Les vraies raisons de l’amélioration de l’espérance de vie : le fin mot de l’affaire (partie 3/3)

 

Les autorités laïques proposaient également des soins

 

Non seulement les autorités religieuses proposaient des soins, mais les autorités laïques également. Vers la fin du moyen-âge, certaines villes ont commencé à ouvrir des hôpitaux municipaux. Donc, les gens ont eu accès à la médecine aussi par ce biais-là.

 

Et puis, l’ouvrage « Le service public de la chirurgie : administration des premiers secours et pratiques professionnelles à Paris au XVIIIe siècle« , écrit par Christelle Rabier en 2010, nous apprend un autre élément intéressant. A partir du 17ème siècle, les chirurgiens ont commencé à avoir l’obligation d’intervenir quand la police les réquisitionnait pour soigner un accidenté.

« La réglementation professionnelle construit à partir du XVIIe siècle le devoir de porter secours et la permanence des soins.« 

« À la fin du siècle (note d’Aixur, le 18ème), l’injonction de secourir les blessés s’étend aux noyés. En 1783, un arrêt du Parlement de Paris enjoint aux chirurgiens de « porter des secours à tous particuliers aussitôt qu’il en sera requis et notamment aux Noyés« .

Or, ces chirurgiens utilisaient la saignée pour un peu tout et n’importe quoi. Une noyade ? Le médecin faisait une saignée. Une jambe cassée ? Là encore, une saignée. Bref, pratiquement tout type d’accident était sujet à une saignée.

Forcément, ça participait au massacre par la médecine. Tant qu’on pense que les accidentés étaient laissés à eux-mêmes, on se dit que là, la cause de la mort était naturelle. Mais si les chirurgiens intervenaient et pratiquaient la saignée, là, ça change bien des choses. D’un seul coup, une bonne partie des morts par accident doit être mise sur le compte de la médecine.

D’autant plus que, concernant les blessures, même dans le cas où le médecin ne pouvait pas intervenir rapidement (par exemple en cas de neige ou autre problème limitant les déplacements) et où la personne arrivait à récupérer, elle était loin d’être sortie d’affaire. Parce que le médecin arrivait au bout du compte avec sa saignée. Donc, le risque de mourir restait important.

Bien sûr, il faut comptabiliser les personnes sauvées par les chirurgiens (ça devait arriver). Mais le nombre des tués devait largement outrepasser celui des sauvés.

En tout cas, on comprend alors pourquoi autant d’accidentés mourraient. Ça n’était pas forcément à cause de la blessure elle-même, mais à cause de l’intervention du médecin.

Bien sûr, là, ça concerne des chirurgiens probablement laïcs. Mais on peut penser que les religieux assuraient ce rôle de secours aux accidentés avant le 17ème siècle. Donc, le problème était probablement identique avant cette époque. Peut-être que les interventions étaient moins systématiques qu’au 18ème siècle, mais elles devaient être nombreuses tout de même.

 

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