Evidemment, une fois qu’on a compris le lien entre folie et opiacés, on comprend immédiatement le lien entre Alzheimer et opiacés. Si les opiacé-likes entrainent des problèmes importants de mémoire, alors, forcément, ils sont une cause d’Alzheimer. Et vu la proportion de personnes âgées sous opiacés ou leurs analogues, ça doit en être une cause très importante
1) Opiacés et pertes de mémoire
Je rappelle le mécanisme.
Les opiacés rendent floue la frontière entre sommeil et éveil. Comme ils entrainent de la somnolence, on est à moitié éveillé dans la journée. Et comme ils entrainent un sommeil de mauvaise qualité, on dort à moitié durant la nuit. Forcément, à ce régime là, on finit par être extrêmement fatigué. Du coup, il devient difficile de mémoriser correctement : dans la journée, parce qu’on n’arrive pas à être attentif, et durant la nuit, parce que le sommeil est perturbé (or il est essentiel pour une bonne mémorisation).
De la même façon, on va avoir tendance à inventer des souvenirs, parce que comme on somnole dans la journée, et comme on manque de sommeil de bonne qualité, on finit par rêver tout éveillé. Du coup, avec la fatigue, la personne n’arrive plus bien à distinguer entre le rêve et la réalité, et invente donc des souvenirs fictifs.
Le docteur Patrick Lemoine (psychiatre, docteur en neurosciences) a aussi une théorie très intéressante sur le sujet. Selon lui, les benzodiazépines (il se limite à ça ; mais bien sûr, c’est valable pour tous les opiacés-likes) engendrent des symptômes de type Alzheimer parce qu’ils augmenteraient la fréquence et la durée des apnées du sommeil. Or, on sait que les apnées du sommeil conduisent à des états de démence. Les apnées du sommeil entraineraient un risque majeur d’AVC (accident vasculaire cérébral). Certains feront des AVC majeurs, mais la plupart feront plutôt des mirco-AVC, ce qui conduira à des syndromes démentiels.
« On sait très bien maintenant qu’un quart de Lexomil pris à 19h multiplie par deux le nombre et la durée des incidents respiratoires. La prise de ces médicaments peut donc transformer un ronfleur avec quelques apnées en apnéique pathologique. Je pense que certains patients ne développeraient pas de démence si leur cortex cérébral ne subissait pas autant d’hypercapnies et donc d’asphyxies. »
Et on comprend pourquoi une telle chose arrive avec les produits de type opiacé. Quand une personne ronfle, c’est parce que la base de la langue s’enfonce dans la gorge et diminue la place pour le passage de l’air vers les poumons. Donc, vu que les opiacés engendrent un relâchement des muscles, ça doit relâcher encore plus les muscles de la langue. Et du coup, sa base doit s’enfoncer encore plus dans la gorge, ce qui diminue encore plus l’espace qu’a l’air pour passer. Par ailleurs, lorsqu’une personne ronfle, le corps doit compenser instinctivement le manque d’espace de passage de l’air, en inspirant un peu plus fort. Du coup, le flux d’air augmente et la personne évite le manque d’oxygène. Mais, avec les opiacés, toujours à cause du relâchement des muscles, la personne ne doit plus pouvoir faire cet effort supplémentaire. Et à de nombreuses reprises, il doit y avoir des micro apnées.
Par ailleurs, en dehors de l’endommagement du cerveau, vu qu’il y a déjà naturellement un problème de sommeil non réparateur avec les opiacés, chez les personnes qui ronflent le problème est encore augmenté.
Bien sûr, il faudrait voir quelle est la proportion de gens qui ont l’habitude de ronfler parmi ceux qui développent une démence à cause des opiacés pour déterminer l’ampleur du phénomène.
Par ailleurs, comme les opiacés ont un effet sur la douleur en agissant sur le cerveau, il est possible que ça ait aussi un effet sur la mémorisation par ce biais-là en limitant le signal électrique dans le cerveau. Idée pas complètement stupide, puisque peu après y avoir pensé, j’ai découvert ce site qui dit effectivement que la méthadone décroit le flux sanguin dans le cerveau et son activité électrique. Au scanner SPECT, les personnes sous méthadone montrent des zones du cerveau ayant 45 % d’activité électrique en moins que la normale. Donc, il y a manifestement une dégradation de l’activité du cerveau. Bien sûr, il est possible que la diminution de l’activité électrique soit causée par des atteintes qui seraient purement physiques de la part de l’opiacé, ou alors, par le fait que le cerveau et le corps soient en situation de repos artificiel. Mais il est possible que l’opiacé agisse directement sur le flux électrique. Si ça agit directement sur la douleur, c’est peut-être qu’il y a une action directe sur les connexions neuronales au niveau électrique.
Par ailleurs, comme les opiacés diminuent l’envie de manger et que la nourriture solide participe fortement à l’hydratation du corps, on peut se dire aussi que les personnes sous opiacés vont être moins bien hydratées. Or, les cellules des personnes âgées sont déjà beaucoup moins bien hydratées que celles des jeunes. Donc, ça n’aidera pas le cerveau.
Enfin, le manque de motivation qu’entrainent les opiacés doit avoir un impact sur la mémoire aussi, puisque la mémoire est souvent clairement lié à l’envie, la motivation ; bref, aux émotions en général. Sans émotion, la mémorisation risque donc d’être moins bonne.
2) La dose et l’âge, facteurs essentiels de la survenue de la maladie d’Alzheimer
Donc, le mécanisme est identique à celui mis en évidence pour les fous. Toute la différence est dans la dose et l’âge.
Chez les personnes ordinaires consommant des opiacés, l’objectif n’est évidemment pas de les abrutir, contrairement aux personnes en hôpital psychiatrique. On va plutôt faire en sorte de limiter les effets secondaires et de ne pas augmenter les doses trop vite. Ceci afin d’éviter que la personne ne puisse plus assurer ses activités quotidiennes (travail, vie personnelle) et qu’elle ne devienne accroc au médicament. Les doses vont être limitées et l’impact de l’opiacé va l’être aussi. Et ce d’autant plus que l’effet des opiacés a tendance à diminuer à doses égales au fur et à mesure des prises. Donc, puisque les médecins limitent l’augmentation des doses, l’effet de l’opiacé va diminuer et la personne ne va pas subir des effets trop importants sur la mémoire. Et du coup, ça mettra beaucoup de temps avant que la personne ne se mette à vraiment perdre la mémoire.Ca prendra éventuellement jusqu’à 20 ou 30 ans en fonction des doses. Bien sûr, à doses plus fortes, ça pourra être plus rapide.
Avec des doses moyennes d’opiacés, l’âge sera un facteur primordial. Tant que la personne sera jeune, les effets des opiacés sur la mémoire resteront limités. Ceci parce que le cerveau est plus performant, et peut également se réorganiser en cas de problème. Mais quand la personne aura dépassé un certain âge, les effets délétères des opiacés commenceront à affecter le cerveau de façon visible. Le cerveau devenant moins performant et flexible avec l’âge, des atteintes qui n’auraient pas été visibles à 30 ans, le seront à 65-70-75-etc… ans (l’âge en question dépendra des personnes).
Par ailleurs, les atteintes au cerveau seront évidemment progressives. Une personne ayant 5 ans d’utilisation d’opiacés à dose moyenne sera seulement légèrement esquintée. Une personne ayant 20 ans d’utilisation d’opiacés derrière elle le sera beaucoup plus.
Donc, c’est trompeur, vu que pendant tout un temps, il ne se passera rien ou rien de bien grave. Puisque pendant 20 ans, tout se sera bien passé, les consommateurs d’opiacés auront tendance à se dire que ceux-ci ne posent pas de problème.
C’est ce qui explique que des gens peuvent avoir pris des médicaments avec effet de type opiacé pendant 20 ou 30 ans sans que n’apparaisse de problèmes graves de mémoire.
Et concernant le problème mis en avant par le docteur Lemoine, plus on prend de l’âge, plus on a tendance à ronfler et à avoir des micro-apnées. Du coup, l’impact de l’opiacé via ce biais-là, sera de plus en plus important au fur et à mesure que la personne avancera en âge. Donc, tout arrivera en même temps. C’est au moment où la personne sera le plus esquintée par l’opiacé que le cerveau sera le moins performant et que les problèmes de ronflements s’accentueront.
Comme évoqué plus haut, il faut aussi tenir compte du fait que l’effet diminue si on n’augmente pas les doses. Or, comme les médecins ne vont pas augmenter les doses trop rapidement, l’effet va avoir tendance à diminuer. Donc, les gens vont subir généralement un effet opiacé faible ou moyen, ce qui limitera les problèmes de mémoire. Et même quand il y aura augmentation des doses, la perte d’efficacité sera suffisamment rapide pour que l’impact soit limité.
L’augmentation des doses pose quand même parfois problème. C’est le cas quand il y a passage à un palier supérieur en ce qui concerne l’effet recherché : comme par exemple quand on passe des antalgiques de palier 2 à ceux de palier 3. On va d’un seul coup passer à des opiacé-likes plus puissants. Et en plus, au lieu de les utiliser en cas de crise, on va les prendre quasiment en permanence pour éviter l’apparition d’une crise. Donc, d’un seul coup, l’impact va être très supérieur au type de médicament pris précédemment, ce qui risque d’accélérer fortement la vitesse de dégradation de la mémoire.
Et puis, il y a aussi le cas où on ajoute un autre opiacé-like à la consommation d’un premier opiacé, dans le cas où le médecin diagnostique une nouvelle maladie. Par exemple, une personne prend un somnifère depuis 2 ans. On lui diagnostique en plus un trouble bipolaire. On lui donne des médicaments opiacés quand on la considère en phase haute du trouble. La consommation d’opiacés est multipliée par 2 d’un seul coup. Ou alors, un opiacé-like pris pour une raison autre qu’antidouleur fait moins d’effet et des douleurs apparaissent. Le médecin va donner un antalgique à base d’opiacés. Et du coup, la dose sera là aussi multipliée par 2. Il y a plein de situations possibles de ce genre.
Il ne faut pas non plus sous-estimer la facilité de se procurer des opiacé-likes et du coup, la facilité à augmenter les doses. Certains médecins généralistes ou psychiatres ou autres sont des véritables robinets à ordonnance de médicaments de ce genre. Par ailleurs, de nombreuses pharmacies acceptent sans problème des ordonnances périmées de la part de clients connus. Pour peu que la personne présente bien, ça passe sans problème. Donc, un certain nombre de gens peuvent augmenter les doses plus ou moins à convenance. Ça pourrait expliquer pourquoi certaines personnes ont des problèmes de mémoire alors que d’autres avec une ordonnance identique n’en ont pas.
On peut aussi penser que pendant longtemps, la plupart des gens vont respecter les doses des ordonnances et que ce n’est qu’au bout d’un certain temps de consommation que certains d’entre eux vont commencer à devenir moins sérieux et à essayer d’augmenter les doses sans passer par le médecin. Ce qui expliquerait que les effets de ces médicaments restent limités pendant longtemps et que tout d’un coup, certaines personnes commencent à avoir des problèmes de mémoire.
Dans la mesure où les personnes âgées sont entre 30 et 50 % à consommer des antalgiques, somnifères et autres, on comprend pourquoi autant sont touchées par la maladie d’Alzheimer.
Trouvé ici (page 4) : « Une personne âgée sur deux souffre de douleurs chroniques« .
Et ici (page 1) : « La prévalence de la douleur chez le sujet âgé est très élevée. Alors que la douleur aiguë est souvent atypique ou absente chez les personnes âgées, la prévalence de la douleur chronique est de 25 à 50% chez ces personnes vivant à domicile et de 50 à 93% pour celles vivant en institution.«
Et évidemment, elles sont traitées avec des anti-douleurs. Alors, bien sûr, toutes ne le sont pas avec des antalgiques contenant des opiacés (antalgiques de palier 2 ou 3). Beaucoup le sont avec des antalgiques de palier 1. Mais quand même. Il doit y en avoir beaucoup sous antalgiques de palier 2 et 3. Et puis, de toute façon, les antalgiques de palier 1 entrainent eux aussi des problèmes de mémoire (par hémorragies cérébrales), comme on l’a vu dans un précédent article. Il faut voir aussi qu’un certain nombre de personnes âgées ne ressentent pas de douleur tout simplement parce qu’elles sont déjà sous antalgiques ou autres médicaments.
Au même endroit (page 1) : « 90 % des plus de 65 ans consomment au moins un médicament par jour« .
Vu ici : « Pour combattre l’insomnie, l’anxiété ou des affections y ressemblant, 32% des plus de 65 ans et près de 40% des plus de 85 ans se sont vu prescrire un hypnotique ou un anxiolytique entre septembre et décembre 2007.«
Autre information ici : « Contre la dépression, 13% des plus de 65 ans et 18% des plus de 85% se sont vus en 2007 « prescrire régulièrement des antidépresseurs », même s’il n’est pas établi s’il s’agissait vraiment de « dépression caractérisée ».
En ce qui concerne les troubles du comportement, 3% des plus de 65 ans et près de 6% des plus de 85 ans ont eu « de façon régulière » une prescription de neuroleptiques. Le chiffre atteignait même 18% chez les personnes souffrant de maladie d’Alzheimer. Et pourtant la prescription de neuroleptiques au long cours « n’est pas indiquée dans les troubles du comportement », affirme la HAS.«
Ce qu’il y a aussi, c’est que beaucoup de personnes vont commencer à avoir des problèmes de santé vers 60 ans. Donc, beaucoup de gens vont commencer à prendre des opiacés seulement à ce moment-là. Les suites d’opérations, les douleurs dorsales, les douleurs articulaires, etc…, vont conduire ces gens à prendre des antidouleurs de type opiacé (souvent au début, ce seront de simples anti-inflammatoires, puis après des opiacés). Du coup, ça ne sera qu’au début de la soixantaine ou de la soixante-dizaine que ces personnes prendront des opiacés, ce qui laissera un certain temps avant que des problèmes de mémoire importants n’apparaissent. Ca pourra mettre 10 ou 20 ans.
Evidemment, si le début de la prise ne se fait qu’à partir de 70 ans, normalement, ça devrait mettre très longtemps avant que ça n’agisse. Ça ne colle donc pas très bien avec des problèmes apparaissant quelques années après. Seulement, comme on l’a vu, l’âge joue beaucoup. Et pour certains, il suffira de quelques années pour plonger. Surtout que s’il y a eu opération, ça aura pu endommager le cerveau fortement. Cela dit, c’est surtout à partir de 80 ans que les cas se multiplient. Il y a 22 % des personnes qui sont Alzheimer après 90 ans. Donc, là, ça colle. Ca explique que les cas se multiplient vers 90 ans. Les opérations et traitements se multiplient après 65 ans. Et c’est après 20 ans de traitement antalgiques, somnifères, etc… que les problèmes finissent par arriver. Et puis, il y a aussi le problème de la dose. Si une personne se fait diagnostiquer un cancer par exemple, les douleurs engendrées par le traitement et les opérations pourront conduire à la prise de doses massives d’antidouleurs. Et du coup, les pertes de mémoire arriveront beaucoup plus rapidement.
Au passage, on peut penser que c’est parce que les opiacé-likes perturbent surtout la mémoire à court-terme que les personnes Alzheimer ont souvent leurs anciens souvenirs. Sur 20 ans de consommation, ça va perturber les souvenirs qui se seront constitués pendant ces 20 années. Mais par contre, les souvenirs plus anciens constitués alors que le cerveau mémorisait encore correctement seront encore présents. Ce n’est que quand la matrice générale du cerveau sera complètement désorganisée que les souvenirs anciens disparaitront à leur tour.
C’est d’ailleurs ce qu’on retrouve fréquemment dans les témoignages de drogués aux opiacés. C’est la mémoire constituée durant les années de drogue qui est en grande partie effacée ; mais pas la mémoire d’avant. Et pas la mémoire d’après non plus, puisqu’étant encore assez jeune, leur cerveau est encore suffisamment performant pour redevenir aussi efficace qu’avant la prise de drogue.
Il faut noter que le phénomène de délitement de la mémoire à partir d’un certain âge et d’une certaine durée de prise d’opiacé-likes est absolument essentiel. En effet, on pourrait se dire que vu que les opiacé-likes ont manifestement un impact temporaire sur la mémoire, dans de nombreux cas (absence de ronflement par exemple) il n’y a pas de raison que la mémoire soit effacée définitivement, et donc, qu’il n’y a pas de raison que les opiacé-likes engendrent la maladie d’Alzheimer. Qu’ils engendrent des pertes de mémoire pendant la prise oui, mais une perte de capacité de mémorisation et de raisonnement définitive (donc, la maladie d’Alzheimer), a priori non. C’est le phénomène de délitement qui change tout. A partir d’un certain âge, et si la mémoire a été affecté par les opiacé-likes pendant longtemps, les liens entre souvenir doivent se déliter, et du coup, la matrice du cerveau doit être tellement pleine de trous qu’il devient impossible de penser correctement, même si on arrête le prendre ces substances.
3) Les études et témoignages sur le rapport entre les analogues d’opiacés utilisés sous forme de drogues récréactives et la mémoire
Ce qu’on trouve sur le lien entre analogues d’opiacés est mémoire assez variable. Il est reconnu que l’héroïne et diverses autres drogues peuvent provoquer des pertes de mémoire. Mais l’accent n’est pas tellement mis sur le sujet.
Sur Hometox, on trouve ça pour l’héroïne : « L’héroïne perturbe la capacité de mémorisation, la vigilance et l’attention, la réactivité, induit des troubles de sommeil.«
Sur Keep-Smiling, on trouve : « L’héroïne perturbe les capacités de réflexion, de mémorisation et d’attention, induit des troubles du sommeil et un état d’apathie (affaiblissement de l’initiative et de l’activité). Elle agit comme dépresseur de l’activité respiratoire et cardiovasculaire.«
Sur le site Treatment4addiction, on trouve : « désorientation, confusion, perte de mémoire« .
On trouve le problème de perte de mémoire (sur ce site) pour le Crystal Meth, le GHB et le Rohypnol.
Pour le cannabis et la mémoire, on trouve beaucoup de choses en français.
Exemple ici : « Tests et études ont ainsi montré qu’un individu sous l’emprise de cannabis voit diminuer ses performances de mémorisation. Mémoire de travail et mémoire sensorielle (mémoires à court terme) sont tout spécialement altérées.«
On trouve aussi sur le site de l’université de Jussieu : « Les troubles de la mémoire et cognitifs souvent rapportés après consommation chronique de cannabis pourraient quant à eux être liés à la présence de récepteurs CB1 dans le cortex et surtout dans l’hippocampe, qui est une structure cérébrale essentielle dans la mise en place des processus de mémorisation.«
Pour l’ecstasy, on trouve ici : « L’ecstasy, ou MDMA (du méthylène-dioxy-méthamphétamine), agit directement sur l’hippocampe. Située dans le lobe temporal, cette partie du cerveau joue un rôle déterminant dans la formation des souvenirs conscients mais aussi dans le stockage temporaire d’informations…
…La diminution des transporteurs de dopamine due à la consommation d’ecstazy semble affecter le fonctionnement cette zone du cerveau en provoquant notamment des troubles de la mémoire.«
Pour l’héroïne, c’est donc surtout sur des sites d’associations proches des consommateurs de drogue qu’on parle de ces effets. Sur les sites d’information plus généralistes, on ne trouve pas grand-chose. Par contre, pour le cannabis et l’ecstasy, les sites grand public en parlent sans problème.
Enfin, en tout cas, il est clair que les drogues ayant des effets de type opiacé posent des problèmes de mémoire.
Et pourtant, ça n’est pas tellement mis en avant pour ce qui est considéré comme la drogue la plus proches des médicaments opiacés dans la tête des gens : l’héroïne. Même chose pour la méthadone. Il y a un certain nombre d’éléments qui sont la cause de cet état de fait.
Déjà, l’orthodoxie médicale n’a certainement pas du tout envie de mettre en avant que les opiacés provoquent des pertes de mémoire. Parce qu’alors, certains petits malins pourraient faire le rapprochement et se dire que d’autres opiacés (comme la morphine, la codéine, etc…) peuvent provoquer le problème. Et du coup, les gens pourraient se mettre à se dire que si leur mère ou leur grand-mère a des problèmes de mémoire, c’est peut-être bien à cause du médicament qu’elle prend.
On peut penser que le cannabis est trop éloigné des opiacés dans la tête des gens pour que la mise en avant de cet effet entraine un doute envers les médicaments opiacés et analogues d’opiacés. Du coup, pour le cannabis, l’orthodoxie médicale n’a pas de problème à mettre en avant les effets délétères sur la mémoire. En plus, comme un héroïnomane a tendance à consommer du cannabis, avant, pendant et après son addiction à l’héroïne, on peut accuser le cannabis au lieu de l’héroïne. Comme ce sera souvent la seule drogue prise en continu entre 20 et 40 ans, et que la médecine reconnait ses effets négatifs sur la mémoire, ce sera un bon candidat pour expliquer les trous de mémoire. Les autres drogues étant prises de façon discontinue seront moins susceptibles d’être accusées. L’alcool sera aussi éventuellement accusé, si, après un sevrage à l’héroïne, l’ex-drogué se met à boire beaucoup.
Par ailleurs, les héroïnomanes ne prennent pas de l’héroïne en permanence, parce que c’est une drogue extrêmement chère. Il y a donc des périodes de pause ou de moindre consommation, ce qui entraine que les problèmes de mémorisation vont être discontinus.
En plus, il faut augmenter les doses pour conserver le même effet. Donc, toujours à cause de problèmes d’argent, les héroïnomanes ne vont pas pouvoir augmenter les doses facilement. Du coup, l’effet de la drogue va diminuer et celui sur la mémoire aussi.
Une autre cause de discontinuité du problème est que les héroïnomanes vont consommer souvent des drogues speedantes comme la cocaïne, pour avoir la pêche. Du coup, durant ces moments-là, ils n’auront pas de problème de mémoire.
Et puis, comme l’héroïne a un effet très puissant, la personne ne va rien faire pendant la majeure partie du temps où la drogue agira. Donc, si la personne ne se souvient pas bien de ce qui s’est passé à ce moment-là, ça n’est pas très grave et ça ne se remarquera pas. Par ailleurs, les consommateurs sont souvent assez désocialisés. Donc, là encore, les pertes de mémoire portent moins à conséquence. Tandis que pour le cannabis, comme c’est beaucoup moins désocialisant, et que le consommateur va en prendre tout en continuant à faire des activités par ailleurs, l’effet sur la mémoire se remarquera plus facilement. Un gars qui a fumé du cannabis pendant toute une soirée lors d’une fête et qui ne se souvient plus vraiment de ce qui s’est passé, ça se remarque. Un étudiant qui fume régulièrement et qui n’arrive pas à bien mémoriser ses cours, il le remarque aussi. Un shooté à l’héroïne qui ne se souvient plus de ce qui s’est passé pendant les 3 ou 4 heures où il somnolait plus ou moins au fond d’un squat ou de sa chambre, il s’en fout, et les autres s’en foutent aussi.
Par ailleurs, le fait que l’héroïne soit considérée comme une drogue ultra dure et soit associée à des styles de vie extrêmes fait qu’on va accuser de préférence le style de vie et les effets destructeurs de la drogue sur le corps, plutôt que les effets normaux de la drogue sur le cerveau. Ce sera déjà le cas quand la personne sera jeune. Et ça le sera encore plus quand elle aura plus de 45 ans. Là, les gens se diront que c’est normal qu’après des années de déglingue, le cerveau de l’héroïnomane soit complètement cramé.
Il faut noter aussi que les médecins vont souvent diagnostiquer à l’héroïnomane qui vient consulter une maladie causant comme par hasard des problèmes de mémoire. Souvent, on va leur diagnostiquer un problème de schizophrénie, ou encore, d’hypothyroïdie, etc… Ça ne se fera généralement pas lors de la période de prise de drogue, mais quand la personne viendra consulter pour se sevrer, ou quand elle prendra un traitement de substitution. Donc, les problèmes de mémoires seront mis sur le compte de la maladie et pas sur le compte de l’héroïne ou de la méthadone.
On trouve par exemple ça ici concernant la schizophrénie :
« Aussi souvent :
– Un tabagisme parfois très important participe à la surmortalité et à la diminution des revenus financiers.
– Les abus en substances : alcool, cannabis, opiacée (Héroïne, Subutex®, etc.)
– Les pathologies organiques sont fréquentes et les schizophrènes ont volontiers d’autres pathologies (difficultés des diagnostics, relative hostilité à être accueillis dans des structures de soins, négligence, hygiène de vie, etc.) »
Donc, un schizophrène va souvent consommer de l’alcool, du cannabis et des opiacés. Ce qui laisse au passage fortement à penser que de très nombreux cas de schizophrénie doivent en réalité être uniquement dus à des problèmes d’addiction à des opiacés et analogues.
Par ailleurs, la médecine affirme qu’il y a un lien clair entre consommation de cannabis et schizophrénie. Or, comme la plupart des héroïnomanes consomment aussi du cannabis, il sera facile de diagnostiquer la maladie chez les héroïnomanes par ce biais-là.
Exemple ici :
« Le risque de développer des troubles schizophréniques augmente de 40% chez les jeunes fumeurs de joints, par rapport à ceux qui n’en ont jamais fumé. Mais ce risque s’élève proportionnellement avec l’intensité de la consommation. Ainsi, les fumeurs réguliers (plus de 100 joints par an, soit environ plus de 2 par semaine) augmentent de 50 à 200% leur risque de souffrir de troubles mentaux (symptômes psychotiques, hallucinations, anomalies de la pensée).
Autre possibilité, ceux qui auront quelque chose de similaire à la maladie d’Alzheimer seront classés comme déments.
Evidemment, vu que les héroïnomanes prennent souvent de la méthadone quand ils arrêtent de prendre de l’héroïne, on devrait constater le problème aussi sur la méthadone.
Et effectivement, on a des témoignages sur les problèmes de mémoire qu’entraine la méthadone.
Mais là aussi, l’impact négatif de méthadone sur la mémoire est relativement peu mis en avant.
Evidemment, comme pour l’héroïne, l’orthodoxie médicale ne doit pas vouloir qu’on puisse faire le lien entre substance opiacées et mémoire défaillante.
Mais, il doit y avoir aussi des raisons propres à la méthadone.
La plupart du temps, la dose d’équivalent-opiacé que représentera la méthadone sera inférieure à celle prise durant la phase de prise d’héroïne. Du coup, le drogué verra sa mémoire être améliorée durant la prise de méthadone. Résultat, il y a des témoignages de ce genre ; et certaines personnes pensent même que la méthadone a un effet positif sur la mémoire. C’est aussi à cause de ça que certaines personnes sous méthadone prennent du poids, alors que normalement les opiacés font maigrir.
Par ailleurs, vu que les drogués sont en général suivis par des médecins quand ils sont sous méthadone, il est fort possible que ces derniers prescrivent aussi des médicaments de type anti-inflammatoires. Donc, ça pourrait booster la mémoire, puisque ça augmente le taux de cortisol. A terme, la consommation d’anti-inflammatoire sera plutôt mauvaise, puisque ça entraine des risques d’hémorragie cérébrale. Mais au début, ça sera plutôt positif.
Comme pour l’héroïne, on va attribuer certains problèmes causés par la méthadone à telle ou telle maladie. Il est dit que les personnes sous méthadone ont souvent un problème d’hypothyroïdisme. Et comme par hasard, l’hypothyroïdisme entraine des problèmes de mémoire. Du coup, on va dire que ce n’est pas la méthadone la responsable, mais l’hypothyroïdisme.
Et puis, comme les médecins changeront de médicament si jamais une personne se plaint de problème de mémoire, mais que l’effet de la nouvelle molécule sera identique, on dira que le problème ne venait pas de la méthadone, puisqu’il persiste malgré le changement de produit. Donc, à cause de ça aussi, personne ne pensera à accuser la méthadone.
Tout ça entraine que le fait que la drogue récréative opiacée la plus puissante et son substitut le plus connu (méthadone) entrainent des problèmes de mémorisation est relativement peu connu.
4) Les études et témoignages sur le rapport entre les analogues d’opiacés utilisés sous forme de médicaments et la mémoire
Ici, on va plutôt parler des opiacés sous forme de médicaments. Là encore, s’il y a des études et témoignages parlant de problèmes de mémoire, ça n’est pas tellement mis en avant.
Par exemple, le Tramadol, une molécule à l’effet proche de la codéine, pose des problèmes de mémoire.
Sur le site master farma, on peut lire parmi les effets secondaires du Tramadol : » hallucination, perte de la mémoire, assoupissement ».
On a quelques témoignages sur le site aujourd’hui.com :
Témoignage de caicaire (auteur du topic Tramadol, morphine et mémoire) : « Avez-vous remarqué que les antalgiques que nous utilisons nous jouent des tours au niveau de la mémoire et de la vigilance ?
Je sais qu’on a du mal à s’en passer à causes des douleurs, mais j’envisage, à long terme de les diminuer ou de les arrêter avant de devenir un légume sans cervelle. »
Témoignage de nathodisab : « Donc je prends du Tramadol depuis presque 1 an maintenant, et effectivement ma mémoire me joue des tours.«
Témoignage de margot56 : « En fait, il y a un an, je disais vouloir diminuer le Tramadol ; et en réalité, j’en prends encore plus qu’avant et mon cerveau devient une passoire.«
Témoignage de evyrris : « Moi aussi j’ai des troubles de mémoire avec le Tramadol. J’ai baissé les médicaments et essayé de vivre autrement, soigner mon rythme biologique, repas, sommeil, sport.«
Témoignage de cancer54 : « je prenais aussi du Tramadol et j’avais de pertes de mémoire, du mal à entendre, maintenant mon mari en prend et il a lui aussi des pertes de mémoire.«
Témoignage de mycoce : « Je prends aussi du Tramadol 200, un le matin et un le soir… et j’ai des pertes de mémoire, au point de ne plus avoir une conversation suivie, j’oublie ce que je suis en train de dire, je trébuche sur les mots.«
Il y a aussi pas mal de témoignage sur le site meamedica.fr.
Pour la codéine, la plupart du temps, ça n’est pas utilisé seul, ou alors, c’est à des doses assez faibles (pour des usages antitussifs par exemple, sous forme de sirop, qui d’ailleurs sont temporaires, ce qui n’est pas le cas des antalgiques). Du coup, l’effet n’apparait quasiment pas. Surtout que ça ne dure pas tellement plus longtemps que l’effet anti-inflammatoire.
Pour la morphine, on a les témoignages suivant :
On a un premier témoignage ici : « I have long been prescribed morphine for chronic severe pain. I have been experiencing memory problems« . (traduction : « On m’a prescrit pendant longtemps de la morphine pour des douleurs chroniques sévères. J’ai eu des problèmes de mémoire »).
Un autre ici : « la morphine a été très efficace. Plus de douleur mais aussi plus de mémoire.«
Un autre au même endroit (message daté de 2010) : « J’en prends depuis 1998. Diminution progressive de la mémoire, apparue vers la troisième année de traitement, ce qui devient très vite un problème au quotidien.«
Concernant les benzodiazépines, on trouve ça sur Doctissimo :
« Les représentants sédatifs et hypnotiques sont le nitrazépam, l’estazolam, le flunitrazépam, le loprazolam, le lormétazépam, le témazépam et le triazolam. Ils ont avantageusement remplacé les barbituriques dans le traitement des insomnies.
… Elles ne sont pas pour autant la panacée et présentent des effets secondaires non négligeables. Parmi ceux-ci, l’amnésie antérograde est souvent pointée du doigt et a valu au flunitrazépam la triste réputation de « drogue du violeur ». » (note : l’amnésie antérograde, c’est celle qui arrive pendant que le médicament fait effet)
Sur le Tercian (Cyamémazine, un antipsychotique), on a quelques témoignages :
Ici : « le tercian attaque la mémoire ça déconnecte un peu par contre c’est chez moi ce qui me permet de dépasser mes crises depuis que j’en prends moi qui avait une bonne mémoire j’en n’ai plus trop !«
Ici : « Pris Tercian qui m’a donné pas mal de problème de mémoire, de concentration. Rien d’autre à noter«
Ici : « j’ai pris du tercian pendant plus d’un an et je ne recommande ça a personne!!j’ai pris 15 kilos en 2 mois, j’avais des trous de mémoire je passai mon temps a dormir et j’été tout le teps dans le brouillard.«
Ici : « Lors de ma dernière hospitalisation ils m’ont shooté au tercian justement et je ne retenais rien de ce qu’on me disait j’étais complètement ailleurs, j’avais du mal à garder les yeux ouverts. J’espère ne jamais revivre ça. J’ai un trou de 15 jours dans ma mémoire ça fait bizarre.«
La liste n’est pas exhaustive. Mais, comme on le voit les opiacé-likes sous forme de médicaments provoquent eux aussi des pertes de mémoire.
Mais, là aussi, on n’entend pas beaucoup parler de la chose de la part des médecins ou dans les études. Comme pour les opiacés sous forme de drogues récréatives, il y a plusieurs raisons à ça.
Concernant la pratique médicale :
Comme dans le cas des drogues, l’utilisation de plusieurs médicaments opiacé-likes en même temps ou successivement (ce qui arrive très souvent) va empêcher de se rendre compte du problème. Enfin…, ça va plutôt permettre aux médecins de faire semblant de ne pas comprendre et de noyer le poisson. Donc, c’est une situation qui va brouiller les cartes.
Par exemple, un patient reçoit de la morphine plus 2 ou 3 autres médicaments ayant le même effet. On va souvent enlever la morphine à un moment donné ; mais les effets sur la mémoire vont persister puisque les autres médicaments provoqueront eux aussi le problème. On va alors dédouaner la morphine.
Ou alors, le patient prend de la morphine seule. Il a des problèmes de mémoire. Mais on remplace ce médicament par un autre qui n’est pas considéré comme un opiacé, mais qui a les mêmes effets (une benzodiazépine par exemple). Le problème de mémoire continue. Mais comme le nouveau médicament n’est pas considéré comme la même molécule, on va considérer que la morphine n’était pas responsable des pertes de mémoires (et le nouveau non plus). On va donc s’orienter vers un problème d’Alzheimer, de démence, ou autre affection pouvant poser entrainer des problèmes de mémoire.
Il y a aussi un certain nombre de choses qui viennent limiter le problème, au moins temporairement.
Par exemple, on va presque systématiquement donner des anti-inflammatoires aux patients, afin de lutter contre la constipation par exemple. Or, ça va lutter contre l’effet de l’opiacé. Comme ça a tendance à exciter, la personne va être plus attentive et mieux mémoriser.
Et il est possible, comme on ne peut pas augmenter les doses d’anti-inflammatoires indéfiniment, mais qu’on peut le faire avec les opiacés, qu’au bout d’un moment, l’effet opiacé l’emporte sur l’effet anti-inflammatoire. Ça veut dire que le problème sur la mémoire peut finir par apparaitre très longtemps après les premières prises.
Par ailleurs, vu que les médicaments opiacé-likes sont fournis sous contrôle médicale, les médecins vont faire en sorte de limiter la consommation des patients. Par exemple, dans le cas des antalgiques ou des calmants, le médecin va donner une dose qui va être juste suffisante pour que la douleur ou le stress soit calmé mais pas trop. Ce faisant, l’impact sur la mémoire va être limité.
Cela dit, on peut se dire que ça va être vrai surtout lors des premières années. Après, l’habitude du patient aidant, les doses risqueront d’être augmentées. Et le patient lui-même pourra se laisser aller à l’automédication et à la tricherie vis-à-vis des pharmacies pour augmenter les doses. Bref, aussi bien du côté du médecin que de celui du patient, on est sérieux pendant les premières années, puis on se relâche. Mais comme il ne s’est rien passé durant les premières années (quand on était sérieux), aussi bien les médecins que les patients se disent que les opiacés ne posent pas de problème. Et si un problème apparait au niveau de la mémoire, on se dit que ça vient d’une autre cause.
Concernant les études proprement dites :
Déjà, le problème de la dose est important. Or, on va étudier des cohortes de gens qui prenne des doses moyennes d’opiacé-likes. Donc, on évitera de constater un lien avec la perte de mémoire.
Et puis, dans un cadre expérimental, on va donner des doses strictes de médicaments, et on va faire des prescriptions qui seront juste suffisantes pour calmer la douleur ou le stress. Comme l’effet des opiacés diminue assez vite, faire des prescriptions limites et ensuite être strict sur les doses va entrainer que ces médicaments vont rapidement faire beaucoup moins effet. Donc, les effets secondaires seront rapidement limités et le problème sur la mémoire va l’être lui aussi. Sauf au début, où l’effet sera important, puisqu’on passera d’un coup d’une situation sans opiacé-likes à une situation avec (c’est pour ça qu’on parle d’effet sur la mémoire au début du traitement, dans les études).
Ce qu’il y a aussi, c’est qu’on fait essentiellement des études sur des personnes de moins de 65 ans. Donc, forcément, le problème apparait beaucoup moins. C’est ce que dit une étude britannique publiée durant l’été 2011 dans le Journal of the American Geriatrics Society. Cette étude a analysé l’impact de nombreux médicaments (dont la plupart ont un effet de type opiacé) sur la santé des personnes de plus de 65 ans (13.000 personnes de plus de 65 ans étudiées pendant deux ans). Et dedans il y a cette remarque (ici) :
« Dans cette étude on apprend aussi que le problème vient du fait que la plupart des recherches cliniques est réalisée sur des adultes âgés de moins de 65 ans, et que ces recherches fournissent des preuves limitées de ce qui est ou n’est pas bénéfique pour les personnes âgées. »
Donc, en n’étudiant que des personnes de moins de 65 ans, on biaise l’analyse en ce qui concerne le lien entre ces médicaments et des pertes de mémoires sévères.
Et comme on l’a vu avant, il est presque certain que les gens prennent systématiquement des anti-inflammatoires en même temps, ce qui diminue l’effet de l’opiacé sur le cerveau.
Par ailleurs, même si par hasard des études ont analysé pendant longtemps des populations nombreuses et âgées, le problème est que les études de grande ampleur sont à peu près toujours faites versus une cohorte de gens ne prenant pas les médicaments en question. Seulement en réalité, très souvent, les autres personnes en question prennent des produits équivalents, mais qui ne sont évidemment pas considérés comme tel. Par exemple, les benzodiazépines ne sont pas considérées comme des opiacés, alors que l’effet est identique. Dans le cas présent, les personnes âgées consomment en masse des médicaments de type opiacés mais qui ne sont pas considérés comme tel. Du coup, si on fait une étude de l’impact des opiacés sur les personnes âgées, on ne va pas trouver de différence importante avec la population générale de cette tranche d’âge. Sauf que la population générale de cette tranche d’âge consomme des opiacé-likes en quantité. Donc en réalité on n’analyse pas une population consommant des opiacés versus une population n’en consommant pas. On analyse deux populations identiques de ce point de vue. Il alors est normal de ne pas trouver beaucoup de différence.
C’est comme l’analyse du lien entre pilule et cancers après 50 ans. Dans la mesure où 40 % des femmes entre 50 et 65 ans sont sous traitement hormonal (source), et que ça a le même effet que la pilule, en réalité on analyse des populations assez similaires du point du vue de l’influence des hormones sur l’apparition de tumeurs.
Et bien sûr, comme il y a d’autres causes d’Alzheimer, il est possible aussi dans les études sur larges cohortes de prendre dans les populations supposées « normales » des gens qui ont subis des opérations ou des AVC parce qu’ils consommaient des anti-inflammatoires. En effet, on ne prend pas forcément une population (celle prenant les opiacé-like dans le cas présent) versus la population générale, mais un groupe de par exemple 10.000 personnes versus un autre groupe de 10.000 personnes. Du coup, si on choisit la deuxième cohorte de façon biaisée, on obtiendra un peu ce qu’on veut. Et du coup, là aussi, on obtiendra des populations identiques quant au risque de perte de mémoire. Et on pourra dire qu’en fait les opiacés n’engendrent pas de risque supplémentaire.
D’une manière générale, on peut dire que les grandes études à larges cohortes sur 20 ans avec une cohorte prenant le médicament versus une cohorte de gens n’en prenant pas sont pratiquement toutes parfaitement bidonnables dans le cas des médicaments pris par des personnes âgées. En effet, comme il y a en réalité 3 grand types de médicaments, et qu’en avançant en âge, pratiquement 50 % des gens en prennent, il n’y a jamais de cohortes ne prenant pas du tout l’équivalent du médicament analysé.
Donc, on peut bidonner les études assez facilement pour éviter de trouver un lien entre la consommation de telle molécule et telle maladie.
Et puis, encore une fois, l’industrie pharmaceutique et les médecins n’ont pas du tout intérêt à mettre en évidence que les opiacés posent des problèmes de perte de mémoire. Ce serait apocalyptique pour eux, vu la quantité de gens les utilisant.
5) Détails divers
En résumé, il va y avoir plusieurs problèmes liés à la prise d’opiacé-likes qui entraineront des symptômes du type Alzheimer.
- Le problème lié au ronflement
- Le problème lié à l’opiacé lui-même pris sur le long-terme chez des personnes âgées
- Le problème lié à la prise d’anti-inflammatoire qui viendra se surajouter à celui lié aux opiacé-likes. En effet, on a tendance à prendre des anti-inflammatoires pour pallier les problèmes engendrés par les produits de type opiacé. Ces anti-inflammatoires vont provoquer des saignements dans le cerveau et donc des AVC graves évidemment, mais aussi des AVC assez bénins mais répétés, ce qui finit par provoquer des problèmes de cognition.
- Les faux cas d’Alzheimers causés par la prise d’opiacés
Et il va y avoir plusieurs sources de problèmes qui vont amener à la prise de ce genre de médicaments : insomnies, douleurs, migraines, problèmes psychologiques, etc… Ces problèmes peuvent eux-mêmes être causés par la prise de médicaments anti-inflammatoires : pilules, traitements hormonaux-substitutifs, antidouleurs de palier I, médicaments de palier I contre la migraine, médicaments contre telle ou telle maladie microbienne, médicaments contre des maladies chroniques comme l’Asthme ou le diabète, etc…. Ou alors, ces problèmes peuvent être causés par des addictions : alcool, cannabis. Et enfin, il y a le confort des personnels soignants en maisons de retraite qui poussent à prescrire des opiacé-likes. Donc, il y a plein de points d’entrée conduisant à terme à la prise d’analogues d’opiacés.
Ce qui est intéressant aussi, ce sont les faux cas d’Alzheimer.
Ce qui se passe, c’est qu’on va continuer à administrer des médicaments opiacé-likes après que la personne ait été diagnostiquée comme étant Alzheimer. On va non seulement continuer à administrer les médicaments qui étaient pris par la personne jusque-là (somnifères, anti-douleurs, etc…). Mais en plus, si elle est en maison de retraite, ce qui va être le cas la plupart du temps, on va lui donner des antipsychotiques et des médicaments spécifiques pour l’Alzheimer. Or, beaucoup de ces médicaments sont en fait des opiacé-likes. Pour les antipsychotiques, ce sont clairement ceux qui sont de type opiacé qu’on va utiliser. Ceci afin d’assommer la personne pour qu’elle se tienne tranquille.
Dans la mesure où les opiacés n’ont qu’un effet temporaire sur la mémoire quand la personne est encore capable de récupérer, il y a très probablement des cas où les personnes âgées diagnostiquées Alzheimer peuvent en réalité récupérer leurs capacités intellectuelles (au moins en partie). Elles ont l’air d’être Alzheimer, mais en fait, elles sont simplement sous l’influence des médicaments. Donc, il doit y avoir un certain nombre de faux cas d’Alzheimer. Alors combien exactement ? C’est difficile à dire. Mais probablement une proportion non négligeable. Peut-être entre 10 et 30 % (ça ne concerne bien sûr que les personnes dont l’Alzheimer est lié uniquement aux opiacé-likes, pas celles qui ont eu leur cerveau esquinté par des opérations, des anti-inflammatoires, des vaccins, etc…).
On peut penser que ce sont surtout ceux qui ont été diagnostiqués récemment qui sont dans ce cas, ainsi que ceux qui sont encore relativement jeune (moins de 80 ans). On peut y ajouter ceux qui n’ont pas pris d’anti-inflammatoire, traitements hormonaux-substitutifs ou antibiotiques, etc… pendant de longues années, et qui n’ont pas subis de grosses opérations.
Donc, on doit pouvoir sauver un certain nombre de personnes âgées de l’Alzheimer en arrêtant de leur faire prendre leurs médicaments opiacés.
Comme on l’a vu plus haut, un autre élément important est qu’on donne des antipsychotiques (autrement appelés neuroleptiques) aux personnes souffrant d’Alzheimer dans les maisons de retraite. Or, un gros pourcentage d’entre eux sont des opiacé-likes (les autres étant des mélanges anti-inflammatoire/opiacés). Et vu qu’on s’en sert en réalité pour que les personnes atteintes d’Alzheimer se tiennent tranquilles, on doit donner essentiellement ceux qui ont un effet de type opiacé. Mais une autre chose intéressante à ce sujet, c’est qu’on en donne même à un certain nombre de gens qui ne souffrent pas encore d’Alzheimer. Apparemment, 32 % des personnes en maison de retraite prenant des antipsychotiques ne souffriraient pas de démence. C’est ce qu’on peut lire ici :
« Le Dr Yong Chen, du service de médecine gériatrique de l’université du Massachusetts à Worcester (Etats-Unis) a évalué la prescription d’antipsychotiques chez 16 500 nouveaux résidents en maison de retraite en 2006. Environ 30% recevaient au moins un psychotrope, et parmi eux 32% ne présentaient aucune démence, psychose ou autre indication. Les résidents nouvellement admis avec un haut taux de prescription avaient 1.37 fois plus de risque de recevoir un traitement antipsychotique que ceux ayant un faible taux de prescription.«
Alors, vu les effets de ces opiacé-likes sur le cerveau, pas étonnant que bon nombre de ces gens deviennent Alzheimer. En prescrivant des antipsychotiques à des personnes non malades, on fabrique des Alzheimers (une partie devenant vraiment Alzheimer et une autre faisant partie des faux cas).
Alors quels sont les médicaments à effet de type opiacés qui sont utilisés par les personnes âgées ? On a les antalgiques de palier 2 et 3, les somnifères, les benzodiazépines (anxiolytiques), les antihistaminiques, les bétabloquants, certains antidépresseurs, un bon nombre d’antipsychotiques, certains stabilisateurs de l’humeur pour les troubles bipolaires ; et probablement quelques autres encore. Sinon, dans les substances « naturelles » ayant le même effet, il y a l’alcool.
Donc, on avait déjà 4 causes d’Alzheimer : les analogues d’anti-inflammatoires (antibiotiques, anticancéreux, etc…), les opérations chirurgicales chez les personnes âgées, le vaccin contre la grippe, les AVC naturels. On en a un cinquième : les opiacés et leurs analogues (benzodiazépines, somnifères, etc…). Ce qui nous donne un panorama assez fourni concernant les causes de la maladie d’Alzheimer.