Morphine et constipation


Un des effets secondaires de la morphine, c’est la constipation.

Autant je comprenais assez bien que les antibiotiques provoquent des diarrhées, puisqu’ils agressent le système digestif, autant, au début, je comprenais assez mal pourquoi la morphine pouvait entrainer de la constipation.


1) Pourquoi la morphine provoque de la constipation


En fait, c’est assez simple.

La morphine détend les muscles. Du coup, le transit de la nourriture à l’intérieur du système digestif se fait plus lentement. Or, dans le système digestif, l’eau est drainée des aliments vers l’intérieur du corps. Ca assèche le bol alimentaire. C’est ce qui fait d’ailleurs que les selles ne sont pas sous forme de diarrhée en permanence. Quand quelqu’un prend de la morphine, vu que le bol alimentaire reste plus longtemps dans le système digestif, le drainage de l’eau se fait pendant plus longtemps et logiquement il est plus desséché. Les selles qui se forment sont alors plus sèches et plus compactes.

Et puis, les muscles du sphincter étant plus détendus, ils vont être moins capables de forcer pour expulser les selles durcies.

Peut-être aussi que les nerfs détectant le moment adéquat pour entrainer les contractions visant à expulser les selles sont moins réactifs. Ce qui entrainerait que les selles auraient le temps de s’accumuler en grande quantité avant que le signal ne soit lancé. Et à ce moment là, un bouchon compact aurait déjà eu le temps de se former.

Et comme le transit se fait plus lentement, et qu’en plus, les selles n’arrivent pas à sortir, il peut y avoir accumulation d’aliments en partie digérés ainsi que de selles. Deux ou trois repas n’ont pas le temps d’être évacués que deux ou trois autres sont déjà arrivés. Ils vont donc s’accumuler dans le rectum sous forme de selles. Ca peut aussi éventuellement engendrer une occlusion intestinale (mais c’est peu documenté, donc, ça doit être plus rare).

Le fait que la personne soit allongée ou assise toute la journée ne doit pas aider non plus. Avec les muscles qui sont plus détendus, la position assise (et peut-être la position allongée aussi) va probablement favoriser la création d’un bouchon (zone plus large) à proximité de l’entrée de l’anus. Ce qui rendra l’expulsion bien plus difficile.

Peut-être que le ralentissement du transit est en partie voulu par l’organisme. Peut-être que le centre du corps est déshydraté. Donc, en faisant ça, il cherche peut-être à prendre un maximum d’eau aux aliments. Mais bon, c’est peu probable quand même. Ca doit être uniquement le problème de détente des muscles qui doit engendrer ce phénomène.

Tout ce mécanisme est connu de l’orthodoxie. Donc, je ne fais pas œuvre originale ici. Mais c’est ce qui vient après qui est intéressant.


2) Le problème des laxatifs utilisés avec la morphine


Face à ces problèmes de constipation, la médecine officielle utilise bien sur des laxatifs. Ceux-ci sont de diverses sortes. Mais, tous ont des effets négatifs plus ou moins néfastes vue la situation du malade.


– Laxatifs lubrifiants

Les laxatifs lubrifiants (en fait, huileux) tapissent les parois du système digestif. Et du coup, à cause de ce film graisseux, le transfert d’eau va moins bien se faire entre le bol alimentaire et le corps. L’eau restant dans le bol alimentaire, celui-ci sera plus mou. Et les selles seront plus faciles à éjecter quand le patient ira aux toilettes. Il est possible aussi que ça glisse plus facilement dans l’intestin et donc que ça accélère le transit, et grâce à ça, que ça limite le transfert d’eau vers le corps et garde le bol alimentaire suffisamment mou.

Le problème, c’est que puisque ça empêche en partie le transfert de l’eau du bol alimentaire vers l’intérieur du corps, ça entrainera une légère déshydratation. Or, comme le patient est déjà en situation de déshydratation, ça va aggraver le problème. Probablement pas énormément, mais quand même un peu. Et vu la situation du patient, c’est quand même gênant.


– Laxatifs osmotiques

Les laxatifs osmotiques (les plus utilisés), contiennent du sel ou du sucre. Puisque le bol alimentaire est très salé ou sucré, il attire l’eau du corps vers le système digestif. Le problème est donc encore plus important que pour les laxatifs huileux, puisque là, on prend de l’eau au corps. Donc, on le déshydrate encore plus qu’avec les laxatifs lubrifiants.

Bien sur, on peut donner de l’eau en dehors des repas. Mais enfin quand même, il y a risque d’augmentation de la déshydratation. Et puis, si on donne de l’eau en dehors des repas, ça va éventuellement faire revenir de l’eau dans le corps. Mais alors, le bol alimentaire va à nouveau se dessécher.

– Laxatifs de lest

Dans le principe, les laxatifs de lest semblent plus adaptés. Ils sont sensés augmenter le volume du bol alimentaire. Or, il doit y avoir des nerfs qui détectent le volume du bol alimentaire dans le système digestif. Et quand il y a un certain volume, ces nerfs doivent provoquer la contraction des muscles des intestins, ce qui fait avancer le bol alimentaire dans les intestins. Donc, augmenter le volume du bol alimentaire semble une bonne idée. Seulement, les laxatifs en question font ça en captant l’eau du bol alimentaire. Ils se gonflent d’eau quoi. Donc, l’eau du bol alimentaire ne va pas dans le corps ; ce qui n’est pas tellement le but recherché.

Bien sur, on recommande de faire boire beaucoup d’eau au patient en même temps qu’il prend son repas. Ce qui devrait normalement permettre d’en avoir en excès pour le corps. Mais il semble que ça ne soit pas suffisant. Du coup, ce genre de laxatif n’est apparemment pas tellement recommandé pour quelqu’un sous morphine. Voir ici (hygiène de la défécation chez les patients recevant des narcotiques) :  » On évitera de préférence les laxatifs de lest (par exemple Fibogel, Natuvit, …) lorsque l’absorption de liquides est fortement réduite« .


Le problème des laxatifs lubrifiants osmotiques ou de lest, c’est que même si le bol alimentaire est plus liquide, il n’en reste pas moins que les muscles du système digestif sont anémiés. Donc, même si le transit se fait plus facilement, il continue à se faire lentement. Et au final, la constipation peut continuer à poser problème. C’est pour ça qu’on va avoir besoin de passer à des laxatifs plus puissants, qui eux, vont stimuler le mouvement des muscles.


– Laxatifs stimulants ou irritants

Les laxatifs stimulants, ainsi que les laxatifs irritants semblent a priori être la même chose. D’ailleurs, on retrouve la plupart d’entre eux dans les deux familles. L’huile de ricin, le Séné (autrement appelé sénosides), l’acide déhydrocholique, le Bisacodyl, l’Aloé Vera et la Cascara Sagrada sont cités dans certains documents comme faisant partie de la première famille et dans d’autres documents comme faisant partie de la deuxième.

En réalité, ce sont très probablement des médicaments de type antibiotiques. Comme ça irrite le système digestif, ça doit accélérer le transit. Les muscles de l’intestin et du colon doivent travailler plus intensément pour évacuer rapidement le poison. Et puis, peut-être bien aussi que le corps doit inonder le système digestif d’eau afin de noyer le poison, et aussi afin de ne pas l’absorber (puisque le flux d’eau empêche le poison de rentrer dans l’organisme). Bien sur, l’inondation du système digestif accélère encore le transit (l’excrétion d’eau doit servir aussi à ça : faire comme une purge du système digestif).

Si je dis que ce sont des médicaments de type antibiotiques, ça signifie bien sur que les antibiotiques ont comme effet connu d’engendrer des diarrhées et des contractions intestinales. Sur le site e-sante, on trouve ça : « la survenue d’une diarrhée lors d’un traitement antibiotique est plutôt fréquente. On estime que cet effet touche 5 à 30% des adultes sous antibiotiques et 11 à 40% des enfants« . Selon la théorie officielle, c’est parce que ça détruit ou désorganise la flore intestinale. C’est sur que ça ne doit pas aider. Mais l’effet principal vient en réalité de la réaction du corps à la présence de ce qui est considéré comme un poison. C’est le même mécanisme que les laxatifs.

Donc, déjà, il y a une similarité des effets immédiats sur le système digestif. Et la similarité d’autres effets secondaires fait également penser que ce sont des antibiotiques en réalité. Les effets secondaires en question sont les suivants (voir ici) : confusion, faiblesse ou fatigue inhabituelles, arythmie cardiaque, crampes abdominales ou musculaires intenses.

La confusion vient certainement de l’effet désagrégateur de cellule de ces produits, qui doit entrainer des hémorragies cérébrales. L’arythmie cardiaque indique que ces produits entrainent une mobilisation d’eau et de sang importants dans le système digestif. Ce qui entraine une hypotension plus ou moins importante. Comme c’est utilisé souvent chez des personnes déjà en état d’hypotension, le cœur ne doit plus être assez alimenté en sang au niveau de la pompe, et du coup, ça entraine une arythmie, un peu comme une pompe qui ne recevrait plus assez d’eau et pomperait en partie dans le vide. Comme vu plus haut, les crampes abdominales doivent venir du fait que les muscles des intestins travaillent intensément pour évacuer le poison ingéré. Du coup, ça doit finir par entrainer des crampes. Probablement aussi que l’excrétion d’eau vide les cellules de leurs électrolytes, ce qui doit entrainer un mauvais passage de l’influx électrique. Ou peut-être que c’est l’inverse (cellules qui gardent leur électrolytes, mais qui manquent d’eau, d’où un passage permanent du flux électrique). A voir.

Et concernant leur origine, beaucoup de ces laxatifs sont obtenus à partir de plantes. Ce qui signifie clairement que leur effet est de type antibiotique. L’huile de ricin, par exemple, est obtenue à partir des graines du ricin. Et son gout très amer, détesté des enfants du siècle dernier, signe son caractère de type antibiotique (c’est-à-dire désagrégateur de cellule, voir l’article sur les médicaments à base de plantes). La préparation à base de rhubarbe est faite à partir des racines de la plante. Là aussi, le gout très amer signale le caractère de type antibiotique. Le produit actif de l’Aloe vera, un petit cactus, est obtenu à partir des feuilles de la plante. Le séné est préparé à partir des feuilles et des fruits. Pour le Cascara Sagradan, il s’agit de l’écorce, qu’on fait sécher. Idem pour la Bourdaine (écorce séchée).

Il n’y a que le bisacodyl qui semble être d’origine synthétique. Selon Doctissimo, il fait partie de la famille des dérivés du phénylméthane. Et selon Wikipédia, le phénylméthane c’est en fait du toluène :  » Le toluène, également appelé méthylbenzène ou phénylméthane est un hydrocarbure aromatique sous la forme d’un liquide transparent, très répandu et utilisé comme produit de départ industriel ou comme solvant. Il dissout un grand nombre d’huiles, graisses, résines (naturelles ou de synthèse). Il a une odeur caractéristique (type dissolvant pour peinture) rappelant celle, douceâtre, du benzène apparenté. » C’est un produit de distillation du pétrole.

Comme pour les laxatifs osmotiques, le fait de faire sortir de l’eau du corps entraine que ça déshydrate encore plus le patient. Donc, là aussi, c’est mauvais. C’est vrai que le fait que ces médicaments augmentent le taux de cortisol devrait finir par améliorer l’hydratation du patient. Mais ça, c’est au bout de quelques jours. Dans l’immédiat, c’est la déshydratation qui va prévaloir. Et si le patient est considéré comme étant en stade terminal, ça peut suffire à faire la différence entre la vie et la mort.

Et puis, peut-être que la morphine fait baisser le taux de cortisol. Si c’est le cas, alors ce type de laxatif va juste améliorer un peu le taux de cortisol, mais pas suffisamment pour améliorer vraiment l’hydratation du centre du corps.

Et comme en général, ces laxatifs ne sont pas utilisés très longtemps, l’effet d’augmentation du taux de cortisol n’aura pas le temps d’être suffisamment important pour contrebalancer la déshydratation entrainée par la morphine et par les premiers jours d’utilisation des laxatifs en question. Donc, au final, ça sera plutôt l’effet de déshydratation qui prévaudra.

Mais ce qui va surtout poser problème, c’est l’effet de choc d’hypotension, comme on a pu le voir par ailleurs pour le cas d’utilisation d’antibiotiques après une utilisation prolongée de morphine.

En effet, non seulement ça fait sortir de l’eau du corps,  mais en plus, ça doit mobiliser du sang en grande quantité dans le ventre lorsque c’est absorbé. Donc, ça va prendre du sang dans le reste du corps, et la personne risque de passer d’un état d’hypotension grave à un état d’hypotension mortelle. Pour une personne en état d’hypotension extrême, comme l’est souvent une personne considérée comme étant au stade terminal, ça va être relativement souvent le coup de grâce.

Du coup, on peut imaginer que les laxatifs stimulants ou irritants sont une cause de mort non négligeable pour les personnes en fin de vie sous morphine. En fait, vu que ce sont des médicaments de type antibiotiques, ça pose tout simplement le même problème que les antibiotiques.

Et ce genre de situation va arriver souvent, puisque comme on l’a vu plus haut, les autres types de laxatifs vont finir par être insuffisants parce qu’ils ne stimulent pas ou trop peu les muscles du système digestif. Donc, on va généralement finir par devoir utiliser les laxatifs stimulants/irritants.

Ce qu’il y a aussi, c’est que le système digestif va souvent être déjà complètement épuisé par la prise de médicaments de type antibiotiques (chimiothérapie, anti-inflammatoires à doses élevées, antibiotiques, etc…). En effet, pour les laxatifs, on dit qu’il ne faut pas les prendre trop longtemps, parce que sinon l’effet finit par s’estomper. Si une telle chose arrive, c’est parce qu’à force d’être sollicités parce qu’agressés, les muscles du système digestif finissent par ne plus réagir. Or, vu que les médicaments de type antibiotique ont le même effet sur le système digestif que les laxatifs stimulants (puisque ce sont les mêmes médicaments), et que chez quelqu’un considéré comme étant au stade terminal, ils auront souvent été administrés pendant des mois, le système digestif sera déjà épuisé. Donc, même les laxatifs de type stimulants ou irritants vont souvent être insuffisants, tellement le système digestif aura été endommagé par les médicaments de type antibiotique pris précédemment. Donc, il est possible qu’on soit souvent obligé d’utiliser des doses importantes de laxatifs stimulants chez les personnes sous morphine. Il est possible que ce soit aussi le cas chez les personnes pas sous morphine, mais ayant déjà consommé beaucoup de produit de type antibiotiques.


– Les lavements

Bien sur, on utilise aussi les lavements, qui sont moins dangereux. Mais, ça n’empêche pas qu’on utilise les autres traitements. Et puis, les lavements, ça doit un peu emmerder les personnels soignants. Alors qu’un médicament pris par voie orale, avec le malade qui ensuite va tout seul à la selle, c’est quand même beaucoup plus confortable. Donc, ils doivent le faire évidemment. Mais, on peut penser qu’ils vont avoir une préférence pour le médicament par voie orale. Et puis même sans préférence de la part des personnels soignant, la procédure doit être de ne faire de lavement qu’une fois la présence d’un fécalome (bouchon) diagnostiqué. Et ensuite, d’administrer à nouveau les médicaments par voie orale (ou administrés tout court s’ils ne l’étaient pas avant). Donc, le lavement ne doit être qu’un traitement ponctuel alors que ceux par voie orale doivent constituer le traitement de fond.


Conclusion

Donc, la morphine engendre de la constipation. Et face à ce problème, on aurait à disposition divers types de laxatifs. Mais les moins dangereux auraient tendance à ne pas être assez efficaces, parce qu’ils n’agiraient pas, ou pas assez, sur les muscles assurant le parcours du bol alimentaire dans le système digestif (qui sont anesthésiés par la morphine). Il faudrait donc utiliser des laxatifs agissant sur les muscles en question. C’est ce que font, entre autres choses, les laxatifs stimulants ou irritants.  Mais comme ces laxatifs seraient en réalité des médicaments de type antibiotique, ils engendreraient les mêmes dangers de choc d’hypotension mortel que ceux-ci.

On aurait alors un quatrième élément causant la mort des personnes considérée comme étant au stade terminal. Les quatre éléments seraient donc :

–          Effondrement du taux de cortisol après l’arrêt d’un traitement (ex : chimiothérapie). Hypotension sévère. Puis, reprise d’un médicament de type anti-inflammatoire ou antibiotique. Mobilisation soudaine de sang dans le ventre, entrainant une hypotension qui vient s’ajouter à celle déjà présente. Mort par arrêt ou arythmie cardiaque.

–          La prise de morphine toute seule, qui, à cause de l’hypotension que ça provoque, finirait par entrainer une détresse respiratoire mortelle, ou un arrêt cardiaque. Dans ce cas, il n’y aurait pas besoin d’un « déclencheur » de type antibiotique. Avec suffisamment de temps, la morphine serait suffisante pour aboutir à un stade d’hypotension mortelle.

–          La prise de morphine, qui entrainerait une hypotension sévère. Puis prise d’un antibiotique ou d’un anti-inflammatoire (pour une toux, ou des douleurs). Même mécanisme de mort qu’en 1. Mais là, c’est la morphine qui provoque l’hypotension préalable.

–          Idem que le 3 (prise de morphine). Sauf qu’à la place d’un antibiotique ou d’un anti-inflammatoire, le patient prendrait un laxatif stimulant ou irritant. C’est la même chose qu’un antibiotique ou un anti-inflammatoire. Mais là, ça passerait plus inaperçu, parce que ça serait intégré dans le cadre de la prise de morphine. Et puis, ça apparait plus inoffensif qu’un antibiotique ou un anti-inflammatoire.  Qui irait soupçonner un simple laxatif ?