Une cause possible des faiblesses musculaires : opiacés et carence en sodium

 

Un petit article rapide sur le sujet, juste pour poser un jalon pour une analyse plus avancée dans le futur.

En analysant à nouveau le problème du choléra et du manque de sodium, j’ai repensé aux problèmes de tétanie et de manque de sel. Et j’ai tout d’un coup pensé à une chose.

Qu’est-ce qui se passe si une personne prend des opiacés tout en étant en manque de sodium ?

Eh bien, il est tout à fait possible que ça entraine des faiblesses musculaires plus ou moins intenses. En effet, les opiacés réduisent l’intensité du signal électrique et le manque de sodium entraine une difficulté plus grande de passage du signal électrique. Il faut alors un signal électrique d’intensité plus élevée pour que celui-ci passe.

Du coup, si on a en même temps une prise d’opiacé et un manque de sodium, le signal électrique est affaibli, alors qu’il devrait être plus fort pour compenser sa plus grande difficulté à passer. Le signal ne passe donc pas ou pas assez et du coup, les muscles ne se contractent pas ou peu. Donc, il y a faiblesse musculaire.

Alors, bien sûr, les analogues d’opiacés seuls entrainent des faiblesses musculaire par diminution de l’intensité du signal électrique. Ils n’y a pas forcément besoin qu’il y ait un manque de sel pour que ça le fasse. Mais le problème va bien sûr augmenter fortement avec le manque de sel. Et du coup, on peut passer d’une petite faiblesse plus ou moins normale à une faiblesse anormale. Et en fonction des variations du taux de sel d’un jour à l’autre, il pourra y avoir des variations plus ou moins importantes de la faiblesse musculaire. Alors qu’avec l’opiacé seul, s’il est pris régulièrement et avec des doses qui ne changent pas, les variations seraient probablement moins importantes.

La faiblesse musculaire causée par l’hyponatrémie (carence en sodium) est connue, comme on le verra un peu plus loin. Donc, on pourrait se dire que si le problème venait de là, il serait identifié par les médecins. Mais on peut penser également qu’une personne peut être au-dessus du seuil d’hyponatrémie et avoir malgré tout des faiblesses musculaires. Ceci à cause de l’intensité plus faible du signal électrique entrainée par la prise d’opiacés. Donc, le manque de sel ne sera pas incriminé par le médecin, la personne continuera à être en carence et, avec la prise d’opiacés, elle continuera à avoir des faiblesses musculaires. En fait, comme dans de nombreuses affections où on donne des opiacés ou analogues, on recommande de diminuer le taux de sodium sanguin, celui-ci sera considéré comme tout à fait correct.

On peut se dire aussi qu’une situation de faible taux de cortisol peut entrainer la même situation. Il doit probablement falloir un taux de sel nettement plus faible pour que le problème apparaisse, mais ça doit être possible.

Médicaments opiacés ou analogues d’opiacés et faiblesse musculaire

Déjà, on peut voir ce qui se passe du côté des médicaments à effet opiacé. Et on constate qu’effectivement, ils entrainent des faiblesses musculaires.

C’est le cas du Lexomil, de la famille des benzodiazépines. On peut le voir ici :

« Sensation d’ivresse, maux de tête, somnolence (en particulier chez la personne âgée), ralentissement des idées, fatigue, sensation de faiblesse musculaire, baisse de la libido, éruption cutanée avec ou sans démangeaisons, vision double.« 

C’est le cas également de la codéine, comme on peut le voir ici :

« Consultez votre médecin si vous ressentez ces effets secondaires et s’ils sont graves ou gênants. Votre pharmacien pourrait être en mesure de vous donner des conseils sur la conduite à tenir si ces effets secondaires apparaissaient :

  • de la faiblesse;« 

C’est intéressant, puisque la codéine est bien moins puissante que la morphine. Donc, pour la faiblesse musculaire, on ne peut pas dire que c’est parce que ça assomme complètement et que ça transforme pratiquement en légume.

Ici, on a sur la morphine, le fentanyl, l’oxycodone ou la codéine :

« Nous avons inclus les essais randomisés de revues Cochrane de quatre opioïdes utilisés pour traiter la douleur du cancer : la morphine, le fentanyl, l’oxycodone et la codéine. Cela a donné 77 études totalisant plus de 5 000 patients randomisés pour divers traitements. Les essais étaient généralement de mauvaise qualité ; des problèmes particuliers incluaient la petite taille des études ainsi que la notification incomplète des événements indésirables chez tous les patients ou de tous les événements indésirables consignés. Des problèmes connus avec le mesurage, la consignation et la notification des événements indésirables ont rendu l’évaluation encore plus difficile. Les participants dans les essais portant sur la douleur du cancer étaient principalement âgés de 50 à 70 ans.

Pour les quatre opioïdes ensemble, 1 personne sur 4 a présenté une constipation et une somnolence, 1 sur 5 a présenté des nausées et une sécheresse buccale, et 1 sur 8 a présenté des vomissements, de l’anorexie et des vertiges. La faiblesse, la diarrhée, l’insomnie, les changements d’humeur, les hallucinations et la déshydratation sont survenus à des taux de 1 personne sur 20 ou moins. »

Donc, ce qu’on peut voir ici, c’est que tout le monde ne souffre pas forcément de faiblesse quand il prend des opiacés ou analogues d’opiacés. Il doit falloir soit des doses assez fortes (et auxquelles la personne ne s’est pas encore habituée), soit un manque de sel par ailleurs, ou les deux.

Ce qui est intéressant également, c’est que le sevrage des opiacés entraine aussi de la faiblesse musculaire. Ce qu’on peut se dire, c’est que quand la personne arrête les opiacés, l’intensité du signal électrique remonte en flèche. Mais, si la personne est en situation de manque de sodium, il y aura encore une résistance plus ou moins importante au passage du signal. Il va alors y avoir des périodes ou le signal sera intense et passera fortement mais de façon souvent anarchique, ce qui causera fréquemment des crampes. Et il va y avoir des périodes ou le signal sera moins intense. A nouveau, il passera faiblement, et la personne se retrouvera en situation de faiblesse musculaire.

Par ailleurs, comme le sevrage provoque des diarrhées et des sueurs, il va y avoir évacuation d’une partie du sodium restant, ce qui fera que le taux de sodium tombera à des niveaux encore plus bas. Du coup, même un signal électrique d’intensité normale passera plus difficilement et entrainera des faiblesses.

En fait, il y aura une alternance de phases de crampes et de phases de faiblesse (comme dans les cas de tétanie).

Manque de sodium (hyponatrémie) et faiblesse musculaire

Pour le manque de sodium, c’est plus évident. Mais il est préférable de donner des preuves du phénomène.

Voici quelques sites qui affirment que l’hyponatrémie entraine des problèmes de faiblesse musculaire.

C’est ce qu’on peut voir sur le site de l’université de Jussieu (page 13).

« Hyponatrémie du sportif

– Symptomatologie : signes les plus fréquents :

Nausées, vomissements, confusion, vertiges, faiblesses des membres inférieurs, altération de l’état mental, ataxie, maux de tête sévères, douleurs abdominales ; cela peut aboutir au coma, voire au décès, puis séquelles neurologiques.« 

Sur le site premiers-secours :

« Les manifestations cliniques de l’hyponatrémie surviennent à des concentrations de sodium inférieures à 125 mmol/l. Citons notamment :

  • des signes neurologiques : céphalées, léthargie, vertige, confusion et cela peut aller jusqu’à des convulsions et un coma ;
  • des signes digestifs : anorexie, nausées, vomissements ;
  • des signes musculaires : tremblements, faiblesse, crampes ;
  • ou encore des signes psychiques : irritabilité, délire. »

Sur Doctissimo :

« Les symptômes de l’hyponatrémie sont principalement neurologiques, conséquences de l’œdème cérébral qu’elle induit :

– d’abord état léthargique avec faiblesse et somnolence ;

Si l’hyponatrémie s’aggrave : apparition rapide de convulsions, d’un coma puis du décès.« 

Sur le site planetsante.ch :

« Quand les patients souffrent d’hyponatrémie sévère, les symptômes peuvent être d’ordre neurologique (maux de tête, convulsions, coma), digestif (anorexie, nausées, vomissements), musculaire (crampes, faiblesses, tremblements) et psychique (irritabilité, délire, psychose). Les personnes âgées qui fonctionnent souvent «au ralenti» peuvent être confuses et ressentir une baisse de l’état général.« 

On a donc bien confirmation que le manque de sel entraine des faiblesses musculaires.

Au passage, on remarque que, là-aussi, on parle de crampes. C’est le même problème que quand il y a arrêt des opiacés. La résistance au passage du signal électrique causée par le manque de sodium entraine soit des faiblesses quand l’intensité du signal envoyé est basse, soit des crampes quand l’intensité est élevée.

Donc, les opiacés et leurs analogues provoquent des faiblesses musculaires. Le manque de sel aussi. Il est évident que les deux mis ensembles entrainent un risque encore plus important de faiblesse musculaire.

Médicaments contre l’insuffisance cardiaque et faiblesse musculaire

Les médicaments contre l’insuffisance cardiaques sont en fait des analogues d’opiacés (bétabloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensinogène (IECA), bloqueurs des récepteurs de l’angiotensine II). Un certain nombre servent à ralentir le rythme cardiaque, officiellement pour réduire la tension sanguine ou pour permettre une meilleure contraction du cœur.

Par ailleurs, on peut voir ici que les insuffisants cardiaques prennent parfois des diurétiques pour éliminer le surplus de fluides qui s’accumulent dans les poumons ou dans les membres. Les plus couramment employés sont le furosémide et le bumetanide. Ces deux diurétiques provoquent la perte de minéraux.

On pousse également la personne à consommer moins de sel.

C’est ce qu’on peut voir ici :

« Quelle que soit l’origine de l’insuffisance cardiaque, le régime hyposodé (3 à 4 grammes de sel maximum par jour) doit être systématique. Autrefois, le régime strictement sans sel était de rigueur. Sauf situations exceptionnelles, on vous recommandera désormais :

  • d’éviter de consommer les aliments riches en sel comme charcuterie, fromage, pain, aliments industriels, conserves, sauces prêtes à l’emploi, etc.,
  • de ne pas resaler les plats,
  • d’utiliser éventuellement des sels de remplacement.

Toutefois, un régime hyposodé trop strict et la dénutrition qu’il peut entraîner chez les sujets âgés est à éviter. »

On peut constater que, désormais, on ne recommande plus un régime totalement sans sel. Mais on recommande quand même un régime hyposodé (ce qui, au passage, doit expliquer en partie que les insuffisants cardiaques meurent moins vite qu’avant).

Donc, on donne en même temps des diurétiques (parfois) et on recommande un régime pauvre en sel (systématiquement). Donc, il est probable que la personne devienne plus ou moins fortement carencée en sel.

Et c’est d’autant plus vrai que les opiacés et analogues ont tendance à faire perdre l’appétit. Et il est possible qu’ils diminuent l’absorption du sel.

Donc, les personnes en état d’insuffisance cardiaque devraient avoir des problèmes de faiblesse musculaire. Et effectivement, ça semble être le cas.

C’est vrai que quand on fait une recherche sur Google avec les mots-clefs « insuffisance cardiaque et faiblesse musculaire », on ne trouve pas grand-chose. Mais on s’aperçoit rapidement qu’en fait, c’est masqué derrière le terme de fatigue. C’est ce qu’on peut voir sur cette page qui parle des faiblesses musculaires :

« Il ne faut pas prendre pour un déficit moteur la sensation de faiblesse ressentie par des patients qui sont en réalité fatigués. La fatigue peut gêner le testing musculaire en empêchant le patient de produire une contraction maximale.

Les causes fréquentes de fatigue comprennent pratiquement toutes les maladies aiguës, les cancers, les infections chroniques (p. ex., VIH, hépatite, endocardite, mononucléose), les troubles endocriniens, l’insuffisance rénale, l’insuffisance hépatique, l’insuffisance cardiaque et l’anémie.

Les patients qui souffrent de fibromyalgie, de dépression ou d’un syndrome de fatigue chronique peuvent se plaindre d’une impotence fonctionnelle ou de fatigue mais n’ont pas d’anomalies objectives.« 

Et les causes possibles d’une faiblesse musculaire sont les suivantes selon le site en question :

« Les principaux mécanismes d’un déficit moteur sont donc un dysfonctionnement des

  • Motoneurones centraux (lésions des voies corticospinale et corticobulbaire)
  • Motoneurones inférieurs (p. ex., au cours d’une polynévrite périphérique ou par atteinte des cellules de la corne antérieure de la moelle)
  • Jonction neuromusculaire
  • Musculaire (p. ex., dues à des myopathies)« 

Si on lit entre les lignes, il semble claire que dans la situation où le médecin ne trouve pas de raison neurologique ou myopathique à la faiblesse musculaire, il va avoir tendance à classer le cas dans la catégorie fatigue.

Ce qu’on peut se dire, c’est que la prise d’opiacés et le manque de sel, et donc la faiblesse musculaire affectent tout l’organisme. Généralement, il ne va pas y avoir faiblesse que d’un seul membre, où on pourrait plus facilement suspecter un dysfonctionnement local. Ça va être une condition générale. Donc, souvent, on peut aussi bien faire un diagnostic de faiblesse musculaire que de fatigue pour ce genre de symptômes. Ce sont deux termes qui peuvent décrire les mêmes symptômes.

Ce qui veut dire que de nombreux cas de faiblesse musculaire sont classés en fait dans la catégorie fatigue et passent inaperçus.

Et quand on fait une recherche sur Google avec les termes « insuffisance cardiaque et fatigue », on a alors des tonnes de résultats. On apprend par exemple ici que la faiblesse est le deuxième symptôme le plus important de l’insuffisance cardiaque après l’essoufflement.

Evidemment, le terme de fatigue peut aussi être pris dans le sens habituel : à savoir un manque de sommeil ou un manque d’énergie. On doit donc avoir un certain nombre de cas où les gens sont effectivement simplement très fatigués. Mais il doit bien y avoir un nombre de cas importants ou ce terme recouvre des faiblesses musculaires. Et souvent, ça recouvrira les deux sens du mot : de la fatigue et des faiblesses musculaires.

Donc, les traitements de l’insuffisance cardiaque doivent effectivement entrainer des faiblesses musculaires.

On peut penser aussi que quand les analogues d’opiacés font moins effets, l’intensité du signal électrique augmente. Comme on l’a vu plus haut, il est alors possible que le signal se mette à passer de façon plus intense, discontinue (mais avec une fréquence élevée) et plus désordonnée. Et ça, ça peut aboutir à des crampes. Or, effectivement, les traitements de l’insuffisance cardiaque peuvent conduire à des crampes, comme on peut le voir ici :

« Dr Jean-Michel Tartière : « Tout traitement est susceptible de provoquer des effets indésirables. Ils ne sont pas nécessairement graves, mais peuvent être très gênants. La fatigue, la toux, les douleurs musculaires, les crampes, les problèmes dans la vie intime de couple… Même si c’est parfois difficile, il faut en parler à son cardiologue car il existe souvent une explication à ces effets et surtout une solution ! »« 

On note ici qu’il y a également probablement des problèmes d’érection chez les hommes (« problèmes dans la vie intime de couple »). C’est logique aussi. Le signal électrique passant faiblement, les sensations au niveau de la verge sont moins intenses, ce qui a tendance à faire débander le partenaire. Il y a d’autres causes de dysfonction sexuelle chez l’insuffisant cardiaque, mais celle-ci doit être particulièrement importante.

Il est rapporté ici des problèmes d’éjaculation. C’est normal aussi. Les muscles contracteurs étant plus faibles, l’éjaculation va être moins importante ou absente.

La myasthénie

La myasthénie, c’est le fait d’avoir des faiblesses musculaires et une fatigue anormalement rapide des muscles qui sont sous le contrôle volontaire de la personne. Normalement, on devrait trouver un certain nombre d’éléments confirmant ou infirmant les hypothèses que j’ai émises au départ.

On a cette page intéressante sur la Myasthénie (la faiblesse musculaire).

On y apprend qu’on administre des stéroïdes pour traiter le problème. Autrement dit, on traite la myasthénie avec des analogues d’anti-inflammatoires. Or, ceux-ci augmentent le signal électrique (ce sont des excitants musculaires). Donc, ça laisse clairement à penser que le problème vient d’une faiblesse de passage du signal électrique. Ce traitement n’est pas bête. En augmentant l’intensité du signal électrique, ça va augmenter la tonicité musculaire.

Mais, on apprend dans la partie alimentation, qu’on préconise de limiter la consommation de sel pour minimiser la rétention d’eau causée par les stéroïdes :

« Limiter la consommation d’alcool, car elle peut provoquer une faiblesse musculaire, ainsi que la consommation de sel, pour minimiser la rétention d’eau causée par les stéroïdes. »

Donc, comme par hasard, on a une alimentation pauvre en sel, qui va entretenir le problème du passage du signal électrique.

Et si la personne arrête de prendre des stéroïdes, elle va se retrouver en situation de taux de cortisol bas, ce qui va entrainer une diminution du signal électrique. Du coup, les faiblesses musculaires redeviendront plus importantes. La personne se dira alors que les médicaments la protégeaient effectivement du problème.

Heureusement, les stéroïdes doivent augmenter l’appétit. Donc ça entraine une augmentation de la consommation de nourriture et donc de sel. Du coup, même avec un régime hyposodé, ça doit permettre d’être un peu moins carencé. C’est probablement pour ça que ces médicaments mettent un certain temps à agir (quelques semaines ou mois).

Il est dit également (sur myastenie.fr) qu’il faut supplémenter la personne en potassium :

« Les patients sous stéroïdes doivent s’assurer qu’ils prennent suffisamment de potassium, de même que de la vitamine D et du calcium pour prévenir la diminution de leur masse osseuse. »

Or, vu la relation entre le potassium et le sodium, je pense qu’il est possible qu’un excès de potassium entraine un déficit en sodium.

En effet, en cherchant sur Google, je suis rapidement tombé sur cet article du Figaro qui dit :

« L’hyperkaliémie est associée à une hypokaliurie (diminution de la quantité de potassium excrété dans les urines), à une hyponatrémie (diminution de la concentration de sodium dans le plasma)« .

Donc oui, un excès de potassium est lié à un manque de sodium.

Donc, le traitement prescrit à une personne à qui on a diagnostiqué une myasthénie va l’entretenir dans la maladie. La limitation de la consommation de sel va entretenir la personne dans une situation de carence en sodium, de même que la prise de potassium. Donc, la prise de stéroïdes va être le seul élément qui permettra de faire remonter le niveau du signal électrique et un peu le taux de sel, et donc améliorer fortement les symptômes. Mais on n’aura pas traité le fond du problème. Donc, si la personne arrête le traitement, elle retombera dans la myasthénie.

Dans la catégorie des effets secondaires du traitement, on a ça (encore sur le même site) :

« Même à des doses standard, la pyridostigmine (Mestinon ®) et les médicaments du même genre (néostigmine et distigmine) peuvent causer une hyperactivité aussi bien des glandes salivaires que des muscles qui contrôlent la vessie et les intestins, par exemple, ce qui conduit à, respectivement, une salivation excessive ou de la diarrhée (voir 14). A très fortes doses, ces médicaments peuvent aggraver la faiblesse musculaire, ou même causer des crises cholinergiques. »

Ça va dans le sens d’un problème de manque de sel. En effet, la salivation excessive est un symptôme de manque de sel. C’est ce qu’on peut voir ici (Hyponatrémie et Inhibiteurs Sélectifs de la Recapture de la Sérotonine : approche clinique à propos d’un cas, Abdeslam Benali, 8/8/2014) :

« La symptomatologie de l’hyponatrémie correspond à une encéphalopathie hyponatrémique par hyperhydratation intracellulaire. Le spectre symptomatique est très large allant des symptômes les plus communs : céphalées, vision trouble, fatigue, tremblements musculaires et crampes, nausées et vomissements, diarrhée, hypersalivation, agitation, anorexie, troubles du sommeil, léthargie aux symptômes plus sévères : confusion, convulsion par œdème cérébral, coma et décès. Une modification de la symptomatologie psychiatrique peut également être observée. La gravité des symptômes est habituellement liée à la rapidité d’apparition de l’hyponatrémie. »

C’est ce qu’on peut voir également ici (« Hyponatremia caused by excessive intake of water as a form of child abuse » ; Min A Joo, MD and Eun Young Kim, MD ; Annals of Pediatric Endocrinology & Metabolism ; juin 2013):

« Les symptômes d’hyponatrémie peuvent se manifester plus facilement chez les enfants. Étant donné que l’encéphalopathie hyponatrémique chez les enfants peut survenir avec une concentration de sodium plus élevée que chez les adultes, les enfants devraient commencer le traitement au moment opportun. Sinon, leur pronostic sera mauvais. Ceci est attribué au fait que l’espace dans lequel le cerveau peut se développer chez les enfants est plus petit en raison du rapport plus grand entre la taille du cerveau et celle du crâne).

Les symptômes et les signes d’intoxication hydrique ont été décrits pour la première fois par Rowntree en 1923 (cité dans 2)). Les symptômes précoces peuvent comprendre de la fatigue, des nausées, des vomissements, des maux de tête et une vision trouble, ainsi que des changements dans l’état mental comme la confusion, l’agitation, l’irritabilité et la léthargie. Les signes peuvent inclure des tremblements musculaires, des crampes musculaires, une psychose, des convulsions, une salivation accrue, de la diarrhée, de l’hyperpyrexie et une anhidrose. Dans les cas extrêmes, l’œdème pulmonaire et cérébral peut mener au coma et à la mort. En particulier, lorsque la concentration sérique de sodium est extrêmement faible ou que le taux baisse brusquement, une convulsion ou un coma se développe comme symptôme initial.« 

Au passage, on remarque que les diarrhées peuvent aussi être liées à un manque de sel, ce qui est normal par rapport aux mécanismes que j’ai décrits.

Et il est signalé qu’il ne faut pas administrer des opiacés ou analogues aux patient atteints de myasthénie parce que ça entraine un risque d’arrêt respiratoire. C’est logique. Le signal électrique passant mal, si on donne en plus un produit qui diminue son intensité, il risque de ne plus passer du tout, et la personne peut se retrouver en état d’arrêt cardiaque ou d’arrêt respiratoire.

Il est noté également sur le site en question que la myasthénie augmente en cas de temps chaud. C’est normal aussi. La chaleur a un effet émollient sur les muscles (un peu comme les opiacés). Du coup, effectivement, les muscles sont plus faibles à ces moments là.

On constate également que la myasthénie peut disparaitre. Chaque année, 5 % des personnes atteintes seraient en rémission. Là aussi, c’est logique. Si le taux de sel augmente ou/et que l’effet des opiacés pris par ailleurs diminue, la personne peut revenir à un taux d’intensité et de transmission du signal électrique correct. Par contre, il peut y avoir aggravation si le taux de sel diminue ou que la personne prend des opiacés plus puissants.

Les catégories de personnes touchées par les myasthénies sont intéressantes également. On a surtout des femmes de 20 à 40 ans et des hommes de 50 à 70 ans.

C’est ce qu’on peut voir ici :

« La myasthénie est plus fréquente chez les femmes (deux pour un). Bien qu’elle affecte les personnes de tout âge, elle est plus fréquente chez les femmes âgées de 20 à 40 ans et chez les hommes entre 50 et 70 ans. »

Donc, on peut constater que ça n’est pas une condition innée, mais acquise. Et elle survient la plupart du temps chez des personnes adultes. Or, à ces âges-là, il est tout à fait possible que des problèmes de faible taux de cortisol, de consommation d’opiacés et de manque de sel soient présents chez un certain nombre de personne.

Par exemple, pour les femmes entre 20 et 40 ans, beaucoup boivent pas mal d’eau dans la journée, parce que c’est conseillé par les médecins et les magazines. Elles boivent également souvent du thé, qui a un effet diurétique. Elles évitent de manger trop de sel. Elles font des régimes, du sport d’endurance. Etc… Tout ça conduit un certain nombre d’entre elles à se retrouver carencées en sel. Les femmes prennent aussi la pilule. Et si celle-ci n’est pas prise en continu, le taux de cortisol va diminuer particulièrement fortement durant la phase d’arrêt. Souvent, elles vont prendre des opiacés et analogues pour compenser les problèmes liés à la pilule. Donc, entre 20 et 40 ans, certaines d’entre elles sont effectivement susceptibles d’être touchées par le problème. Après aussi. Mais les symptômes seront probablement diagnostiqués différemment.

Les hommes sont moins regardant sur leur alimentation et mangent assez salé, boivent normalement, ne font pas de régime, etc… Ils font du sport, mais ils compensent les pertes en sel que ça entraine en mangeant beaucoup. Donc, ils ne sont pas carencés en sel. Par contre, beaucoup prennent des analogues d’opiacés (alcool, tabac). Mais ceux qui consomment le plus d’alcool et de tabac ont tendance à être les moins regardants sur leur nourriture et à consommer le plus de produits salés. Et puis, ils adaptent leur consommation d’alcool et celle des produits excitants en fonction de leurs activités. Le matin et durant la journée, ils vont consommer du café et moins d’alcool pour être actif. Donc, ils ne sont pas en permanence sous l’effet des opiacés (ou s’ils le sont, ils prennent des substances qui ont un effet opposé). C’est plutôt entre 50 et 70 ans, quand on va leur diagnostiquer des maladies cardiaques, de l’hypertension, du diabète, etc.., qu’ils vont commencer à avoir une alimentation plus restreinte en sel tout en étant obligés de consommer des opiacés et analogues en permanence tout en restreignant souvent la consommation d’excitant. Donc, il est logique que le problème touche particulièrement cette frange de la population masculine. Il affectera probablement aussi beaucoup les hommes de plus de 70 ans. Mais, comme pour les femmes de plus de 40 ans, on posera d’autres diagnostics. Et puis, la vieillesse fera considérer la chose comme plus ou moins normale.

Concernant le parcours ayant conduit au diagnostic de myasthénie, on peut donc penser qu’à un moment donné, les personnes ont été soit en situation de :

  • Manque de sel et de taux de cortisol faible
  • Manque de sel et prise d’opiacés et analogues d’opiacés
  • Manque sévère de sodium

La situation a dû durer pendant quelques mois. Un médecin sensibilisé au problème leur a alors posé un diagnostic de myasthénie, probablement après avoir erré sur d’autres diagnostics (et leur avoir proposé éventuellement des traitements aggravant le problème). Dans le 1er et le 3ème cas, le problème aurait pu passer. Dans le 2ème, il aurait pu être en parti limité. Mais une fois le diagnostic posé, les personnes sont désormais prisonnières de celui-ci et seront considérées comme ayant un problème de myasthénie à vie. Bien sûr, s’il y a amélioration, le médecin pourra considérer qu’elles sont en rémission. Mais ça sera seulement une rémission, pas une guérison. A la moindre petite rechute, le médecin dira que la maladie est de retour. Donc, les personnes ne seront jamais vraiment considérées comme guéries. Et comme on l’a vu, le traitement les enfermera dans la maladie, puisque l’arrêter fera très souvent revenir les symptômes.

On va en rester là pour le moment. Mais je reviendrai sur le sujet dans le futur.

Une réflexion sur « Une cause possible des faiblesses musculaires : opiacés et carence en sodium »

  1. Bonjour, votre article me questionne quant à cette idée reçue qui me surprend: pourquoi subitement à partir de 40 ans soit disant, il y aurait une perte de masse musculaire chez les gens ? Je ne vois pas de raison à ce que ce phénomène se produise naturellement. Serait ce un effet long terme des analogues d’opiacés et autre médicaments pris pendant ces décennies ? L’alcool et le tabac aidant ? Qu’en pensez vous ?

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