L’excellent livre « le grand secret de l’industrie pharmaceutique » de Philippe Pignarre vu sous un autre angle que celui de l’auteur.

Un livre très instructif est sorti il y a quelques années (en 2003) : « le grand secret de l’industrie pharmaceutique« . Dans ce livre l’auteur révèle plein de choses extrêmement intéressantes sur l’histoire de l’industrie pharmaceutiques. Des choses qui offrent un tout autre regard sur le domaine que celui qu’on peut avoir habituellement.

La partie la plus intéressante concerne la façon de l’industrie pharmaceutique de mener les recherches scientifiques aux temps héroïques de la médecine, que l’auteur définie comme étant la période allant des années 30 aux années 70. Ce que nous révèle Philippe Pignarre, c’est qu’en fait à cette époque c’était purement et simplement le n’importe quoi dans le monde de l’industrie pharmaceutique. Il n’y avait aucune contrainte sur la façon dont les expérimentations étaient menées. Les essais n’étaient pas fait en aveugle, le nombre de cas étudiés étaient faibles et les études pouvaient ne durer qu’un temps très court (cf. p 54), etc…

Evidemment, ça jette une lumière bien différente sur les médicaments de l’époque.

1) Le sérieux de la mise au point des médicaments

Déjà, première chose, ce qui est sur, c’est que le sérieux de la mise au point des médicaments souvent mis en avant par les médecins devient un bobard complet.

Les biologistes et les médecins aiment brandir l’argument des essais cliniques pour faire croire aux gens que tous les médicaments qu’ils utilisent ont été testés via une procédure extrêmement rigoureuse d’essai clinique.

Souvent, quand quelqu’un leur parle d’un médicament non validé par l’industrie pharmaceutique, d’un air méprisant, ils disent qu’un médicament officiel est validé par 10 années, voir plus, d’études avant la mise sur le marché. Et ils ont beau jeu alors de demander si le médicament en question a subis l’épreuve des essais cliniques. Et ils ont également beau jeu de faire croire que les médicaments venant de l’industrie ont subit une procédure de validation extrêmement sérieuse.

Mais ça, ça ne s’applique qu’aux médicaments inventés après les années 60. Or, comme le montre Philippe Pignarre, à peu près toutes les grandes classes de molécules les plus utilisées aujourd’hui, ont été inventées justement avant les années 70. Donc, ça veut dire qu’à peu près aucune grande classe de molécule utilisée actuellement n’a fait l’objet d’une procédure d’essai clinique telle qu’on la conçoit aujourd’hui (c’est à dire, une étude sérieuse).

Bien sur, il y a eu de nouveaux médicaments mis au point après les années 70. Mais, la plupart des médicaments mis au point à partir des années 70 ne sont que des dérivés de ceux de l’époque précédente ; des dérivés qui améliorent à peine le médicament initial. Donc, les nouveaux médicaments n’étant pas vraiment des nouveautés, on ne peut pas s’en servir pour dire que de nouveaux médicaments ont remplacé les anciens et qu’eux ont fait l’objet d’essais cliniques sérieux.

On pourrait penser que puisque ces nouveaux médicaments ont fait l’objet d’une étude clinique moderne, c’est comme si l’ancienne molécule avait finalement fait l’objet elle aussi d’une étude clinique moderne, puisque la plupart du temps, les deux médicaments sont quasiment identiques dans leurs effets. Mais non, parce que la plupart des nouveaux médicaments ne sont pas analysés (lors des essais cliniques) contre un placebo ou contre une absence de traitement, mais contre l’ancien médicament qu’il est sensé remplacer. Donc, on ne refait pas les études en partant du début, comme ça serait le cas si on testait un nouveau type de médicament face à une situation où il n’y aurait rien. On fait juste une étude comparative. Donc, même avec l’introduction de nouveaux médicaments légèrement dérivés des anciens, on en reste à la situation en question.

Alors, de toute manière, au final, l’industrie pharmaceutique pourrait probablement montrer que, d’une certaine façon, un certain nombre d’anciennes molécules marchent. Parce que le problème est souvent plus vicieux qu’une simple procédure médicament contre placebo ou contre aucun traitement. Et puis, les molécules ont vraiment un effet sur le corps. Enfin bon, on pourrait analyser de façon plus approfondie la façon dont l’industrie pharmaceutique pourrait retomber en partie sur ses pattes concernant certains médicaments. Mais le fait est là, 99 % des grandes classes molécules utilisées aujourd’hui n’ont pas fait l’objet d’études cliniques sérieuses.

Est-ce que les médecins et les biologistes mentent ? Probablement pas. Il est très probable que la plupart des médecins ne connaissent rien à cet état de fait et qu’ils croient que la médecine a toujours fonctionné selon le modèle des essais cliniques actuels. Il ne doit pas y en avoir beaucoup qui connaissent les coulisses de la mise au point des médicaments avant les années 70 (mais quand même probablement beaucoup plus depuis le livre de Pignarre).

Mais bon, ça veut simplement dire que la médecine est composée soit d’ignorants, soit de tartuffes qui se drapent dans le sérieux de leur discipline alors qu’ils savent bien qu’elle est basée sur l’amateurisme le plus total.

De toute façon, pour toute maladie transmissible entraînant potentiellement des morts ou des incapacités graves, l’industrie pharmaceutique ne peut pas faire des études cliniques vraiment sérieuses ; pour des problèmes d’éthique. Par exemple, on ne peut pas injecter à 1000 personnes un microbe pathogène potentiellement mortel, ne leur donner aucun médicament, et injecter le même microbe à 1000 autres personnes et leur donner un antibiotique qui va les sauver. Donc, par exemple, pour les antibiotiques (grande classe de médicament inventée justement durant la période étudiée par Pignarre), impossible de faire des études cliniques sérieuses. On est obligé de biaiser, d’étudier ce qui se passe uniquement sur des personnes considérées comme déjà malades. Et c’est la porte ouverte à toutes les manipulations de résultats, à tous les biais d’analyse. Bien sur, il y a les tests sur des animaux. Mais ce n’est pas une étude clinique sérieuse, puisque toutes les truandes sont possibles avec les animaux, vu que ceux-ci ne parlent pas. Seule l’expérience avec des humains est valable. Et pour un très grand nombre de maladies non transmissibles, c’est pareil, puisqu’on ne peut pas travailler sur autre chose que des personnes déjà malades.

D’ailleurs, petit aparté, ce problème d’étique, c’est ce qui s’est passé en réalité avec l’AZT (le premier médicament contre le SIDA, introduit en 1987). L’industrie pharmaceutique a fait croire que l’étude justifiant la mise sur le marché de l’AZT était du genre AZT contre aucun traitement. Mais en réalité, les médecins étaient au courant de qui prenait quoi. Et comme, moralement, ils ne pouvaient pas laisser mourir des personnes alors qu’il y avait un traitement qui pouvait les sauver, les personnes du groupe sans traitement étaient en réalité fournies en AZT autant que les personnes du groupe prenant de l’AZT. Comme par hasard, le résultat était quasiment identique entre le groupe sans AZT et le groupe avec AZT. Evidemment, sérieux de l’étude : zéro.

Et encore, là, on n’était même pas dans le cadre d’une injection de la maladie, puis, de l’analyse de ce qui arrivait avec médicaments et sans médicaments. On était avec des personnes qu’on croyait déjà malades. Donc, on était très loin d’une étude vraiment sérieuse qui reprend tout depuis le début.

2) l’opinion de Philippe Pignarre sur cette période pré-70

De son coté, Philippe Pignarre voit ça comme une époque de créativité où, la recherche n’étant pas contrainte par des méthodes trop rigoureuses, plein d’expérimentations étaient possibles. Et ce serait grace à ça qu’on a vu une explosion de nouveau médicaments. Selon Pignarre, c’est en grande partie à cause de réglementations de plus en plus sévères, et d’organisations de plus en plus lourdes, que la créativité a été de plus en plus limitée, et au final que l’industrie pharamaceutique a vu s’effondrer la découverte de médicaments nouveaux.

Derrière ce raisonnement, il y’a le fait que pour Pignarre, la valeur des médicaments mis au point avant les années 70 semble acquise. Ca pourrait se tenir. Sauf qu’en fait tout son livre jette un énorme doute sur la valeur des médicaments de l’époque. Et ce n’est pas vraiment un petit détail.

3) Les études cliniques n’étaient pas sérieuses, mais est-ce que c’était fait de bonne volonté, avec honnêteté ?

On pourrait se dire que, ok, avant les années 70, tout était fait de façon légère. Mais que c’était lié à l’esprit de pionniers qui animait les gens de cette époque et que s’ils étaient légers, ils étaient en tout cas honnête.

Ce qui est sur, c’est que vu qu’il n’y avait pas de vérification par les autorités, et que les procédures de mise au point et de contrôle des études (réalisées à chaque fois par la société pharmaceutique elle-même) étaient hyper légères, c’était une époque où toutes les arnaques étaient permises. Pendant 40 ans (et avant aussi bien sur), l’industrie pharmaceutique a pu mentir à fond sur ses médicaments en toute tranquillité. Et quand on voit les bidonnages actuels, il est évident qu’à l’époque, ça devait être dingue. Il y avait possibilité de truander, et cette possibilité a certainement été utilisée à fond. On étudiera ça dans un futur article.

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