Le danger des herbes médicinales. Par Herbert Shelton

J’avais évoqué Herbert Shelton concernant les médicaments faits à partir de plantes. Voici un des ses articles concernant l’utilisation des herbes médicinales, où il affirme que les herbes médicinales, de la même façon que les médicaments obtenus à partir de plantes, sont néfastes.
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Est-ce que les herbes médicinales sont des remèdes ? Par Herbert Shelton

On a entretenu l’idée que la phytothérapie est la méthode de traitement des malades la plus ancienne connue, qu’elle remonte à la nuit des temps et que l’homme primitif se tournait instinctivement vers les plantes quand il tombait malade. On affirme même que les animaux malades se tournent eux aussi instinctivement vers les plantes pour s’en servir comme médicaments. En effet, certains de ces animaux sont doués d’une remarquable sagesse pharmaceutique. Les plantes sont considérées comme « des médicaments naturels », comme pour dire que les plantes sont plus naturelles que les animaux ou les minéraux.

Je déclare sans hésitation tout cela reste un sujet de délires et d’illusions. La théorie selon laquelle les herbes ont constitué pour l’homme le premier moyen de prendre soin des malades n’est pas justifiée par l’histoire. En effet, la première utilisation des herbes pour le soin des malades s’est réalisée dans le cadre d’une pratique cérémonielle. Les herbes n’étaient pas administrées au patient, mais étaient employées comme faisant partie de la magie de la cérémonie sans penser qu’elles possédaient quelque vertus de guérison que ce soit. Des siècles se sont écoulés après le début de l’utilisation cérémonielle des plantes et autres substances, avant que quelqu’un ne conçoive l’idée que les herbes avaient elles-mêmes le pouvoir de rétablir la santé (étaient les « mains des dieux »). Leur emploi en tant que médicaments a alors commencé.

Il est également à noter que, pendant la longue période où elles ont été utilisées rituellement, elles n’ont jamais été données à ingérer. C’est une grave erreur de supposer qu’un poison végétal ne peut pas être aussi mauvais qu’un poison minéral. En effet, un certain nombre d’entre eux sont plus virulents que n’importe quel minéral connu. Maintenant, il est à noter que toutes les herbes considérées comme étant des médicaments, celles qui occasionnent un soi-disant « effet physiologique », sont toxiques. Certaines d’entre elles sont légèrement toxiques, d’autres sont extrêmement virulentes.

Comme exemple de leur herbe médicinale la moins toxique, considérons la rhubarbe. Les médecins et les herboristes ont l’habitude de prescrire la rhubarbe comme laxatif. En effet, ils ont créé une teinture de rhubarbe qu’ils ont employé comme purgatif. Comme pilule, la rhubarbe a été considérée comme « la forme de médicament qui agit de la façon la plus douce et progressive », tandis que la teinture a été jugée « la plus immédiate dans son action. » Cette herbe a été employée comme « remède » domestique contre la constipation. Un célèbre médecin britannique du siècle passé, a déclaré: « Si les intestins sont constipés, il faudrait les régulariser par une pilule de cinq grains de rhubarbe tous les matins. »

Dans un ancienne ouvrage médical j’ai trouvé une recette pour réaliser ce que son auteur appelle un « péristaltiques persuader » (un laxatif) dans lequel deux drachmes de rhubarbe finement pulvérisée est le principal ingrédient actif. La formule devait être mise sous forme de pilules, chacune contenant trois grammes de rhubarbe. Ces pilules de rhubarbe étaient particulièrement recommandées pour « les femmes fragiles » et pour les enfants. Leur saveur agréable était censée rendre leur prise plus facile pour les enfants. Il était dit que ce n’était pas toujours facile d’obliger un « enfant gâté » de prendre ce genre de médecine purgative.

Mais si une pilule de rhubarbe était réduite en poudre et ensuite mélangée avec une gelée de groseille, du miel ou du sirop de canne, les nourrissons et les jeunes enfants accepteraient de la prendre. En dépit de toutes les faveurs en lesquelles la profession considérait la rhubarbe comme laxatif, il était communément observé que l’emploi des pilules et des teintures de rhubarbe contre la constipation aggravait la constipation, comme le font tous les autres laxatifs et cathartiques.

On notera que les instincts du bébé et du jeune enfant ont dû être trompés pour obtenir que la rhubarbe passe les fidèles sentinelles que sont la bouche et la gorge. Il fallait employer du miel, de la gelée, ou du sirop de canne et d’autres substances pour camoufler le caractère du médicament. Certains laxatifs étaient conçus « pour avoir exactement le goût du pain d’épices » afin d’inciter les enfants à les prendre. Tous les moyens étaient employés pour permettre au poison de passer les sentinelles, les gardiens de l’entrée du canal de digestion. Quand une chose est nauséabonde, dégoûtante et toxique, nous devrions avoir assez de bon sens pour le tenir en dehors de notre corps, et nous devrions condamner une profession qui recourt à différents moyens de tromper les défenses normales de l’organisme afin d’introduire leurs poisons dans celui-ci.

Aujourd’hui, nous employons la rhubarbe comme un aliment. Il est probable que ce soit devenu une « denrée alimentaire » seulement après qu’elle ait été utilisée comme médicament. Mais nous ne pouvons pas la manger sans recourir au même camouflage que les herboristes et les médecins emploient quand ils l’utilisent comme un médicament. Nous la mettons dans des gâteaux, on la noie dans le sucre, nous camouflons soigneusement son vrai caractère. Nous ignorons le caractère toxique de son acide oxalique. En dépit de cela, si l’on en mange beaucoup, nous tombons malades.

Il ne semble pas logique de considérer qu’une substance, qui lorsqu’elle est prise comme une « nourriture » ou comme un remède, occasionne des nausées, de la diarrhée et d’autres symptômes, soit la bonne chose à introduire dans le corps lorsque nous sommes malades, comme moyen de restauration de notre santé. Si elle nous rend malade, lorsque nous sommes bien, ne va-t-elle pas aussi nous rendre malade quand on est déjà malade ? Rendre les malades malades pour améliorer leur état est peut-être une bonne médecine, mais ce n’est pas du bon sens. Le point de vue hygiéniste est que les malades ont besoin de choses saines, et non pas des choses qui agressent le corps.

Au début de la phytothérapie pratique, il a été institué comme règle que rien ne devrait être donné aux malades qui pourrait causer plus de perturbations aux fonctions de l’organisme que la simple nourriture. Ils utilisaient seulement les plus bénignes des herbes vénéneuses. Mais cela s’est avéré être la première goutte d’un ruisseau boueux qui n’a cessé d’augmenter, à la fois en volume et en force, jusqu’à aujourd’hui. Désormais, dans presque toutes les régions du monde, les gens dépendent de la pharmacie et des fournisseurs de poison en cas de maladie.

Rarement dans l’histoire une pratique douteuse a été poursuivie avec un fanatisme plus obsessionnel. Pendant tout ce temps, la recherche continuelle de plus nouveaux et de plus efficaces remèdes a montré le manque de principes de base valables pour guider les médecins dans les soins aux patients. De la rhubarbe aux purgatifs, de la camomille à l’arsenic, de la poudre de souris à la cortisone, il y a eu une longue route, mais la profession a voyagé sur cette route avec autant d’aveuglement et avec autant de pompe et de cérémonie qu’un artiste ayant un bandeau sur les yeux dans un cirque.

Ils ont commencé légèrement, presque de façon inoffensive, puis ils ont parcouru la route de la toxicité, vers de plus en plus de virulence, jusqu’à aujourd’hui. Désormais, ils emploient des poisons qui sont aussi dangereux pour la vie qu’une balle de fusil. Traînant leurs pieds dans le sillage des médecins, les herboristes sont restés fidèles aux poisons les plus doux, les « médecines naturelles », mais n’ont pas manifesté plus de compréhension des besoins réels de la vie lors d’un état de maladie, que ne l’ont fait les médecins.

Les herbes toxiques actuellement utilisées sont introduites dans plusieurs milliers de pilules, de poudres, et de potions. L’ingéniosité dans la réalisation de leur composition, la crédulité aveugle avec laquelle elles sont à la fois prescrites et ingérées, défient l’imagination humaine. L’herboriste est aujourd’hui certain qu’en prescrivant l’ensemble de la substance végétale au lieu du « principe actif » extrait que le médecin allopathique emploie, il préserve et donne à ses patients les avantages d’un complexe d’ingrédients organiques qui constitue le remède. Il estime que lorsque le « principe actif » est séparé des autres principes actifs présent dans la plante, celui-ci perd de l’efficacité et devient un poison. Il s’agit là d’une illusion qui semble être une réalité plausible pour lui.

Toutes les substances végétales constituent des aliments, si elles sont digestibles et non toxiques. Mais il n’y a aucune raison pour laquelle nous devrions introduire des herbes toxiques dans nos corps afin de le nourrir. Deux feuilles de tabac frais ajoutées à une salade ne constituent pas de la nourriture, mais un poison. Cette salade sera expulsée par des vomissements, si jamais nous réussissons à l’avaler bien sur. Nous devons sortir de l’idée que parce qu’une chose est d’origine végétale, il n’y a pas de danger à l’introduire dans le corps.

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On le voit, Shelton avait déjà compris il y a longtemps le danger des herbes médicinales et autres médicaments à base de plantes. Par contre, il n’avait apparemment pas compris la raison profonde du danger de ces produit, qui est de désagréger les cellules et les particules. Ce qui fait qu’il était resté en partie à la surface du problème (même si ses idées étaient déjà une immense avancée et qu’il voyait certains autres problèmes de fond). Le problème, c’est que tant qu’on ne comprend pas le mécanisme en jeu, le discours, même s’il est très éclairant et de parfait bon sens, est moins convaincant.

Je ne sais pas s’il avait compris le problème des médicaments obtenus à partir de produits chimiques venant du corps. Mais a priori non. Ce qui était là aussi, une limitation, puisqu’on avait beau jeu de lui dire que son discours était caduque. Pourtant, les médicaments à base de cortisone existaient depuis longtemps, puisqu’il est mort en 1985.

Toutefois, les théories de Shelton représentent de très importantes avancées conceptuelles. La plus importante est que si une plante n’est pas digestible, alors, il ne faut pas l’ingérer sous quelque forme que ce soit. Bref, soit c’est un aliment, soit c’est mauvais.

Autre idée importante, le fait que c’est notre corps qui assure le travail de réparation de la sante.

Il y a également le fait de mettre en avant que si on arrive à ingérer ces substances, c’est parce que notre sens du gout a été trompé. Sinon, on ne pourrait pas les avaler.

L’historique de l’utilisation des plantes comme médicaments permet de mettre en lumière la dérive dans l’utilisation des plantes des origines à nos jours.

Le fait que la phytothérapie est aussi mauvaise que la médecine allopathique.

Bref, Shelton a introduit plein d’idées excellentes.

Toutefois, je serais un peu moins catégorique que Shelton, puisque dans les situations d’urgences, ou pour des opérations chirurgicales, certains de ces produits ont montré leur utilité. Donc, la recherche concernant ces substances n’a pas été complètement inutile. Par contre, en usage comme traitement sur plusieurs jours (pour des problèmes médicaux n’entrainant pas un danger vital immédiat), semaines, mois ou années, je rejoins Shelton sur la dangerosité de ces produits, le fait qu’ils ne s’attaquent absolument pas aux causes et qu’ils ont tendance à aggraver les symptômes. Je pense donc (en dehors des cas d’urgences signalés plus haut) que la plupart du temps, ces médicaments sont inutiles et dangereux, que souvent, ce sont carrément eux qui provoquent les symptômes de telle ou telle maladie, et que parfois, ils ont une utilité pour arrêter temporairement les symptômes, mais sont dangereux.

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