Comment on peut fabriquer des fous

 

J’ai découvert récemment le site suivant : http://www.mensongepsy.com/fr/. C’est un site qui critique les abus psychiatriques.

En lisant le message d’un gars ayant le pseudo de Michel de Tiarelov qui citait un autre message disant que « 90 % des hospitalisations sont dues à des ruptures de traitement chez les patients », et en réfléchissant à la façon de fonctionner des hôpitaux psychiatriques et des opiacés, j’ai tout d’un coup eu l’idée de la façon dont les hôpitaux psychiatriques ou la psychiatrie en générale peuvent fabriquer des fous.

Déjà, il est clair que les hôpitaux psychiatriques doivent utiliser massivement les médicaments de type opiacé pour faire en sorte que les malades restent calmes et ne posent donc pas de problème. On peut même dire que très souvent, ils doivent littéralement les assommer d’opiacés, afin qu’ils soient parfaitement dociles. Comme ça cause de la somnolence, à hautes doses, les patients deviennent doux comme des agneaux.

Or, les opiacés peuvent tout à fait créer des fous.

 

1) Prise d’opiacé-likes et démence

 

Le problème des opiacés et des médicaments analogues, c’est que ça rend floue la barrière entre le sommeil et l’éveil. On dort un peu quand on est éveillé et on reste un peu éveillé quand on dort. L’éveil est un demi-sommeil, et le sommeil est un demi-éveil. Donc, les deux sont de mauvaise qualité.

Comme la personne somnole durant la journée, elle va souvent rêver éveillée. Du coup, le rêve se mêlant à la réalité, elle invente des choses qui ne lui sont pas arrivées, des souvenirs qui n’existent pas. Et comme elle a du mal à fixer son attention, elle mémorise également moins bien. De la même façon, comme elle dort mal, et que le sommeil sert en partie à fixer les évènements de la journée dans le cerveau, elle mémorise mal pendant la nuit.

Donc, ça entraine des pertes de mémoire, mais aussi des inventions de souvenir, et éventuellement des hallucinations en plein jour. La personne invente des trucs qui ne lui sont jamais arrivés, et elle oublie des trucs qui sont arrivés hier.

Par ailleurs, sous opiacés-likes, la personne va avoir du mal à se concentrer, et donc à avoir une pensée cohérente. Son discours va être confus.

Le docteur Patrick Lemoine (psychiatre, docteur en neurosciences) a aussi une théorie très intéressante sur le sujet. Selon lui, les benzodiazépines (il se limite à ça ; mais bien sûr, c’est valable pour tous les opiacés-likes) engendrent des symptômes de type Alzheimer parce qu’ils augmenteraient la fréquence et la durée des apnées du sommeil. Or, on sait que les apnées du sommeil conduisent à des états de démence.

« Le problème, c’est la multiplication des asphyxies. Un apnéique va faire 60 asphyxies par heure de sommeil, soit 300 à 400 par nuit ! Ce qui provoque à chaque fois une augmentation du CO2 dans le sang, qu’on appelle « hypercapnie ». Or, une hypercapnie a deux organes cibles : le cortex cérébral et le myocarde. Il est parfaitement établi que les gens qui souffrent d’une apnée du sommeil présentent un risque majeur –c’est peut-être le plus important de tous- d’AVC (accident vasculaire cérébral) et d’infarctus du myocarde.

Même si les patients ne sont pas victimes d’une hémiplégie ou d’un AVC majeur, on sait qu’ils font en réalité des micro-infarctus [petites attaques cérébrales, ndlr] et développent des syndromes démentiels. Ce n’est que post-mortem que l’on peut voir s’il s’agissait de démences vasculaires ou de la maladie d’Alzheimer, surtout que la plupart du temps il s’agit d’un mixte des deux : ainsi, certaines personnes développent un petit Alzheimer, et s’ils prennent des benzodiazépines, ils aggravent leur apnée du sommeil, et là c’est la catastrophe. On sait très bien maintenant qu’un quart de Lexomil pris à 19h multiplie par deux le nombre et la durée des incidents respiratoires. La prise de ces médicaments peut donc transformer un ronfleur avec quelques apnées en apnéique pathologique. Je pense que certains patients ne développeraient pas de démence si leur cortex cérébral ne subissait pas autant d’hypercapnies et donc d’asphyxies. »

Et on comprend le pourquoi d’une telle chose. Quand une personne ronfle, c’est parce que la base de la langue s’enfonce dans la gorge et diminue la place pour le passage de l’air vers les poumons. Donc, déjà, vu que les opiacés engendrent un relâchement des muscles, ça doit relâcher encore plus les muscles de la langue, et du coup, enfoncer encore plus sa base dans la gorge, ce qui diminue encore plus l’espace qu’a l’air pour passer. Par ailleurs, lorsqu’une personne ronfle, le corps doit compenser instinctivement le manque d’espace de passage de l’air, en soufflant un peu plus fort. Du coup, le flux d’air augmente et la personne évite le manque d’oxygène. Mais, avec les opiacés, toujours à cause du relâchement des muscles, la personne ne peut plus faire cet effort supplémentaire. Et à de nombreuses reprises, il doit y avoir des micro apnées.

Du coup, vu qu’il y a déjà naturellement un problème de sommeil non réparateur avec les opiacés, chez les personnes qui ronflent le problème est encore augmenté.

Bien sûr, il faudrait voir quelle est la proportion des gens qui ont l’habitude de ronfler parmi ceux qui développent une démence à cause des opiacés pour déterminer l’ampleur du phénomène.

Au final, quand une personne prend des opiacés à dose massive, comme dans les hôpitaux psychiatriques, elle va passer rapidement pour folle à cause des effets secondaires de type perte de mémoire, confusions et hallucinations. Comme en plus, ça rend amorphe, dans l’esprit des visiteurs, il sera clair que la personne n’est pas normale. Etre face à un légume ayant du mal à se concentrer et qui, dans les phases où il y arrive, invente des choses qui ne lui sont jamais arrivées et oublie des trucs arrivés la veille, ça donne forcément une mauvaise impression concernant sa santé mentale. Surtout si se greffent parfois là-dessus des hallucinations.

 

2) Arrêt ou diminution de la prise d’opiacés et folie dangereuse

 

Par ailleurs, il faut tenir compte du fait que si le gars arrête de prendre l’opiacé, ou diminue un peu trop les doses, le syndrome de manque va aussi participer à le faire passer pour fou. En effet, il est très connu que quand on arrêt de prendre un opiacé, la nervosité monte en flèche. Le gars va donc devenir très nerveux, ce qui se traduira par un comportement plus ou moins agité ou/et excité, obsessionnel, compulsif (toc), délirant, extravagant, agressif, dangereux, suicidaire, etc… Et les médecins vont avoir beau jeu de dire que quand le gars arrête de prendre ses médicaments, ou quand il en prend moins, il a un comportement anormal. L’endommagement du cerveau précédemment à ça risquera d’ailleurs d’augmenter l’anormalité du comportement du gars. Autrement dit, l’énervement aura une apparence d’autant plus délirante que le gars aura commencé à avoir le cerveau foutu en l’air à cause des opiacés.

Le gars passera alors éventuellement pour un fou dangereux, donc, à garder absolument en hôpital psychiatrique et en permanence sous opiacés. Et le patient lui-même, s’il lui reste suffisamment de conscience, sera convaincu qu’effectivement, il vaut mieux qu’il continue à prendre ses médicaments. Et là, le piège se refermera définitivement. Le gars ne pourra jamais arrêter de prendre ses médicaments, et à cause de leurs effets secondaires, se transformera de plus en plus en légume. Transformation en légume qui finira de démontrer aux yeux des médecins et de ses proches, qu’il était effectivement fou. Le stade légume sera considéré comme le dernier stade de la folie.

C’est comme ça qu’on peut accoler l’étiquette de fou dangereux à pas mal de personnes qui au départ, ne l’étaient pas du tout. Bien sûr, il y a des gens réellement fous et dangereux. Mais beaucoup ne le sont pas ; ou alors le sont plus ou moins devenus, mais ne l’étaient pas au départ. Je dis « ou le sont plus ou moins devenus », parce qu’effectivement, avec le cerveau esquinté et l’arrêt des opiacés, ils peuvent désormais éventuellement devenir dangereux. Une autre catégorie, ce sont les gens qui sont internés après avoir eu un comportement dangereux. Mais un certain nombre seront justement des gens qui prenaient des opiacés pour une raison X ou Y et qui ont arrêté de les prendre ou ont baissé les doses peu de temps avant, ce qui les aura rendu très nerveux. Ils ne sont donc pour beaucoup pas des fous dangereux, mais simplement des gens en période de sevrage d’opiacés. L’épisode agressif pourrait donc être tout à fait passager. Mais en étant internés en hôpital psychiatrique, et en se faisant administrer à nouveau des opiacés-likes, là, ils risqueront très fortement d’entrer dans le cercle infernal décrit plus haut.

 

Du coup, aussi bien quand le gars prend des médicaments opiacés (pertes de mémoires, inventions de souvenirs, hallucinations, difficultés à se concentrer) que quand il arrête de le faire (nervosité, agressivité, violence, etc…) il est facile de le faire passer pour un fou. Pour les médecins et les visiteurs extérieurs, c’est clair que le gars a l’air de ne plus rien capter, de ne plus être autonome, qu’il peut être éventuellement dangereux et donc qu’il est bon pour l’asile. Sauf que ce sont les opiacés et leurs analogues qui sont à l’origine du problème.

Si le traitement dure plusieurs années ou même parfois seulement plusieurs mois, le cerveau de la personne finira par être complètement esquinté. Et elle sera définitivement diminuée intellectuellement. Donc, à cause des opiacés, effectivement, quand une personne entre dans un hôpital psychiatrique, elle risque de ne pas en ressortir normale. On aura bien fabriqué des fous.

Surtout qu’il y a probablement d’autres composées qui jouent sur le cerveau de la personne qui sont intégrés dans le traitement psychiatrique, comme le fluor.

Par ailleurs, on utilise apparemment toujours les électrochocs. Forcément, ça non plus ça ne doit pas être très bon pour le cerveau.

Surtout que vu que l’objectif dans les hôpitaux psychiatrique est d’assommer chimiquement les patients pour les rendre passifs, on doit adapter les doses en permanence pour que cet objectif soit atteint. Donc, ce n’est pas du tout pareil que pour des personnes qui prennent des antalgiques de palier 2 ou 3, ou des somnifères, etc…, pour lesquelles on n’augmente pas les doses trop facilement, (afin de limiter les effets secondaires). Ce qui fait que l’impact des opiacés reste dans certaines limites. Ici, l’objectif est clairement de maintenir en permanence un état de léthargie ; donc, on donne dès le départ des doses massives, et ensuite, on donne ces médicaments en permanence, et on augmente les doses autant qu’il le faut pour maintenir l’état d’abrutissement. Donc dans les hôpitaux psychiatriques, l’impact des opiacés est presque au maximum. Et la vitesse et l’importance de la dégradation intellectuelle doivent être énormes.

En fait, plus le patient est considéré comme dangereux, plus les doses d’opiacés doivent être importantes. Donc, il ne vaut mieux pas être considéré comme tel quand on arrive dans un hôpital psychiatrique. Corolaire de ça, les doses administrées doivent être plus ou moins importantes en fonction de l’état de dangerosité supposée du patient. Donc, une personne considérée comme peu dangereuse (soit qui l’est naturellement ou qui est docile parce qu’elle a compris qu’il vaut mieux ne pas se rebeller) va bénéficier d’un traitement moins lourd et périclitera moins vite et moins fort. Il y aura donc clairement des paliers de folie au sein de l’hôpital. Ce qui permettra d’ailleurs aux médecins, en cas de critique générale sur les hôpitaux psychiatriques, de mettre en avant qu’il y a toute sorte de niveaux de démence au sein d’un hôpital psychiatrique, et que les choses sont donc « plus compliquées que ça ».

Heureusement, pour certains patients dociles, on doit ensuite limiter la dose. En effet, après avoir été autant assommés chimiquement, un certain nombre de patients préfèreront adopter une attitude soumise plutôt que de revivre l’enfer de la période d’administration massive de médoc.

Enfin, les patients étant drogués aux opiacés, ils auront tendance d’eux même à vouloir continuer à en prendre pour continuer à se sentir bien. Et en continuant à prendre des opiacés, leur état mental continuera de se dégrader. Du coup, le piège est encore plus parfait.

Donc, oui, les hôpitaux psychiatriques peuvent tout à faire créer des fous. Ils doivent en créer en masse.

 

PS :

Tout ça explique que les personnes en hôpital psychiatrique n’aient généralement pas l’air démonstratives, exaltées et agressives, mais plutôt assez éteintes. Parce qu’effectivement, normalement, on s’attendrait à voir des gens nerveux, excités, etc… Des fous quoi. Mais non, d’après ce qu’on peut en voir dans les reportages, ils ont l’air surtout d’être dans un état plus ou moins léthargique.

Peut-être qu’il y a un petit problème au niveau de la constipation. Comme les opiacés constipent, il faut donner ce qui équivaut à des anti-inflammatoires. Seulement, ça énerve le patient, qui peut devenir dangereux. Donc, c’est une limite des opiacés en ce qui concerne le confort du personnel soignant. Probablement que de temps à autres, le patient sera à la limite d’efficacité des opiacés, et l’administration d’équivalents d’anti-inflammatoire à ce moment-là provoquera une poussée d’énervement et de violence.

J’ai évoqué tout au long de l’article en filigrane, mais sans le dire clairement (à part au tout début), la raison pour laquelle les médecins donnent des opiacés. Il y a donc deux raisons. Non seulement, c’est plus confortable pour le personnel ; mais surtout, ça rend réel la maladie. Donc, ça justifie leur travail. Double bénéfice.

Enfin, Il est évident qu’aller chez des psychiatres de ville peut déjà être un premier pas vers cette descente aux enfers. En effet, pour de nombreuses pathologies, ils vont utiliser des opiacés ou des équivalents d’opiacés. Du coup, les problèmes de démence risquent d’apparaitre. Ce qui pourra conduire à terme à un internement.

 

3 réflexions sur « Comment on peut fabriquer des fous »

  1. Très intéressant. ça confirme ce que j’ai toujours pensé, mais sans avoir d’arguments quant au déroulement des choses. Les seuls fous paraissant vraiment fous que j’ai rencontré avaient tous fait un séjour en hôpital psy et avaient donc tous pris des doses massives de « médicaments psy ».

  2. Concernant l’effet négatif des électrochocs sur la mémoire, le site mensongepsy a fait un billet sur les électrochocs dont une partie évoque le problème : http://www.mensongepsy.com/fr/?p=4400

    Voici l’extrait qui en parle :

    « Pourtant, la méthode est toujours controversée. Principal effet secondaire qui cristallise les critiques, les atteintes à la mémoire.

    «Antonin Artaud n’a pas arrêté de dire qu’il avait perdu des pans entiers de sa mémoire à cause de la répétition des électrochocs», assure Florence de Mèredieu. «Les effets sur la mémoire sont difficiles à mesurer. Une crise d’épilepsie laisse des troubles. Alors douze… souligne Bernard Odier, psychiatre membre de l’Association de Santé mentale du XIIIe arrondissement de Paris. On se demande même si les pertes de mémoire n’ont pas un rôle dans l’efficacité des ECT. A la manière d’une ardoise magique!» «Les effets sur la mémoire sont très violents dans les périodes d’ECT intenses, confirme Catherine. Vous ne vous souvenez de rien. Vous pouvez même ne pas vous souvenir d’avoir subi des ECT.» Mais selon le Dr William de Carvalho, «la gêne cesse dès lors qu’on arrête les électrochocs. Quinze jours après, c’est terminé.»

    Ce que réfutent de nombreux patients. Sur le site http://www.electrochoc.sosblog.fr, certains affirment avoir d’énormes black-out, comme Judith, soignée pour une dépression majeure. Elle raconte: «Mon état s’est amélioré, mais depuis, je suis victime d’amnésie totale concernant plusieurs mois de ma vie (période des ECT)… Je n’ai pas souvenir de mon état, des personnes que j’ai connues alors ni de ce que j’ai pu faire.» Mais difficile de faire la part des choses entre les effets des électrochocs et ceux de la maladie.

    Même si dans le milieu psychiatrique son efficacité est désormais admise, certains restent réticents face à cette thérapeutique. «La mémoire, c’est le fondement de l’être humain, de la vie, explique Jocelyne Méchali, psychiatre à la Fondation Bon Sauveur à Albi, qui reconnaît une aversion tout à fait subjective pour les électrochocs.» »

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