Les traitements médicamenteux de l’anorexie entretiennent la maladie

 

Durant une journée du mois d’aout où je n’avais rien à faire, j’étais affalé sur un canapé à regarder la télé, comme une loque. Et j’ai alors zappé sur NRJ12. Là, il y avait un de ces habituels reportages sociétaux qu’on peut trouver sur cette chaine, du genre « ma mère est une cougar », « ma beauté est un handicap » et autres conneries de ce genre. Comme vous vous en doutez vu le titre de l’article, ça concernait une fille anorexique (visible ici, à 20,10 mn : « Tellement vrai : anorexie, ça ne touche pas que les jeunes filles »). Je me suis mis à regarder, en me disant très vaguement et sans beaucoup d’espoir que je pourrais tomber sur quelques infos intéressantes concernant ce problème.

Eh bien, coup de chance, je suis tombé sur quelque-chose de très intéressant.

En effet, à un moment, la fille est dans sa cuisine, et elle dit alors que sa vie est un enfer et qu’elle doit prendre différents médicaments pour traiter les diverses affections qui accompagnent son anorexie. Et là, surprise, on apprend qu’elle prend 6 gélules par jour d’un anxiolytique, 6 d’un autre, 2 d’un relaxant, des antivomitifs, et de la codéine contre les douleurs. Bref, elle prend des doses massives d’opiacés et d’analogues d’opiacés.

Et en me renseignant ensuite sur Internet, j’ai vu qu’effectivement, on doit donner beaucoup d’analogues d’opiacés aux anorexiques pour des raisons variées (voir en bas de l’article).

Evidemment, ça a fait tilt. D’un seul coup, j’ai compris un certain nombre de choses qui me semblaient bizarres jusque-là.

Je ne comprenais pas très bien pourquoi on avait de plus en plus de cas d’anorexie continuant à affecter des femmes longtemps après l’adolescence. Jusque dans les années 80-90, on parlait de l’anorexie comme d’une maladie psychologique située essentiellement à l’adolescence (et pratiquement uniquement féminine). Le danger était que durant cette période, la fille meurt par privation. Mais une fois passé l’adolescence, le problème était supposé se régler la plupart du temps tout seul (la psychologie de la jeune fille évoluant).

Mais à partir de la fin des années 90 (dans mon souvenir, mais peut-être que c’était un peu plus tôt ou plus tard), on a commencé à parler de plus en plus de cas perdurant après l’adolescence. Et dans les années 2000, sans être fréquent, ça n’était plus exceptionnel. Etonnant pour le moins. Cette évolution soudaine était vraiment bizarre.

Mais une fois qu’on sait qu’on donne des analogues d’opiacés aux anorexiques, on comprend beaucoup mieux.

Si certaines anorexiques continuent à l’être après l’adolescence, c’est parce qu’on les assomme de produits opiacés. Comme ces médicaments entrainent une perte d’appétit, elles continuent à manger peu. Et du coup, elles restent maigres pendant des années.

On comprend alors aussi certains problèmes d’anorexie-boulimie. Les phases de boulimie doivent arriver quand les opiacés font moins effet. Du coup, pour compenser, la femme mange plus. Ca diminue le stress engendré par le sevrage des opiacés. Et de toute façon, le sevrage a tendance à augmenter l’appétit.

Sinon, on ne comprend pas très bien pourquoi une femme qui serait obsédée par son poids et arriverait sans problème à le maintenir très bas pendant des années céderait tout d’un coup complètement et deviendrait boulimique. Et ceci, avant de se remettre à le contrôler sans problème. Je ne dis pas que c’est impossible. Mais, c’est quand même bizarre. Ca le devient beaucoup moins si c’est liée aux variations d’effet des opiacé.

Et quand le médecin réaugmente les doses d’analogues d’opiacés, la femme retombe dans le manque d’appétit et l’amaigrissement.

On comprend également certains symptômes comme l’anxiété et les douleurs. Bien sûr, ils peuvent être liés à l’anorexie. Mais dans certains cas, ce sont plutôt des problèmes causés par la baisse d’influence des opiacés. Les vertiges, les nausées peuvent être causés par la maigreur, mais les opiacés y participent en entrainant de l’hypotension. La constipation est également un effet des opiacés, même si le fait de très peu manger y participe.

Il est possible aussi qu’un certain nombre de cas touchant des adolescentes soient dus en réalité à la consommation d’opiacés. C’est à voir. Il suffit qu’une adolescente prennent des analogues d’opiacés à un moment donné et qu’elle perde l’appétit à cause de ça. Le médecin lui colle alors un diagnostic d’anorexie. Pour telle ou telle raison, il lui donne d’autres opiacés. Et elle se trouve alors entretenue dans cette anorexie due aux opiacés.

L’effet « boulimique » de la perte d’effet des opiacés n’est pas pris en compte par les médecins probablement en partie parce que durant la phase de « vraie » anorexie (durant l’adolescence), ce problème va être masqué par la patiente via les vomissements et la prise de laxatifs. Ça va être une phase d’anorexie-boulimie. La fille va manger beaucoup, mais se faire vomir (et parfois, elle va vomir à cause l’hypotension provoquée par ces énormes repas ; en plus de celle provoquée par les opiacés) et prendre des laxatifs. Du coup, elle va rester maigre. Donc, le côté boulimique causé par la baisse d’effet des opiacés va rester caché.

 

En lisant quelques informations sur la boulimie, j’ai compris aussi pourquoi certaines filles ou femmes boulimiques tombent dans l’anorexie. En fait, on donne aussi des analogues d’opiacés aux boulimique, pour diverses raisons. Et a priori, ça doit bien marcher, puisqu’ils diminuent ou même suppriment la sensation de faim. Donc, ces médicaments doivent être efficaces contre la boulimie. Mais comme ils sont addictifs, la personne ne va généralement pas pouvoir s’arrêter d’en prendre. Donc, certaines filles vont continuer à maigrir et tomber dans l’anorexie.

Cela dit, souvent, le médicament perdra son effet plus ou moins rapidement et la personne reprendra de l’appétit et du poids bien avant d’en arriver à un stade considéré comme anorexique. En effet, pour être considéré comme anorexique, le critère du poids est très important. Donc, si une fille qui est boulimique est en surpoids de disons 50 kg et qu’elle en perd 30 avant que l’analogue d’opiacé ne fasse plus effet, on ne dira généralement pas qu’elle est devenue anorexique, mais qu’elle est arrivé à vaincre sa boulimie. C’est seulement une fois arrivée en dessous du poids de forme qu’on commencera à parler d’anorexie. Mais, généralement, avant que ça n’arrive, les opiacés pris auront eu largement le temps de faire moins effet. Du coup, la fille ne perdra plus de poids ou même en reprendra et on continuera à parler de boulimie (ou de retour à un état normal si le poids se stabilise). C’est pour ça que passer d’un stade de boulimie à un stade considéré comme anorexique doit arriver rarement chez les personnes qui sont boulimiques au départ.

 

 

– Exemples de médicaments pris par les anorexiques :

Sur passeportsante.net :

« Des études ont montré que la fluoxétine (Prozac), un antidépresseur, était efficace pour lutter contre la dépression souvent associée à l’anorexie mais aussi pour permettre aux anorexiques de maintenir un poids normal obtenu après une hospitalisation.

Des anxiolytiques (benzodiazépines) peuvent être prescrits dans certains cas notamment pour diminuer l’anxiété qui envahit les personnes anorexiques avant les repas.

Enfin, d’autres médicaments pourront être prescrits après évaluation médicale portant sur les conséquences physiologiques de la dénutrition et des conduites de purges (carences, troubles digestifs, rénaux, cardiaques, endocriniens…). »

On parle aussi d’antipsychotiques, de benzodiazépines et d’antidépresseurs ici.

Mais il y a aussi les affections associées à l’anorexie. Les papiers traitant de l’anorexie en parlent en passant et ne s’attardent pas sur les traitements (parce qu’ils sont connus). Et souvent, ils n’en parlent pas du tout, parce qu’elles ne sont pas considérées comme assez fréquentes et donc spécifiques de l’anorexie.

– Par exemple, il y a l’insomnie. Il peut y avoir insomnie parce qu’il y a déjà eu un premier traitement de type opiacé, que l’effet a diminué, ce qui a provoqué l’apparition d’insomnies. Du coup, la personne va voir son médecin qui lui prescrit des somnifères. Or, ce sont des analogues d’opiacés.

Et on peut penser aussi que l’anorexie elle-même conduit à avoir des insomnies (et effectivement, c’est apparemment fréquent chez les anorexiques, comme on peut voir ici). A cause de la faim extrême, la nervosité augmente, ce qui va rendre le sommeil plus léger. D’où, là-aussi, une éventuelle visite chez le médecin pour se faire prescrire des somnifères.

– Et comme on l’a vu, il y aussi les douleurs associées à l’anorexie (et souvent aussi à des premiers traitements opiacés).

Déjà, il y a des douleurs abdominales. Vu que les filles ou femmes en question mangent peu, on peut se demander comment ça se fait.

Ce qui doit se passer, c’est qu’un certain nombre de ces filles doit prendre des laxatifs pour faire passer le bol alimentaire rapidement et ainsi ingérer le moins possible de calories. Seulement, certains laxatifs ont un effet d’excitation musculaire. Du coup, ça peut engendrer des contractions importantes au niveau du ventre, qui sont douloureuses. Alors, pour contrer ça, elles vont se faire prescrire des antidouleurs de type opiacé. Donc, là encore, il va y avoir consommation d’opiacés. Et comme ceux-ci ont tendance à constiper, ces filles vont prendre encore plus souvent des laxatifs ; cette fois pour arriver à faire leurs besoins. On va donc arriver à un cercle vicieux où la consommation de laxatifs oblige à prendre des opiacés, et où les opiacés obligent à prendre des laxatifs.

Il est tout à fait possible également que ces douleurs abdominales soient liées au manque de certains sels minéraux. A force de peu manger, les anorexiques vont manquer de calcium, de magnésium, de potassium et éventuellement même de sodium. Et comme on l’a vu dans d’autres de mes articles (et c’est reconnu par la médecine officielle), le manque de ces minéraux peut engendrer des crampes, voire de la tétanie musculaire. Donc, lors de la digestion, les muscles du ventre pourront être très contractés. Ce manque de sels minéraux est aussi provoqué par la prise de laxatifs ; et également par celle de diurétiques, parfois utilisés par les anorexiques. Même chose pour le fait de se faire vomir régulièrement.

Et pour celles qui prennent des analogues d’opiacés, en cas de diminution de leur effet, il peut y avoir des contractions musculaires intenses (là-aussi, c’est connu). Et le signal électrique envoyé par les nerfs va avoir tendance à être plus élevé, ce qui entraine des sensations de douleurs plus importantes. Donc, la consommation régulière d’opiacés peut aboutir à ces douleurs ; pas quand ils agissent, mais quand ils n’agissent plus. Et pour contrer la douleur, ces femmes vont se faire prescrire encore plus d’analogues d’opiacés.

– Et apparemment, il y a des douleurs dentaires, dorsales et articulaires. Du coup, comme on a pu le voir dans le reportage, certaines anorexiques vont prendre des antidouleurs de type opiacé pour ça aussi.

– Et chez les anorexiques, le fait de manger provoque des sensations de nausée voir des envies de vomir. Ceci parce qu’elles sont en situation d’hypotension plus ou moins importante. Ce problème est causé par le fait de peu manger (il y a déshydratation et donc hypotension), mais également par les opiacés, qui provoquent aussi de l’hypotension. Lors de l’ingestion d’un repas, le processus de digestion va entrainer une mobilisation d’eau et de sang dans le ventre, qui ne sera plus disponible ailleurs. L’hypotension peut alors devenir trop importante et la première réaction du corps est de vomir s’il y a quelque-chose dans le ventre, afin de supprimer cette cause spécifique d’hypotension.

Pour éviter ce problème de nausées et de vomissement, le médecin va prescrire des antivomitifs. Le problème, c’est que les antivomitifs sont des opiacés eux aussi. A première vue, ça semble contradictoire. Si les opiacés provoquent l’envie de vomir, ils ne vont pas aller contre. Mais en fait, c’est l’hypotension provoquée par la prise d’opiacés qui cause le problème. Mais les opiacés eux-mêmes diminuent la sensation de nausée en endormant les nerfs. Donc, lorsqu’ils font pleinement effet, il n’y a pas vomissement. La sensation nauséeuse va peut-être persister parce que l’hypotension va être encore plus importante, mais elle n’ira pas jusqu’au vomissement.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *