Explication des problèmes neurologiques ressentis lors de l’arrêt des opiacés (partie 1/2)

 

En regardant un témoignage d’une dénommée Carole sur Youtube concernant les effets ressentis lors de l’arrêt des benzodiazépines, j’ai appris qu’il y avait de nombreux effets neurologiques liés au sevrage. Les benzodiazépines étant en réalité des analogues d’opiacés forts, ça veut dire que tous ces effets se retrouvent lors du sevrage de n’importe quel analogue d’opiacé assez puissant (morphine, héroïne, bétabloquants, alcools forts, cannabis, somnifères, calmants divers, etc…). Les réflexions qu’on peut faire à partir de ce témoignage et de diverses listes présentes sur Internet sont très fécondes. Avec le tétanos, j’avais commencé à aborder un peu le sujet de problèmes neurologiques. Mais là, le champ d’analyse est bien plus large. De nombreuses pathologies neurologiques trouvent une explication.

 

La liste qu’on peut faire via les diverses sources est la suivante.

  • Oreilles : acouphènes, hallucinations auditives. Les sons paraissent beaucoup plus forts (ici, 5mn). Probablement sons métalliques, sensibilité aux sons. Douleurs. Otite.
  • Yeux : vision floue, vision double, contrastes, difficulté à supporter les choses un peu lumineuses qui sont considérées comme normales par les gens normaux (engendre un mal de tête), éblouissements face à une luminosité normale (obligation de porter des lunettes en été par exemple), hallucinations visuelles (ombres évoquées dans le témoignage). La lumière semble beaucoup plus agressive (ici, 5mn)
  • Odorat : odeurs plus fortes, sensation permanente de puanteur
  • Gout : gouts plus forts (très intenses), gout mauvais (amer ou métallique ou pourri, etc…)
  • Toucher : sensations fantômes (fourmis se baladant sur les mains, brulures au bout des doigts, impression que des bêtes se déplacent sur la tête), fourmillements, démangeaisons, sensation exacerbée (un petit courant d’air donne l’impression d’une tape sur la main 13mn50). On peut penser qu’il y a des douleurs venues de nulle part. Sensations de brulures. Sensation de chocs électriques. Maux de tête. Sensation de froid extrême. Sensation de chaud (coup de chaud).
  • Equilibre : vertiges, perte d’équilibre (et donc chutes)
  • Muscles : tremblements, tics, sursauts, spasmes, contractions et sauts au moindre stimulus. Raideurs musculaires (cette vidéo, à 4mn25). Crampes. Convulsions. Raideurs de type tétanique (dos cambré, mâchoire serrées). Spasmes de l’œsophage. Engourdissement musculaire. Jambes sans repos, même la nuit.
  • Nausées
  • Vomissements
  • Cerveau : dépersonnalisation, sensation d’avoir deux personnes en soi. Crises d’épilepsie. Incapacité à se concentrer. Problèmes de mémoire à court terme.
  • Douleurs dentaires
  • Eternuements, nez irrité
  • Incontinence urinaire ou surcontinence (ie. rétention urinaire)
  • Sentiment d’irritation de la vessie, impression d’avoir une infection ou une cystite
  • Diarrhée et incontinence fécale
  • Ejaculation ou incontinence féminine durant l’orgasme
  • Palpitations cardiaques
  • Hyperventilation
  • Salivation excessive
  • Douleurs articulaires (même au cou et aux épaules)
  • Douleurs aux poumons
  • Difficulté à déglutir
  • Œsophagite
  • Sensibilité du pénis et des testicules
  • Pupilles des yeux deviennent minuscules (ici)
  • Clignement rapide des paupières
  • Perte de poids
  • Mal de gorge récurrent
  • Rage irrationnelle. Pensées meurtrières
  • Soif extrême
  • Réactions allergiques
  • Toux sèche, toux irritante
  • Symptômes similaires à la grippe (ici)
  • Flashbacks

 

 

Ces listes réalisées par des patients touchés par le problème du sevrage aux benzodiazépines ont une très grande valeur. En effet, les listes officielles qu’on trouve sur le sevrage à la morphine ou à l’héroïne sont très incomplètes. Avec ces dernières, je n’avais jamais pu aller plus loin que l’idée d’une hausse du taux de cortisol, sans voir l’aspect neurologique (à part deux ou trois trucs). Ceci parce qu’avec les éléments donnés, on passe largement à côté de cet aspect du problème. Avec ces listes, et ce témoignage en particulier, tout change.

 

Continuer la lecture de « Explication des problèmes neurologiques ressentis lors de l’arrêt des opiacés (partie 1/2) »

Explication des problèmes neurologiques ressentis lors de l’arrêt des opiacés (partie 2/2)

 

6)    Les cas possibles concernant le sevrage des opiacés et analogues

 

 

Cette compréhension des effets neurologiques et musculaires du sevrage des opiacés et des analogues d’opiacés est utile pour comprendre un bon nombre de situations.

Pour le sevrage des opiacés puissants comme l’héroïne ou la morphine, le fait qu’on retrouve les mêmes symptômes est totalement évident. Mais, comme on l’a déjà vu sur ce blog, il y a d’autres substances qui ont en réalité les mêmes effets et qu’on ne considère pas comme des opiacés. C’est le cas de l’alcool, du cannabis, des somnifères, etc… On a donc un large panel de cas où ces effets peuvent se rencontrer.

 

6,1) Les drogués à l’héroïne

 

Les effets présentés ici s’appliquent évidemment aux drogués à l’héroïne qui arrêtent d’en prendre. Comme on l’a vu, l’orthodoxie médicale donne une courte liste. Mais avec celle fournie par les patients concernant les benzodiazépines, on a la liste complète des effets du sevrage à l’héroïne.

Bien sûr, les substituts à l’héroïne, comme la méthadone sont en réalité des substances analogues. Et les problèmes de manque vont être les mêmes.

Autre problème, les drogués à l’héroïne vont souvent utiliser des excitants dans la journée pour pouvoir être actifs. Seulement, en stimulant le système nerveux, les excitants vont augmenter le risque d’apparition de symptômes de sevrage.

 

6,2) Les patients arrêtant la morphine

 

Même chose que pour l’héroïne. Les patients qui arrêtent la morphine vont subir cette longue liste d’effets secondaires.

 

6,3) Les alcooliques

 

Pareil pour les alcooliques. Le fait d’arrêter l’alcool va entrainer tout ou partie de ces symptômes. Le délirium tremens relève de ça.

L’avantage ici, c’est que comme les effets du manque chez un alcoolique sont quand même en partie connus, le médecin n’ira pas toujours inventer une maladie mentale. Mais, ça arrivera parfois. Et sur des personnes déjà un peu âgées (plus de 65 ans), les médecins auront plus tendance à diagnostiquer une démence.

Continuer la lecture de « Explication des problèmes neurologiques ressentis lors de l’arrêt des opiacés (partie 2/2) »