Explication des problèmes neurologiques ressentis lors de l’arrêt des opiacés (partie 2/2)

 

6)    Les cas possibles concernant le sevrage des opiacés et analogues

 

 

Cette compréhension des effets neurologiques et musculaires du sevrage des opiacés et des analogues d’opiacés est utile pour comprendre un bon nombre de situations.

Pour le sevrage des opiacés puissants comme l’héroïne ou la morphine, le fait qu’on retrouve les mêmes symptômes est totalement évident. Mais, comme on l’a déjà vu sur ce blog, il y a d’autres substances qui ont en réalité les mêmes effets et qu’on ne considère pas comme des opiacés. C’est le cas de l’alcool, du cannabis, des somnifères, etc… On a donc un large panel de cas où ces effets peuvent se rencontrer.

 

6,1) Les drogués à l’héroïne

 

Les effets présentés ici s’appliquent évidemment aux drogués à l’héroïne qui arrêtent d’en prendre. Comme on l’a vu, l’orthodoxie médicale donne une courte liste. Mais avec celle fournie par les patients concernant les benzodiazépines, on a la liste complète des effets du sevrage à l’héroïne.

Bien sûr, les substituts à l’héroïne, comme la méthadone sont en réalité des substances analogues. Et les problèmes de manque vont être les mêmes.

Autre problème, les drogués à l’héroïne vont souvent utiliser des excitants dans la journée pour pouvoir être actifs. Seulement, en stimulant le système nerveux, les excitants vont augmenter le risque d’apparition de symptômes de sevrage.

 

6,2) Les patients arrêtant la morphine

 

Même chose que pour l’héroïne. Les patients qui arrêtent la morphine vont subir cette longue liste d’effets secondaires.

 

6,3) Les alcooliques

 

Pareil pour les alcooliques. Le fait d’arrêter l’alcool va entrainer tout ou partie de ces symptômes. Le délirium tremens relève de ça.

L’avantage ici, c’est que comme les effets du manque chez un alcoolique sont quand même en partie connus, le médecin n’ira pas toujours inventer une maladie mentale. Mais, ça arrivera parfois. Et sur des personnes déjà un peu âgées (plus de 65 ans), les médecins auront plus tendance à diagnostiquer une démence.

6,4) Les drogués au cannabis

 

C’est une drogue moins puissante que l’héroïne ou la morphine, mais c’est un analogue d’opiacé quand même. Et l’arrêt va provoquer des symptômes de ce genre. Ils seront moins intenses et peut-être moins nombreux que ceux liés au sevrage de l’héroïne ou de la morphine. Mais il y en aura malgré tout.

Ces symptômes pourront apparaitre alors que la personne continue à fumer régulièrement. Si la prise est un peu trop éloignée, des effets de manque vont se faire sentir. Et si la substance ne fait globalement plus assez effet, le manque va se manifester plus rapidement que d’habitude.

C’est une chose qu’on retrouve aussi pour l’héroïne. Mais pour l’héroïne, c’est un phénomène connu. Donc, le drogué identifiera facilement que le problème vient de là. Alors que pour le drogué au cannabis, ça sera généralement beaucoup moins le cas.

Ca entrainera que beaucoup de drogués au cannabis consulteront un médecin ou directement un psychiatre, et se retrouveront avec un diagnostic de maladie mentale (souvent la schizophrénie). Ils se feront alors prescrire des analogues d’opiacés beaucoup plus puissants que le cannabis. Ils se sentiront bien pour un temps, avant que l’accoutumance à ces substances apparaisse et que le problème de manque revienne (mais cette fois bien plus fort qu’avec le cannabis).

A noter que comme le cannabis se fume, l’effet disparait plus rapidement que pour les autres substances de même niveau de puissance (alcools forts par exemple). Du coup, la sensation de manque apparait beaucoup plus rapidement. Donc, le risque de ressentir ces effets neurologiques de manque sont probablement plus importants avec cette substance.

D’où la nécessité de recourir à d’autres drogues, généralement légales, comme le tabac et l’alcool. C’est ce qui fait que le drogué au cannabis est généralement multi-drogué au bout d’un certain temps.

Bien sûr, la médecine officielle déclare que c’est plutôt la tendance à la schizophrénie et autres maladies mentales qui pousse à la consommation de cannabis, et pas la consommation de cannabis qui provoque des symptômes de schizophrénie et autres maladies mentales. Ou alors, au pire, elle dit que la consommation de cannabis sert de « déclencheur ». Autrement dit, elle ne provoque pas la schizophrénie directement, mais, sur un terrain favorable, elle va pousser au basculement dans la maladie. C’est sûr que ça plait aux consommateurs de cannabis.

 

6,5) Les personnes déprimées à qui on donne des opiacés

 

Quand ces médicaments ne feront plus effets, ou que le médecin diminuera les doses ou arrêtera carrément le traitement, les symptômes neurologiques d’arrêt apparaitront. Du coup, le médecin aura tendance à diagnostiquer une maladie mentale (spécialement si c’est un psychiatre).

Par exemple, une personne consulte un généraliste ou un psychiatre pour un coup de mou, un burnout, une déprime passagère, ou d’autres problèmes bénins. Le médecin prescrit des analogues d’opiacés. Et lorsqu’arrive la phase de manque, il fait un diagnostic de bipolarité, de dépression, etc…

Ça peut arriver avant la phase de manque bien sûr. Parce que les analogues d’opiacés causent des symptômes qui peuvent entrainer un diagnostic de maladie mentale. Mais si ça n’est pas arrivé avant, ça pourra arriver lors de la phase de manque.

 

6,6) Les gens qui prennent des somnifères

 

Comme pour les autres substances, les personnes qui prennent des somnifères vont subir un phénomène d’accoutumance. Donc un manque va apparaitre au bout d’un moment, avec les effets décrits plus haut. Du coup, le médecin risquera de diagnostiquer une maladie mentale quelconque.

Cela dit, le cas des somnifères est peut-être un peu particulier. Comme la personne les prend pour dormir, ça doit avoir moins d’impact en terme de manque que les analogues d’opiacés pris pendant la journée. La personne les prend à un moment où elle se retrouverait de toute façon dans un état d’endormissement similaire à celui provoqué par l’opiacé. En fait, ça se substitue à l’hormone naturelle émise pour dormir. Et donc, le phénomène de manque en journée va être probablement moins fort que ce qu’entrainerait un opiacé pris pendant le jour.

Et la mauvaise qualité du sommeil fourni par l’analogue d’opiacé va entrainer de la fatigue durant la journée, qui va s’opposer en partie à l’énervement ou au stress de la personne.

Donc, il va probablement y avoir un manque, mais léger. La personne sera plus énervée ou stressée ou anxieuse que si elle avait dormi de façon naturelle ; mais, ça pourra être considéré comme du dynamisme, ou le stress de la vie moderne ou une légère anxiété propre à la personne.

Par ailleurs, pendant de nombreuses années, la personne pourra compenser facilement ce léger énervement ou stress par la consommation d’alcool ou/et de tabac. Ce qui fait qu’il restera à peu près sous contrôle.

Pendant cette période de temps, le problème sera donc plutôt la perte de performances intellectuelles (mémoire, cognition) causée par la mauvaise qualité du sommeil et par la fatigue éventuellement ressentie durant la journée. Le problème sera la prise du somnifère plutôt que le phénomène de manque.

Mais, il faudra bien sûr augmenter progressivement les doses de somnifère pour obtenir le même effet. Seulement, il est possible que plus les doses sont fortes, plus le manque durant la journée devient marqué, surtout en fin de journée. Donc, il est possible qu’au bout d’un certain nombre d’années, il y ait des symptômes de manque importants. D’où la nécessité de consommer des alcools plus ou moins fort en fin de journée, pour rester calme.

Mais, même si ça n’était pas le cas (pas de manque plus marqué en journée avec des somnifères plus puissants), on peut penser que si un jour les somnifères ne font plus autant effet qu’avant, la personne se retrouvera avec des symptômes de manque importants durant la journée.

Seulement, le problème du manque pourrait mettre de nombreuses années avant d’apparaitre. En effet, la médecine officielle peut augmenter les doses pendant très longtemps. Le patient va démarrer avec un somnifère léger. Puis le docteur va augmenter les doses de ce somnifère sur une période de 10 ans. Puis il peut passer à un somnifère plus puissant. Il peut augmenter les doses pendant encore 10 ans avant de passer à un somnifère encore plus puissant. Donc, il pourra se passer 20 ou 30 ans, voir plus, avant que ça ne commence à coincer et que plus aucun somnifère ne fasse vraiment effet. Ça dépendra bien sûr de la puissance du somnifère pris initialement.

Mais là, les symptômes décrits en début d’article apparaitront, et le médecin risquera de poser un diagnostic de maladie mentale. Et plus la personne sera âgée, plus le médecin risquera de diagnostiquer une démence.

D’une façon générale, quand une personne âgée consomme ce genre de produit, elle est mal engagée concernant le diagnostic de démence ou d’Alzheimer. Lorsqu’elle le prend, la diminution des performances intellectuelles causées par le médicament peut entrainer un diagnostic de démence ou d’Alzheimer. Et quand elle est en situation de sevrage volontaire ou non, les effets du sevrage vont entrainer le même type de diagnostic (plutôt de la démence dans ce cas, mais parfois de l’Alzheimer). Donc, que la personne prenne ou arrête le médicament, elle est coincée.

 

6,7) Les personnes âgées à l’hôpital ou en maison de retraite

 

Leur problème va surtout être le fait de prendre des opiacés ou des analogues d’opiacés (somnifères, calmants, antidouleurs, etc…), comme on a pu le voir dans d’autre articles du blog. Et en particulier, les symptômes provoqués par ces derniers (perte de mémoire, cognition perturbée) risquent d’entrainer un diagnostic d’Alzheimer ou éventuellement de démence. Mais les périodes de manque éventuelles peuvent poser problème également.

Si une personne âgée est admise dans une maison de retraite avec un traitement de type opiacé et que celui-ci n’est plus efficace à cause de l’accoutumance, alors, les symptômes de manque (hallucinations, anxiété, agressivité, agitation, sensations bizarres ou fantômes, manque de coordination musculaire, vertiges, insomnies, difficultés à se concentrer, problèmes de mémorisation) risquent également d’entrainer un diagnostic de démence de la part des médecins.

Mais, cette phase de manque va être très courte. Qu’il y ait diagnostic de démence ou pas lors de la phase de manque, les médecins vont assommer la personne d’analogues d’opiacés (calmants, antipsychotiques, somnifères, antidouleurs, etc…). Donc, on va revenir très rapidement à une situation où le problème, c’est la prise d’analogues d’opiacés.

Cela dit, s’il n’y a pas eu de diagnostic de démence de posé durant la phase de manque, cette dernière sera éventuellement le déclencheur d’un diagnostic d’Alzheimer par la suite. En effet, comme on assommera la personne d’analogues d’opiacés suite à la phase de manque, elle sombrera probablement dans un état de type Alzheimer. Donc, la phase de manque aura été indirectement la cause du diagnostic ultérieur d’Alzheimer. Sans elle, la personne âgée aurait continué à avoir un traitement opiacé n’entrainant pas trop de dégâts cognitifs et aurait évité le diagnostic d’Alzheimer.

Donc, souvent, quoi qu’il arrive, les personnes âgées en institution sont coincées. Si on les assomme d’opiacés, la baisse cognitive associée va les faire passer pour Alzheimer ou dément. Mais si on diminue les doses, les symptômes de sevrages pousseront à dire la même chose.

Bien sûr, pratiquement jamais personne ne va venir dire que ce sont les opiacés le problème, mais si par le plus grand des hasards, quelqu’un le disait et réussissait à les faire arrêter, les médecins auraient beau jeu de dire qu’il s’est trompé.

Pour l’Alzheimer spécifiquement, c’est un peu plus difficile de dire que les symptômes de sevrage relèvent de cette maladie. Mais ça n’est pas si compliqué. Comme la différence entre démence et Alzheimer assez floue, on pourra dire que les symptômes de la démence relèvent de l’Alzheimer et donc que c’est l’Alzheimer qui continue sous une forme un peu différente. Par ailleurs, si une personne est Alzheimer depuis longtemps, une grosse partie de la mémoire est presque complètement effacée. Donc, même lorsque les opiacés ne font plus effet, la personne continue à ne plus se souvenir de plein de choses et on peut continuer à penser qu’elle est Alzheimer. Et puis, le sevrage pose aussi des problèmes de mémorisation liés cette fois à une trop grande excitabilité du cerveau et une anarchie du signal électrique dans ce dernier. Donc, là-aussi, il y a des problèmes de mémorisation à court et moyen terme qui entretiennent l’idée que la personne est bien Alzheimer. Et tous les altérations de sensations (hallucinations diverses, pensées obsessionnelles, etc…) continueront à faire penser à de l’Alzheimer.

Si on laissait passer les symptômes de sevrage, on pourrait souvent finir par voir que l’état mental de la personne s’améliore. Mais les médecins ne laisseront pas le temps à ceci d’arriver. Pour lutter contre l’agressivité, l’anxiété, les hallucinations, etc.., liés au sevrage, ils donneront plus d’opiacés, et la personne retombera dans de l’Alzheimer plus classique.

 

6,8) Les malades mentaux

 

Pour les personnes déjà diagnostiquées malades mentales, ce problème des symptômes neurologiques de sevrage est un piège fatal. Les autres symptômes de sevrage que j’avais déjà identifiés (grande agressivité, anxiété…) le sont eux-aussi en grande partie. Mais là, ça rajoute des effets encore plus piégeant parce qu’encore plus convaincants concernant le fait que la personne soit folle.

Une grande partie de ces gens ne sont pas fous. Ce sont souvent des gens qui se sont vu diagnostiquer une maladie mentale suite à la prise de substances opiacés ou à l’arrêt de celles-ci ; par exemple des gens ayant pris des antidouleurs ou des somnifères ou des antiparkinsoniens, etc… Donc là, il s’agit de gens qui n’avaient aucun problème nerveux ou de déprime ou de démence à la base. Souvent, il s’agit de personnes âgées ; mais on peut avoir un peu de tout.

Il y a aussi les gens qui sont allés chez le médecin ou le psy pour des problèmes de déprime ou de stress et qui, sous l’influence des médicaments prescrits par ces derniers (des excitants ou des calmants) ont commencé à avoir des symptômes de démence et se sont fait diagnostiquer une maladie mentale (schizophrénie, bipolarité, démence, etc..).

Toutes ces personnes se sont fait piéger par les médecins concernant ce diagnostic de maladie mentale.

Et la plupart du temps, le traitement va être constitué d’opiacés ou d’analogues d’opiacés. Seulement, là-aussi, les doses peuvent devenir insuffisantes avec le temps. Ou le médecin peut choisir de les diminuer si les symptômes s’améliorent. Il peut même tenter d’arrêter le traitement. Il ne le fera pas forcément s’il y a déjà eu des tentatives qui se sont soldées par des échecs, mais il peut tenter de le faire une première fois, afin de voir ce qui se passera.

Toutes ces situations vont conduire à l’apparition de symptômes neurologiques de sevrage. Et avec de tels symptômes, il sera impossible pour le patient de nier qu’il est bien atteint d’une véritable maladie mentale. Si tant est qu’il ait eu encore des doutes concernant le diagnostic initial du médecin, il n’en aura plus, et le piège se refermera alors sur lui de façon définitive.

Heureusement, avec l’amélioration de la conscience des effets des opiacés et des problèmes de sevrage de la part des patients (grâce aux sites et forums sur Internet), la situation commence à changer légèrement. Certaines personnes comprennent que le problème venait en réalité des médicaments qu’elles prenaient, et ensuite, des effets du sevrage.

 

Note : pour les maniaco-dépressifs, la variation des doses d’opiacés va faire partie du traitement. Donc, le médecin baissera délibérément la dose. Mais les symptômes de sevrage seront là-aussi considérés comme étant dus à la maladie, pour la plupart.

 

6,9) Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson

 

Les médicaments utilisés contre la maladie de Parkinson sont en réalité des analogues d’opiacés. Ils servent à obtenir une relaxation musculaire et nerveuse.

Et comme là-aussi, les doses vont finir par être insuffisantes, les parkinsoniens vont subir des périodes de manque. Ils vont donc se retrouver avec ces symptômes de sevrage. C’est pour ça que la maladie de Parkinson est associée aux hallucinations.

C’est ce qu’on peut voir ici : « Les hallucinations dans la démence parkinsonienne sont fréquentes mais non spécifiques. Elles peuvent être visuelles, auditives ou même olfactives« .

Et aussi à l’anxiété (ici) :

« Les enquêtes montrent qu’entre un tiers et la moitié des Parkinsoniens en souffrent. Dans la plupart des cas, il s’agit d’un trouble anxieux généralisé.« 

C’est également associé aux spasmes (ici) :

« Les dyskinésies sont des mouvements anormaux involontaires et incontrôlés, parasitant principalement le mouvement volontaire et pouvant apparaître au repos. Ce ne sont pas des symptômes proprement dits de la maladie de Parkinson : ils apparaissent chez les personnes traitées à la L-Dopa et aux agonistes dopaminergiques. Ces dyskinésies apparaissent un jour ou l’autre chez tous les parkinsoniens après plusieurs années de traitement. Leur apparition en début de traitement peut être corrigée par un ajustement de la dose.« 

La maladie de Parkinson est bien sûr associée aussi à la démence. Mais, vu que la définition de la démence n’est pas complètement claire et très bien séparée de l’Alzheimer, un tel diagnostic de démence peut venir soit des antiparkinsoniens et autre opiacés, soit du sevrage. Les deux peuvent servir à faire un diagnostic de démence.

Par contre, pour l’Alzheimer, dont les caractéristiques sont plus spécifiquement centrées sur la mémoire, le problème vient la plupart du temps de l’usage des antiparkinsoniens et autre opiacés. Mais on pourra se baser sur certains symptômes de sevrage (problèmes de mémorisation à court terme, problèmes de cognition) pour parler d’un début d’Alzheimer. Ensuite, avec les médicaments donnés contre les symptômes de sevrage (qui seront tous des analogues d’opiacés), la personne tombera éventuellement dans un état ressemblant nettement plus à de l’Alzheimer, à cause de l’effet délétère de ces derniers sur la mémoire.

 

6,10) Les insuffisants cardiaques qui prennent des bétabloquants et autres analogues d’opiacés ralentissant le cœur

 

Chez beaucoup d’insuffisants cardiaques, on prescrit des produits ralentissant le cœur (bétabloquants par exemple). En réalité, ce sont clairement des analogues d’opiacés. Ils servent de relaxant musculaire, ce qui évite que le cœur ne batte trop vite et ne demande trop d’oxygène.

A priori, on pourrait se dire qu’il ne doit pas y avoir trop de problèmes de sevrage. En effet, les manifestations du manque seront entre autres du type « insuffisance cardiaque ». Donc, lors d’un épisode de ce genre, le médecin augmentera les doses d’analogues de béta bloquants et autres médicaments de type opiacé, ce qui fera que les symptômes de manque disparaitront rapidement. Donc, on pourrait penser que les problèmes seront essentiellement liés à l’usage des médicaments en question, pas à leur sevrage.

Mais en fait, le médecin doit donner une dose qui n’assomme pas trop le patient. Donc, avec l’accoutumance, ce dernier pourra se retrouver un jour ou l’autre avec un effet insuffisant. Et si des effets secondaires du médicament apparaissent, le médecin va éventuellement réduire la dose. Par ailleurs, il ne semble pas que les médecins augmentent les doses indéfiniment. Dans les guides de dosage, il est marqué qu’ils peuvent multiplier ce dernier par 4 au maximum, mais pas tellement plus. Donc, il se peut qu’il y ait un moment où le patient se retrouve en état de manque parce que le médecin n’a volontairement pas augmenté la dose. Et même si des symptômes de manque apparaissent, il ne va pas forcément y avoir tout de suite emballement du cœur ou arythmie (battement anarchique). Donc, le patient ne va pas forcément aller consulter son médecin bien qu’il soit en situation de sevrage.

Et le patient pourra être amené à prendre par ailleurs des antagonistes des analogues d’opiacés, c’est-à-dire, ce que je mets dans la catégorie anti-inflammatoires. Il peut se mettre à prendre de l’aspirine, d’autres anti-inflammatoires, des antibiotiques ; ou des aliments excitants comme du café, des plats épicés, etc… Si à ce moment-là, la dose de béta bloquants et autres analogues d’opiacés n’est plus suffisante, voire qu’il y a léger manque, on se retrouvera dans une situation où il y a manque important.

Résultat, le patient risque de se retrouver malgré tout dans une situation de sevrage où il y aura tachycardie ou arythmie, et donc de subir une crise cardiaque. Mais, celle-ci ne sera pas mise sur le compte du manque de médicaments, mais sur l’insuffisance cardiaque elle-même.

Et en dehors des cas où il y a crise cardiaque, qui est la situation la pire, il va y avoir des cas avec symptômes de sevrages, qui seront classés en démence.

Cela dit, ce diagnostic de démence doit être surtout posé chez les personnes assez âgées. Déjà, parce que le diagnostic d’insuffisance cardiaque est posé majoritairement chez des gens de plus de 55 ans et qu’il va se passer pas mal de temps avant qu’on arrive à la dose maximum des médicaments en question. Par ailleurs, une fois la dose maximum atteinte, les gens auront tendance à compenser avec de l’alcool, et parfois d’autres médicaments qu’on peut se procurer facilement avec une visite chez le docteur (somnifères par exemple, ou calmants, etc..), ce qui, chez beaucoup de gens, allongera encore le temps avant que les symptômes de manque n’apparaissent.

Et puis, les symptômes de sevrage mettront du temps avant de devenir importants. Donc, le médecin traitant aura tendance à traiter les symptômes au coup par coup avant de poser un quelconque diagnostic de maladie. Par exemple, il traitera les insomnies avec des somnifères. Il donnera quelques calmants pour traiter des épisodes d’angoisse. Ca laissera quelques années supplémentaires de répit. Et, chez les personnes encore relativement jeunes, même si les symptômes commencent à devenir suffisamment importants pour que le médecin soit tenté de poser un diagnostic de maladie, ils seront souvent encore suffisamment faibles pour qu’il s’en tienne à un diagnostic de maladie bénigne et passagère du style « léger surmenage ». Et là aussi, les médicaments administrés donneront quelques années de tranquillité.

Et si les symptômes deviennent encore un peu plus importants, chez les personnes pas trop âgées, les médecins continueront à préférer diagnostiquer autre chose que de la démence. Ils pourront parler de burn-out chez les personnes qui travaillent beaucoup. Ils parleront éventuellement d’anxiété, de phobie sociale, etc.., chez ceux à la retraite ou travaillant normalement. Ce n’est qu’à partir de 70 ans qu’ils commenceront à parler parfois de démence. Et c’est vers 75-80 ans qu’ils se mettront à poser ce diagnostic assez facilement.

 

6,11) Réflexions diverses

 

Les diagnostics de démence vont apparaitre généralement tard dans la vie (plus de 50 ans, mais souvent vers au moins 70 ans). Sauf pour les consommateurs de cannabis ou d’héroïne.

Pour le fait que la démence relève de la prise des opiacés ou de leur sevrage, la proportion doit dépendre des cas. Pour le cannabis, la plupart des cas doivent relever du sevrage. Mais pour les maladies où la démence est diagnostiquée plutôt chez des personnes âgées, ça peut être 50/50, ou 80/20, etc…

 

 

7)    Les cas possible concernant les anti-inflammatoires

 

 

Il y a pas que dans les cas de sevrage aux opiacés que de tels symptômes peuvent apparaitre. Dans la mesure où ça vient d’une surexcitation des nerfs, il est possible aussi que des anti-inflammatoires fortement dosés engendrent ces effets neurologiques.

Mais, ça induit une limite relativement forte à la fréquence du problème. Il faut que le traitement dure un certain temps pour que les effets soient notables. Or, on aura rarement des traitements au long court, parce que l’usage de ces anti-inflammatoires très puissants deviendrait beaucoup trop toxique pour le corps.

Ca limite donc le problème à quelques médicaments comme l’isotrétinoïne et les quelques cas où les antibiotiques sont administrés pendant longtemps et à des doses élevées. La chimiothérapie est prise pendant plusieurs mois ; mais seulement une fois toutes les deux ou trois semaines. Elle fait donc apparaitre certains de ces symptômes, mais généralement pendant peu de temps.

Toutefois, lorsqu’on part d’une situation ou le signal électrique est faible (généralement liée à une consommation d’opiacé, mais éventuellement à un taux de cortisol bas), l’effet peut se manifester avec des produits moins puissants. C’est le cas pour la cocaïne, où, à cause de l’usage fréquent de produits opiacés par ailleurs, il se produit un yoyo entre des périodes de faible et de fort signal électrique.

 

 

7,1) Les personnes sous isotrétinoïne

 

L’isotrétinoïne semble être un anti-inflammatoire fortement dosé. Il peut provoquer des éruptions cutanées graves, typique de ce genre de médicaments (on retrouve ce risque avec les antibiotiques et l’aspirine). C’est ce qu’on peut voir ici :

« Des éruptions cutanées graves (érythème polymorphe, syndrome de Stevens-Johnson et nécrolyse épidermique toxique) pouvant mettre en danger la vie et nécessitant une prise en charge médicale en urgence ont été observées.

Ces éruptions sur la peau débutent par des tâches rondes contenant souvent des bulles au centre, en général sur les bras et les mains ou sur les jambes et les pieds. Dans des cas plus graves, des bulles sur le thorax et sur le dos peuvent apparaître. D’autres symptômes tels qu’une conjonctivite (infection de l’oeil) ou des plaies (ulcères) de la bouche, de la gorge ou du nez peuvent apparaître. Les formes sévères peuvent évoluer vers un décollement étendu de la peau qui peut engager le pronostic vital.« 

Logiquement, l’isotrétinoïne a des effets anticoagulants, autre élément typique de ces médicaments, comme on peut le voir dans le même document :

« De très rares cas de troubles digestifs sévères, tels que pancréatite, hémorragie digestive, colite et maladie inflammatoire digestive ont été rapportés. En cas de violentes douleurs au ventre, avec ou sans diarrhée sanglante, nausées et vomissements, interrompez l’isotrétinoïne et contactez rapidement votre médecin.« 

Sur drugs.com, on a :

« Saignements inhabituels ou ecchymoses

Diarrhées sanglantes

Toux sanglante

Urine sanglante

Saignement ou inflammation des gencives

Saignement rectal

Saignement de nez« .

On trouve ici un effet de thrombopénie :

« Effets indésirables Roaccutane

Très fréquent (> = 1/10) : Anémie, augmentation de la vitesse de sédimentation, thrombopénie, thrombocytémie. »

Or, comme on peut le voir ici : « Une thrombopénie correspond à une baisse des plaquettes dans le sang (moins de 150 G/l) avec un risque d’hémorragie grave et imprévisible lorsque le taux est inférieur à 50 G/« 

Evidemment, l’effet anticoagulant ne doit pas être trop puissant non plus. Sinon, les patients mourraient rapidement. Mais il est présent. On peut penser qu’il correspond à un équivalent de 4 ou 5g d’aspirine par jour, peut-être plus ou peut-être un peu moins.

 

Et puisque c’est un anti-inflammatoire fortement dosé, il est possible que l’isotrétinoïne engendre des problèmes neurologiques de type sevrage des opiacés. Et effectivement, quand on cherche, on trouve des problèmes d’hallucination. Or ça, c’est vraiment la marque que la conduction électrique est perturbée.

On a un témoignage de ça ici :

« Je sais combien il est dévastateur d’avoir une mauvaise peau. J’ai eu un acné horrible depuis 12 ans maintenant. Je pensais que l’Accutane allait être mon remède miracle. J’avais peur à cause de tous les effets secondaires de dingue, mais je pensais qu’aucun d’entre eux ne pourrait être pire que d’avoir de l’acné. Malheureusement, je me suis trompé. L’Accutane affecte tout le monde différemment, mais j’ai commencé à littéralement devenir dingue avec ce médicament. Après seulement 10 jours, j’hallucinais et j’avais des crises de paranoïa intenses et invalidantes. J’avais tellement peur de quitter mon lit que je pissais dans la tasse sur ma table de nuit. Je ne pouvais pas conduire parce que je craignais que quelqu’un saute de derrière mon siège et j’ai eu des flashbacks de temps à autre d’une vision récurrente d’une femme m’étouffant. »

Et ici :

« Moi, j’ai pris du Roaccutane pendant 8 mois à 17 ans, résultat à la fin du traitement je développais une psychose hallucinatoire. Aujourd’hui je suis sous antipsychotiques à vie, merci Roaccutane.« 

Sur Yahoo question/réponse :

« Est-ce que l’Accutane peut causer des hallucinations?
J’ai été sous Accutane pendant 5 mois et j’en suis sorti il y a environ 3 semaines. Et durant toute la durée de prise de ce médicament, j’ai eu des hallucinations … J’ai vu et entendu des choses …. J’ai une dépression, mais je suis sous médicaments pour ça… je me demandais si l’Accutane peut provoquer ça et combien de temps ça va durer jusqu’à ce que ça soit hors de mon système.
« 

 

Sur Rxlist (the Internet drug index), le risque d’hallucinations est listé :

« Cessez d’utiliser l’isotrétinoïne et appelez votre médecin immédiatement si vous avez un de ces effets secondaires graves :

Humeur dépressive, difficulté à se concentrer, troubles du sommeil, crises de larmes, agressivité ou agitation, changements de comportement, hallucinations, pensées suicidaires ou envie de vous blesser.« 

Il est vrai que le problème des hallucinations n’est pas souvent évoqué. Mais sur drugwatch.com, on comprend le truc. En réalité, les hallucinations sont cachées dans la catégorie plus générale de la dépression. En effet, sur ce même site, on peut lire que dans les symptômes de la dépression sont incluses les hallucinations. Or, sur la plupart des sites parlant des effets secondaires de l’isotrétinoïne, on cite la dépression.

 

On trouve aussi des problèmes d’acouphènes, effet neurologique assez typique lui-aussi.

C’est ce qu’on peut voir sur le site du NIH (National Institute of Health) :

« Déficience auditive

Une déficience auditive a été rapportée chez des patients prenant de l’Accutane; dans certains cas, il a été signalé que la déficience auditive a persisté après l’interruption du traitement. Le(s) mécanisme(s) et la cause de cet événement n’ont pas été établis. Les patients qui ressentent des acouphènes ou une déficience auditive doivent interrompre le traitement Accutane et subir une évaluation spécialisée plus poussée.« 

Toutefois, dans le cas des anticoagulants, l’analyse est un peu plus compliquée, parce qu’il peut éventuellement y avoir deux causes à ce problème : l’augmentation du signal électrique, et l’endommagement, voir la destruction des cils vibratiles situés dans l’oreille interne. C’est d’ailleurs pour cette dernière raison qu’il peut y avoir déficience auditive définitive. Des cils sont détruits, et comme ils ne sont pas renouvelés, la perte d’audition est définitive. Bien sûr, ici, on parle plus de perte auditive. Mais il est possible que ce problème engendre aussi des acouphènes. Evidemment, quand les acouphènes finissent par disparaitre après la fin du traitement, c’est que le problème venait clairement du la perturbation du signal électrique.

Voici quelques témoignages d’acouphènes sous isotrétinoïne (ici, un forum en anglais) :

« radebaugh2057 (il y a un an) :

Salut! Je suis sous accutane depuis quatre mois ; et depuis un mois, j’entends une sonnerie étrange dans les oreilles. Au début, je pensais que je débloquais et que c’était parce que je travaillais très dur, mais maintenant je suis en vacances et la sonnerie est toujours présente. La seule chose que je peux suspecter est l’accutane. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui a vécu la même chose ? Toutes les infos sont plus que bienvenues !« 

(Note : le terme de « sonnerie » pourrait faire penser plutôt à une hallucination auditive du genre entendre des voix. Mais, en anglais, ringing correspond bien à des acouphènes (Tinnitus). C’est ce qu’on peut voir ici : « Tinnitus (pronounced ti-ni-tis), or ringing in the ears, is the sensation of hearing ringing, buzzing, hissing, chirping, whistling, or other sounds« .)

Juste après, on a le témoignage suivant en réponse au précédent :

« Salut ! J’étais sur le point de prendre de l’Accutane quand mon ami m’a signalé des symptômes similaires alors qu’il était sous Accutane. Ensuite, nous avons fait une recherche sur les effets secondaires de l’Accutane et avons constaté que l’accutane peut provoquer une déficience auditive et une sonnerie dans les oreilles. Il était écrit que si une personne ressent un de ces symptômes, elle doit cesser d’utiliser le médicament immédiatement, peu importe qu’il réduise l’acné ou non. »

Un peu plus bas :

« Salut! J’ai pris de l’accutane pendant 4 mois (40mg le premier mois, puis réduit de 10 mg par mois). Après environ un mois et demi, j’ai commencé à ressentir des acouphènes. Je n’avais pas accès à un dermatologue, alors j’ai juste arrêté le médicament parce que j’ai surfé sur Internet et j’ai réalisé que des gens avaient perdu leur audition à cause de ça. Après avoir arrêté le médicament pendant environ une semaine, l’acouphène est parti (j’ai aussi amélioré mon alimentation, et ai commencé à prendre de la vitamine C… Je ne sais pas vraiment si ça a aidé). Donc, J’ai repris le médicament et je n’ai plus eu ni acouphènes ni acné depuis!« 

Autre témoignage dans la même page :

« J’étais sous accutane l’année dernière et une faible sonnerie a commencé presque à la fin de mon traitement. J’ai arrêté immédiatement (ce jour-là). Et la sonnerie a disparu dans les deux semaines.« 

 

Au passage, on a aussi ce témoignage (même page) :

« Hey … je suis sous ce médicament depuis un mois maintenant… Et depuis quelques jours, je sens une pression et une hyperacousie dans mon oreille droite. Cela pourrait-il être dû à ce médicament ?« 

(Note : la pression en question -« ear fullness »-, correspond à la sensation qu’on a en avion ou sous l’eau).

Ce témoignage est intéressant. On retrouve en effet l’hyperacousie décrite dans la liste de symptômes du début de l’article.

 

En dehors des hallucinations et acouphènes, on trouve d’autres effets neurologiques et psychologiques clairement liés à ces perturbations du signal électrique.

Par exemple, sur drugs.com, on trouve :

« vision double

Sensibilité des yeux à la lumière

Perte soudaine de coordination

Rythme cardiaque irrégulier ou rapide

Convulsions

Confusion

Vertiges

Nervosité, agression, comportements violents, psychose« 

 

 

On peut penser que ces problèmes ne sont pas aussi intenses que lors d’un sevrage d’opiacés, parce que dans le cas des opiacés, on passe d’un signal très diminué à un signal très fort. Alors qu’ici, on passe d’un signal électrique normal à un signal fort.

Mais, si la personne sort d’un traitement contenant des analogues d’opiacés, là, ces effets secondaires vont être beaucoup plus présents, puisqu’on part d’un signal très faible à très fort. Et ça risque de durer plusieurs mois. Mais bon, dans le cas de l’isotrétinoïne, cette situation va être très rare.

La question de l’intensité et du nombre des effets neurologiques se pose concernant les personnes qui prennent en même temps un traitement opiacé-like. Est-ce qu’on va avoir une augmentation de la variation du signal électrique (allant de très bas à fort) ou est-ce que l’analogue d’opiacé va au contraire tempérer le niveau de variation en limitant la montée en puissance du signal ?

Je pense que ça doit varier selon que les deux effets sont présents à leur maximum au même moment ou pas. Si les médicaments ne sont pas pris exactement en même temps, on va avoir des zones de temps ou la différence d’intensité du signal électrique va être importante (de faible à fort ou de très faible à fort). Par exemple, si la personne prend l’isotrétinoïne le matin à 8h, et l’opiacé le soir, le signal électrique sera faible ou très faible le matin à 7h. Et quand l’isotrétinoïne sera absorbée, ça fera monter le signal à un niveau fort. Donc, il y aura un différentiel d’intensité de signal plus important que si la personne prenait seulement de l’isotrétinoïne.

Si les médicaments sont pris en même temps, là, on peut penser qu’il ne va pas y avoir de grosse différence avec une prise d’isotrétinoïne seule. En général, l’effet de l’opiacé dure plus longtemps. Donc, au bout d’un moment, on va passer à un signal faible. Mais, comme pendant la prise de l’isotrétinoïne, le signal électrique est amoindrie par la prise de l’opiacé, on doit passer d’un signal faible à un signal moyennement fort. Donc, la différence doit être un peu plus importante, mais pas de beaucoup.

Cela dit, même si le temps d’action doit être un peu plus long que d’autres anticoagulants, il doit y avoir un effet de descente qu’il faut prendre en compte. Quand ce médicament ne fait plus effet, le taux de cortisol s’effondre et le signal électrique diminue. Donc, quand la personne reprend le médicament, elle part de plus bas que le niveau normal. Du coup, le différentiel entre avant la prise et après est plus important.

Alors, ça doit dépendre des horaires de prises (qui sont laissées à la libre appréciation du patient). Si une personne prend disons 60 mg d’isotrétinoïne uniquement le matin, la diminution du signal doit être plus importante que si elle repartit la prise sur toute la journée (avec 20 mg le matin, le midi et le soir).

 

Question annexe. On pourrait se demander ce qu’il en est des antibiotiques prescrits contre l’acné. Dans la mesure où ce sont des analogues d’anti-inflammatoires assez puissants (effet anticoagulant), on pourrait se dire qu’ils devraient eux aussi provoquer des effet neurologiques. Mais en fait ça ne doit pas être le cas. Ceci parce qu’ils sont administrés à des doses bien plus faibles (un quart de la dose habituelle d’antibiotiques). Ce qui fait que, pour cet usage particulier, ils ne sont pas vraiment des analogues d’anti-inflammatoires très puissants (c’est aussi pour ça qu’ils sont moins efficaces contre l’acné que l’isotrétinoïne). Donc, ça évite l’apparition de symptômes neurologiques. Les gens en prenant vont être plus anxieux, tendus, énervés ou agressifs. Mais ils ne vont que très rarement développer des symptômes de type hallucinations, acouphènes, vertiges, etc…

 

7,2) Les drogués à la cocaïne

 

La cocaïne est apparemment un mélange d’excitant et d’opiacé. Mais ça doit dépendre des traficotages de chaque dealer. C’est logique que ça soit un mélange ; parce qu’en fait, la nature excitante du produit de base (la cocaïne elle-même) n’est pas tellement addictive. Personne n’a d’addiction au café ou aux stéroïdes anabolisants, ou aux anti-inflammatoires. Ce sont les opiacés qui le sont (addictifs). Bien sûr, certaines personnes peuvent dire qu’elles sont accroc au café. Mais c’est un abus de langage pour dire que sans le café, elles se sentent sans énergie mentale et physique et qu’elles en ont donc besoin pour ça. Elles ne sont pas accroc dans le même sens qu’on l’est à l’héroïne. Il y a une dimension de plaisir avec les opiacés qu’il n’y a pas avec les excitants, qui servent plus à être performants mentalement et physiquement. Et quand il n’y a pas véritablement plaisir, il y a au moins un véritable soulagement de prendre l’opiacé. Alors qu’il n’y en a pas avec les excitants.

Mais, quand bien même je serais dans l’erreur et il n’y aurait qu’un effet excitant, au final, le problème serait assez similaire, parce que la cocaïne est souvent consommée après ou avant de l’alcool ou du cannabis ou des médicaments calmants. Voir par exemple ici, page 22 du document « La consommation d’autres produits, notamment d’alcool, de médicaments psychotropes et de cannabis, est fréquemment associée« . Donc, la plupart du temps, il y a consommation d’un produit calmant qui suit ou précède celle du produit excitant.

Par ailleurs, un certain nombre de drogués aux opiacés vont consommer des substances excitantes de type cocaïne pour pouvoir agir à certains moments (généralement dans la journée). Les opiacés et analogues les rendant mous, somnolents et sans volonté, ils vont prendre des excitants pour redevenir dynamiques, éveillés et concentrés. Donc, là aussi, on va avoir consommation d’excitants et de calmants.

Du coup, on a une période où le signal électrique est diminué (la phase opiacé), puis, où il est fort (phase excitant).

Alors, ici aussi, selon que l’opiacé est pris en même temps que la cocaïne ou pas, les effets neurologiques vont arriver plus ou moins et plus ou moins fort. 

Si c’est en même temps, les effets seront soit aussi forts, soit juste un peu plus fort (si un opiacé a fait effet jusqu’à la prise de la cocaïne) que si la personne prenait seulement de la cocaïne. Si c’est à des moments différents, ça aura tendance à être nettement plus fort. Par exemple, la personne prend des alcools forts durant la journée. Elle prend de la cocaïne le soir. On va avoir un passage d’un faible ou très faible signal électrique à un signal fort. Et là, les problèmes neurologiques peuvent être relativement puissants.

Et si, comme je le pense, la cocaïne est un mélange excitant/calmant, vu que l’effet calmant dure plus longtemps, on peut aboutir à un effet un peu plus fort que si la cocaïne était seulement un excitant. Par exemple, si la personne prend de la cocaïne à un moment, l’effet excitant va durer environ 2 ou 3 heures tempéré par l’effet calmant (donc, on aura un signal moyennement fort, avec plus une désinhibition qu’une augmentation du stress). Puis, c’est l’effet calmant qui va dominer pendant disons 6 ou 7 heures. Si la personne reprend de la cocaïne au bout de 7h, elle va partir d’un signal électrique faible pour arriver à un signal fort.

Et à ça vient s’ajouter le problème de la descente. Au bout de 2 ou 3 heures, en plus de l’effet calmant lié à l’opiacé, on va avoir l’effet de descente de l’excitant. Donc, lorsqu’il y aura reprise de cocaïne, la personne repartira d’encore plus bas.

 

Et effectivement, il y a des problèmes du style sevrage des opiacés chez les consommateurs de cocaïne.

Par exemple ici, page 31, on a : « Comparativement à la population générale, il existe de plus fortes prévalences de troubles mentaux parmi les patients consommateurs de cocaïne. Chez les patients traités pour une dépendance à la cocaïne, entre 30 et 60% ont une comorbidité psychiatrique. »

Dans le même document, on parle d’attaques de panique et de troubles anxieux (page 33).

« Chez les patients dépendants à la cocaïne, 45% avaient un trouble anxieux quelconque dont 14,7% un trouble anxieux généralisé, 23,4% une phobie spécifique, 15,6% une phobie sociale 17,1% un trouble panique sans agoraphobie.« 

Page 34 :

« Un tableau clinique spécifique se dégage à la suite de ces consommations de cocaïne : parmi ces caractéristiques, on retrouve une augmentation de l’intensité des couleurs, la proéminence de certaines couleurs dans les hallucinations visuelles comme le rouge ou le vert, ainsi que des changements dans l’intensité lumineuse. Les objets apparaissent comme étant plus vivants et donnent l’impression de ressortir du paysage. Si ce phénomène a souvent été étudié chez les patients dépendants aux amphétamines, il l’a en revanche été beaucoup moins chez les consommateurs de cocaïne. »

Sur ce forum (anglais), on a des témoignages d’acouphène ou de sensibilité auditive augmentée dans le sujet nommé « Est-ce que la cocaïne affecte l’audition ? ».

Par le pseudo b16a :

« Définitivement. Un des principaux effets de la cocaïne sont les hallucinations auditives. Lors de la descente, et surtout le lendemain, vous remarquerez peut-être une légère sonnerie dans vos oreilles accompagnée d’une sensibilité globale.« 

Par le pseudo tranquilacid :

« Je crois aussi, à chaque fois que je suis sous cocaïne, j’ai sois un acouphène ou/et mon ouïe devient très sensible. S’il y a un groupe qui joue fort, ou un son fort, ça devient super fort, et parfois, ça me fait sursauter. Même la musique ; je finis parfois par écouter la musique sur un volume bas alors que j’aime mettre la musique extrêmement fort. »

Du pseudo MARTY999

« OUI … vraiment!

Les effets à court terme d’utilisation sont bien connus des ingénieurs et producteurs du son à partir de preuves anecdotiques qu’ils échangent, et les personnes sages évitent d’en consommer.

Attendez-vous à des changements (augmentation) de l’énergie globale perçue (volume) et des changements relatifs à la perception du volume à des fréquences différentes – notamment au milieu supérieur de la gamme, généralement une sensibilité accrue centrée autour de 7 Khz.

Les observations sont loin des normes en double aveugle scientifiques mais bénéficient d’observations partagées, avec l’utilisation et la non-utilisation de cocaïne au fil des ans, et sont obtenues dans des conditions contrôlées de salles de contrôle de studio de musique où une mesure objective peut être faite.

Des ingénieurs expérimentés noteront l’égalisation (E.Q) et d’autres paramètres si un groupe ou les producteurs commencent à consommer de la cocaïne lors d’une session … afin qu’ils sachent où ils se trouvaient avant que la « modification » ne commence. Une réflexion sobre le lendemain entrainera invariablement la réinitialisation de la «forme» du son à son état original ! »

Sur ce site, on parle des problèmes d’hallucination :

« Hallucinations

Les utilisateurs intensifs de cocaïne peuvent entendre ou voir des choses qui n’existent pas. Ces hallucinations peuvent les rendre paranoïaques ou délirants et peuvent les rendre incapables de faire face à de vrais dangers. Une étude de 85 utilisateurs de cocaïne a montré que quatre sur dix ont été incapables de se concentrer sur le monde réel en raison de leurs hallucinations. Ils ont tendance à ignorer les signaux environnementaux comme les feux de circulation et à se concentrer sur des menaces imaginaires. Un fantasme habituel est que l’usager de drogues croit qu’il est suivi ou surveillé, problème en lien avec la paranoïa de la personne.« 

Et ce site :

« Effets à court terme

  • Hallucinations, nervosité excessive, irritabilité
  • Hallucination tactile qui crée l’illusion d’avoir des insectes sous la peau

Effets à long terme

  • Hallucinations auditives et tactiles« 

 

Dans le livre « The Spectrum of Psychotic Disorders: Neurobiology, Etiology & Pathogenesis« , Daryl Fujii, Iqbal Ahmed, Cambridge University Press, 8 mars 2007, page 384 (voir ici) :

« Brady et al (1991) ont rapporté que 96 % des personnes abusant de la cocaïne et ayant une psychose éprouvent des hallucinations. Les hallucinations auditives sont le type le plus commun, et sont ressenties par environ 50-83 % de ceux avec une psychose (Brady et al., 1991 ; Mitchell & Vierkant, 1991). Environ 35-56 % ont rapporté des hallucinations visuelles, tandis que les hallucinations tactiles, comme la formication, qui est la sensation d’avoir des insectes sous la peau survient dans environ 21-23 % des cocaïnomanes psychotiques (Brady et al., 1991 ; Manshcreck et al., 1988 ; Michtell & Vierkant, 1991). Les hallucinations auditives peuvent être bien formées comme les symptômes Schneideriens de premier rang de voix discutant ou commentant les actions d’une personne, comme par exemple leur disant d’acheter plus de drogue ou de rechercher de l’aide. Ce genre de symptômes a été expérimenté par 32 % des patients dépendants à la cocaïne et psychotiques demandant un traitement (Manschreck et al., 1988 ; Mitchell & Vierkant, 1991). Les individus avec des hallucinations visuelles affirment voir des gens les suivants ou les regardant à travers des fenêtres.« 

Exemple d’hallucination tactile ici :

« Je n’avais plus d’avenir. Je ne voyais pas comment me sortir de cette dépendance à la cocaïne. J’étais perdue. J’enrageais mais j’étais incapable d’arrêter. J’avais des hallucinations, la sensation que des bestioles rampaient sous ma peau. Je les sentais chaque fois que je me shootais et je me grattais jusqu’au sang avec la pointe de ma seringue pour qu’elles s’en aillent. Une fois j’ai tellement saigné qu’on a dû me conduire d’urgence à l’hôpital. Susan« 

 

 

7,3) La chimiothérapie (cancéreux)

 

On pourrait se dire que ces symptômes se retrouvent forcément lors des chimiothérapies, vu la puissance très importante de ces médicaments. On peut en effet considérer que c’est comme donner une dose de peut-être 6-8 g d’aspirine en une journée (c’est vrai que la posologie maximale d’aspirine pour une adulte est de 3g par jour, mais, pour les affections rhumatismales, la posologie quotidienne chez l’adulte est de six grammes).

Mais en fait, c’est probablement relativement peu le cas. Et même si ça arrive, assez souvent, ça doit être difficile de déterminer si le problème vient de la chimiothérapie ou d’autre chose (en particulier des opiacés ou du manque d’opiacés).

Le problème, c’est que les chimiothérapies sont administrées pendant très peu de temps (une fois toutes les 2 ou 3 semaines). C’est logique ; c’est tellement puissant que sinon, ça tuerait le patient en 1 ou 2 semaines. Mais, ça veut donc dire que leurs effets durent juste quelques jours. Avec un effet durant aussi peu de temps, il n’est pas forcément sûr que les problèmes analysés dans le présent article soient très présents chez les cancéreux.

Et quand les problèmes en question se manifestent, il n’est pas toujours sûr qu’ils soient causés par la chimiothérapie. En effet, les mêmes symptômes que ceux causés par la chimiothérapie peuvent se manifester avec un manque d’opiacés. Or, des analogues d’opiacés, on en donne souvent aux cancéreux (et il peut alors y avoir manque à un moment ou à un autre). Donc, il est difficile de distinguer ce qui vient de la chimiothérapie de ce qui vient du manque d’opiacé.

Donc, même dans l’éventualité où ces symptômes seraient présents et seraient causés par la chimiothérapie, il ne serait pas évident de savoir s’ils sont causés par cette dernière ou par d’autres causes.

Ça pourrait se compliquer encore un peu plus avec le fait que les opiacés peuvent aussi provoquer ce genre d’affections ; mais heureusement, on peut différencier les problèmes neurologiques causés par les opiacés de ceux causés par les anti-inflammatoires par le fait que, dans un cas, les gens manquent d’énergie mentale et physique, alors que dans l’autre, ils sont très anxieux et agressifs.

Cela dit, c’est facile à voir dans un cas individuel (on sait si on prend des opiacés et si on est nerveux ou pas) ; mais, au niveau des statistiques, ce sont des éléments qui ne vont généralement pas être pris en compte dans les documents citant des cas de problèmes neurologiques. Donc, concernant les statistiques, il est difficile de savoir de quoi il retourne.

Bref, si une personne ne prend qu’une chimio et rien d’autre et qu’elle subit des symptômes neurologiques juste durant les 3 ou 4 jours suivant les prises, elle peut penser de façon assez sûre que le problème vient de la chimio. Dans les autres cas, l’origine du problème devient beaucoup plus floue.

Un problème supplémentaire vient du fait qu’il est possible que les chimios soient neurotoxiques en elles-mêmes et d’une façon différente que par l’augmentation du signal électrique passant dans les nerfs. Il est possible qu’elles attaquent physiquement les nerfs. Mais là encore, dans le cas où un tel effet existerait, il doit être possible de faire la différence avec un problème de signal électrique augmenté. En effet, dans ce dernier cas, les symptômes neurologiques disparaissent rapidement. Alors que s’il y a endommagement direct des nerfs (comme si on les corrodait), là, la récupération devrait prendre beaucoup plus de temps, voir ne jamais avoir lieu.

Et puis, dans ce cas d’endommagement physique des nerfs, on devrait assister plutôt à une insensibilité progressive, et pas à une augmentation de l’intensité des sensations. Peut-être qu’au tout début, ça serait le cas. Mais relativement rapidement, on assisterait plutôt à une perte de sensations.

 

Alors, apparemment, les effets de la chimio sur le cerveau sont reconnus. Et il y a un terme pour ça : « chimio-cerveau » ou « fatigue mentale » ou « chemo brain » en anglais. Mais, on n’accuse pas toujours que la chimio, mais aussi d’autres médicaments pris en même temps, comme les stéroïdes, les médicaments contre la douleur, les anti-nauséeux, etc.., (voir ici). Et surtout, on peut penser qu’en pratique, les fois où les médecins vont reconnaitre que les symptômes neurologiques en question sont dus à la chimiothérapie vont être très rares. C’est quelque chose qui est reconnu de façon théorique ; mais dans la pratique de tous les jours, pratiquement aucun médecin ne va admettre que ces problèmes viennent de la chimiothérapie. Ils accuseront le cancer et ça passera comme une lettre à la Poste.

 

 

8)    Symptômes de sevrage des opiacés et sels minéraux

 

 

On peut penser que les problèmes neurologiques constatés ici sont magnifiés par le manque de sels minéraux essentiels à la conduction du signal électrique. Comme on a pu le voir dans mon article sur le tétanos, certains symptômes similaires au tétanos peuvent être constatés en cas de manque sévère de magnésium, de potassium, de calcium et de sodium.

Or, justement, la consommation d’analogues d’opiacés doit entrainer une diminution de la quantité de ces minéraux dans le corps. Déjà, parce que ces médicaments entrainent une perte d’appétit. Donc, parce qu’ils mangent moins, les gens qui consomment des analogues d’opiacés risquent d’être en situation de carence plus ou moins importante. Et aussi, parce qu’en entrainant une vidange de l’eau contenue dans les cellules, ils doivent directement diminuer la quantité de sels minéraux présents dans le corps.

Donc, la consommation d’analogues d’opiacés doit provoquer une diminution, de façon directe et indirecte, de la quantité de sels minéraux. En conséquence de quoi, lorsqu’une personne arrête de prendre des analogues d’opiacés, non seulement elle doit faire face aux effets du sevrage, mais également à ceux du manque de sels minéraux.

Si, en plus, le sevrage entraine une perte d’appétit et une perte de poids rapide, la personne va être encore plus carencée ; et donc, elle ressentira encore plus d’effets neurologiques et plus intensément.

Il est donc probable qu’une alimentation plus riche en ces sels minéraux pourrait limiter les symptômes en question.

Cela dit, si le sevrage est brutal, le bénéfice peut être assez limité dans les premiers temps. Ceci, à cause des problèmes de drainage des sels minéraux durant la période de prise des analogues d’opiacés, et après s’il y a perte d’appétit et/ou amaigrissement rapide. Mais s’il est réalisé progressivement, là, le bénéfice doit être plus important.

 

2 réflexions sur « Explication des problèmes neurologiques ressentis lors de l’arrêt des opiacés (partie 2/2) »

  1. Votre blog vaut plus qu’une mine de diamants. Sa valeur est inestimable. Dieu sait qu’il peut en sauver du monde. J’espère que vous n’abandonnerez jamais et que vous continuerez votre travail de démystification de la médecine.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *