Le paludisme n’est pas une maladie microbienne (partie 1/3)

 

On voit voir ici que le paludisme, non seulement n’est pas une maladie microbienne, mais semble même une pure invention.

 

1) Les symptômes du paludisme

 

Wikipédia nous donne ceci.

Symptômes

  • Fatigue généralisée
  • Perte d’appétit
  • Vertiges
  • Céphalées
  • Troubles digestifs (embarras gastrique), nausées, vomissements, douleurs abdominales
  • Diarrhée
  • Myalgies
  • Fièvre
  • Tremblements intermittents
  • Arthralgies
  • Signes d’anémie causée par l’hémolyse
  • Hémoglobinurie
  • Convulsions
  • Ictère

 

Sur le site de l’institut Pasteur, on a ça :

« Les manifestations cliniques du paludisme sont très diverses. Le paludisme débute par une fièvre 8 à 30 jours après l’infection, qui peut s’accompagner – ou non – de maux de tête, de douleurs musculaires, d’un affaiblissement, de vomissements, de diarrhées, de toux. Des cycles typiques alternant fièvre, tremblements avec sueurs froides et transpiration intense, peuvent alors survenir : c’est  » l’accès palustre ». La périodicité de ces cycles dépend de l’espèce de parasite en cause, et coïncide avec la multiplication des parasites et l’éclatement des globules rouges, qui conduit également à l’anémie. Le paludisme à P. falciparum peut être fatal s’il n’est pas traité. Dans certains cas, les globules rouges infectés peuvent bloquer les vaisseaux sanguins irriguant le cerveau : c’est le neuropaludisme, souvent mortel.« 

Sur le site de l’OMS, on a :

« Le paludisme est une maladie caractérisée par des épisodes fébriles aigus. Les symptômes apparaissent au bout de sept jours ou plus (généralement 10 à 15 jours) après la piqûre de moustique infectante. Les premiers symptômes – fièvre, maux de tête, frissons et vomissements – peuvent être modérés et difficiles à attribuer au paludisme. S’il n’est pas traité dans les 24 heures, le paludisme à P. falciparum peut évoluer vers une affection sévère souvent mortelle.

Les enfants fortement atteints développent fréquemment un ou plusieurs des symptômes suivants: anémie sévère, détresse respiratoire consécutive à une acidose métabolique ou paludisme cérébral. Chez l’adulte, on observe aussi fréquemment une atteinte de tous les organes. Dans les zones d’endémie, les personnes peuvent parfois être partiellement immunisées, et il peut y avoir des infections asymptomatiques.« 

 

Donc, le cœur de la maladie, c’est la fièvre, la transpiration (ce qui ne présente rien de spécifique). Et à côté de ça, il y a des symptômes annexes qui sont les nausées, les vomissements, les diarrhées, les maux de tête, l’anémie, la jaunisse. Là encore, on n’a rien de vraiment spécifique.

Ces autres symptômes permettent de faire correspondre la maladie aux problèmes occasionnés par les médicaments. Comme les antibiotiques entrainent des problèmes de diarrhées, vomissements, nausées et jaunisse, on ajoute ça aux symptômes du paludisme.

Les autres symptômes permettent également d’étendre la maladie et de faire un diagnostic de paludisme pour tout et n’importe quoi. Ça permet de multiplier les cas.

Il n’y a que le fait que la personne meurt qui relie la fièvre à quelque chose de particulier. Mais on va voir dans la prochaine section que dans la mesure où ça concerne surtout les enfants, ça reste très peu spécifique.

2) Populations concernées

 

Ce qui est capital dans le problème du paludisme, ce sont les populations concernées. Déjà, ça concerne essentiellement les pays chauds. Et en fait, ça concerne essentiellement l’Afrique, puisque 80 % des cas s’y trouvent. C’est une maladie inconnue ou presque dans les pays tempérés ou froids. Donc c’est essentiellement un problème de pays pauvres, quasiment sans moyens perfectionnés de diagnostic. Du coup, il est clair que les statistiques concernant le paludisme dans les pays endémiques sont totalement fantaisistes. D’ailleurs, on peut lire sur la page anglaise de Wikipédia concernant le paludisme que : « Les statistiques précises sont inconnues car de nombreux cas arrivent dans zones rurales où les gens n’ont pas accès aux hôpitaux ou n’ont pas les moyens de s’offrir des soins médicaux« .

Par ailleurs, surprise, dans les pays concernés, ça ne concerne essentiellement que les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes.

C’est ce qu’on peut lire sur Wikipédia : « Avec 225 millions de personnes malades et 781 000 décès en 2009, le paludisme demeure la parasitose la plus importante et concerne majoritairement les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes. » Et aussi sur le site de l’OMS : « En 2010, le paludisme a été à l’origine de 655 000 décès (avec une marge d’incertitude comprise entre 537 000 et 907 000), pour la plupart parmi les enfants africains. » Sur une autre page de l’OMS : « A l’échelle mondiale, 86 % des décès imputables au paludisme ont concerné des enfants de moins de 5 ans« . Vu qu’on parle la plupart du temps du nombre de morts, juste avant de parler des enfants, il est difficile de savoir si on parle du pourcentage de cas ou de morts pour les enfants. Apparemment, on parle du pourcentage de morts. Donc, il est difficile de savoir si les enfants représentent un pourcentage important des cas en plus de représenter un pourcentage important des morts.

Ça n’est pas que ce soit essentiel. C’est la mortalité qui est importante, puisque comme dit plus haut, c’est la mort qui relie la fièvre à quelque chose de particulier. Mais bon, ça a quand même une petite importance puisqu’il est facile d’inventer tout un tas de maladie pour les enfants. Le fait que le nombre de cas concerne surtout les enfants n’est donc pas neutre et a son intérêt. Ce document nous donne un début de réponse concernant le Malawi, qui est un pays à forte prévalence du paludisme. 60 ,1 % des enfants d’âge préscolaire ont le parasite. 47,4, des enfants d’âge scolaire, 18,7 % des femmes enceintes, 16,7 % des femmes qui ne sont pas enceintes et 12,2 % des hommes.

 

Prévalence de la parasitémie par groupe cible, Malawi 2001

On peut supposer que la répartition est proche dans les autres pays africains touchés par le paludisme. Donc, oui, en ce qui concerne les cas, les enfants représentent le groupe le plus important relativement. Les adultes viennent loin derrière. On peut se demander si de par leur nombre, les adultes peuvent représenter éventuellement plus de cas en valeur absolue. Mais à priori non. Parce qu’avec la pyramide des âges de l’Afrique subsaharienne, des taux de 60 et 47 % doivent entrainer que même en valeur absolue, les enfants doivent représenter la catégorie la plus nombreuse.

Ces statistiques concernant les enfants changent évidemment tout. Tel qu’on nous en parle dans les journaux ou à la télévision, on a l’impression que c’est un problème qui touche tout le monde. Mais si ça ne touche surtout que les enfants, alors, c’est complètement différent. Parce que les enfants sont connus pour avoir des épisodes fréquents de fièvre, et ce, partout dans le monde. A partir de là, la pertinence de la maladie devient très faible.

Tant que ça concerne également des populations qui ne devraient pas particulièrement subir de fièvres (les adultes essentiellement), on peut se dire qu’il y a quelque chose d’anormal et que la maladie a une certaine spécificité. Mais, si  ça concerne essentiellement des populations qui subissent déjà régulièrement des fièvres, la maladie perd toute spécificité. En fait, on met des cas normaux de fièvres enfantines dans la catégorie paludisme. Et on obtient des quantités énormes de cas de cette façon. D’autant plus que les symptômes du paludisme comprennent aussi les maux de tête, les problèmes de diarrhée, de vomissement, l’anémie, et la jaunisse ; des problèmes que subissent très fréquemment les enfants de ces contrées là. En ajoutant ces autres symptômes, cette maladie perd encore plus de spécificité et ils permettent d’obtenir encore plus de cas.

Alors, il y a les femmes enceintes. Mais les conséquences ne sont que très rarement la mort de la femme enceinte, mais essentiellement des fausses couches. Seulement, là encore, en Afrique, que des femmes fassent des fausses couches n’a rien d’extraordinaire. D’autant plus que beaucoup d’avortements peuvent être maquillés en fausse couche, afin de ne pas subir les foudres de la religion locale.

Par ailleurs, le problème de la mort consécutive à la fièvre devient là aussi beaucoup moins spécifique. Dans la mesure où ce sont surtout les enfants qui sont concernés, ça n’a plus rien d’extraordinaire. Dans des pays pauvres et tropicaux, il n’y a rien d’étonnant à ce que des enfants meurent suite à des fièvres. Les problèmes de santé des enfants vont très souvent commencer par ce symptôme (et c’est d’ailleurs vrai pour le monde entier). Donc, si on a 10 millions d’enfants qui meurent, et que sur ces 10 millions, 8 avaient de la fièvre au début, ça sera un jeu d’enfant de dire que 600.000 d’entre eux sont morts du paludisme. Le lien entre la fièvre et la mort serait spécifique s’il n’y avait que le paludisme qui entrainait la fièvre et la mort et que la fièvre était quelque chose de rare dans les cas de mort d’enfant. Mais dans la mesure où la fièvre est très fréquente dans ces cas-là, ça n’a plus rien de spécifique.

Et ça c’est si on se concentre seulement sur les fièvres. Mais si on y ajoute les autres symptômes, la spécificité diminue encore plus fortement. Il va y avoir plein de cas de morts d’enfant qui auront commencé par une fièvre et de la diarrhée. Même chose pour l’anémie et la jaunisse. En fait, plus on ajoute de symptômes, et plus on augmente le nombre de morts et plus on diminue la spécificité du lien entre la mort et les symptômes.

Donc, le fait que les enfants constituent la majorité des cas et 86 % des morts vide la maladie de sa substance.

 

3) Autre élément diminuant fortement la consistance de la maladie : le taux de mortalité

 

En 2009, on avait donc 225 millions de personnes nouvellement touchées (cas cliniques), mais seulement 781.000 morts. Soit un taux de mortalité de seulement 0,34 %. Pour les enfants, le taux de mortalité doit plutôt être dans les environs de 0,64 %, compte tenu de leur importance dans la pyramide des âges et du fait qu’ils représentent 86 % des morts. Donc, entre 99,6 % (les adultes) et 99,3 % (les enfants) des personnes touchées survivent.

Or, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, la mort est la seule chose qui peut apporter de la consistance à la maladie. Sans ça, vu la non spécificité des symptômes, et le fait que ça touche surtout les enfants, ça n’en a aucune.

Donc, si la maladie ne tue que 0,34 % des malades, ça n’a plus aucune consistance. En effet, avec les symptômes banaux qu’on a et avec le fait que ça concerne majoritairement des enfants de pays très pauvres, ça n’a rien d’extraordinaire d’avoir entre 0,34 et 0,64 % de morts.

Pour mémoire, dans les pays africains, il y avait un taux de mortalité infantile (avant un an) de 7,9 % en 2010. Et ça, c’est sur toute l’Afrique et seulement pour les enfants de moins d’un an. Si on ne compte que l’Afrique subsaharienne, et qu’on y inclut aussi les enfants de moins de 5 ans (en comptant en termes de mortalité par classe d’âge et pas en mortalité par an), on doit arriver facilement à 10 %. Donc, obtenir un taux de mortalité de 0,64 % parmi les enfants de moins de 5 ans ayant le paludisme ne pose aucune difficulté. Il suffit de piocher parmi les 10 % d’enfants morts. Surtout que les 0,64 % sont obtenus sur les enfants ayant le paludisme. Si on considère que disons 20 % des enfants en sont malades, ça veut dire que les 0,64 % de morts du paludisme ne représentent que 0,13 % de tous les enfants, et donc 1,3 % de l’ensemble de tous les enfants morts. Donc, c’est très facile d’aller piocher dans le pool des enfants morts et de dire que ce sont des morts liés au paludisme. Sur 1,3 % des enfants morts, on va en trouver sans aucun problème dont la maladie a commencé par de la fièvre, ou de la diarrhée, ou des maux de têtes, ou de la jaunisse, etc…

Donc, d’une part, si on prend un enfant de moins de 5 ans, à qui on a diagnostiqué le paludisme, il n’y a rien de très étonnant, vu les conditions climatiques et sanitaires et les traitements administrés, à ce que 0,64 % finissent par mourir. Et d’autre part, dans de très nombreux cas, on arrivera trop tard, et l’enfant sera déjà mort. On ne fera donc que piocher dans le pool général d’enfants morts. Et dans ce cas, ce sera un jeu d’enfant de faire un diagnostic de paludisme à postériori et de dire qu’il est mort de cette maladie. Or, ce deuxième cas arrivera très souvent, puisque la plupart des cas de morts d’enfants du paludisme se situent dans les campagnes. Et on dit que le problème, dans ces zones rurales, c’est l’absence de services sanitaires à proximité. Donc, dans les campagnes, de nombreuses morts d’enfants seront constatées à postériori.

Donc, dans les deux cas (diagnostic de paludisme avant ou après la mort), avoir 0,64 % d’enfants morts n’a rien d’extraordinaire.

Si ça faisait mourir 5 ou 10 % des gens touchés, là, d’accord, il faudrait voir plus précisément de quoi il retourne, ou est la manipulation. Mais avec un taux général de seulement 0,34 %, même à première vue, sans avoir d’autres informations, et en l’absence de symptômes spécifiques, il est clair que la maladie perd toute consistance.

Au final, on a 99,3 % de cas où il n’y a que des symptômes lambda, qu’une maladie bénigne qui va guérir toute seule. D’un seul coup, ça devient moins impressionnant.

Et on ne peut pas tellement dire que le taux de mortalité est faible parce que maintenant, on a des traitements efficaces, puisque l’essentiel des cas se situent dans les zones rurales, là où l’accès aux soins est très limité. C’est d’ailleurs ce qui justifie, selon la médecine officielle, le fait qu’il y ait encore beaucoup de cas et de morts dans ces pays-là. On peut penser qu’au moins 50 % des enfants sont dans ce cas. Ce qui fait que le taux de mortalité pour cette catégorie là ne peut pas être de plus de 1,28 %. Sinon, le taux de mortalité général des enfants serait de plus de 0,64 %. Or, 1,28 %, ça reste faible, surtout pour des enfants dont on constate souvent la mort à postériori. Et on peut penser que le taux de mortalité pour les enfants rapidement pris en charge doit être tout de même d’au moins 0,4 %. Donc, pour les enfants non pris en charge ou trop tard, ou de façon inadéquate, on aurait un taux de mortalité de seulement 0,8 %. Bien sûr, c’est toujours trop ; mais dans un pays où le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans est d’au moins 10 %, ça n’a rien d’extraordinaire.

Et puis, petit détail, ça vient légèrement en contradiction avec les taux de mortalité qu’il y avait au 19ème siècle. Ici, on parle d’un taux de 3 % pour la Finlande au milieu du 19ème siècle. Ici, on a un taux de 2,5 % pour les USA en 1920 (chiffres du CDC). En effet, on a 200 cas et 5 morts pour 100.000 personnes, soit 2,5 %. Par ailleurs, la pente de la courbe était en baisse. Donc, on peut penser qu’au 19ème siècle, le taux de mortalité était au minimum de 3 %. Mais ça, c’est pour la population générale. Puisque les enfants en bas âge sont supposés mourir 2 fois plus que le taux général, ça devait être de 6 % pour les enfants. Donc, le taux de mortalité pour les enfants de moins de 5 ans aurait été environ 9 fois plus élevé que maintenant. Comment se fait-il qu’avec le même microbe, et dans la même situation d’absence de traitement, on ait eu 9 fois plus de morts, il y a 150 ans ? Là encore, il y a comme un petit problème de cohérence.

Au final, dans 99,3 % des cas, on a quelque chose de complètement non spécifique (fièvre, diarrhées, maux de tête, jaunisse) ; c’est à dire du vent complet. Et dans un pays où 10 % des enfants de moins de 5 ans meurent, il est normal que dans 0,64 % des cas, ces symptômes conduisent à la mort. La diarrhée peut faire mourir par déshydratation, les antibiotiques peuvent aggraver la diarrhée, l’hyperthermie peut effectivement conduire à la mort, les antibiotiques peuvent aggraver l’hypotension, s’il y a jaunisse, c’est que l’enfant est mal en point, donc, là aussi, un certain nombre d’enfants mourront, etc… Donc, avec « seulement » 0,64 % de morts, on n’a là non plus rien de spécifique. Donc, déjà à cette étape, il apparait clairement que le paludisme est une pure construction intellectuelle.

 

4) Incohérences, explications ad hoc, trucs tirés par les cheveux, etc.., de la théorie officielle

 

Déjà, première incohérence, le paludisme est circonscrit aux pays tropicaux. Hors, il y a des moustiques jusqu’au Groenland. Donc, il n’y a aucune raison que le paludisme ne soit pas un important problème de santé publique aussi en Europe et en Amérique du nord. Et ce d’autant plus que jusqu’à récemment, il y avait du paludisme dans ces zones géographiques. En Europe, il y en avait partout, du sud de l’Italie jusque dans les zones arctiques de la Suède, de la Norvège, ou encore de la Russie. L’histoire officielle dit que les problèmes de paludisme y étaient aussi importants que dans les zones les plus endémiques de l’Afrique actuellement. Donc, il n’y a aucune raison que ça ait disparu. Mais non, on n’en trouve que dans les zones tropicales. C’est complètement n’importe quoi.

Et même l’orthodoxie reconnait que les arguments qu’elle avance pour justifier cet état de fait ne tiennent pas. C’est ce qu’on peut lire dans cet article de Chantal Beauchamp sur la fin du paludisme en Europe.

Deuxième incohérence, dans de nombreux pays particulièrement chauds, comme la Turquie, il n’y a que des zones très limitées de paludisme (frontière avec la Syrie). C’est la même chose avec le tout le Maghreb. Pareil pour l’Egypte. Etc… Alors que dans ce genre de pays, il ne devrait pas y avoir de problème pour que le plasmodium survive. Mais non, le risque d’attraper le paludisme dans ces pays là est quasi nul.

La présence du plasmodium n’est pas une preuve que ce dernier cause la maladie puisqu’il y a plein de cas asymptomatiques. C’est ce qu’on peut lire ici : « Dans des régions où la transmission est forte, une grande proportion des enfants sont souvent porteurs de parasites de P. falciparum sans déclarer aucun symptôme ; c’est l’immunité clinique ». Et là, on parle des enfants. Les adultes sont censés être largement plus immunisés. Il y a donc des tonnes de gens qui ont déjà le plasmodium en eux, et qui en plus doivent se faire recontaminer plusieurs fois par an et qui ne développent rien. Comme d’habitude, on dit que c’est parce que le système immunitaire de ces gens arrive à contrer le plasmodium (en l’occurrence, on dit qu’il s’est adapté suite à plusieurs rencontres avec le microbe). Sauf qu’alors, le lien entre présence du plasmodium et maladie se relâche très fortement. Et le plasmodium n’est alors plus qu’une explication parmi d’autres. Peut-être que c’est la cause et qu’effectivement, le système immunitaire arrive à contrer le microbe. Mais peut-être aussi que ça n’a rien à voir. L’explication officielle n’est plus qu’une explication possible parmi d’autre, alors qu’elle se targuait d’être la seule possible.

En Afrique, il y a moins de paludisme en ville que dans les campagnes. C’est ce qu’on peut lire sur Wikipédia : « Le paludisme est plus commun dans les zones rurales que dans les villes, ce qui est en contraste avec la dengue, pour laquelle les zones urbaines sont les plus à risque« . Pourtant, on dit qu’il faut un gros réservoir d’humains infectés pour que la quantité de moustiques infectés par le plasmodium puisse se maintenir. En effet, on justifie la fin du paludisme dans certaines parties du monde par le fait qu’il y a eu de moins en moins d’hôtes humains. Donc, là où il y a peu d’êtres humains, c’est-à-dire dans les campagnes, il devrait plutôt y avoir moins de cas de paludisme. Et au contraire, il devrait y en avoir beaucoup dans les villes, puisque la concentration d’êtres humains y est très importante. Mais c’est l’inverse qui se passe. Donc, c’est contradictoire.

Dans l’extrait de Wikipédia, on aura noté que le paludisme touche surtout les populations rurales, alors que la dengue touche surtout les populations urbaines. Pourtant, les deux sont transmis via des moustiques. Donc ça n’a aucun sens. Il n’y a aucune raison que l’un soit plus présent dans telle zone que l’autre.

De nos jours, on dit que la maladie tue surtout les enfants en Afrique. Mais il y a deux siècles, ça n’était pas du tout le cas en Europe. Ca tuait autant les adultes que les enfants. Il n’y a aucune raison à cette différence. Encore un illogisme. Bien sûr, maintenant, à postériori, il y a des études qui disent que les enfants mourraient plus. Mais à l’époque, les médecins ne disaient pas ça. Et c’était normal. Vu leur approche de la maladie (qu’on va étudier un peu plus loin), il n’avait aucune raison particulière de considérer que les enfants mourraient plus que les adultes.

On dit que les africains ont des problèmes de drépanocytose parce qu’ils sont en contact régulièrement avec la maladie. Mais les européens étaient en contact tout aussi fréquent avec la maladie jusque dans les années 1850. Donc, une forte proportion des européens devrait elle aussi avoir la drépanocytose via une adaptation à la maladie. Mais ils ne l’ont pas. Ils ne l’ont pas parce que la drépanocytose n’a rien à voir avec le problème du paludisme.

Le coup des éruptions régulières de fièvre n’est pas crédible non plus. Le plasmodium n’arriverait pas à outrepasser les défenses de l’organisme. Mais de temps à autres, paf, sans qu’on sache pourquoi, il y arriverait. C’est très peu crédible. Soit l’organisme est capable de contrôler le microbe, soit non. Donc, une personne infectée devrait soit être malade en permanence (ou mourir rapidement), soit devrait ne jamais l’être (ou alors, une fois devenue vieille). D’une façon générale, le concept de maladie microbienne chronique est complètement bidon.

On ne comprend pas pourquoi il n’y a pas une aussi forte proportion de cas en Amérique du sud qu’en Afrique, vu qu’il y a encore peu de temps les populations y étaient presque aussi pauvres et que le climat y est tout aussi tropical. Même chose pour l’Inde ou pour le Sud de l’Asie.

Il n’y a que certains moustiques, les anophèles (et seulement certains d’entre eux), qui transmettent le plasmodium. Ça fait un peu trop limitation ad hoc pour expliquer qu’on ne trouve pas du paludisme partout. Sauf qu’il n’y a aucune raison que ça ne se transmette pas par d’autres types de moustiques. On ne voit pas pourquoi le plasmodium ne serait pas capable de s’adapter. Il serait capable de s’adapter à un organisme totalement différent de celui d’un moustique, à savoir le corps humain. Mais il ne serait pas capable de s’adapter à un organisme extrêmement similaire, à savoir celui d’un autre moustique ? Ça n’est clairement pas crédible.

Il y a aussi le problème des touristes. Eux qui ne sont pas immunisés, devraient être infectés dans une proportion importante quand ils vont dans une zone endémique. Mais ça n’arrive pas. Pas logique.

Surtout que c’est valable aussi pour des touristes séjournant plusieurs mois dans des zones à risque. On trouve par exemple sur ce blog un témoignage qui parle du fait de ne pas prendre de traitement préventif contre le paludisme quand on est un routard qui va en zone à risque :

« Pour un voyage de 2 à 3 mois, à moins que vous alliez dans la brousse africaine, faire des treks dans la jungle durant deux semaines, cela à mon avis ne vaut pas la peine.

C’est mon avis, partagé par pas mal de médecins des maladies tropicales. Le médecin que je consulte à chaque fois à l’hôpital Saint-Louis à Paris m’a toujours conseillé de ne pas en prendre pour un séjour de deux-trois mois. Et elle sait de quoi elle parle.« 

Donc, un médecin spécialiste des maladies tropicales conseille de ne pas prendre de traitement préventif pour un séjour de carrément 2 ou 3 mois en zone à risque. Ce qui veut dire que la plupart des touristes en question n’attrapent effectivement rien. Pourtant, en 3 mois, on a tout le temps de se faire piquer par un moustique infecté. Mais non, pas de problème.

Pourquoi le plasmodium ne s’attaque qu’aux globules rouges ? Il y a tout un monde de nourriture à côté. Il a eu tout le temps de s’y adapter. Mais non, il ne s’attaque qu’aux globules rouges.

Par ailleurs, si c’était un problème de destruction de cellules sanguines, on ne voit pas ce que viendrait faire la fièvre ou la diarrhée la dedans. Ni les céphalées. Pour ces dernières, d’accord, la destruction des globules rouges est censée entrainer la formation de caillots qui vont se bloquer dans le crane. Mais la plupart du temps, un caillot n’entraine pas de douleur. Et si ça le faisait, ça serait très localisé. Alors que là, on doit parler de céphalées classiques, donc dans tout le crane.

Il y aurait des résistances aux médicaments. Mais comme par hasard, c’est toujours seulement une partie des plasmodiums qui sont résistants. Ce qu’il y a c’est que si tous les plasmodiums étaient résistants, on aurait une recrudescence énorme du paludisme sur toute la planète. Seulement, avec les conditions de vie qu’il y a dans les pays riches, la mortalité est très faible. Et comme la maladie est bidon, ça ne suivrait pas au niveau épidémiologique. Donc, on est obligé de dire que la résistance est partielle. Le problème, c’est que depuis le temps, la résistance devrait être totale ou au moins très importante. Là, la résistance est bloquée à environ 20 ou 30 % depuis environs 20 ou 30 ans (un pourcentage moins important, ça ne fait pas peur, et un plus important, ça conduit à se demander pourquoi ça ne se répand pas davantage). Et pour un esprit un minimum critique, forcément, cette absence d’évolution semble très louche.

 

5) Histoire officielle du paludisme

 

Il n’y a pas des tonnes de choses sur l’histoire du paludisme avant le 18ème siècle. C’était supposé connu depuis l’antiquité. Mais on interprétait la maladie via la théorie des humeurs et des miasmes. Donc, on en faisait une interprétation erronée. Ça se résume plus ou moins à ça. L’histoire officielle ne donne pas tellement plus de détails.

A partir du 18ème siècle, (officiellement bien sûr) c’est une lente ascension vers la compréhension de la nature contagieuse de la maladie. En 1717, Lancisi fait un lien entre la fièvre et les mouches. Il introduit le mot malaria (mauvais air). Mais ça reste sans lendemain pendant très longtemps. C’est seulement en 1880 qu’il y a une avancée, puisque c’est l’année ou Alphonse Laveran établit que la maladie est microbienne. Donc, c’est pratiquement à la fin du 19ème siècle qu’on change de théorie sur l’origine de la maladie.

A partir de là, dans les années 1880 et 1890, un certain nombre de chercheurs incriminent les moustiques. Mais c’est seulement en 1998 que Ronald Ross établit définitivement que ce sont bien les vecteurs du paludisme.

 

6) Histoire revisitée du paludisme

 

L’histoire revisitée du paludisme nous éclaire sur un certain nombre d’éléments le concernant.

 

–          Le paludisme, un héritage de la théorie des humeurs et des miasmes

 

  • La théorie humorale et la notion de fièvre

Jusqu’au début du 19ème siècle, la théorie médicale qui dominait était la théorie des humeurs.

Voici ce qu’en dit Wikipédia.

« Selon cette théorie, le corps était constitué des quatre éléments fondamentaux, air, feu, eau et terre possédant quatre qualités : chaud ou froid, sec ou humide. Ces éléments, mutuellement antagoniques (l’eau et la terre éteignent le feu, le feu fait s’évaporer l’eau), doivent coexister en équilibre pour que la personne soit en bonne santé. Tout déséquilibre mineur entraîne des « sautes d’humeur », tout déséquilibre majeur menace la santé du sujet.

Pour les anciens, il existe quatre humeurs :

  • le sang (équivalent à l’air) : produit par le foie et reçu par le cœur (caractère sanguin ou jovial, chaleureux)
  • la pituite ou flegme ou lymphe (l’eau) : rattachée au cerveau (caractère lymphatique)
  • la bile jaune (le feu) : venant également du foie (caractère « bilieux », c’est-à-dire anxieux)
  • la bile noire ou atrabile (la terre) : venant de la rate (caractère mélancolique).« 

 

Alors, il est vrai que cette théorie est tombée en désuétude au début du 19ème siècle. Mais, comme on l’a vu dans un précédent article, elle s’est survécu au 19ème siècle sous une forme légèrement différente, qu’on peut appeler théorie néo-humorale. Et de nombreux éléments, en particulier le sang y tenaient quasiment le même rôle. Donc, très peu de choses avaient changé jusqu’à la fin du 19ème siècle.

Dans cette théorie, ou sa version remaniée, la fièvre pouvait venir de nombreuses causes différentes.

Le « Dictionnaire des termes de médicine, chirurgie, art vétérinaire, pharmacie, histoire naturelle, botanique, physique, chimie, etc », de Jean Baptiste Baillière ((París)), Louis-Jacques Begin, publié en 1823, page 287, nous donne une définition de la fièvre et une liste de ses causes.

« Considérée dans sa cause prochaine, c’est, selon l’auteur que l’on consulte, 1° un effet de la surabondance ou d’une altération du sang, de la bile ou de la pituite ; 2° d’une fermentation du sang ou des humeurs ; 3° d’un spasme des petits vaisseaux de la périphérie ; 4° de l’asthénie générale, qui donne lieu à une réaction de tout l’organisme ; 5° d’une exaltation des propriétés vitales dans tout l’organisme ; 6° enfin, soit d’une irritation des solides, plus particulièrement  marquée dans quelques-uns d’eux, soit de l’adynamie ou de l’ataxie du système nerveux.« 

« Broussais dit que la fièvre n’est jamais que le résultat d’une irritation du cœur, primitive ou sympathique. Adopter cette définition, c’est rendre le mot fièvre synonyme d’accélération prolongée des battements du cœur et des pulsations artérielles. Nous pensons que si l’on voulait s’élever à une idée générale et abstraite de la fièvre, ce qui n’est nullement nécessaire, il faudrait la définir un état morbide du corps humain, dans lequel l’irritation d’un ou de plusieurs organes accroit le mouvement vital de certaines parties, et ralentit celui de quelques autres.« 

Le sang tenait un rôle majeur dans cette théorie. Une circulation correcte du sang était estimée nécessaire pour que le sujet soit en bonne santé. La maladie venait de plusieurs sources : 1) l’excès de sang ; 2) la qualité du sang (trop vif ou trop pale) ; 3) la mauvaise circulation du sang (une stagnation et un excès locaux ; une stagnation générale ; ou encore une trop grande vitesse).

On considérait aussi que la chaleur et donc la fièvre pouvait se communiquer par l’extérieur. Donc, le climat intervenait. C’est pour ça que l’été était considéré comme une période propice aux fièvres (ce qui, dans les pays européens est justement la saison des moustiques).

Donc la fièvre survenait :

1° Quand le système sanguin se retrouvait en situation de pléthore (trop de sang). Pour la fièvre puerpérale par exemple on considérait que l’absence de règle entrainait un trop plein de sang dans le corps.

2° Si le sang circulait trop rapidement. Ce qui pouvait être le cas si la personne avait un tempérament sanguin ou hystérique (pour les femmes), ou s’il s’agissait d’un homme jeune et fort, ou encore s’il y avait un des efforts importants de faits.

3° Si le sang ne coulait pas assez rapidement, parce qu’alors, la stagnation du sang entrainait une fermentation.

4° En été, mais parfois aussi au printemps et à l’automne.

5° Si des organes étaient irrités, ce qui entrainait le mouvement vital dans d’autres parties du corps, et donc de la fièvre.

6° L’excès de pituite ou de bile pouvait entrainer la fièvre. Donc, il est possible que des vomissements ou de la diarrhée aient été considérés comme des signes de fièvre.

Donc, on se rend compte qu’il y avait de nombreuses causes de fièvre et que la fièvre, il y en avait partout. Il devait y avoir des tonnes de cas de fièvre.

Alors, comment estimait-on la fièvre ?

Bien sûr, on l’estimait via la chaleur corporelle. Mais il faut savoir que le thermomètre n’existait pas encore. Il ne commencera à être utilisé dans le meilleur des cas qu’à la toute fin de la théorie néo-humorale, vers les années 1870 ; et dans d’autres cas, bien après (en France, il n’a été utilisé qu’à partir de la première guerre mondiale). Donc, on ne pouvait l’estimer qu’à la main, à la surface de la peau.

Mais la chaleur de la peau n’était qu’un élément parmi d’autre, assez secondaire en fait. On estimait la fièvre en grande partie en prenant le pouls. En effet, comme on pensait que la chaleur interne était causée par le mouvement du sang (plus il était rapide, et plus la température interne était supposée élevée), il était logique de mesurer la fièvre par ce biais-là. En fait, comme on l’a vu, un mouvement du sang assez lent pouvait être considéré aussi comme une cause de fièvre, puisqu’alors, c’était la fermentation qui entrainait la chaleur. Donc, si le pouls était trop rapide, il y avait fièvre, s’il était trop lent, il y avait fièvre aussi. Forcément, avec ce genre de principes, on trouvait des cas de fièvre en quantités astronomiques.

La couleur du sang servait aussi à diagnostiquer la fièvre. Un sang avec une couleur un peu sombre était considéré comme trop chargé, et pouvait entrainer un tel diagnostic.

Comme on l’a vu, la notion de trop plein intervenait aussi. Donc, si une femme n’avait pas ses règles depuis un certain temps, on pensait qu’il y avait un trop plein de sang et donc on pouvait faire un diagnostic de fièvre. On estimait cet excès de sang ou sa vitesse aussi en fonction de la constitution de la personne. Un homme fort et jeune avait une tendance à l’excès de sang.

Les frissons, les courbatures, la transpiration pouvaient être estimés comme étant des signes de fièvre. Il n’y avait pas forcément besoin que la peau soit chaude. Par ailleurs, ils devaient souvent être subordonnés à la présence d’autres éléments de fièvre. Si un homme jeune et musclé avait quelques courbatures et donc quelques frissons à cause des efforts faits pour la récolte en été, le médecin pouvait faire un diagnostic de fièvre.

Et bien sûr, la fièvre pouvant aussi survenir par transmission externe, en été, le moindre problème de frissons, courbatures, transpiration, pouvait être considéré comme de la fièvre.

Donc, souvent, il ne devait même pas y avoir besoin qu’il y ait des symptômes de chaleur corporelle, de frisson ou de transpiration.

 

Donc, avec ces principes, énormément d’affections pouvaient porter le titre de fièvre. Une femme hystérique ou dont les règles ne venaient pas ou dont les amours ont été contrariés pouvait être considérée comme fiévreuse. Un homme colérique, sanguin, pareil. Une personne qui ne se sentait pas bien de quelque façon que ce soit et qui avait un pouls rapide ou un pouls trop lent pouvait être considérée comme fiévreuse. Par exemple, une personne ayant de la diarrhée pouvait avoir le pouls rapide à cause de l’hypotension et donc se voir donner un diagnostic de fièvre. Si elle transpirait ou frissonnait (à cause de la déshydratation ou à cause de l’hypotension) ça ajoutait une raison de plus de donner ce diagnostic. Comme on l’a vu dans un autre article, beaucoup de gens prenaient des analogues d’opiacés au 19ème siècle. Donc, le ralentissement du pouls qui ça entrainait pouvait faire aboutir à un diagnostic de fièvre. Une personne qui avait un mal de tête ou quelqu’un qui était constipé pouvait recevoir ce diagnostic (puisqu’un organe irrité augmente le mouvement vital d’autres parties du corps). Quelqu’un qui vomissait et dont la bile ou la pituite (liquide considéré comme venant de l’estomac à l’époque) était considéré comme en excès, même chose. Bref, on avait une multitude de cas de fièvre possible.

 

Donc, 1° il pouvait y avoir des tonnes de cas de fièvre (avec les fluides trop rapides ou trop lents et le fait qu’un organe irrité entrainé un excès de mouvement des fluides vitaux dans d’autres parties du corps, et le fait que tout énervement ou trop plein d’énergie ou manque d’énergie pouvait impliquer la fièvre, on pouvait voir de la fièvre partout) ; 2° ça recouvre des notions qui n’ont plus eu court par la suite ; 3° Les nouveaux médecins ne se souvenaient plus de ce que signifiaient ces notions ; 4° Ils les ont utilisées quand même

Donc, le diagnostic de fièvre était en partie basé sur la température externe du corps, la présence de frissons et de transpiration, mais, elle reposait aussi fortement sur des choses beaucoup plus fantaisistes, comme le caractère de la personne, la saison, le fait qu’elle ait accompli des efforts physiques importants récemment, la couleur du sang, etc…

Donc, le diagnostic de fièvre n’avait que peu de choses à voir avec ce qu’on en dit maintenant. Et c’était une affection qui était inventée la plupart du temps.

Comme on peut s’en douter, la notion de fièvre ne recouvrait pas vraiment la nôtre.

 

  • La théorie des miasmes

Parallèlement à ça, il y avait une autre théorie en vigueur depuis l’antiquité, et qui a perduré jusqu’à la fin du 19ème siècle : la théorie des miasmes. Cette théorie supposait que les maladies venaient de miasmes présents dans l’air. Ceux-ci étaient supposés être présents dans les endroits insalubres, avec des eaux stagnantes par exemple. Wikipédia donne une bonne description de la théorie :

« Les miasmes étaient considérés comme une vapeur ou un brouillard toxique rempli de particules issues de la matière décomposée (les miasmata) qui causaient des maladies. La théorie miasmatique supposait que les maladies étaient le produit de facteurs environnementaux tels que l’eau contaminée, l’air vicié et des conditions d’hygiène déplorables. Cette infection ne se transmettait pas entre individus, mais affectait les personnes qui résidaient dans le lieu particulier d’où émanaient de telles vapeurs identifiables par leur odeur fétide.« 

En fait, la théorie miasmatique est en grande partie un dérivé de la théorie des humeurs. Dans cette dernière, en plus de l’excès de sang, un autre problème est sa stagnation. La stagnation du sang entraine l’inflammation et le développement de substances nocives. Par extension, tout liquide en état de stagnation avec en plus de la flore et de la faune en décomposition, était une source de maladie. Or, les marais sont des zones de liquide stagnant avec des végétaux et des animaux morts en décomposition. Donc, les marais étaient potentiellement des sources de maladies via l’émission de poisons (les miasmes) qui se retrouvaient dans l’air. Du coup, la théorie des humeurs, via son extension de la théorie miasmatique, aboutissait à désigner les marais comme cause de maladie.

Les zones marécageuses ou même des zones avec des étangs étaient donc considérées comme pouvant entrainer tout un tas de maladies (pas seulement la fièvre). C’est d’ailleurs une idée qu’on retrouve encore en 1870 dans le « Dictionnaire national ou dictionnaire universel de la langue française »,14 e éd., t. 2. Paris : Garnier Frères, 1870, verbo « Marécageux » : 448) : « Les émanations marécageuses qui pénètrent dans l’économie par la peau qui les absorbe, par les poumons et par les voies digestives, avec l’air et les aliments, sont la cause d’une foule de maladies.« 

Et donc, parmi toutes les maladies que ces miasmes pouvaient entrainer, il y avait entre autres des fièvres. On avait donc un type de fièvre particulier qui était celle liée à aux zones miasmatiques.

D’ailleurs, le nom malaria (précédent nom du paludisme) vient de « mala aria », c’est à dire « mauvais air » en italien médiéval (voir Wikipédia). Donc, la maladie était clairement reliée à la théorie des miasmes.

Cela dit, comme son nom générique l’indique, la malaria n’était pas limitée seulement aux marais. C’était le mauvais air en général qui causait la maladie. Donc, un simple endroit insalubre pouvait la provoquer. C’est pour ça qu’on avait aussi la fièvre des prisons, puisque c’était des endroits insalubres, ou la fièvre des camps (idem) ou encore la fièvre des hôpitaux (quand les hôpitaux étaient encombrés. On devait estimer que des miasmes fétides s’exhalaient du corps des malades).

Forcément, ça ne cadrait pas avec la nouvelle théorie, puisque dans les hôpitaux, les camps ou les prisons, etc.., on ne pouvait pas incriminer les moustiques. Donc, une fois le microbe « découvert », on a opéré un glissement restreignant la maladie seulement aux marais (même pas aux étangs). C’est pour ça qu’on a imposé le nouveau nom de paludisme à la place de malaria. Le terme paludisme se référait aux marais (palud signifiait marais en ancien français), donc, la maladie était désormais liée uniquement aux marais et donc plus facilement aux moustiques ; alors que le terme malaria continuait à renvoyer à l’ancienne théorie qu’on voulait voir disparaitre. Mais comme ce genre de chose ne se fait pas en un jour le terme « paludisme » a mis du temps à s’imposer. Ce n’est seulement que vers 1920 ou 1930 que ça a fini par se faire. Et comme la théorie était française, le terme de paludisme n’a été adopté que parmi les peuples latins. Les peuples anglo-saxons ou germaniques ont conservé le terme de malaria.

 

  • L’usage de la saignée, source d’erreur sur le taux de mortalité

En accord avec la théorie des humeurs, les médecins pratiquaient la saignée en cas de fièvre. Et comme on l’a déjà vu par ailleurs, ils saignaient beaucoup trop. Du coup, énormément de monde en mourrait. On pratiquait aussi les purges à l’aide de laxatifs plus ou moins puissants, ce qui ne devait pas aider non plus. On comprend alors pourquoi il y avait un taux de mortalité aussi élevé. C’était surtout la saignée et les purges qui en étaient à l’origine (même si pas seulement, comme on le verra un peu plus loin). Et avec un taux de mortalité élevé, la fièvre était évidemment considérée comme un problème de santé important.

Donc, dès le départ, comme pour beaucoup d’autres maladies, l’analyse de la fièvre était biaisée par la pratique de la saignée. On croyait que c’était mortel parce qu’on ne comprenait pas que c’était la saignée la responsable des morts.

Cependant, Chantal Beauchamp dit page 134 de son livre « le sang et l’imaginaire médial », qu’on ne pratiquait pas la saignée dans le cas de la fièvre des marais parce qu’on considérait que ce type de fièvre n’était pas de son ressort.

« Enfin, nombre de maladies endémiques ou épidémiques, au premier rang desquelles il faut mettre les fièvres dites « intermittentes », sont interprétées, jusqu’à la fin du 19ème siècle, comme un empoisonnement miasmatique du sang : l’air méphitique des marias, les brouillards pernicieux des étangs, qui sont le produit de la fermentation des matières végétales et animales qui y croupissent, sont censés provoquer – selon un raisonnement qui tient plus de l’analogie que de la causalité – des engorgements qui infiltrent les tissus et des putridités qui provoquent des accès de fièvre, car le sang, altéré par les miasmes, devient aqueux et pâle, perd son énergie et la force d’entretenir sa circulation. Mais cette sorte d’empoisonnement miasmatique du sang n’est en aucun cas passible de la saignée. Seules les altérations du sang qui sont supposées augmenter le mouvement circulatoire et la chaleur du sang requièrent des émissions sanguines. Dans celles au contraire qui produisent un sang fluide, décoloré et peu actif, la saignée est fortement déconseillée.« 

Donc, selon il faut distinguer les fièvres miasmatiques des autres fièvres. Dans le cas des fièvres miasmatiques on avait plutôt affaire à une pâleur et un état de refroidissement, donc pas indiqué pour la saignée.

Puisqu’on n’utilisait pas la saignée pour les fièvres de type malaria, est-ce que ça infirme ma réflexion sur la saignée et le taux de mortalité ? Non, je pense que ça ne change rien.

Ce qui a du se passer, c’est que les médecins qui ont inventé la nouvelle théorie ont très certainement comptabilisé des cas de fièvre humorale « classiques » dans les cas de fièvre de type malaria. Comme les tenants et les aboutissants de l’ancienne théorie étaient devenus flous pour eux, ils mélangeaient les cas de fièvre non malarienne au cas de fièvre malarienne. Par ailleurs, certaines catégories de fièvres devaient leur sembler désormais non pertinentes. Par exemple, les notions de fièvres liés à l’hystérie devaient leur sembler obsolète et ils pouvaient donc être tentés de mettre ces cas dans la catégorie fièvre paludique (pour peu que la personne ait été dans une zone supposée infestée). Les fièvres de l’été et du printemps devaient particulièrement correspondre à ce cas. Et puis, bien sûr, ils avaient intérêt à le faire pour faire la promotion de leur nouvelle théorie. Donc, dans l’ensemble des cas analysés à postériori, une grosse proportion devait être des cas de fièvre non malarienne qui avaient dû faire l’objet de saignées. Et du coup, le taux de mortalité était effectivement élevé.

Et puis, il n’y avait pas de raison qu’il y ait moins de fièvres d’autres types que malarienne dans les zones de marais qu’ailleurs (peut-être qu’il y en avait un peu moins puisque la fièvre des marais était un peu l’inverse des autres fièvres, mais ça ne devait pas diminuer énormément le nombre de cas). Du coup, après coup, on a pu prendre tous ces cas non malariens chez les habitants des zones de marais et alentour, et dire que c’était en fait du paludisme.

 

  • Conclusion

 

En ayant conscience de l’histoire de la maladie, on comprend que le paludisme vient entièrement de la médecine du passé, c’est à dire de la théorie des humeurs et de la théorie miasmatique. C’est l’ancienne théorie de la malaria (mauvais air) mais adaptée à la théorie microbienne.

Ça n’est pas un problème en soi. Mais là où ça commence à le devenir, c’est qu’on peut se dire aussi que lors de la mise au point de la théorie du paludisme, on a mélangé les cas de l’ancienne théorie relevant de la fièvre paludique et ceux relevant des autres types de fièvre.

Le problème, c’est que 20 ou 30 ans après la fin de la théorie néo-humorale, les médecins n’avaient pour la plupart plus aucune idée de ce que signifiaient vraiment les diagnostics et les symptômes décrits par les médecins de l’ancienne génération. C’était quelque chose qui leur était devenu complètement étranger. Donc, ils interprétaient les cas de l’époque pré-microbienne complètement de travers, et surtout comme ça les arrangeait.

Alors bien sûr, les médecins de l’époque différenciaient les types de fièvre. Donc, les médecins d’après pouvaient éventuellement les différencier aussi et ne pas les mettre sous la catégorie fièvre paludique. Mais comme les symptômes permettaient de mettre les maladies en question dans un peu toute et n’importe quelle catégorie, il devait y en avoir beaucoup qui étaient mises dans la catégorie fièvre de type malaria. Et puis, la plupart des cas de fièvres non malariennes se trouvant près de zones marécageuses ont dû être mises après coup dans la catégorie malaria (ie. paludisme).

Donc, grâce à ce mélange, on avait quantité d’affections qui étaient sources de fièvres ou qui pouvaient être interprétées comme des fièvres à postériori par des médecins ne comprenant plus très bien ce qu’il y avait derrière les anciennes appellations. Donc, on pouvait augmenter artificiellement le nombre de cas de paludisme.

Autre problème, dans les cas piochés dans les autres types de fièvres, la saignée et d’autres traitements mortels étaient très souvent pratiqués. Donc, en mélangeant les cas de de fièvre malarienne et non malarienne, on augmentait également artificiellement le taux de mortalité.

Enfin, dernier problème, qu’on va analyser dans la section suivante, la reprise de la théorie miasmatico/humorale entraine des illogismes. Les théories héritées ont tendance à embarquer avec elles de nombreux problèmes d’héritage.

 

Cela dit, si on veut faire une conclusion un peu plus critique on peut dire qu’on est passé d’une théorie fausse à une autre théorie fausse. On a été dans le n’importe quoi du début à la fin. On est passé de la théorie des miasmes, qui déjà n’était qu’un copier-coller assez ridicule de la théorie humorale (et qui n’avait bien sûr fait l’objet d’aucune vérification), à la théorie paludique, qui a repris l’essentiel de l’ancienne théorie tel quel, en ne cherchant pas le moins du monde à vérifier s’il y avait une réalité derrière tout ça. Donc, le paludisme est à la base surtout une construction intellectuelle.

 

 

–          La bizarrerie des anciennes localisations du paludisme

Le très gros problème de cet héritage de la théorie des humeurs et des miasmes, c’est qu’il y a incohérence entre les zones de paludisme de l’époque et de maintenant. En effet, dans les temps anciens, on parlait de paludisme dans des zones beaucoup plus au nord que maintenant. En 1931, il y en avait encore dans le milieu (Vendée, Sologne, Brenne, Puisaye, Golfe du Morbihan) et le nord de la France (Alsace, Flandre) (voir Wikipédia). Mais avant le 20ème siècle, on en avait certainement partout en France. On en retrouvait en Angleterre. Et ce même lors du petit âge glaciaire. On en trouvait même au Danemark et en Suède. C’est ce qu’on peut lire dans « Environmental Health Perspectives, Volume 109, Supplement 1 » (Mars 2001), par Paul Reiter (ici) : « Dans la seconde moitié du 19ème siècle, la malaria commença à décliner dans pratiquement toute l’Europe du nord. Le Danemark souffrait d’épidémies dévastatrices jusque dans les années 1860, particulièrement dans la campagne près de Copenhague. Mais après, la transmission a diminué et a disparu au début du 20ème siècle…. La situation fut similaire en Suède, bien que des cas isolés aient été encore rapporté jusqu’en 1939 » « En Allemagne, la transmission a aussi rapidement diminué après les années 1880. Et après la première guerre mondiale, elle était principalement confinée à quelques localités marécageuses » « En Suisse, l’essentiel des foyers ont disparu après les années 1890« .  Et ici, on parle d’épidémies carrément près du cercle polaire (tiré de Huldén L, Huldén L, & Heliövaara K (2005). Endemic malaria: an ‘indoor’ disease in northern Europe. Historical data analysed. Malaria journal) : « Quand je pense à la Finlande, normalement la malaria ne me vient pas à l’esprit. Bien que les climats nordiques aient souvent des essaims de moustiques, il est difficile d’imaginer que des infections transmises par les moustiques regagnent beaucoup de terrain durant la courte saison estivale. Et pourtant, même si ça défie l’imagination, le paludisme a prospéré dans le passé près du cercle polaire dans le nord de la Finlande, de la Suède et de la Russie. À la fin du 19ème siècle et au 20ème, le Plasmodium falciparum et le Plasmodium vivax ont provoqué des épidémies dans le nord de l’Europe« . Donc, on en retrouvait dans toute l’Europe. Il est dit aussi dans Wikipédia qu’on en trouvait en Amérique du nord.

On se demande évidemment pourquoi à l’époque, il y avait du paludisme dans des zones très septentrionales, chose qui nous parait incroyable maintenant.

Eh bien, c’est tout simplement parce que le paludisme relevait à l’époque de la théorie miasmatique. Du coup, comme on ne reliait pas le problème aux moustiques, mais aux zones marécageuses en général, on n’avait pas de limite géographique particulière concernant la localisation des zones de paludisme. Il pouvait y en avoir en France, en Angleterre, au Danemark, ou en Suède et même près du cercle arctique. On n’était pas limité aux zones marécageuses chaudes. La seule chose qu’il devait y avoir pour qu’il y ait des fièvres des marais, c’était des zones marécageuses. Comme il y en avait partout en Europe, il y avait également partout du paludisme en Europe. Tout ça était parfaitement logique dans le cadre de la théorie des miasmes.

 

–          La vraie explication de l’étrange disparition du paludisme en Europe

Ce qui nous amène à l’explication de la disparition du paludisme dans les pays à climat tempéré. Et l’analyse de cette disparition apporte son lot d’éléments intéressants. Ça met en évidence tout le coté construction théorique de la chose

On pourrait d’abord penser que c’est l’attribution du paludisme à un microbe pathogène qui a conduit à la diminution du nombre de cas de paludismes en Europe. Vis-à-vis du grand public, on aurait pu faire passer ça relativement facilement avec l’histoire de la pulvérisation d’insecticides dans ces zones-là (même si malgré ça, il reste des tas de moustiques dans ces zones-là), ainsi qu’avec l’usage des antibiotiques.

Mais surprise, la disparition ou quasi-disparition du paludisme en Europe s’est faite avant la « découverte » de la transmission par les moustiques (1897). Pour la plupart des pays, on parle de 1880-1900 comme de la période où le paludisme a disparu. Après, il y avait encore quelques zones de paludisme, et quelques petites épidémies limitées. Mais globalement, le problème était réglé.

On peut citer à nouveau (mais de façon plus compète) l’extrait de « Environmental Health Perspectives » (ici) : « Dans la seconde moitié du 19ème siècle, la malaria commença à décliner dans pratiquement toute l’Europe du nord. Le Danemark souffrait d’épidémies dévastatrices jusque dans les années 1860, particulièrement dans la campagne près de Copenhague. Mais après, la transmission a diminué et a disparu au début du 20ème siècle…. La situation fut similaire en Suède, bien que des cas isolés aient été encore rapporté jusqu’en 1939. En Angleterre, il y a eu une diminution progressive de la transmission jusqu’aux années 1880, après quoi elle a chuté abruptement et est devenu relativement rare, sauf dans une courte période après la Première Guerre mondiale … En Allemagne, la transmission a aussi rapidement diminué après les années 1880. Et après la première guerre mondiale, elle était principalement confinée à quelques localités marécageuses. La dernière épidémie de paludisme transmis localement à Paris est survenue en 1865 lors de la construction des Grands Boulevards et la maladie avait pratiquement disparu du reste de la France au tournant du siècle …. En Suisse, l’essentiel des foyers ont disparu après les années 1890« 

Donc, tout ça s’est passé 50 ans avant la possibilité d’épandages massifs d’insecticide et l’utilisation des antibiotiques. La fin du paludisme ne peut donc pas être reliée à la lutte contre les moustiques et la réduction du nombre de cas via l’utilisation d’antibiotiques.

Et ça c’est même passé essentiellement avant la mise au point de la théorie finale du paludisme, puisque l’idée que le moustique était le vecteur n’a été « prouvée » qu’en 1897. Donc, on ne peut même pas se dire qu’avec la théorie microbienne, on n’a reconnu comme étant du paludisme qu’un nombre limité de cas. Déjà, on reprenait en grande partie l’existant concernant les symptômes ; en en ajoutant même quelques-uns. Et puis, avec le vecteur qu’était le moustique, on pouvait difficilement dire que le nombre de cas était faible. Au moins dans un premier temps, la théorie microbienne + moustiques ne conduisaient pas vraiment à limiter – même artificiellement – le nombre de cas.

Du coup, on est surpris et évidemment, on est amené à se demander ce qui a entrainé la disparition du paludisme en Europe. On se demande comment les autorités médicales de l’époque ont pu justifier la chose.

En analysant l’histoire il y a trois éléments qui semblent clairement à l’origine de cette disparition : 1° l’influence très importante de la théorie hygiéniste, qui se basait sur la théorie des miasmes ; 2° la fin de la théorie néo-humorale ainsi que celle des miasmes ; 3° ce qui s’est accompagné de la fin de la saignée.

Durant le 19ème siècle, il y a eu rapidement une très forte montée en puissance des hygiénistes. Et ces hygiénistes ce basaient sur la théorie miasmatique. Ça n’était donc pas une théorie révolutionnaire, loin de là, puisque la théorie des miasmes existait depuis l’antiquité et dérivait totalement de la théorie humorale. En fait, la théorie des miasmes ne devait pas être aussi importante avant qu’elle ne l’a été à cette époque. Elle existait, et était influente, mais elle était au second plan. Avec les hygiénistes, il semble qu’elle a été mise sur le devant de la scène.

En accord avec la théorie des miasmes, qui affirmait que c’était l’air vicié le problème, les hygiénistes ont préconisé l’air sain. C’est avec cette théorie que sont nés les sanatoriums, qui étaient situés dans des endroits avec de l’air supposé pur (mer, montagne), qui étaient les plus propres possibles, et qui avaient de large fenêtres pour laisser y entrer l’air sain. C’est aussi cette théorie qui a poussé à la construction de systèmes d’égouts dans les grandes villes, ainsi qu’à l’élargissement des rues. Là encore, pour lutter contre l’air vicié. Enfin, pour le cas qui nous concerne ici, cette théorie a poussé à l’assèchement des zones marécageuses, toujours pour supprimer des zones où l’air était considéré comme malsain.

Comme dit plus haut, rapidement, ces hygiénistes ont eu une grande influence ; non seulement sur la médecine du 19ème siècle, mais aussi sur la politique. Des travaux gigantesques ont été menés sous l’influence de cette doctrine.

Et du coup, on comprend comment ils ont pu participer à la fin du paludisme en occident.

Déjà, c’était normal de voir moins de cas, puisqu’a priori, les zones étaient devenues saines (du point de vue de la théorie hygiéniste). Donc, comme il n’y avait plus de zone à risque, il ne pouvait plus y avoir de malaria.

Et puis, avec tous les travaux d’assainissement des eaux des villes, d’assèchement des zones marécageuses, ainsi que toutes les préconisations concernant les mesures d’aération des bâtiments, etc…, engagés par les politiciens sur la base des idées des hygiénistes, il fallait bien avoir des résultats. Il fallait justifier les sommes gigantesques engagées dans ces travaux. Il fallait donc que le paludisme soit éradiqué d’Europe. Du coup, on a du se mettre à voir moins de cas. Les grands pontes de la politique et de la médecine ont dû déclarer que la maladie était de moins en moins présente. Et les médecins de base ont suivi. Ca a dû se passer aussi via la formation des jeunes docteurs dans les universités. Leurs professeurs leur ont dit que la malaria était désormais en forte régression. Et ensuite, une fois devenus docteurs, ils ont considéré que les cas fièvres, diarrhées, céphalées, etc.., qu’ils voyaient dans les « anciennes » zones marécageuses n’étaient pas de la malaria.

Ce qui laisse à penser qu’il y a eu en partie une volonté politique (et une volonté des autorités médicales, bien sûr) de déclarer éradiqué le paludisme, c’est que même du point de vue hygiéniste, la disparition de la malaria ne colle pas si bien que ça. En effet, beaucoup de marais étaient transformés en étangs. Or, les étangs étaient considérés eux-aussi comme des zones miasmatiques. Et puis, il restait dans beaucoup  d’endroits non palustres des zones miasmatiques. Donc, il n’y avait pas tant de raisons que ça que la malaria ait disparu. Et si on a pu déclarer le problème quasiment réglé à la fin du 19ème siècle, c’est probablement que la politique s’en est mêlée.

L’autre grand élément qui a entrainé la fin du paludisme, c’est la fin de la théorie néo-humorale et plus ou moins conséquemment, de la théorie miasmatique. Et avec ces théories, la fin de la saignée. Tout ça a commencé à être abandonné vers les années 1870, c’est-à-dire exactement au moment où le paludisme devenait anecdotique en Europe.

Déjà, avec l’abandon de ces deux théories, on a moins vu de cas. L’univers théorique étant devenu totalement différent, on a moins été tenté de voir des fièvres partout, ou de mettre sous le terme de malaria, des affections qui n’avaient rien à voir. Le terme malaria n’avait lui-même plus aucun sens, puisque l’idée que le mauvais air était responsable de maladie n’existait plus. Donc, on n’attribuait plus au mauvais air la responsabilité de maladies. Et comme la malaria, c’était une maladie du mauvais air, forcément, le nombre de cas devait s’effondrer. Bien sûr, la maladie pouvait se survivre en partie, mais elle était tout de même fortement entamée.

Mais surtout, avec l’abandon de la saignée, on a tué beaucoup moins de monde. Et en l’absence de traitement efficace, on a été obligé de dire que l’effondrement du nombre de morts venait de l’effondrement du nombre de cas. Du coup, on a été un peu obligé de dire que le paludisme avait été éradiqué. Donc, on a un peu abandonné la maladie, pour la faire prospérer ailleurs, dans les pays tropicaux.

La décision politique de déclarer éradiquée la malaria a dû être l’élément principal de la soi-disante éradication. Mais la fin des théories humorales et miasmatiques ainsi que celle de la saignée ont très fortement aidé.

 

Pour aller au-delà du 19ème siècle, ce qui laisse à penser qu’il y a eu volonté politique de mettre fin artificiellement au paludisme, c’est le fait que la maladie ait disparu après la mise au point de la théorie microbienne. Parce qu’il restait quand même des cas par-ci par-là en Europe. En Espagne, par exemple, il y avait encore 1000 morts par an en 1930. Donc, il devait y avoir largement plus de cas (entre 30.000 ou 100.000). Et avec la théorie microbienne et la théorie de la transmission par le moustique, difficile quand même de justifier la disparition totale de la maladie. Donc, on a du faire en sorte d’en terminer avec cette maladie de façon artificielle, en bidonnant le truc. Ce qui a dû pousser à faire ça, c’est le fait que dire que la maladie était microbienne et encore plus, qu’elle était transmise par les moustiques. Ca représentait un danger important. Les gens auraient fini par se demander pourquoi ça ne se développait pas plus. Donc, il fallait en terminer avec la maladie dans les pays riches. Il fallait la reléguer dans des pays pauvres et éloignés. Là, personne ne se poserait de question sur le pourquoi du comment. En partant loin, chez ce qui était considéré comme des « primitifs », plus personne ne se poserait de question.

 

Au passage, le paludisme a reçu une forte validation grâce au fait que la période des grands travaux d’assèchement des zones marécageuses et de réalisation d’égouts a correspondu à celle de la fin du paludisme en Europe. En effet, si la mortalité et éventuellement le nombre cas baissaient quand on faisait disparaitre les marais, c’est bien que le paludisme était une maladie réelle. Si on a réussi à le faire disparaitre, c’est forcément que ça existait. Ça donne une espèce de preuve inversée. Evidemment, on ne se dit à aucun moment que si ça a disparu, c’est peut-être que ça n’avait jamais existé. Donc, les hygiénistes ont participé à renforcer la crédibilité de cette maladie. Bien sûr, la médecine officielle aurait de toute façon continué à en soutenir l’existence. Mais ça a quand même aidé.

 

 

–          Le problème logique engendré par toutes ces évolutions théoriques

Donc, cet abandon du paludisme en Europe s’est fait dans le cadre de l’hygiénisme, de l’abandon des théories néo-humorales et miasmatiques, et de l’abandon de la saignée.

Mais du coup, problème : juste au moment où on déclare le paludisme plus ou moins éradiqué en Europe, arrive la théorie de la contagion microbienne du paludisme via les moustiques. Et d’un seul coup, la quasi éradication du paludisme devient complètement illogique. Parce que des moustiques, il y en a partout. Il y en a jusque dans la zone arctique. Et en plus, les zones de marais ont été transformées très souvent en simples étangs, des zones où il y a encore des tas de moustiques. Donc, s’il y avait du paludisme partout en Europe avant, il n’y a aucune raison qu’il n’y en ait plus eu à ce moment-là. Et on ne peut pas dire que le vecteur n’est pas présent en Europe. Un certain nombre d’anophèles vecteurs du plasmodium y sont présents. Par exemple, l’anophèle atroparvus et l’anophèle messae sont présents partout en France.

Or, l’orthodoxie médicale s’est sentie obligée de garder l’existant. En 1900, difficile de revenir sur les succès de l’hygiénisme et de dire qu’en fait, il y a toujours autant de paludisme. Et bien sûr, difficile aussi de dire qu’il n’y avait jamais vraiment eu de paludisme.

Donc, comment faire ? Eh bien, l’orthodoxie a repris les arguments des hygiénistes en les adaptant à la théorie de la contagion par les moustiques. On a dit que les grands travaux d’assèchement des marais avaient permis leur éradication.

C’est ce qu’on peut trouver sur Wikipédia :

« Jusqu’au XIXe siècle, des épidémies de paludisme pouvaient se produire jusque dans le nord de l’Europe. La régression du paludisme en Europe est principalement due à l’assèchement des marais et au drainage des zones humides.

La disparition du paludisme en France a étonné les chercheurs à tel point qu’on a pu parler à ce propos de disparition spontanée, voire de disparition mystérieuse. Il semblerait que cette disparition ait eu de multiples causes. Dans des régions comme la Sologne par exemple, diverses innovations agronomiques portant notamment sur les pratiques culturales ont pu à cet égard jouer un rôle appréciable en cumulant chacune leur effet. La maladie a commencé à régresser, comme ailleurs en Europe, avant l’utilisation de la quinine, qui fut d’ailleurs employée au début de façon inappropriée, trop tardivement ou en doses trop faibles.« 

Le problème, c’est que les marais ont été transformés en partie en étangs, où les moustiques pullulent. Et surtout, de nos jours, il y a encore des moustiques à peu près partout. Même en ville, impossible d’y échapper. Et cet illogisme dure toujours, puisqu’il n’y a toujours pas de raison qu’il n’y ait plus de paludisme en Europe ou en Amérique du nord alors qu’il y en avait avant.

D’ailleurs, dans le papier de Chantal Beauchamp sur la disparition du paludisme (fièvres d’hier, paludisme d’aujourd’hui. Vie et mort d’une maladie), on trouve :

« En France, dans trois régions réputées à juste titre paludéennes parce que palustres – la Brenne, la Sologne, les Dombes – la politique d’assainissement ne fut que temporaire (les Dombes), très partielle (la Sologne) ou inexistante (la Brenne).En dépit de quoi le paludisme disparut de ces zones entre 1880 et 1890. Cet assainissement, limité ou nul, n’a pratiquement pas atteint la population anophélienne dont la densité est analogue aujourd’hui à ce qu’elle pouvait être au milieu du 19ème siècle quand sévissait la malaria. Dans certains cas même, les étangs et les marais sont plus étendus qu’au siècle dernier, et l’anophélisme y serait encore plus répandu ; ainsi en est-il le long des bras morts du Rhin et le long du cours de l’Ill en Alsace. Même remarque en ce qui concerne le Languedoc où, en dépit de la progression des rizières et de l’extension des gîtes larvaires à partir de 1914, on ne remarque pas d’extension du paludisme autochtone.« 

On a dit aussi que l’extension de l’élevage avait permis de faire en sorte que les moustiques s’attaquent surtout au bétail et pas aux humains. Alors que les humains se font piquer très régulièrement et que dans les zones d’élevage, il y a justement peu d’humains.

Par ailleurs, encore une fois dans l’article de Chantal Beauchamp, on trouve :

« Autre paradoxe : en Sologne, la disparition de la maladie va de pair avec l’effondrement du cheptel ovin dans la seconde moitié du 19ème siècle, sans que les bœufs viennent remplacer les moutons. D’autres exemples pourraient être donnés, soit de maintien du paludisme dans des zones où le bétail est fort nombreux, soit de disparition de la maladie là où il est peu important, ou bien là où on ne décèle aucune modification dans son mode d’élevage. Face aux impasses successives auxquelles mène l’hypothèse de la déviation animale, les spécialistes préfèrent aujourd’hui la rejeter en bloc.« 

Donc, cette théorie n’est désormais plus considérée comme valide par les spécialistes. Mais c’est manifestement encore utilisé dans les articles à destinations du grand public. Comme on n’a aucun argument solide pour justifier la fin du paludisme en Europe, on ne va pas jeter celui-ci à la poubelle, alors qu’il peut faire sa petite impression sur les personnes qui ne sont pas au fait des discussions entre spécialistes.

Et en fait, quand on lit l’article de Chantal Beauchamp, aucune hypothèse officielle ne semble tenir la route. D’ailleurs, il semble qu’en pointillé, elle conclue que la malaria n’était finalement qu’une construction sociologique de l’époque ; et que quand l’avis des gens a commencé à évoluer vis-à-vis des zones marécageuses, grâce aux quelques travaux d’assainissement qui y avait été effectués (donc bien insuffisants pour obtenir quelque résultat que ce soit), l’opinion des gens a évolué aussi. Ce qui a entrainé qu’on n’a plus considéré qu’ils avaient la malaria. Analyse qui va très loin, puisque si on veut aller au bout du raisonnement, ça signifie tout simplement que la malaria était une maladie complètement bidon, une simple vue de l’esprit. Bien sûr, n’étant pas une dissidente de la médecine, et écrivant en 1988, elle n’allait pas jusque-là. Mais c’était clairement inscrit en filigrane dans l’article (démontage en règle des explications officielles, pas convaincue au final par la thèse officielle, proposition d’une explication purement sociologique).

D’ailleurs, dans l’extrait de Wikipédia cité plus haut, on note que la disparition du paludisme en France a étonné les chercheurs. Ils ont parlé de disparition spontanée, voire mystérieuse.

Au final, l’illogisme demeure. Cette disparition du paludisme en Europe ou en Amérique n’a aucun sens avec la théorie conjointe du microbe et du moustique. Et comme tout ça continue à ne pas tenir la route, les chercheurs n’insistent pas trop sur le sujet. Ils passent rapidement dessus (quand ils s’adressent au grand public).

Et bien sûr, si ça a disparu alors qu’il n’y avait aucune raison que ça le fasse (vu qu’on n’a pas fait disparaitre la bonne cause), c’est que ça n’a jamais existé. C’était imaginé ou provoqué par la médecine.

Heureusement pour l’orthodoxie, comme les pays tropicaux n’étaient pas encore concernés par les grands travaux initiés par les hygiénistes, il y avait théoriquement toujours un énorme réservoir de cas dans ces pays. Il a suffi de reprendre là encore les explications de la théorie hygiéniste en les adaptant à la théorie microbienne (donc dire que les travaux d’assèchement des zones humides n’ayant pas été faits dans les pays tropicaux, le moustique a continué à prospérer). Du coup, la maladie a retrouvé en quelque sorte une seconde jeunesse grâce aux ces pays-là. Enfin, « en quelque sorte », parce qu’on parlait déjà de paludisme dans les pays tropicaux avant la fin du paludisme en Occident. Disons qu’il a survécu dans ces pays-là.

 

–          Explication de quelques bizarreries et détails

 

Avant la théorie microbienne, on disait que les marais étaient la source de beaucoup d’autres maladies que la malaria. C’était censé causer la fièvre jaune, la peste, le typhus, et plein d’autres maladies. Mais, surprise, une fois les théories humorales et miasmatiques remises en cause, on n’a plus entendu parler de ces maladies à l’endroit des marais. Elles ont disparu comme par enchantement. Donc, problème, pourquoi toutes ces maladies ont disparu d’un seul coup ?

Eh bien, c’est parce que personne n’est venu les sauver. Et du coup, ces maladies ont sombré dans l’oubli, comme l’aurait probablement fait la malaria si Laveran n’était pas venu la repêcher.

Et si on n’a pas sauvé ces maladies, c’est parce qu’en sauver qu’une, ça pouvait se faire. Mais en sauver 25, ça l’aurait foutu mal quand même.

Donc, comme on ne pouvait pas lier toutes ces maladies aux marais, on les a sacrifiées. Et du coup, on est devenu discret sur la chose. On a tu le fait qu’avant, on attribuait aux marais un peu tout et n’importe quoi. Eh oui, parce que si on ne le taisait pas, les gens se diraient qu’on délirait fortement à l’époque sur les zones de marais. Et du coup, ils pourraient se dire qu’on délirait aussi fortement sur la malaria.

Et puis on verrait qu’on les a sacrifiées, et la petite cuisine interne des théoriciens médicaux apparaitrait. Bien sûr, ils peuvent justifier ça a posteriori en disant que c’était juste des absurdités des anciennes théories humorales et miasmatiques et qu’il était normal de mettre ces maladie à la poubelle. Mais quand même, ça révélerait la petite cuisine interne. Et puis, les gens pourraient se poser des questions du genre « pourquoi ces maladies et pas le paludisme ? ». Surtout que ça pourrait révéler que l’ancienne théorie de la malaria n’était pas crédible. Or, c’est sur elle que repose la nouvelle. Et on préfère ne pas trop mettre en avant que l’ancienne théorie sur laquelle repose la nouvelle relevait de la pure construction intellectuelle, et des croyances les plus arriérées. Donc, on évite d’en parler, et on évite ainsi les questions gênantes. Et puis, d’une façon générale, dans les sciences, on n’aime pas dévoiler trop les petits arrangements théoriques au grand public.

 

Deuxième bizarrerie. On a vu plus haut qu’on met en avant les symptômes de fièvre, de céphalées, de diarrhées, etc.., au détriment de l’anémie et de la jaunisse, qui devraient pourtant être les symptômes phares du paludisme. Grâce à l’histoire de la maladie, on comprend pourquoi.

On avait besoin des autres cas de fièvre (donc non malariennes) pour donner de la consistance à la maladie, au niveau du nombre de cas et de la mortalité. Seulement, les autres cas étaient plutôt associés à la montée en température, ainsi qu’aux diarrhées, céphalées, etc… Donc, en reprenant les autres cas, on se devait de reprendre ces symptômes pour le paludisme. Et comme ces cas étaient les plus nombreux, on a plutôt mis en avant les symptômes qui y étaient associés que ceux qui l’étaient à la malaria.

Par ailleurs, vu qu’on parlait de fièvres (fièvre des marais), et que commençait à s’imposer l’idée qu’une fièvre impliquait une montée en température, il fallait que le symptôme le plus mis en avant soit la montée en température.

Une fois passé à la théorie moderne du paludisme, on était obligé de continuer à reprendre les symptômes de fièvre, céphalées, diarrhées, etc… On ne pouvait pas les avoir utilisés pour dire que le nombre de cas dans le passé avait été très important, et ne plus les utiliser après. Mais en plus, il y a deux éléments qui ont rendu difficile la mise en avant de la jaunisse et de l’anémie dans les temps modernes.

Le problème, c’est que des cas de jaunisse, il n’y en a pas beaucoup de nos jours, contrairement aux cas de céphalées, de diarrhées, et de fièvres. Donc, si on veut avoir une maladie répandue, difficile de se reposer sur ce symptôme. Il doit forcément être mis au second plan au profit d’autres symptômes qui représentent des cas beaucoup plus nombreux. Du côté de l’anémie, le problème est que son identification se fait via des examens couteux pour des pays pauvres comme le sont les pays africains. En effet, la définition de l’anémie n’est plus un simple manque d’énergie, mais le fait qu’il y a une diminution de la concentration de l’hémoglobine dans les globules rouges, ou diminution de la quantité des globules rouges. On ne peut pas estimer l’anémie simplement en constatant que la personne est faible et apathique.

Donc, on préfère se baser sur des cas beaucoup plus nombreux et dont les symptômes cliniques sont faciles à constater, ce qui est le cas des symptômes de fièvre, de diarrhée, de céphalées, etc…

 

Avec la connaissance de l’histoire de la maladie, on comprend aussi pourquoi les pionniers de la nouvelle théorie ont visé les globules rouges comme étant les cellules infectées par le plasmodium. On avait très probablement compris à l’époque que l’anémie venait d’un problème de globules rouges, et que la jaunisse aussi (Virchow a découvert la bilirubine en 1849 et Stadeler a inventé le terme en 1867). Or, les habitants des marais étaient censés avoir le teint jaune (donc tendant vers la jaunisse) et à être de caractère apathique (donc anémiques). Donc, la description moderne des causes de la jaunisse et de l’anémie correspondait bien avec les symptômes décrits dans l’ancienne théorie de la malaria. Par ailleurs, dans la théorie humorale de la malaria, le sang devait avoir une place importante. En reprenant une partie importante de l’ancienne théorie (le rôle du sang), on assurait une transition harmonieuse avec la nouvelle. Ça avait ainsi plus de chance d’être accepté par les autorités médicales. Donc, considérer que la cause de la maladie se situait dans le sang, et plus particulièrement dans les globules rouges, s’imposait presque.

Alors, peut-être que Laveran a pensé à ça de bonne foi. Peut-être qu’il s’est simplement dit que le sang, et particulièrement les globules rouges, était un bon candidat comme cause de la malaria. Seulement, peut-être que les choses ne se sont pas passé de façon aussi innocente. Peut-être que Laveran était un aventurier, qu’il était parfaitement conscient de la problématique évoquée dans le paragraphe précédent, et qu’il s’est dit que viser les globules rouges assurerait à sa théorie le succès. Donc, il aurait délibérément choisi de retenir les globules rouges, en dehors de toute considération scientifique, pour optimiser les chances d’acceptation de sa théorie.

 

Une réflexion sur « Le paludisme n’est pas une maladie microbienne (partie 1/3) »

  1. Bonjour,

    Il faut croire que je n’ai rien de mieux à faire que de m’insurger sur des blogs mais allons-y. Je suis étudiante en 6ème année pharmacie (en train d’essayer de passer l’internat) et j’espère que ma contribution pourra vous aider.

    « Ces autres symptômes permettent de faire correspondre la maladie aux problèmes occasionnés par les médicaments. Comme les antibiotiques entrainent des problèmes de diarrhées, vomissements, nausées et jaunisse, on ajoute ça aux symptômes du paludisme. »

    J’avoue ne pas bien comprendre, vous pensez que le palu est en fait provoqué par les médicaments ? On peut tout à fait développer ces symptômes sans prendre de médicaments, seulement à cause du palu hein.

    « Par ailleurs, surprise, dans les pays concernés, ça ne concerne essentiellement que les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. »

    Cela s’explique simplement par le fait que les populations des zones d’endémie sont en contact permanent avec le Plasmodium. La mortalité touche surtout les enfants, plus fragiles et non « immunisés » si je puis dire. La population des pays impaludés est en contact récurrent avec le parasité et la plupart porte une ou plusieurs des trois formes de Plasmodium récurrents (vivax, malariae ou ovale). En clair, en grandissant les « survivants » seront plus résistants à la maladie.

    « Alors, il y a les femmes enceintes. Mais les conséquences ne sont que très rarement la mort de la femme enceinte, mais essentiellement des fausses couches. Seulement, là encore, en Afrique, que des femmes fassent des fausses couches n’a rien d’extraordinaire. D’autant plus que beaucoup d’avortements peuvent être maquillés en fausse couche, afin de ne pas subir les foudres de la religion locale. »

    Ben sauf que palu + fausse couche = fausse couche induite par palu. Ici j’imagine qu’on ne parle pas de toutes les fausses couches mais de celle imputée au palu.

    « Dans des pays pauvres et tropicaux, il n’y a rien d’étonnant à ce que des enfants meurent suite à des fièvres. Les problèmes de santé des enfants vont très souvent commencer par ce symptôme (et c’est d’ailleurs vrai pour le monde entier). »

    Ben pas n’importe lesquels non plus. La fièvre est un signe d’infection. Donc oui, il y a beaucoup d’infections dans ces pays, parce qu’il y a entre autre beaucoup de palu. On se mord un peu la queue là.

    « En 2009, on avait donc 225 millions de personnes nouvellement touchées (cas cliniques), mais seulement 781.000 morts. Soit un taux de mortalité de seulement 0,34 %. Pour les enfants, le taux de mortalité doit plutôt être dans les environs de 0,64 %, compte tenu de leur importance dans la pyramide des âges et du fait qu’ils représentent 86 % des morts. Donc, entre 99,6 % (les adultes) et 99,3 % (les enfants) des personnes touchées survivent.
    Or, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, la mort est la seule chose qui peut apporter de la consistance à la maladie. Sans ça, vu la non spécificité des symptômes, et le fait que ça touche surtout les enfants, ça n’en a aucune.
    En 2009, on avait donc 225 millions de personnes nouvellement touchées (cas cliniques), mais seulement 781.000 morts. Soit un taux de mortalité de seulement 0,34 %. Pour les enfants, le taux de mortalité doit plutôt être dans les environs de 0,64 %, compte tenu de leur importance dans la pyramide des âges et du fait qu’ils représentent 86 % des morts. Donc, entre 99,6 % (les adultes) et 99,3 % (les enfants) des personnes touchées survivent.
    Or, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, la mort est la seule chose qui peut apporter de la consistance à la maladie. Sans ça, vu la non spécificité des symptômes, et le fait que ça touche surtout les enfants, ça n’en a aucune. »

    Pour rappel (j’imagine que vous le savez, vous n’aurez pas écrit 3 articles sur le palu sinon… j’espère…), il y a 4 formes de palu :

    -Plasmodium falsiparum : il est le SEUL responsable de l’accès palustre mortel.
    -P. vivax, ovale, malaria : responsables d’accès récurrents mais NON MORTELS.

    J’imagine donc que les statistiques prennent en compte les 4 formes de palu. Dans les pays impaludés, la majorité des gens sont porteurs d’une ou plusieurs des trois formes récurrents. Ce qui explique que beaucoup de gens sont touchés mais que peu meurent (car seuls les infectés par le falsiparum sont susceptibles de développer un accès mortel).

    « Pour mémoire, dans les pays africains, il y avait un taux de mortalité infantile (avant un an) de 7,9 % en 2010. »

    Encore une fois ce raisonnement se mord la queue. J’imagine que la prévalence du palu a un impact sur la mortalité infantile. Il aurait fallu sortir des chiffres « mortalité infantile en dehors du palu. »

    De plus, les enfants sont plus touchés par les formes falsiparum et donc la mortalité est plus forte pour eux. On ne peut pas comparer les populations adultes/enfants sur ce volet-là.

    « jaunisse »

    Bon si vous voulez avoir l’air de comprendre ce que vous racontez, utilisez le mot « ictère » qui fait tout de suite plus « je connais un peu la médecine ». Manifestement vu comment vous en parlez, vous avez une vague idée de ce que c’est. C’est loin d’être un symptôme bénin/non spécifique…

    « Déjà, première incohérence, le paludisme est circonscrit aux pays tropicaux. Hors, il y a des moustiques jusqu’au Groenland. »

    Sauf qu’il ne s’agit pas de n’importe quel moustique mais de l’Anophèle qui a besoin de certaines conditions de vie, qui sont celles des pays impaludés donc.

    J’avoue ne pas savoir que le palu était présent en Europe avant. Il doit y avoir une explication, j’ai recherché vite fait et apparemment on ne sait pas trop – oui il y a encore des lacunes dans la science, ça ne veut pas dire que le palu n’existe pas…

    « Dans l’extrait de Wikipédia, on aura noté que le paludisme touche surtout les populations rurales, alors que la dengue touche surtout les populations urbaines. Pourtant, les deux sont transmis via des moustiques. Donc ça n’a aucun sens. Il n’y a aucune raison que l’un soit plus présent dans telle zone que l’autre. »

    Sauf que ce n’est pas les mêmes moustiques ? Encore une fois je ne suis pas spécialiste en insecte mais j’imagine que les deux types de moustiques (Anophèle et Aedes) n’ont pas exactement les mêmes conditions de développement. D’après mes souvenirs de parasito, Anophèle aime bien les endroits humides par exemple.

    « Il n’y a que certains moustiques, les anophèles (et seulement certains d’entre eux), qui transmettent le plasmodium. Ça fait un peu trop limitation ad hoc pour expliquer qu’on ne trouve pas du paludisme partout. Sauf qu’il n’y a aucune raison que ça ne se transmette pas par d’autres types de moustiques. On ne voit pas pourquoi le plasmodium ne serait pas capable de s’adapter. Il serait capable de s’adapter à un organisme totalement différent de celui d’un moustique, à savoir le corps humain. Mais il ne serait pas capable de s’adapter à un organisme extrêmement similaire, à savoir celui d’un autre moustique ? Ça n’est clairement pas crédible. »

    C’est le principe d’un parasite à deux hôtes ou hétéroxène. C’est loin d’être le seul dans ce cas, je pense notamment à Leishmania. Quand la science sera capable de dire « pourquoi et pas autrement » on sera content je pense…

    « Donc, un médecin spécialiste des maladies tropicales conseille de ne pas prendre de traitement préventif pour un séjour de carrément 2 ou 3 mois en zone à risque. Ce qui veut dire que la plupart des touristes en question n’attrapent effectivement rien. Pourtant, en 3 mois, on a tout le temps de se faire piquer par un moustique infecté. Mais non, pas de problème. »

    Bizarre. J’ai des amis qui sont parti 3 mois au Burkina Faso pour un stage et ils ont tous été sous traitement préventif. J’avoue ne pas être bien calé sur le sujet, je demanderai à ma prof de parasito la prochaine fois.

    Parce que il me semble qu’elle nous avait dit que justement, pour les touristes il valait mieux prendre un traitement anti-palu en préventif parce que le fait de n’être pas immunisé rendait plus forte la probabilité de faire un accès palustre.

    « Par ailleurs, si c’était un problème de destruction de cellules sanguines, on ne voit pas ce que viendrait faire la fièvre ou la diarrhée la dedans. Ni les céphalées. Pour ces dernières, d’accord, la destruction des globules rouges est censée entrainer la formation de caillots qui vont se bloquer dans le crane. Mais la plupart du temps, un caillot n’entraine pas de douleur. Et si ça le faisait, ça serait très localisé. Alors que là, on doit parler de céphalées classiques, donc dans tout le crane. »

    La fièvre est dû à la libération d’un pigment, l’hémozoïne – celui-ci vient de l’hémoglobine humaine qui est transformée par le parasite car toxique pour lui. Lors de la lyse des hémacies, l’hémozoïne est libérée, et (souvenir de cours, à vérifier) va stimuler l’hypothalamus et provoquer les accès de fièvre. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a des accès de fièvre cycliques, qui correspondent à des « pics » de lyse des globules rouges.

    Les céphalées sont dûes à une ischémie cérébrale, probablement à cause de l’anémie (causant donc une diminution de l’apport en oxygène au cerveau).

    Les troubles digestifs, je me souviens plus, mais il y avait une explication aussi.

    « Il y aurait des résistances aux médicaments. Mais comme par hasard, c’est toujours seulement une partie des plasmodiums qui sont résistants. Ce qu’il y a c’est que si tous les plasmodiums étaient résistants, on aurait une recrudescence énorme du paludisme sur toute la planète. Seulement, avec les conditions de vie qu’il y a dans les pays riches, la mortalité est très faible. Et comme la maladie est bidon, ça ne suivrait pas au niveau épidémiologique. Donc, on est obligé de dire que la résistance est partielle. Le problème, c’est que depuis le temps, la résistance devrait être totale ou au moins très importante. Là, la résistance est bloquée à environ 20 ou 30 % depuis environs 20 ou 30 ans (un pourcentage moins important, ça ne fait pas peur, et un plus important, ça conduit à se demander pourquoi ça ne se répand pas davantage). Et pour un esprit un minimum critique, forcément, cette absence d’évolution semble très louche. »

    La résistance est une variation génétique qui ne se répand pas de façon magique à toute la population. Ca n’est pas du tout dû au hasard. D’ailleurs ces résistances ont une répartition géographique.

    Certaines bactéries sont résistantes à certains antibiotiques mais ce n’est pas le cas de toutes, c’est juste pour certaines souches qui se sont adaptées (ex SARM).

    Ensuite votre pourcentage tiré du chapeau je vois pas d’où il vient. Moi dans mes cours j’ai dû au contraire actualisé un peu au cours des années car certains pays passaient du groupe 2 au groupe 3 des résistance par exemple. Donc évolution il y a. (en plus on parle de la chloroquine là, pas de tous les antipaludéens).

    Pour tout le reste, je suis pas une historienne de la médecine. Je peux simplement incliner à penser que les méthodes de diagnostic se sont affinées au cours du temps et qu’on peut maintenant attribuer avec une relative certitude un diagnostic de palu, alors qu’avant en effet on avait « une fièvre » et puis voilà. On peut rapprocher cela de la maladie d’Alzheimer qui semble augmenter, alors qu’il faut prendre en compte un meilleur diagnostic de la maladie.

    « Donc, le paludisme est à la base surtout une construction intellectuelle. »

    Mince quoi, on a un parasite donc le cycle peut expliquer les symptômes. Je vois pas ce qu’il faut de plus.

    « Deuxième bizarrerie. On a vu plus haut qu’on met en avant les symptômes de fièvre, de céphalées, de diarrhées, etc.., au détriment de l’anémie et de la jaunisse, qui devraient pourtant être les symptômes phares du paludisme. Grâce à l’histoire de la maladie, on comprend pourquoi. »

    Ben c’est surtout qu’une anémie, sans NFS c’est dur à diagnostiquer alors que si le patient est brûlant et répand ses tripes sur le sol, ça saute tout de suite aux yeux… Pareil l’ictère est surtout biologique plus que clinique.

    « Le problème, c’est que des cas de jaunisse, il n’y en a pas beaucoup de nos jours, »

    Euh si…. Les hépatites ça vous dit rien ?

    « Donc, on préfère se baser sur des cas beaucoup plus nombreux et dont les symptômes cliniques sont faciles à constater, ce qui est le cas des symptômes de fièvre, de diarrhée, de céphalées, etc… »

    On parle de tableau clinique pour une raison. On ne balance pas le diagnostic de palu à tout va comme vous semblez le suggérer. Il intervient suite à un contexte + association de symtômes précis.

    Bref.

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