jusqu’en octobre). Si la peste avait vraiment ravagé l’Italie et la Hongrie en 1348-1349, il aurait fallu vraiment qu’il soit fou à lier pour refaire une nouvelle campagne aussi tôt, avec tous les risques que son armée soit décimée par la peste. Surtout que là, encore plus qu’avant, avec tous les morts de la peste, il n’aurait pas du avoir assez d’hommes pour faire une campagne militaire.

Enfin, dans Wikipédia, il est dit à la page de l’année 1349 que Valdemar Atterdag reconquiert toutes les provinces perdues par le Danemark, y compris la Scanie et les territoires extérieurs au royaume. Il semble que cette reconquête ce soit étalée sur plusieurs années. Mais apparemment, elle a commencé en 1349. Donc, même problème que pour les hongrois : on comprend mal comment le roi du Danemark aurait décidé de faire une guerre de reconquête alors que la peste ravageait son royaume.

Des charniers a priori non découverts

Il est dit qu’à Vienne, on enterrait jusqu’à 1.600 personnes par jour et qu’on fut obligé de creuser d’immenses fossés autour de la ville pour y enfouir les montagnes de cadavres (histoire générale de la médecine, par Jean-Antoine-François Ozanam, p.87). Ou sont les charniers en question ? On arrive à retrouver des charniers vieux de 2000 ans ; donc, il ne devrait pas y avoir de problème pour retrouver ceux-là.

Par ailleurs, certains disent que tout le monde se repliait sur lui-même et que les pères refusaient de voir leurs enfants (et inversement), de peur d’attraper la maladie. Mais dans le même temps, en tout cas à Vienne, ça ne les gênait pas de passer des heures au milieu des morts pour les enterrer. Surtout que si les puces avaient sauté sur les fossoyeurs et que la peste les avait tués, ça aurait évidement rapidement découragé les vocations.

Des évènements pouvant être la cause de nombreux morts

Le 25 janvier 1347, un violent tremblement de terre ébranla la grève et l’Italie. Naples, Rome, Pise, Bologne, Padoue et Venise souffrirent beaucoup. Des églises, des châteaux s’écroulèrent et ensevelirent des milliers de victimes. Trente villages furent engloutis en Carniole. Villach fut détruite de fond en comble et ses habitants ensevelis sous les ruines.

En France, on était alors en pleine guerre de cent ans. La bataille de Crécy avait été perdue par les français en aout 1346.
Donc, il y avait par ailleurs des évènements pouvant justifier de nombreux morts dans certaines villes, par famines, massacres, catastrophes naturelles, etc…

Les autres épidémies de peste

Contradiction entre épidémies locales et périodes de pandémie

Un autre problème, c’est que la plupart des autres épidémies sont localisées dans une ou quelques villes précises. Il suffit de regarder Wikipédia : à partir de la peste noire de 1348, toutes les épidémies Européennes sont locales.

Par exemple, au XVIème siècle :

* 1507 : prévôté de Châtenois en Lorraine
* 1524 : duché d’Alençon, en Normandie
* 1526 : duché d’Alençon
* 1533 : Quimper, en Bretagne
* 1534 : Agen
* 1544 : duché d’Alençon
* 1554 : Argentan, en Normandie
* 1558 : Amiens, Argentan, Toulouse
* 1559 : Amiens, Saint-Malo, Toulouse
* 1560 : Amiens, Carcassonne, Draguignan, Paris, Rennes, Toulouse
* 1561 : Amiens, Coulommiers, Orléans, Pamiers, Paris, Perpignan, Toulouse
* 1564 : Quimper, en Bretagne
* 1565 : Quimper, en Bretagne
* 1567 : Autun, Avallon, Beaune, Dijon, Mâcon, Paris, Troyes
* 1568 : Angers, Armentières, Auxerre, Avallon, Besançon, Genève, Nantes, Paris
* 1569 : Auxerre, Avalon, Besançon, Castres, Gap, Nantes
* 1570 : Avesnes, Gap, Nantes
* 1571 : Cambrai
* 1575 : Venise
* 1580 : Hyères, Arles
* 1585 : La Rochelle
* 1585-1595 : prévôté de Châtenois en Lorraine
* 1586 : Quimper, en Bretagne
* 1594-1595 : Quimper, en Bretagne
* 1597 : Argentan

Donc, il y a comme un problème. Comment les grandes épidémies ont-elles pu se répandre aussi vite dans toute l’Europe, et la plupart des épidémies suivantes rester localisées à chaque fois à une ou quelques villes ? C’est complètement aberrant. On ne peut pas avoir les deux cas. Soit ça se propage à toute vitesse, soit ça reste localisé. Mais si c’est capable de se propager à toute vitesse, en se jouant des frontières naturelles, comme on l’a vu, alors, la plupart des épidémies devraient avoir affecté toute l’Europe (ou le continent asiatique, etc…)

Surtout qu’après 1347, il n’y a pas eu qu’une épidémie, il y en a eu des dizaines (on peut en compter dans les environs de 50 sur Wikipédia. Et encore, ça a l’air de se concentrer surtout sur les épidémies françaises).

Et on ne peut même pas dire que les gens restant étaient immunisés, puisqu’on constate des épidémies récurrentes, comme à Quimper, Arles, Argentan, La Rochelle, Bordeaux (61 années de peste entre 1500 et 1656), etc… Et ce parfois à des années de distances, mais le plus souvent à des dizaines d’années de distance. Donc, la théorie comme quoi les européens survivants de la peste noire de 1347 auraient été immunisés contre la bactérie ne tient pas. Et si les gens n’étaient pas immunisés contre la peste, pourquoi celle-ci ne s’est pas à nouveau répandue dans toute l’Europe ? Ben, elle ne s’est pas répandue parce qu’il n’y a jamais eu d’épidémie de peste et qu’il n’y a pas de bactéries causant la peste. Et la peste elle-même n’existe pas.

Pourquoi y avait-il des épidémies dans certaines villes parfois (quand elles sont réellement avérées bien sur et qu’on n’était pas en période de guerre ou de famine) ? C’est probablement parce que l’eau était de mauvaise qualité. En fait, il devait s’agir d’empoisonnement : soit des empoisonnements chimiques (rejets de produits dans le cours d’eau ou les gens s’abreuvaient), soit des empoisonnements du à la toxine émise par le bacille du choléra (présence de cadavres ou de grandes quantités de déjections dans l’eau). C’est pour ça que « l’épidémie » se limitait à cette ville.

Et comme par hasard, les grandes épidémies, en dehors de la peste noire de 1347, remontent aux calendes grecques. On a la peste Antonine entre 165 et 170 après J.C, qui est censée avoir affecté toute l’Empire romain. Puis, en 251-260, on a la peste de Cyprien, qui affecte la totalité de l’Europe occidental et une partie de l’Afrique du nord. On a plus ou moins la peste de Justinien, entre 541 et 767, qui affecte une partie de l’Europe, mais de façon fractionnée (plusieurs épidémies sur 10 ans) et relativement localisée à chaque fois. C’est sur qu’avec des épidémies se passant dans des temps anciens, on ne peut pas vérifier la véracité de la chose. Donc, on peut inventer n’importe quoi. En réalité, on ne sait rien de ces épidémies.

La dernière grande épidémie de peste a eu lieu en Chine, en 1894. Là aussi, en situant l’épidémie dans un pays lointain, on peut inventer n’importe quoi. Là aussi, on ne sait pas grand-chose de ce qui s’est réellement passé.

Et comme dit précédemment, puisque les puces d’Europe étaient désormais toutes infectées, après 1348, on aurait du avoir des épidémies à répétition. Les gens auraient du tomber malade sans arrêt. En fait, l’humanité aurait du disparaitre. Ou alors, quasiment tout le monde devrait être immunisé naturellement.

Conclusion

D’un point de vu général, on a donc des symptômes incroyables et changeants (et ils deviennent non spécifiques lors du changement). A l’époque, le terme « pestis » était un terme générique. Ce qui fait que les témoignages ne désignent absolument pas spécifiquement la maladie qu’à notre époque nous appelons peste.

Du coté de la peste noire, celle-ci progresse à une vitesse incroyable et les scientifiques eux-mêmes trouvent que ça ne colle pas. La transmission par bateau est illogique. Il n’y a pas de mort massive des rats, pourtant vecteurs supposés de la maladie. De très larges zones sont plus que curieusement épargnées par la maladie. La pandémie disparait sans aucune raison. De façon incroyable, les villes récupèrent leur population très rapidement, parfois en moins de 2 ans. Il n’y a pas de statistiques de la population européenne à l’époque, et il n’y avait pas de registres paroissiaux de tenus, à part dans quelques très rares cas, et pour ceux-ci, la datation pose question. Les sources reposent donc pour leur plus grande part sur quelques chroniqueurs. Mais les dits chroniqueurs relatent quasiment tous l’évènement en quelques lignes. Par ailleurs, certains personnages de l’époque agissent de façon absurde.

Et concernant les autres pestes, 90 % du temps elles ne touchent qu’une seule ville. Par ailleurs, vu que toutes les puces d’Europe étaient sensées être infectées depuis longtemps, on aurait du avoir des infections à répétition à l’échelle du monde pendant des siècles. Et on ne peut pas justifier ça par une résistance des populations européennes, puisqu’il y a eu des villes touchées par des épidémies de façon répétées, avec une période de temps entre 2 répétition assez variables (quelques années, quelques dizaines d’années, etc…).

Bref, comme pour plein d’autres maladies, cette histoire de peste ne tient pas debout.

La réalité, c’est qu’il n’y a jamais eu de peste noire. Et il n’y a donc pas eu le tiers de la population qui est morte. C’est une invention pure et simple, un truc construit a posteriori pour donner du poids à la théorie des microbes pathogènes. C’est sur que la croyance en une pandémie ayant tué le tiers la population européenne rend quasi inattaquable la théorie des microbes pathogènes. Un peu comme la croyance dans le fait qu’il y a des dizaines de millions d’africains morts du SIDA rend inattaquable la théorie du virus VIH tueur.