Le choléra et la carence en sel

 

J’avais évoqué le choléra dans mon article de 2015 sur le tétanos, mais uniquement en tant que maladie pouvant servir à répartir les cas de tétanies extrêmes dans d’autres maladies que le tétanos. Je n’avais pas dû y repenser quand j’avais commencé à comprendre que le problème venait essentiellement d’un manque de sels minéraux. Mais en fait, ça tombe sous le sens. Le choléra peut entrainer des symptômes de type tétanos parce que ça entraine une perte importante de sels minéraux. Et en l’occurrence, le sel minéral dont la carence entraine des tétanies, c’est le sodium.

Et même, sans arriver forcément à des tétanies extrêmes, le choléra va souvent s’accompagner de crampes et de convulsions parce que le sel est drainé hors du corps.

Sinon, il y a quelque-chose de bizarre avec le choléra, c’est que les diarrhées continuent encore et encore. A priori, ça semble illogique. Une fois que la source (aliment ou produit chimique toxique) des diarrhées a été évacuée, celles-ci devraient cesser. Mais en fait, ça continue avec la même intensité. Je pense que c’est parce que quand le sel manque, les réactions nerveuses augmentent d’intensité. Donc, les intestins vont produire des contractions trop importantes et continuer à évacuer tout ce qui arrive dans le ventre. Ça sera spécialement le cas si on donne de l’eau ou des boissons sucrées, mais non enrichies en sel, parce qu’elles vont contribuer à diminuer encore la quantité de sel corporel (et en particulier celle présente localement dans les intestins).

Par contre, si on donne des produits salés, là, les contractions vont très rapidement cesser, parce que le taux de sel va remonter et que les muscles et les nerfs pourront travailler à nouveau correctement.

Du coup, on peut penser aussi que le choléra arrive relativement souvent chez des gens qui ont déjà un certain manque de sel. Dans ces cas-là, c’est parce qu’il y aura manque de sel que les contractions seront trop importantes à la base. Et ensuite, puisque la personne manquera encore plus de sel, les diarrhées continueront.

Bien sûr, le manque de sel pourra ne pas être forcément la seule cause des premières diarrhées. Ça pourra venir d’un plat avarié, d’un médicament, ou de la consommation de produits épicés qui, normalement, n’entraineraient pas une diarrhée, ou juste une diarrhée légère, mais qui, avec le manque de sel, vont provoquer une diarrhée importante.

Et les premières diarrhées pourront également ne rien avoir à faire avec le manque de sel. Dans ce cas, les causes citées précédemment seront les seules ayant provoqué les diarrhées. Et le manque de sel n’arrivera qu’après.

Donc, le manque de sel est certainement un élément essentiel du problème du choléra. Alors, évidemment, il peut y avoir des situations où les diarrhées sont dues à la prise en continue de substances qui provoquent le problème. Mais ce qui est important, c’est le choléra disons « naturel », celui qui arrive seul ou qui arrive après la prise de substances le provoquant, puis qui continue malgré l’arrêt de ces dernières. Là, on peut être sûr que le problème vient d’une carence en sel, carence qui s’aggrave à chaque nouvelle diarrhée, pour conduire rapidement la personne vers la mort.

Et bien sûr, même quand il y a prise en continue de produits qui entretiennent les diarrhées, le problème du sel va souvent s’ajouter au premier de façon silencieuse. Les produits à effet purgatif vont provoquer des diarrhées, mais celles-ci vont être encore plus graves avec la carence en sel. En fait, on peut penser que même quand les diarrhées de type choléra arrivent et perdurent à cause de la prise en continue de substances à effet purgatif, le problème du manque de sel intervient pratiquement tout le temps de façon importante, voire majeure, puisque de toute façon, les diarrhées vont entrainer des pertes importantes de sel.

Donc, le problème de la carence en sel va être pratiquement toujours présent quelle que soit la situation concernant la prise de produits à effet purgatif.

Les solutions de réhydratation orales

D’ailleurs, tout ça est totalement confirmé par les traitements actuels contre le choléra. Ils sont constitués de quoi ? Eh bien, essentiellement d’eau sucrée… et salée (vu qu’on n’utilise plus les antibiotiques que dans les cas graves désormais).

Alors, j’avais parlé rapidement des solutions de réhydratation dans mon papier sur les vraies causes des diarrhées. Mais comme je n’avais pas compris le rôle du sel, il manquait des éléments importants à l’analyse. J’avais repris l’idée de l’orthodoxie que les solutions de réhydratation permettent justement de réhydrater la personne. Et j’avais dit que, contrairement à ce que pensait l’orthodoxie, c’était le sucre qui permettait ça, et pas le sel. Je comprenais que le sel était nécessaire dans ces solutions puisque les diarrhées entrainent une perte de cette substance et que celle-ci est nécessaire au corps, ce qui était déjà bien. Mais, en dehors de ça, je passais à côté du rôle du sel.

Donc, qu’est-ce qui se passe avec les solutions de réhydratation ? Eh bien, comme le choléra est souvent dû à un manque de sel, et qu’une fois déclaré, c’est pratiquement toujours la carence en sel qui entretient la maladie et la fait dégénérer (bien sûr, hors cas où on utilise des médicaments qui entretiennent la diarrhée, comme les antibiotiques), le fait d’apporter du sel via les boissons va faire cesser le problème.

En fait, dans les solutions de réhydratation, les deux composantes principales sont l’eau et le sel. L’eau va servir à la réhydratation et éviter que la personne ne meure de soif. Mais c’est bien le sel qui va permettre de faire disparaitre les symptômes. En ayant à nouveau un taux de sel correct, les nerfs et les muscles vont à nouveau fonctionner normalement, et du coup, les crampes, les convulsions, l’éventuel trismus vont disparaitre. Et la diarrhée disparaitra également parce que les muscles des intestins évacueront le bol alimentaire à nouveau normalement, au lieu de le faire très rapidement.

En fait, si la personne n’était pas encore trop déshydratée, le sel pourrait résoudre le problème à lui tout seul. Il suffirait que la personne mange du sel pour que le problème disparaisse.

Quant au sucre, son usage est très utile. Mais il n’est probablement pas absolument indispensable. Ce qui se passe, c’est que, comme on l’a vu dans mon papier sur les diarrhées, il permet de booster l’absorption de l’eau et du sel. Donc, il permet de résoudre la carence en eau et en sel bien plus rapidement. C’est très intéressant et son usage est tout à fait recommandé.

Mais on peut penser que même avec de la simple eau salée, l’état de santé redeviendrait normal rapidement chez 95 à 99 % des gens.

Par contre, dans le cadre du traitement orthodoxe, la simple eau salée ne devait effectivement pas marcher chez tout le monde. Pourquoi ? Eh bien je pense que c’est à cause de l’usage des antibiotiques. Ça doit être ça qui fait qu’il faut ajouter du sucre. Ce qui doit se passer, c’est que les antibiotiques, comme ils agressent le système digestif, entretiennent le problème du transit intestinal trop rapide. Du coup, l’eau salée est trop rapidement éliminée pour qu’il y ait suffisamment de sel d’absorbé. Avec le sucre, l’absorption se fait bien plus vite et du coup, même avec les antibiotiques et le transit intestinal trop rapide, le sel et l’eau arrivent à être digérés en quantités suffisantes pour guérir le patient.

Cela dit, même dans le cadre d’un traitement sans antibiotique, avec juste une solution de réhydratation, le sucre est une très bonne idée, puisqu’il permet de guérir les probables 1 à 5 % de cas qui ne réagiraient pas à l’eau salée. Et il permet d’accélérer la guérison face à une solution avec seulement du sel. Donc, il est tout à fait intéressant d’ajouter du sucre à la solution d’eau salée.

Alors, quelle est l’opinion de l’orthodoxie médicale vis-à-vis du sel des solutions de réhydratation ? Quand on lit diverses sources, c’est un peu difficile à déterminer précisément puisque les opinions varient. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne comprend pas :

  • Que le manque de sel peut être une cause de diarrhées
  • Que dans les cas où il n’y a pas de prise de médicaments accélérant le transit ou/et agressant les intestins, le manque de sel est pratiquement toujours la cause de l’enchainement des diarrhées et de son aggravation et que c’est donc LE problème du choléra (bien sûr, les deux causes, les médicaments et le manque de sel, peuvent être présentes en même temps).

A priori, elle comprend que l’apport de sel permet la restauration du stock corporel et que c’est nécessaire. Mais nécessaire pour quoi ? Pas sûr que ça soit parfaitement bien compris, puisque souvent, on attribue les symptômes du choléra à la toxine cholérique, et dans cette optique, le rôle du sel devient anecdotique. Déjà, comme on vient de le voir, ça n’est pas pour la diarrhée en elle-même, vu qu’ils ne pensent pas que celle-ci ait quoi que ce soit à avoir avec le sel. Pour eux, ce problème vient de la toxine cholérique. Et ce point théorique est non négociable, puisque sinon, leur théorie s’effondrerait. Mais ça pourrait être pour les convulsions ou les crampes ou la tétanie. Sauf que la plupart pense que ces symptômes viennent là-encore de la toxine. Certains parleront aussi du manque de sel, mais ils seront rares.

Donc, généralement, les médecins ne comprennent pas que les symptômes autres que la diarrhée sont provoqués par le manque de sel et donc que son assimilation est là-aussi « le » problème pour leur guérison.

En fait, ce qui est mis en avant, concernant le sel, c’est qu’il permettrait au sucre et à l’eau de pénétrer les parois de l’intestin malgré la diarrhée. Ça se ferait grâce au cotransporteur glucose sodium (une protéine). Sans le sel, l’eau sucrée seule ne pourrait pas le faire.

C’est ce qu’on peut voir sur Wikipédia :

« La découverte du cotransport par Crane a conduit directement au développement de la thérapie de réhydratation par voie orale. Ce traitement contrebalance la perte d’eau et d’électrolytes causés par le choléra au moyen d’une solution de sel contenant du glucose qui accélère l’absorption d’eau et d’électrolytes. Ceci est possible car le choléra n’interfère pas avec le cotransport sodium-glucose.« 

Et ici :

« Mais en 1958, les chercheurs ont découvert que, même pendant un malaise gastro-intestinal aigu, l’intestin grêle pouvait absorber le glucose. Ces récepteurs du glucose fonctionnaient toujours, du moment qu’ils étaient aussi en présence de sodium. Nous appelons maintenant cela le « co-transporteur de sodium-glucose » ou la « pompe ».« 

Alors, dans cette théorie, le sel n’est pas seulement une aide à la réhydratation. Il a son utilité propre qui est de rétablir le taux de sodium corporel (d’où le « et d’électrolytes » de l’extrait de Wikipédia). Mais quand on lit les documents sur le sujet, en particulier ceux à destination du grand public, c’est un rôle moins mis en avant et surtout moins approfondi. Le rôle du sel est considéré comme nécessaire en dehors de la seule réhydratation, mais on ne dit pas pourquoi ou sinon, on effleure juste le sujet.

Le problème de l’orthodoxie, c’est que si elle reconnaissait que les symptômes secondaires (donc hors diarrhée) viennent d’un manque de sel et que c’est donc l’apport de sel qui les fait disparaitre, alors, le rôle de la toxine cholérique serait mis assez nettement au second plan. Pour ne pas que ça arrive, il faut réduire l’utilité du sel à la portion congrue.

Donc, il fallait une théorie pour expliquer malgré tout la présence du sel tout en continuant à ne pas lui donner trop d’importance. La solution est d’être à moitié honnête et de dire que ça permet de rétablir le stock de sel, mais en donnant très peu de précision sur l’utilité de la chose (ça c’est la partie à moitié malhonnête).

Ce qui est intéressant, c’est que l’orthodoxie sort un autre discours quand on parle de l’utilité du sel pour les boissons destinées à l’effort sportif. Là, elle reconnait que le sel est nécessaire pour remplacer celui perdu par la transpiration et que sans lui, des crampes apparaitraient. Ce qui veut dire au passage que l’orthodoxie sait bien de quoi il retourne pour le problème des crampes et des convulsions.

Du coup, il y a désormais une sorte de dissonance cognitive dans la tête des médecins entre ce qu’ils disent (et pensent) pour les diarrhées simples et pour le choléra. Pour les diarrhées simples, les médecins qui font du sport intensif ou qui suivent des sportifs, ou encore qui ont des connaissances en nutrition doivent être au courant du rôle du sel et doivent accepter l’idée que la perte de sel qui arrive lors d’une diarrhée puisse provoquer des crampes. Mais, ils acceptent cette idée seulement pour les crampes (c’est-à-dire pour des symptômes bénins). Pour d’éventuelles convulsions et tétanies, là, ils vont se remettre à penser que ça ne peut venir que du microbe (pour les diarrhées simples).

Par contre, dans le cas du choléra, à cause des problèmes théoriques vus plus haut, même pour les simples crampes, la plupart des médecins ne vont pas penser que celles-ci peuvent venir d’un manque sel. Ça ne pourra venir que de la toxine cholérique. Et pour les symptômes plus importants, comme les convulsions et la tétanie, là, ça sera encore plus net ; ça ne pourra venir que de la toxine (hormis pour quelques médecins un peu plus avancés que les autres).

Et du coup, il y a dissonance cognitive aussi pour les solutions de réhydratation utilisées dans le cadre du sport et dans celui du choléra. Pour celles utilisées dans le cadre du sport, la médecine officielle affirme clairement que ça aide à lutter contre les crampes. Et elle donne des détails sur le sujet. Mais pour celles utilisées dans le cadre du choléra, elle ne peut pas dire ça (en tout cas donner beaucoup de détails), parce que le vibrion cholérique serait alors un peu trop mis à l’arrière-plan comme cause de certains des symptômes les plus manifestes du choléra (crampes, convulsions, etc…). Par ailleurs, comme on peut penser que les diarrhées viennent d’un surtravail des intestins, on se rapproche dangereusement de l’idée que les symptômes du choléra sont entièrement dus au manque de sel. Donc, pour l’orthodoxie médicale, il vaut mieux rester évasif sur le sujet.

Bref, selon les situations où ça s’applique, la médecine officielle louvoie sur ses explications concernant l’utilité du sel. Mais ça n’est pas gênant pour elle. Elle peut se le permettre, parce que plus personne n’en a rien à faire du choléra. Donc, personne ne voit le côté changeant du discours.

Et bien sûr, on ne parle même pas ici du rôle du sodium sur la diarrhée elle-même. Là, l’orthodoxie refuse d’accepter l’idée que le manque de sel est la cause du problème et que c’est le fait de supplémenter la personne qui résout le problème dans la solution de réhydratation ; parce que ça détruirait complètement sa théorie sur les causes du choléra. Du coup, aussi bien pour les boissons sportives que pour les solutions de réhydratation pour le choléra, l’orthodoxie ne dit pas que ça permet d’arrêter les diarrhées.

Bref, l’orthodoxie passe à côté du rôle du sel (pour l’essentiel). Mais elle est obligée de le faire, parce que sinon, sa propre théorie soit serait mise à mal, soit s’effondrerait carrément.

L’absence de traitement antibiotique

Un élément intéressant est que, désormais, les antibiotiques ne sont plus que très peu utilisés pour le choléra. C’est ce qu’on peut voir sur le site de l’Institut Pasteur :

« Le traitement consiste essentiellement à compenser les pertes digestives d’eau et d’électrolytes. La réhydratation est assurée par voie orale ou par voie intraveineuse, selon le degré de déshydratation. L’amélioration est perceptible au bout de quelques heures et la guérison, sans séquelle, est obtenue en quelques jours.

L’antibiothérapie peut être utile dans les cas graves, mais l’émergence de souches de vibrions cholériques multirésistantes aux antibiotiques en limite l’indication.« 

Alors, on pourrait se dire que ça remet en cause la version officielle, puisqu’on peut guérir sans traitement éliminant le microbe. Surtout qu’en plus, ici, on ne peut pas faire appel au système immunitaire pour expliquer la disparition du vibrion, puisqu’on vient juste de voir que celui-ci ne rentre pas dans les tissus de l’intestin. Donc, il est inaccessible au système immunitaire. Alors, sans usage d’antibiotiques, le microbe devrait rester dans les intestins indéfiniment.

Mais en fait, non, ça ne la remet pas en cause, parce qu’ils disent que le vibrion s’élimine tout seul des intestins après 7 ou 15 jours, comme on peut le voir sur ce site :

« Le vibrion ne pénètre pas à l’intérieur de la muqueuse intestinale qui reste donc anatomiquement intacte. Il n’y a pas d’invasion muqueuse. Le vibrion disparaît des selles spontanément en 7 à 14 jours. Le traitement du choléra est donc essentiellement celui des pertes hydro-électrolytiques, c’est à dire du «syndrome cholérique»« 

Sauf que c’est là où on tombe dans le n’importe quoi. On ne voit pas du tout pourquoi le vibrion partirait tout seul. Mais là encore, comme le choléra est une maladie du passé dans les pays riches, et une maladie de pauvres, et encore, seulement dans des circonstances particulières (guerres, inondations, etc…) dans les pays chauds et pauvres, plus personne ne s’en préoccupe. Du coup, l’orthodoxie médicale peut balancer un truc aussi gros que ça sans que ça ne fasse tiquer qui que ce soit.

Au passage, quand l’antibiotique est utilisé, on peut se dire que les solutions de réhydratation fonctionnent malgré l’antibiotique. En fait, l’antibiotique peut aggraver le problème en accélérant le transit et en agressant les intestins. Mais comme on donne par ailleurs la solution de réhydratation, qui est « la » substance efficace qui soigne vraiment la personne, celle-ci guérit malgré tout. Mais bien sûr, ça irait plus vite sans l’antibiotique. Et il est très probable que souvent, la diarrhée ne s’aggraverait alors pas ou au moins ne continuerait pas. Donc, on pourrait gagner 2 ou 3 jours sur la guérison.

Alors, il semble qu’il y ait des études montrant que les antibiotiques accélèrent au contraire la fin de la diarrhée dans le cadre du choléra. C’est ce qu’on peut voir ici :

« Les chercheurs de la Collaboration Cochrane ont effectué une revue des effets des antibiotiques pour traiter les personnes souffrant du choléra. Après avoir recherché des essais pertinents, ils ont inclu 39 essais contrôlés randomisés impliquant 4 623 personnes souffrant du choléra.

Que dit la recherche ?

Le traitement antibiotique raccourcit la durée de la diarrhée d’environ un jour et demi (la durée normale est de trois à quatre jours), et réduit la quantité totale de liquide de diarrhée de moitié. Par conséquent, la nécessité d’utiliser des fluides de réhydratation est également réduite par près de la moitié.« 

Ce qu’on peut penser, c’est que les antibiotiques sont alors utilisés à faible dose. Dans ce cas, ils auraient plus un effet de type anti-inflammatoire, ce qui ferait qu’ils auraient tendance à produire une accumulation d’eau dans le corps. Ils aideraient alors la solution de réhydratation à entrer dans le corps, comme le fait le sucre. Par contre, à forte dose, là, ça aggraverait la diarrhée.

Mais il est possible aussi que les études aient été complètement bidonnées afin de sauver la théorie microbienne du choléra. Il est dit que les études analysées concernaient surtout des cas souffrant de déshydratation sévère. Donc, il est possible par exemple que l’estimation de la sévérité des cas ait été manipulée. Dans le groupe prenant l’antibiotique, on aurait mis des gens ayant un cas pas si sévère que ça, et dans l’autre, des cas plus graves. Et du coup, on aurait pu dire que les diarrhées auraient duré 1 jour et demi de moins. Sinon, il y a toujours la grande technique de retirer les cas qui ne correspondent pas au résultat voulu.

Le plasma de Quinton et le choléra ou autres maladies diarrhéiques

C’est parce que le problème vient du manque de sel que le plasma de Quinton marchait sur le choléra. Quand j’avais découvert le plasma de Quinton, vers 2002 ou 2003, je ne voyais pas comment il pouvait se faire que ça guérisse le choléra ou d’autres maladies diarrhéiques. Maintenant, je comprends. Le plasma de Quinton, c’est de l’eau de mer isotonique, donc, de l’eau salée. Et du coup, ça apportait le sel nécessaire à la guérison (et bien sûr l’eau nécessaire à la réhydratation).

Pourquoi le choléra dans les pays chauds

On comprend pourquoi le choléra arrive plus souvent dans les pays chauds. Comme on transpire plus et qu’on boit plus d’eau, on peut se retrouver plus facilement en manque de sel.

Par ailleurs, les populations étant plus pauvres, elles ont moins accès au sel et donc, peuvent être carencées si le sol n’est pas riche en sel.

Les condiments qui accélèrent le transit vont aussi poser problème. Celui-ci se situe à deux niveaux. Non seulement ces produits accélèrent le transit, ce qui fait qu’ils risquent certaines fois de trop l’accélérer et de déclencher une diarrhée (voir mon papier précédent sur les diarrhées). Mais en plus, en accélérant le transit, ils drainent le sel. Du coup, ils peuvent déclencher des diarrhées très importantes à cause de ces deux effets. Mais ça sera l’effet de drainage du sel qui sera le pire au final.

Or, énormément de gens prennent des épices qui accélèrent le transit dans les pays chauds. En effet, la chaleur ralentit le transit intestinal, ce qui fait que beaucoup de gens des pays chauds souffrent de constipation dans ces pays. Par ailleurs, beaucoup mangent de grandes quantités de riz (spécialement en Asie). Et le riz à tendance aussi à constiper. Du coup,  pour lutter contre ça, ils ont tendance à systématiquement épicer leurs plats. Il n’est même pas sûr qu’ils sachent encore que ça sert à ça. Pour la plupart, c’est devenu une habitude. Mais à la base, ça devait servir à lutter contre ce problème de constipation.

Et c’est pour ça que le choléra arrive souvent après de fortes pluies. Comme les plantes sont alors moins riches en sel, les gens risquent d’être carencés et vont développer des diarrhées. Surtout qu’avec les techniques modernes de culture, on met beaucoup d’engrais aux nitrates et au potassium, ce qui a tendance à provoquer des crampes comme on l’a vu dans mon récent papier sur le tétanos et la tétanie d’herbage. Comme les gens de ces pays mangent beaucoup de plantes et de fruits, ça joue certainement.

Par ailleurs, dans les pays chauds, quand il y a de fortes pluies, ça entraine qu’il y a tout d’un coup une chaleur très humide. Or, quand il y a une chaleur de ce type, les gens transpirent beaucoup plus, ce qui entraine un épuisement de leur réserve de sel. Donc, ça fait le lit du choléra et des autres maladies diarrhéiques.

Alors, l’orthodoxie a intégré ce problème, puisqu’elle dit que le choléra vient de l’eau souillée par le vibrion cholérique. Selon elle, les inondations liées à la mousson font remonter les fèces contaminées des latrines vers la surface, ce qui contamine toute l’eau et entraine des cas de choléra.

Et comme la chaleur humide provoquée par les pluies touchent tout une région, voir tout un pays, beaucoup de personnes d’un même village peuvent être atteint en même temps par ce problème, ce qui peut effectivement donner l’impression que c’est un problème d’épidémie microbienne. Sauf qu’en réalité, le problème n’a rien à voir avec ça.

Le choléra dans les temps anciens

On comprend aussi mieux pourquoi il y avait du choléra dans les temps anciens. Déjà, il y a les raisons évoqués dans l’article sur les diarrhées. Une personne qui avait déjà eu deux trois épisodes de diarrhées se faisait administrer des purgatifs et des vomitifs ainsi que plusieurs saignées. Forcément, beaucoup de patients mourraient rien qu’à cause du traitement brut qui venait s’ajouter à la faiblesse et à la déshydratation causée par les diarrhées initiales. Et il n’y avait alors même pas besoin que la personne soit en situation de manque de sel pour que son état s’aggrave et qu’elle meure.

Mais le problème du manque de sel devait intervenir aussi dans de nombreux cas.

Déjà, pour reprendre l’exemple précédent, dans un cas de diarrhée spontanée (possiblement causée déjà par un manque de sel), le fait d’administrer ces trois traitements (purgatifs, vomitifs, saignées) vidait le sel du corps de la personne, ce qui faisait que la diarrhée empirait et des symptômes de tétanie, de convulsions, etc.., apparaissaient. Et le fait de continuer à administrer ces traitements aggravait chaque jour le problème du manque de sel, ce qui faisait que la personne mourrait rapidement.

Par ailleurs, comme on donnait des purgatifs, des vomitifs et des saignées aux patients pour un peu n’importe quelle maladie, beaucoup de gens se retrouvaient en état de manque de sel alors qu’ils ne l’étaient pas avant. Du coup, quelques jours ou semaines après, la personne pouvait se mettre à développer des diarrhées importantes qui drainaient encore plus le sel de l’organisme. Elle pouvait alors mourir du manque de sel qui s’aggravait à chaque nouvelle diarrhée, ou alors, mourir de ça et du traitement qu’on administrait pour soigner la diarrhée (donc, vomitifs, purgatifs, saignée).

Dans ces conditions, on comprend que les opiacés aient pu donner un répit pendant quelques heures. Ils faisaient cesser les contractions vu qu’ils ont un effet antispasmodique. Mais comme le corps était déjà en manque mortel de sel, ça ne faisait la plupart du temps que retarder l’issue fatale. Parfois, ça pouvait malgré tout sauver la personne si on profitait de l’accalmie pour donner du bouillon salée ou de petit lait (salé) au patient, ou d’autres produits contenant du sel. Si ces aliments étaient suffisamment riches en sel et que la personne n’était pas encore trop carencée, ça pouvait le faire remonter ses stocks de sel suffisamment pour qu’elle survive. A partir de là, si elle pouvait remanger des aliments salés, ça pouvait lui reconstituer totalement se stocks de sel et faire disparaitre le problème.

Et bien sûr, même sans ces traitements (purgatifs, vomitifs saignée), les personnes pouvaient mourir de diarrhées parce que comme on ne savait pas qu’il est nécessaire de rétablir les stocks de sel, on donnait souvent seulement de l’eau. Et comme ça ne résolvait pas le manque de sel (ça l’aggravait au contraire), la personne continuait à avoir des épisodes de diarrhée, ce qui la faisait mourir d’une carence mortelle en sel après quelques jours.

Par ailleurs, dans la mesure où les gens consommaient plus de légumes et de fruit que maintenant, ils étaient soumis aux causes de crampes qu’on a vues dans l’article sur le tétanos et la tétanie d’herbage. Et les causes de crampes étaient donc aussi des causes de diarrhée. Si la personne était dans une région où il y avait des excès de nitrates, ça pouvait drainer le sel du corps. S’il y avait trop d’eau dans les plantes suite à un été pluvieux, le taux de sel diminuait et donc provoquait une carence chez l’homme. Et s’il y avait excès de potassium, ça pouvait provoquer directement des crampes. Donc, l’être humain, à cause de sa consommation plus importante que maintenant de fruits et légumes, pouvait développer des diarrhées ou des tétanies. Les tétanies directes devaient être rares. Mais les diarrhées pouvaient être plus fréquentes.

Alors, on utilisait beaucoup moins d’engrais aux nitrates et au potassium que maintenant. Mais ça commençait à arriver au 19ème siècle. Sur le site de l’Encyclopedia Universalis, il est dit qu’on utilisait les cendres de varech et les cendres de tourbe pour fournir le potassium au début du 19ème siècle. A partir de 1840, on a commencé à faire venir du guano (riche en nitrate), puis, rapidement, du nitrate venant du Chili. Donc, il y a pu y avoir des problèmes de diarrhées liés à ces engrais à partir du début du 19ème siècle.

Par ailleurs, même sans le problème des nitrates et du potassium, il y a le problème de l’excès d’eau dans les plantes. Donc, même avant le développement de l’usage des engrais, il pouvait y avoir des diarrhées à cause de ça.

Alors, comme la salaison était pratiquement la seule technique de conservation des aliments, on ne manquait pas trop  de sel. Donc, ces problèmes de diarrhée n’arrivaient pas trop souvent. Mais ça pouvait survenir quand on se mettait à manger des produits frais (à partir du printemps).

Au passage, ce qui est valable pour les humains l’est aussi encore bien plus pour les herbivores. Donc, si des vaches ou des moutons ont des problèmes de diarrhées, c’est en fait très souvent à cause d’une carence en sel ou de l’excès de potassium, et pas à cause de microbes pathogènes. Donc, on devrait chercher de ce côté-là pour les diarrhées touchant le bétail.

Et puis, avec le développement de l’industrie au 19ème siècle, il devait y avoir des rejets industriels dans les cours d’eau provoquant des diarrhées. Par exemple, pour l’épidémie de choléra de 1832 à Elbeuf en Normandie, il est dit sur Persée, que les cours d’eau étaient souillés par les usines de teinturerie (« Des villes épargnées ? L’épidémie de choléra de 1832 à Elbeuf « , Alain Becchia, Annales de Démographie Historique, 1990, page 57).

« ville polluée (fumées des cheminées, rivière et canaux du Puchot en partie souillés par les teintureries, odeur infecte de l’urine pour dégraisser les laines…)« 

On parle aussi de l’urine utilisée pour dégraisser les laines. Il est donc possible que l’azote contenu dans l’urine ait formé des nitrates dans les cours d’eau. Ça n’est qu’un exemple, mais il devait y avoir plein d’usines rejetant directement dans les rivières et les fleuves des nitrates ou des composés pouvant former des nitrates, ou du potassium, ou d’autres produits pouvant influer sur le taux de sel corporel ou pouvant provoquer directement des diarrhées.

On peut se demander également, si le tétanos et le choléra sont tous les deux liés au manque de sel, pourquoi il y avait beaucoup de cas de choléra et peu de cas de tétanos.

Eh bien, ce qui devait se passer, c’est tout simplement que quand ça commençait par des diarrhées, on classait le cas en choléra. Et quand ça commençait directement par la tétanie, sans diarrhées, et qu’il y avait une blessure, on classait ça en tétanos. Or, la plupart du temps, le problème de tétanie devait commencer par des diarrhées. Les cas commençant directement par une tétanie, sans diarrhée, devaient être rares. Par ailleurs, comme on l’a déjà vu, il fallait une blessure (et plutôt importante, avant qu’on n’attribue le tétanos au bacille tétanique) pour classer un cas de tétanie dans la catégorie tétanos. Forcément, ça limitait très fortement le nombre de cas. Donc, il était normal que le choléra ait été fréquent alors que le tétanos était rare.

Peut-être qu’il y a eu quelques cas de tétanie ayant commencé par une ou deux diarrhée qu’on a classé dans la catégorie tétanos, mais ça a  dû être très rare. S’il y avait diarrhée avant la tétanie, on classait ça sous le label choléra et pas dans le tétanos.

Alors, comment se faisait-il que certaines fois, la tétanie se déclarait sans épisode diarrhéique, directement ?

Déjà, une petite tétanie pouvait se déclarer, et ensuite, le médecin pouvait administrer des purgatifs et des vomitifs, ce qui aggravait la situation au point d’entrainer une tétanie extrême. Sauf que dans ce cas, la diarrhée n’était pas comptée comme une diarrhée anormale puisque c’est le médecin qui l’avait provoquée.

C’est ce qu’on peut voir dans le livre « Encyclographie des sciences médicales« , J.R Marinus et C. Canstatt, Bruxelles, 1836, page 102 (voir ici) :

« Dans le même volume, M. Gilmore relate un cas semblable au précédent, où le tétanos avait été déterminé par une blessure de la cuisse, la suite d’un coup de sabre. On avait saigné le malade, lorsque les spasmes avaient commencé ; et le reste du traitement avait consisté surtout dans l’administration de calomel, du camphre, de la soude et des purgatifs. Un de ces derniers provoqua des vomissements et des évacuations abondantes d’excréments endurcis. Dès lors les symptômes diminuèrent et la guérison eut lieu.« 

On note au passage que le patient a guéri. On peut penser que ça vient de la soude. Selon Wikipédia : « Soude désignait autrefois de manière générique les plantes des rivages marins, y compris certaines algues, dont les cendres fournissent un sel alcali, également nommé soude par les anciens ». Donc, la soude en question devait contenir une bonne dose de sel, ce qui avait permis au patient de guérir (en dépit des traitements qui drainaient le sel comme la saignée et les purgatifs).

Par ailleurs, il est dit que l’alcool avait à voir avec le tétanos. Dans ce cas, l’alcool pouvait empêcher l’épisode diarrhéique par son effet de relaxation musculaire. Et quand la personne arrivait à un stade de manque de sel trop important, avec en plus une cause déclenchante soudaine, c’était la tétanie pure et simple qui survenait, sans épisode intermédiaire de diarrhée.

Ce qui faisait aussi qu’il n’y avait pas forcément de diarrhée dans la période pré-tétanos, c’est que souvent, la personne avait été traitée d’une blessure avant et on lui avait donné des opiacés. Ou alors, elle avait eu recours à l’automédication et avait bu de l’alcool régulièrement pour diminuer la douleur. Donc, ça prévenait la diarrhée ainsi que les crampes. Et quand la personne arrêtait l’alcool ou les opiacés d’un coup, le manque de sel était déjà trop important pour provoquer une diarrhée (parce que les contractions étaient déjà trop importantes et peu coordonnées).

Et puis, en cas de blessure, on devait administrer là-aussi des vomitifs ou des purgatifs, afin d’éviter que les humeurs ne stagnent. Et ça devait être spécialement vrai en cas de fièvre ou d’inflammation. Or, ça devait arriver souvent quand une blessure était un peu importante. Du coup, là-encore, la diarrhée était considérée comme normale (puisque provoquée par le médecin) et pas pathologique.

C’est ce qu’on peut lire par exemple dans la thèse « Les blessures et leur traitement au moyen-âge d’après les textes médicaux anciens et les vestiges osseux (grande région lyonnaise)« , Raoul Perrot, 1982, à propos de Guy de Chauliac (un médecin du 14ème siècle) s’exprimant sur les luxations, page 176 (ici) :

Apostème et douleur sont évités par « saignée et purgation s’il est nécessité à bonne diète au commencement subtile ». (note, l’apostème, c’est un abcès suppurant)

Page 194, on trouve un tableau avec les divers types de plantes employées pour traiter les cas de blessure. Leur effet est précisé. Et bien on trouve de nombreuse plantes ayant un effet purgatif ou vomitif, comme l’Asarum, la casse, l’épinard, l’hellébore, l’hermodacte, la manne, la mauve, la mercuriale, la prune, la scure, le trèfle et le turbith.

Autre possibilité, une diarrhée pouvait se déclencher ; le médecin pouvait traiter ça avec des opiacés, ou la personne pouvait traiter ça avec de l’automédication de l’époque (plantes, alcool). La diarrhée cessait pendant le temps du traitement (pouvant aller de plusieurs jours à éventuellement plusieurs semaines). Puis l’effet de l’opiacé s’arrêtait. Et alors, la tétanie pouvait arriver d’un coup, sans qu’une diarrhée ne se manifeste avant. Et dans ce cas, on ne faisait pas le lien avec la diarrhée précédente qui remontait à relativement loin et qui ne s’était pas renouvelée. Ensuite, ça pouvait être éventuellement classé dans la catégorie tétanos si le patient se souvenait s’être blessé.

Autre question possible : pourquoi on ne parle pratiquement pas de cas de choléra suite à un tétanos ? Vu que les deux sont liés soit en totalité (tétanos), soit en partie (choléra) au manque de sel, une personne aurait pu développer du choléra suite à un tétanos.

Mais, s’il n’y avait pratiquement pas de cas de choléra répertoriés suite à un tétanos, c’est les cas de tétanos étant très peu nombreux, et le pourcentage de survivants assez moyen. Ça faisait trop peu de cas à étudier d’éventuel choléra faisant suite au tétanos. Et en effet, j’ai pu constater dans les livres que j’ai lus pour mon article sur le tétanos, que les médecins n’avaient généralement vu que très peu de cas de tétanos eux-mêmes. Je me souviens d’un médecin qui disait n’en avoir vu que 2 dans sa vie. Peut-être qu’il y a eu quelques rapports de cas de ce genre, mais ils doivent être rares et donc difficiles à trouver.

Régime sans sel et diarrhées

Du coup, les personnes qui suivent un régime sans sel devraient subir plus de diarrhées et de crampes que les autres. Elles devraient également avoir plus de diarrhées ayant tendance à dégénérer, genre choléra.

C’est le cas particulièrement des personnes hypertendues ou des insuffisants cardiaques. En général, on préconise un régime pauvre en sel, puisqu’on est revenu du régime sans sel stricte. Il y a aussi celles qui prennent des diurétiques pour des problèmes de reins.

Mais en fait, on ne voit pas tellement ce genre de chose. Donc, on pourrait se dire que le sel n’est pas le problème. Mais il y a plusieurs raisons qui expliquent ça.

Déjà, pour l’hypertension ou l’insuffisance cardiaque, et d’autres maladies qui conduisent à un régime sans sel, on fait prendre des analogues d’opiacés. Or, ça réduit l’intensité du signal électrique, ce qui évite que la personne ne se retrouve avec des crampes ou des diarrhées. En effet, on a vu que le manque de sel oblige l’organisme à augmenter le signal électrique pour que celui-ci puisse passer. Le problème, c’est que ça entraine des crampes, parce que le signal est trop important. Mais les opiacés diminuent le signal électrique. Du coup, le problème des crampes n’arrive pas ou peu, et celui des diarrhées non plus. Ça va entrainer d’autres problèmes, comme une faiblesse musculaire, de la constipation, des problèmes de mémoire, etc… Mais, ça évitera les épisodes de diarrhées.

Par contre, comme il y a un effet d’accoutumance avec les analogues d’opiacés, leur effet diminue avec le temps. Du coup, au bout de quelques mois ou années, si la dose n’a pas été augmentée à temps, de diarrhées peuvent apparaitre.

Ainsi, on peut voir qu’il y a des problèmes de ce genre avec certains médicaments contre l’hypertension. Par exemple, sur Wikipédia on parle de l’olmésartan (un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine II), qui semble être un analogue d’opiacé :

« Le 3 juillet 2013, la Food and Drug Administration (FDA) a lancé une alerte sur des symptômes d’entéropathie comprenant une diarrhée chronique sévère avec perte de poids substantielle. L’entéropathie peut se développer des mois à des années après le début de la prise d’olmésartan et nécessite parfois une hospitalisation. L’abandon de l’olmésartan a entraîné une amélioration clinique des symptômes d’entéropathie chez tous les patients.« 

 En fait, ce ne sont pas ces médicaments qui entrainent le problème, c’est qu’ils n’arrivent plus à compenser l’effet du manque de sel, parce qu’ils perdent de leur efficacité au cours du temps.

Et puis, bien sûr, puisque ce sont des analogues d’opiacés, le fait que leur effet diminue, même sans manque de sel, peut entrainer des diarrhées, puisque, non seulement la puissance du signal électrique remonte, mais en plus, le taux de cortisol remonte également, ce qui a tendance à accélérer le transit intestinal. Donc, même sans carence en sel, la diminution d’efficacité de ces médicaments peut entrainer des diarrhées.

Mais on peut penser que c’est encore plus vrai avec un niveau de sel insuffisant. Si ce dernier est bas, l’efficacité de l’opiacé vis-à-vis des crampes et des diarrhées risque de diminuer fortement. Ça veut dire que même si l’opiacé et toujours aussi efficace qu’avant, la personne peut développer des diarrhées et des crampes si le taux de sel est trop bas. Et bien sûr, si l’opiacé est moins efficace, il suffira d’une carence moins importante pour que des crampes et des diarrhées arrivent.

Par ailleurs, quand des problèmes de douleurs intestinales ou d’estomac apparaissent, on donne souvent du bicarbonate de soude. Du coup, le corps va être alimenté en sodium, et les problèmes de crampes et de diarrhées n’apparaitront pas. Parce que le problème des crampes et des diarrhées, c’est le manque de sodium ; ça n’est pas le sel en lui-même. Donc, si on fournit au corps le sodium nécessaire par un autre moyen, tout ira bien de ce point de vue-là.

Le médecin peut prescrire du bicarbonate de soude intentionnellement, parce qu’il estime que le problème vient de l’estomac, ou il peut être dans le brouillard et donner cette substance histoire de voir. Dans le premier cas, l’efficacité du bicarbonate de soude confirmera son diagnostic. Et dans le deuxième, comme le bicarbonate de soude aura réglé la situation, le médecin fera alors un diagnostic à postériori de problème d’estomac. Alors, ici, soit ça sera bien un problème d’estomac, soit ça n’aura rien à voir. Mais dans les deux cas, la personne sera alimentée en sodium et ne subira pas de problème de diarrhées et de crampes.

Par contre, avec le bicarbonate de soude et un régime pauvre en sel, les problèmes de digestion vont être récurrents. Le problème du bicarbonate de soude, c’est qu’il manque l’élément chlore. On a vu que celui-ci est nécessaire pour que l’acide chlorhydrique puisse être produit en quantités suffisantes. Avec seulement du bicarbonate de soude et trop peu de sel, l’estomac ne pourra pas produire assez d’acide chlorhydrique et les aliments ne seront pas assez bien réduits en bouillie dans l’estomac pour que la flore intestinale les attaquent. Donc, la digestion ne se fera pas bien.

Autre possibilité dans le cas de douleurs d’estomac ou intestinale, le médecin peut prescrire des inhibiteurs de la pompe à proton, des antihistaminiques, ou d’autres antisécrétoires plus puissants. Or, tous ces médicaments sont des analogues d’opiacés. Donc, comme dit plus haut, ils vont limiter le problème des diarrhées, grâce à leur effet de diminution du signal électrique.

J’ai vu aussi que les médicaments effervescents contiennent de fortes doses de sel. Ça peut être une source qui n’est pas comptée comme telle, mais qui sera présente (de façon cachée donc).

Or, il semble qu’un certain nombre de médicaments contre les troubles digestifs soient sous forme effervescente (comme l’Oxyboldine, le Maalox, l’Upsa, ou l’Alka Seltzer, Effidigest, etc…). Donc, une personne qui aura des problèmes digestifs liés ou non à un manque de sel sera réalimentée en sel via ces médicaments.

Et, ici, on rappelle que dans certaines régions du monde, on mange du glutamate de sodium :

« Le sel est la principale source de sodium dans notre alimentation, bien que le glutamate de sodium, condiment utilisé dans de nombreuses régions du monde, puisse aussi en apporter.« 

Donc, dans ces pays, on ne manque pas de sodium, parce que l’alimentation en apporte via le glutamate de sodium. Ce qui fait que même si la personne suit un régime sans sel, elle va quand même être réalimentée en sodium.

Il faut voir également que si une personne suivant un régime pauvre en sel ou un traitement drainant le sel se met à avoir des diarrhées importantes, dans un pays riche, elle est tout de suite prise en charge par son médecin ou par un hôpital. Et après un ou deux épisodes de ce genre, elle se verra prescrire des solutions de réhydratation et saura quoi faire en cas de récidive. Donc, on arrivera rarement à des problèmes gravissimes. C’est pour ça que les diarrhées dégénèrent très peu.

Et puis, c’est une hypothèse, mais peut-être que la perte d’eau rétablit en partie la concentration en sel de l’organisme. S’il y a moins d’eau et autant de sel, le pourcentage de sel remonte. Donc, normalement, une personne qui a des diarrhées devrait retrouver une concentration en sel suffisante pour ne plus être malade. Dans ce cas, il y aurait un mécanisme pour que les diarrhées s’arrêtent et que ça ne dégénère pas systématiquement en diarrhées sévères. Mais si on donne de l’eau à la personne pour compenser la perte en liquide, alors, le taux de sel peut continuer à rester bas ou même à diminuer. Donc, les diarrhées vont continuer.

Par contre, si le taux de sel était déjà faible à la base, peut-être que ce mécanisme n’est pas suffisant.

Par ailleurs, l’évolution de la maladie doit dépendre aussi de la quantité de sel disponible dans l’estomac et le pancréas. Si ces deux organes en possèdent encore beaucoup, l’organisme pourra y puiser le sel nécessaire au retour de la bonne concentration sanguine. Mais s’ils sont eux-mêmes déjà carencés en sel, alors, ça ne sera pas le cas et la personne verra son état se dégrader, avec diarrhées qui reviennent, ainsi que des crampes, des convulsions et une tétanie.

On peut se demander aussi s’il ne suffit pas d’un peu de sel dans les cellules de l’intestin pour que le problème des diarrhées s’arrête. Parce que le problème est peut-être local concernant la distribution du sel. Il n’y a peut-être pas besoin de faire revenir le taux de sel du corps au niveau correct partout pour que les intestins se remettent à fonctionner. Il y a probablement une composante globale du problème, mais aussi des composantes locales. Donc, si la personne n’est pas en état de tétanie dans le reste du corps et que les intestins ont vu leur taux de sel remonter, le problème des diarrhées peut s’arrêter.

En fait, le sel étant fourni en grandes quantités par l’estomac et le pancréas, le problème doit être résolu rapidement par apport de sel par ces deux organes.

En tout cas, il doit y avoir des éléments à déterminer qui font que le problème ne dégénère pas systématiquement s’il y a manque de sel. Il y a probablement des mécanismes de protection et de récupération.

Dans la lignée de la réflexion précédente sur le fait que le problème est peut-être local, on peut se dire que les tissus de l’intestin doivent être particulièrement chargés en sel, puisque c’est par eux que transite la grosse quantité de sel venant de l’estomac et du pancréas (et tout le sel venant de l’alimentation). Ils sont servis en sel les premiers. Donc, normalement, il ne doit pas y avoir de carence. Pour qu’il y en ait, il faut qu’il y ait particulièrement un problème au niveau de l’estomac et du pancréas, ainsi qu’un niveau des tissus de l’intestin, de la vitesse de circulation du bol alimentaire, et peut-être d’autres raisons.

Et c’est pour ça que la situation doit se rétablir assez facilement. Comme il y a tout le sel qui vient du couple estomac/pancréas, les niveaux de sel dans les tissus de l’intestin doivent être rétablis assez rapidement.

Autre possibilité, si pour une raison ou pour une autre, le sodium et le chlore venant du pancréas et de l’estomac n’arrivent pas à se réassembler, peut-être que, séparément, ils sont moins facilement assimilables par les intestins. Peut-être que le chlore joue alors un rôle d’irritant pour les intestins. Peut-être même qu’ils captent le sel déjà absorbé par les cellules de l’intestin, à voir.

Du coup, le fait de boire de l’eau non enrichie en sel pourrait avoir un impact plus important et rapide sur les diarrhées que ce qu’on pouvait imaginer sans l’hypothèse du problème local. Avec l’idée que le problème est global et que l’eau pure ne fait que drainer le sel présent dans l’organisme dans son ensemble, on peut se dire qu’il faut beaucoup d’eau pour drainer le sel. Mais si le problème est local, là, il doit suffire de pas grand-chose pour que les tissus intestinaux soient drainés de leur sel. Et dans ce cas, les muscles des intestins vont encore plus se contracter et accélérer le transit (ce qui diminuera l’absorption du sel venant du bol alimentaire). Et si la personne continue à boire de l’eau en grande quantité, le phénomène s’aggravera.

En fait, dans la mesure où les tissus intestinaux sont en première ligne vis-à-vis de ces phénomènes, les choses vont dans les deux sens. Quand le sel afflue à nouveau, les intestins sont les premiers servis et les premiers à voir leur situation s’améliorer, mais quand le sel reflue, ce sont les premiers impactés.

Par contre, même si cette hypothèse était vraie, le problème resterait global en ce qui concerne les crampes. Là, il faut que ce soit l’organisme dans son ensemble qui soit carencé en sel.

C’est plus hypothétique, mais on peut se demander également si les tissus de l’intestin ne peuvent pas capter le sel venant de l’organisme. S’il y a diarrhée, l’eau qui se vide par les intestins vient à priori du corps et passe par les intestins. Donc, vu que cette eau doit contenir du sel (au taux normal de l’organisme), il est possible que les tissus de l’intestin le captent. Dans ce cas, le taux de sel redeviendrait normal dans les intestins et les diarrhées s’arrêteraient.

En fait, la possibilité de captation du sel de la part des tissus intestinaux se ferait dans les deux sens, quand ça vient de l’extérieur et quand ça vient de l’intérieur.

Alors, pour qu’il y ait des diarrhées qui dégénèrent, il faudrait qu’il y en ait une quantité basse dans le couple estomac/intestin et dans le corps (et pas d’apport par l’alimentation). Dans ce cas, les tissus de l’intestin ne pourraient pas se réalimenter en sel, et la diarrhée s’aggraverait.

Si par ailleurs, le corps retient le sel présent (avec un taux de cortisol élevé), on pourrait avoir un taux de sel à peu près normal dans l’organisme, et malgré tout l’eau évacuée par le  corps pourrait ne pas être assez chargée en sel. Les intestins pourraient alors être encore en carence de sel et la diarrhée continuer (sauf si du sel arrive par le couple estomac/pancréas ou par l’alimentation).

Bien sûr, il peut y avoir d’autres raisons au fait que les personnes consommant un régime pauvre en sel dans les pays riches n’aient pas de problème fréquent de diarrhée ou de diarrhée ayant tendance à s’aggraver. J’essaierai de voir ce qu’il en est lors de prochaines réflexions sur le sujet.

Le recyclage du sel par le corps

On vient de voir qu’il y a des apports externes de sodium, même avec un régime sans sel. Il y a également souvent consommation d’analogues d’opiacés qui évite l’excitation musculaire et donc les crampes et les diarrhées. Mais on va voir ici qu’il y a peut-être des stocks de sel importants non comptabilisés par l’orthodoxie médicale dans lesquels le corps peut éventuellement piocher. Et il y a peut-être aussi des mécanismes de conservation et de surabsorption du sel qui permettent au corps de réduire ses besoins journaliers.

Je voulais parler du problème de recyclage du sel dans le corps dans l’article sur le tétanos, mais ça m’a semblé finalement plus significatif de le faire dans celui-ci. Ce qu’on peut penser, c’est que, vu son importance, et vu que souvent, les animaux n’ont pas accès à une source de sel abondante, il doit y avoir un mécanisme de recyclage du sel. On penser que c’est le cas aussi avec les gens qui ont un régime pauvre en sel. Normalement, ils devraient être rapidement fortement carencés au point de développer des affections importantes. Mais ça n’est pas le cas. Ils peuvent rester des années sans avoir d’affections graves.

Donc, il doit y avoir un mécanisme de réabsorption du sel. Et ça doit être possible dans la mesure où l’estomac sécrète de l’acide chlorhydrique (c’est-à-dire de l’hydrogène avec du chlore) et le pancréas émet du bicarbonate de soude (du sodium associé à du carbone). Donc, il est possible que le chlore et le sodium se réassocient dans les intestins pour former à nouveau du sel. Sel qui sera réabsorbé par le corps et évitera à la personne de se retrouver trop rapidement en état de manque de sel si elle n’en mange pas beaucoup.

Effectivement, mon idée était bonne. L’acide chlorhydrique et le bicarbonate de soude forment du sel (NaCL). C’est ce qu’on peut voir ici :

« Le bicarbonate de sodium est plus communément connu sous le nom de bicarbonate de soude et a la formule chimique NaHC03. La rencontre entre le bicarbonate de sodium et de l’acide, dans ce cas, l’acide chlorhydrique (HCI), peut être donnée comme NaHC03 + HCI. Les produits de cette réaction irréversible sont NaCl, H20 et le C02. Ces produits finaux sont généralement connus comme le chlorure de sodium, de l’eau, et le dioxyde de carbone, respectivement.« 

Donc voilà. Il y a bien un mécanisme qui permet de recycler le sel absorbé et donc d’éviter de se retrouver rapidement en état de carence (ou de trop grande carence) si jamais la personne n’a pas accès à des quantités importantes de sel.

Evidemment, il doit y avoir des pertes dans le cycle de réabsorption. Donc, le système ne peut pas marcher indéfiniment. Mais ça doit permettre d’éviter les carences pendant plusieurs mois ou années.

Par ailleurs, ce qui doit se passer, c’est qu’en cas de carence interne (dans le liquide extracellulaire) le corps prélève le sel employé habituellement pour la digestion et l’envoie (ou le garde) dans le corps. Du coup, la personne digère moins bien puisque l’acide chlorhydrique de l’estomac est présent en moins grandes quantités, mais la carence interne dans le sang et les tissus est bien plus grave que la carence dans le système digestif (si celle-ci reste modérée bien sûr). Donc, pendant une certaine période de temps, c’est intéressant pour le corps de faire ça.

Donc, vu que le recyclage se fait dans le système digestif, le fonctionnement correct de ce dernier est essentiel. Sinon, le sel ne va pas être réabsorbé en quantités suffisantes et la personne va commencer à être en situation de carence.

Et c’est ce qui va se passer en cas de diarrhées importantes et répétées. Le sel qui devrait être recyclé normalement va être évacué. Donc, chez une personne qui est déjà légèrement carencée en sel, le niveau de sel peut devenir suffisamment bas pour que des problèmes apparaissent, comme des crampes, des convulsions, de l’énervement, etc… Et le processus peut s’emballer, comme on l’a vu pour le choléra : le manque de sel peut conduire à une accélération du transit intestinale et donc à une perte de plus en plus importante de sel, pour finir vers des états critiques de carences, avec risque important de mort à la clef. Ça ne va pas arriver dès qu’on manque un peu de sel bien sûr. Sinon, de très nombreuses personnes se mettraient à avoir des diarrhées qui n’en finissent pas.

Alors, combien y a-t-il de chlore et de sodium potentiellement disponibles dans l’estomac et le pancréas pour former à nouveau du sel ?

Ici, il est dit que :

« L’estomac produit environ 3 litres d’acide chlorhydrique par jour grâce à des cellules de sa paroi capables de « pomper les protons », c’est-à-dire d’extraire du sang les ions hydrogène pour les concentrer dans l’estomac« 

On pourrait se demander si une partie ne vient pas du chlorure de potassium. Mais en fait, dans les aliments, il n’y a apparemment pas de chlorure de potassium. Il n’y a que le sel (chlorure de sodium) qui apporte le chlore.

Donc, s’il produit 3L d’acide chlorhydrique, ça veut dire que ça représente une sacrée masse de chlore. Donc, ça fait 3L d’acide chlorhydrique qui vient du sel. Supposons que le chlore représente 50 % du poids de l’acide chlorhydrique (à voir), ça veut dire qu’il y a 1,5L de chlore. Et tout ce chlore vient du sel.

Cela dit, le chlore est probablement recyclé plusieurs fois dans la journée. On ne doit pas avoir un stock de 3L d’acide chlorhydrique présent dans l’estomac, on n’a peut-être qu’un litre à la foi. Donc, on n’aurait que 500 g de chlore.

Donc, pour tamponner ça, il faut autant de bicarbonate de soude (ou plus ou moins, à voir), soit 3L. Et si le sodium représente 50 % du poids de l’ensemble, ça fait 1,5L de sodium. Mais là-encore, le bicarbonate de soude doit être employé plusieurs fois. Donc, on ne doit avoir que 500 g de sodium présent à la foi. Donc, les stocks internes de sel servant à la digestion doivent représenter environ 1 kg.

L’estimation vaut ce qu’elle vaut. Il est possible que ça soit plus ou moins. Mais ça veut dire qu’il est très possible qu’il y ait une quantité très importante de sel employée (dans les 1 litre) pour créer l’acide chlorhydrique de l’estomac et le bicarbonate de soude.

Donc, c’est bien plus que ce que dit l’orthodoxie médicale à propos des quantités de sel présentes dans l’organisme. Ils parlent de 150 à 300 g. En réalité, c’est probablement 4 ou 5 fois plus.

Et on comprend alors que l’organisme puisse tenir avec un régime pauvre en sel pendant des mois ou des années. Avec disons 500 g de prélevables sur les 1kg présents, une personne qui  ne mange que 3 g de sel par jour et qui est en manque de 2g (en supposant que 5g par jour suffisent), peut tenir 250 jours, soit un peu plus de 8 mois.

On peut penser aussi qu’il y a peut-être un mécanisme de stockage du sel dans l’organisme pour en avoir en cas de faiblesse des apports. C’est à voir.

Et il peut y avoir aussi un mécanisme de surabsorption de sel en cas de manque. D’ailleurs, quand quelqu’un est carencé en sel, le taux de cortisol augmente, ce qui permet à l’organisme de se charger en eau (ça doit entrainer une émission de signal électrique plus importante aussi). Donc, ça permet une augmentation de la captation du sel alimentaire. Et ça permet peut-être aussi une conservation du sel présent dans les liquides extracellulaires.

Dans ce cas, l’organisme n’évacuerait plus autant de sel que d’ordinaire et en absorberait plus que d’ordinaire. Et au lieu d’avoir besoin de 5 g de sel par jours pour remplacer le sel perdu, on n’en aurait plus besoin que de 1 ou 2 g. Donc, une personne qui ne mangerait que 2 g de sel par jour maintiendrait ses niveaux de sel indéfiniment, ou en tout cas pendant très longtemps.

Par contre, la situation serait fragile, et s’il y a diarrhée répétée, sudation trop importante et prolongée, ou autre problème drainant le sel, le taux de sel pourrait baisser, et des problèmes pourraient alors apparaitre.

La réalité de la perte de sel lors d’épisode de choléra

La réalité de la perte de sodium lors du choléra me semblait évidente. Mais en lisant ce document de la Haute Autorité de la Santé (ici), datant de 2002, page 6, sur l’efficacité des solutions de réhydratation orales, j’ai pu voir que ça n’était pas forcément ce qu’on peut lire dans les documents officiels :

« Selon le Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie, “il n’y a pas lieu d’augmenter l’apport en sodium dans les SRO disponibles en France, qui est de l’ordre de 50-60 mmol/l. En effet, dans les pays industrialisés, la perte en sodium dépasse rarement 50 mmol/l ; elle est estimée entre 25 et 50 mmol/l dans les diarrhées à Rotavirus, qui sont de loin les plus fréquentes”. De plus, étant donné cette “perte faible d’électrolytes dans les selles, le risque d’hyponatrémie mentionné dans le rapport des experts de l’OMS n’est pas à prendre en compte pour des teneurs en sodium, dans les SRO, inférieurs à 60 mmol/l« . »

Donc, il y aurait une faible perte d’électrolyte dans les selles. Evidemment, ça contredit ma théorie selon laquelle les symptômes les plus importants du choléra viendraient d’une carence en sel.

Analysons les chiffres donnés. La perte en sodium serait de 50 mmol/litre. Or, la masse molaire du sodium et de 23g/mole. Ce qui veut dire qu’une millimole correspond à 0,023g de sodium (soit dans les 0,05 g de sel). Donc, lors d’une diarrhée importante, on perd 50mmol/litre, soit 2,5 g de sel et 1,15 g de sodium pour un litre d’eau.

Donc, quelqu’un qui perdrait 5 litres d’eau via les selles perdrait dans les 5,7 g de sodium et 12,5 g de sel. Avec 10 litres, ça fait 11,4 g de sodium et 25 g de sel. Or, on a vu dans l’article sur le tétanos qu’on a entre 60 et 120 g de sodium dans le corps.

Selon ce site, on aurait entre 150 et 300 g de sel dans le corps.

« Notre corps contient environ 0,9 % de sel, à savoir 9 grammes par litre d’eau. Cela signifie donc pour une personne adulte entre 150 et 300 grammes en fonction de sa taille et de son poids. Par la transpiration notamment, nous en éliminons tous les jours entre 3 et 20 grammes qui doivent être remplacés.« 

Et ici :

« Un corps humain adulte contient environ 250g de sel et tout excès est naturellement excrété par l’organisme.« 

Donc, comme il y a 60 % de chlore et 40 % de sodium dans 1 g de sel, ça veut dire qu’on a environ entre 60 et 120 g de sodium dans le corps. Disons qu’on en a une moyenne de 100 g.

Déjà, on perdrait donc 11,4 % du sodium corporel avec une diarrhée très importante de 10L. Ça n’est pas négligeable. C’est loin d’être une faible perte.

Or, on apprend justement ici que :

« Mentionnons que le choléra peut entraîner des pertes de 10 litres de diarrhée par jour. Il est toutefois très peu fréquent dans les pays industrialisés.« 

Donc, avec le choléra, c’est carrément 10 L de perdus par jour. Donc, on perd 11,4 % de sodium par jour, ce qui fait qu’au bout de 4 jours, on a déjà perdu 45 % du sel.

En fait, sur le site de l’institut Pasteur, il est dit que la perte peut être encore plus importante :

« Une fois dans l’intestin, les vibrions sécrètent notamment la toxine cholérique, principale responsable de l’importante déshydratation qui caractérise l’infection : les pertes d’eau et d’électrolytes peuvent atteindre 15 litres par jour.« 

Donc, ça augmenterait encore de 50 % la perte de sel. Ce qui ferait qu’on perdrait 17,1 g de sodium, soit 17,1 % du stock corporel chaque jour. On va en rester cependant au chiffre de 10 L par jour pour le reste des calculs pour prendre un chiffre moyen.

Par ailleurs, dans un document de mars 2017 intitulé « history and practice of fluid therapy », par un certain Liam Plant, un professeur de médecine rénale au Cork Universtiy Hospital, situé en Irelande, il est dit qu’en cas de diarrhées, on perd en fait de 30 à 140 mmol de sodium par litre d’eau dans les selles. Donc, c’est potentiellement bien plus que ce que disait le document de la HAS. Ça peut être 2 ou 3 fois plus (et là, on parle bien de diarrhée, pas de choléra).

 

 

Or, dans le choléra, on peut penser qu’on est dans la partie haute de cette fourchette. Donc, on doit perdre en réalité plutôt 100 à 150 mmol de sodium par litre d’eau.

Donc, si avec 50 mmol/L, on perd dans les 11,4 % du sodium présent dans le corps, lors d’un épisode de choléra, on peut perdre 22,8 ou 34,2  % de sodium par jour, soit 22,8 ou 34,2 g. Et là, ça devient énorme.

Et en plus, il y a le problème de la sudation dans le choléra. Il n’y a pas que le problème des diarrhées. Donc, on perd du sel aussi de ce côté-là.

Comme on peut le voir dans le tableau, la sudation visible, c’est 60 mmol/L de sodium, soit 1,4 g de sodium par L de sueur. Donc, si on table sur 4 L de sueur par jour, ça fait une perte de 5,6g de sodium par jour.

Donc, avec les chiffres de la HAS, on perd entre 11,4 g de sodium par jour avec les diarrhées et encore 5,6g avec la sueur. Soit 17 g de sodium par jour. En fait, on perd donc de 17 % de sodium par jour. Déjà rien que là, c’est une perte très importante.

Avec les chiffres de Liam Plant, on perd en fait entre 22,8 et 34,2 g par les diarrhées, plus 5,6 g par la sudation, soit entre 28,4 g et 39,8 g. Ce qui fait une perte comprise entre 28,4 et 39,8 % de sodium par jour.

Donc, voilà, ça fait au moins, au minimum du minimum, 11,4 % de pertes en sodium par jour et au maximum dans les 40 %. Donc, non, on ne perd pas une faible quantité de sodium dans le cadre du choléra. Et même dans le cadre de diarrhées normales, ça peut être relativement important, et ce d’autant plus qu’il y a transpiration.

Et par ailleurs, c’est juste une hypothèse, mais il est possible que moins on ait de sel, et plus il parte. Si le sel retient l’eau, alors, le fait de moins en avoir fait que l’eau a plus de facilités à partir du corps, emportant le sel avec elle. Donc, à partir d’un certain niveau de carence, la perte s’accélérerait. Donc, les chiffres donnés par l’HAS seraient encore plus faux dans le cadre d’un choléra avec déjà une carence en sel à la base.

C’est peut-être en partie pour ça qu’on a une fourchette aussi large concernant la perte de sodium dans les selles lors d’un épisode de diarrhée.

Une réflexion sur « Le choléra et la carence en sel »

  1. Fait intéressant. On apprend dans le livre « Leçons sur le choléra faites à la faculté de médecine de Montpellier », Dr A Brousse, 1893, page 48 qu’on avait déjà expérimenté les injections de chlorure de sodium en 1884 ; et même dès 1832 :

    « Les injections intraveineuses, indiquées dès 1832 et pratiquées par un médecin écossais, Latta, et plus tard par quelques autres, n’étaient pas entrées dans la pratique. C’est à M. Hayem que revient l’honneur d’avoir, en 1884, perfectionné et généralisé cette méthode Cet auteur se sert de la solution suivante :

    Chlorure de sodium pur 5 gram
    Sulfate de soude 10 gram
    Eau distillée 1000 gram »

    « Les effets immédiats de l’injection sont très remarquables, on assiste à une véritable résurrection du malade, la respiration devient ample, profonde et régulière, le pouls se relève. Dans les cas favorables, il se produit une réaction franche, soutenue, définitive. Les urines ne reviennent guère avant vingt-quatre heures.

    Mais en général il faut revenir à l’opération : 5 à 6 transfusions et plus peuvent être nécessaires. Il ne faut pas attendre que l’algidité soit complète et la circulation interrompue pour les pratiquer ; plus on opérera de bonne heure, dès que l’algidité se prononce, plus on aura de chances de succès. »

    https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5426487p/f55.image

    Donc, on avait ici une solution hypertonique, puisque du sodium était apporté aussi par le sulfate de soude. Et comme on peut le voir, on assiste immédiatement à une résurrection du malade. Mais, il faut réitérer les injections, ceci, certainement parce que le taux de sodium est encore trop bas dans l’organisme. Le sodium injecté doit être mobilisé ensuite particulièrement dans certains organes (comme l’estomac et le pancréas) et diminuer dans les muscles. Et puis, les diarrhées (de même que la transpiration) peuvent continuer pendant encore quelque temps et diminuer à nouveau le taux de sodium. Du coup, souvent, il faut en réinjecter pour que le taux de sodium revienne à la normal dans tout l’organisme.

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