Les manipulations génétiques sur les animaux

Concernant les animaux génétiquement modifiés, on est en face du même problème, en un poil plus compliqué que le précédent (le clonage des animaux). En gros, les manipulations génétiques ne valident pas la génétique (enfin, celle qui repose sur l’adn).


1) La technique est possible


Comme pour le clonage, il est possible que les scientifiques arrivent à introduire dans la cellule quelque chose qui permette de produire une protéine particulière.

Ce qu’il faut voir, c’est que toutes les expériences apparemment réussies sont basées sur la manipulation d’un ovule. Donc, la manipulation est un succès quand elle est faite sur un être au tout début de son développement. On n’arrive pas à obtenir quelque chose de concluant sur des êtres déjà nés.

Par ailleurs, les succès en question sont toujours de la même nature. On arrive seulement à faire produire une nouvelle protéine à une cellule qui ne la produit pas d’ordinaire. Donc, en fait, on ne manipule pas vraiment l’adn de l’hôte. On introduit juste du matériel génétique supplémentaire.

Or, il est clair qu’en introduisant du matériel génétique de tel type d’organisme dans une cellule d’un autre type d’organisme, on peut avoir une certaine probabilité que de nouvelles protéines soient produites par la cellule en question. Et si on fait ça avec la première cellule d’un fœtus, en se divisant, toutes les cellules issues de la division vont produire la protéine en question.

Donc, là non plus, ça ne valide pas la génétique. Pour que ça le fasse, il faudrait qu’on soit capable de manipuler l’adn de l’hôte.


2) Mais l’observation des expériences laisse à penser qu’il est bien possible que tout ça soit de la truande pure et simple


Cela dit, même pour ces expériences, les choses sont très loin d’être claires et il est possible que toutes soient bidonnées.

Déjà, la quasi-totalité des expériences entrainant la production d’une nouvelle protéine par l’organisme ne valent rien. Ceci parce que ces protéines sont détectées par des tests d’anticorps, et que comme on l’a vu dans un autre article, les tests d’anticorps ne valent pas grand-chose. Donc, pour la plupart des expériences de ce type, on n’a en fait aucune preuve tangible que la protéine est réellement produite.

Il y a cependant un type d’expérience qui donne des résultats tangibles, parce que visibles à l’œil nu ; ce sont les expériences de création d’animaux fluos. Là, pas de tests d’anticorps bidons, le résultat est clair et net.

Et là, on a apparemment quelques résultats. Il y aurait des souris fluos, des porcs fluos, des poissons fluos, des lapins fluos, des chats fluos, et enfin des chiens fluos.

Toutefois même là, les choses ne sont pas aussi évidentes que ça.

Déjà, sauf dans l’avant dernier cas analysé, il n’y a pas eu beaucoup d’animaux fluos de produits. Et à part un ou deux, les animaux produits n’ont quasiment pas été présentés en public. J’entends par là une présentation devant au moins des dizaines de personnes en direct ; pas des scientifiques faisant une vidéo sans personne d’autre avec eux, et la présentant ensuite à la télévision.


– Chiens et chats fluo faits en Asie

Ensuite, pas mal de ces expériences ont été faites en Asie. Et on sait qu’en Asie, il y a pas mal de truandes scientifiques.

Surtout que d’ordinaire, on n’entend quasiment jamais parler de résultats scientifiques venant d’Asie. Et là, paf, les voilà à la pointe de la recherche. Bien sur, on nous dira que c’est parce que la recherche sur la génétique est totalement libre en Asie. Et c’est ça qui ferait qu’ils auraient une avance sur nous. Mais la critique reste valable. Dans tous les autres domaines, la recherche (à part quelques avancées purement technologiques) serait complètement à la rue en Asie. Mais là, non, leur recherche serait tout d’un coup devenue très performante. Donc, forcément, ça entraine un gros doute.

D’ailleurs, justement, une de ces expériences (les premiers chiens fluos, de couleur rouge) a été faite par le même groupe qui a menti à propos de trois autres expériences ; le groupe du docteur Byeong-Chun Lee, de l’université Nationale de Séoul en Corée du sud. Donc, rien n’interdit de penser que cette expérience est truquée elle aussi.

Ensuite, il y a des détails sur une des vidéos de ces animaux fluos qui laissent penser à un trucage. Il s’agit en l’occurrence d’une vidéo de chats fluos rouges réalisés par l’équipe de Kong II Keun, de l’université de Gyeongsong, là encore, en Corée du sud.

Comme la plupart des animaux fluos, ces chats n’ont que la peau qui est fluo. Les poils ne le sont pas. Déjà, ça semble un peu bizarre, mais pourquoi pas. Du coup, il n’y a que le nez, le haut des oreilles, le pourtour des yeux, et les dents qui sont fluos.

Le moment intéressant de la vidéo, c’est quand le chat tire la langue. Quand on voit la face supérieure, celle-ci est bien fluo ; ce qui est normal. Mais là où ça n’est plus normal, c’est que la face inférieure ne l’est pas. Or, si la face supérieure l’est, la face inférieure devrait obligatoirement l’être aussi. Mais non, elle ne l’est pas.

Du coup, ça laisse clairement penser qu’il y a truande et qu’en fait, le chat n’est pas du tout fluo. On a du lui faire lécher une substance fluo qui adhère à la langue, mais comme c’est le dessus de la langue qui lèche et pas le dessous, celui-ci n’a pas été en contact avec la substance fluo, et ne l’est donc pas, ce qui révèle le trucage.

http://www.youtube.com/watch?v=AGQNztpOnDw


chat_fluo_langue

A 1mn 10s, le chat tire la langue et montre donc la face supérieure de celle-ci. Elle est fluo.


chat_fluo_langue_pas_fluo

A 2mn 09s, le chat se lèche le nez et montre donc la face inférieure de la langue. Surprise ! Elle n’est pas fluo.


Concernant cette vidéo, il est par ailleurs bizarre que le pelage du chat, pourtant blanc, ne soit pas visible lorsque le chat est éclairé par la lumière ultraviolette. Sur une autre vidéo de chat fluo prise à la télévision, alors que le pelage du chat est marron, on voit clairement la fourrure du chat sous les ultraviolets.

http://www.youtube.com/watch?v=LJVsCt5cuEA&feature=related


chat_fluo_marron


chat_fluo_marron_lumiere_noire

Bien sur, le chat marron est plus près de la lampe que le chat blanc, qui lui, doit être à 40/50 cm de celle-ci. Mais bon, 40/50 cm, ce n’est pas 2 m. Ca reste suffisamment près pour que le pelage blanc, qui reflète beaucoup mieux la lumière ultraviolette, soit révélé par celle-ci.


chat_fluo_blanc_distance_lumiere


– Le lapin Alba

Par ailleurs, on apprend que le lapin fluo (dénommé Alba) qui a été exposé dans un musée par Eduardo Kac en 2001 était loin d’être aussi fluo que ce qu’on en a retenu. L’image qu’on en voit sur Internet, c’est celle-là.


lapin_fluo_alba_photoshop

Lapin fluo des pattes à la tête. Spectaculaire… mais faux.


Or, en réalité, cette image est fausse. Louis-Marie Houdebine, apparemment le responsable du labo qui a conçu le lapin en question a écrit une réponse à un article le concernant sur Agoravox.

http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/louis-marie-houdebine-et-la-43125

Il dit (voir traduction plus bas) : « We heard about E Kac in 2000 and he came a few months later to see the green rabbits. He brought special spectacles making it possible to see the colour of the animals. We saw them green for the first time. It was rather disappointing as only the eyes appeared really green« .

Puis, plus loin : « In conclusion, it is clear that E Kac did not ask us to generate any rabbit. He just wanted to use one of them he named Alba. He showed on his site rabbits much greener than they really are. I think this attitude was rather bad for science and art« .

Traduction : « Nous avons entendu parler de Kac en 2000. Il est venu pour voir les lapins verts quelques mois plus tard. Il avait apporté des lunettes spéciales permettant de voir la couleur des animaux. Nous les avons vus verts pour la première fois. C’était assez décevant, car seuls les yeux apparaissaient réellement verts« .

« En conclusion, il est clair qu’Eduardo Kac ne nous a pas demandé de produire des lapins. Il voulait juste utiliser l’un d’entre eux qu’il a appelé Alba. Sur son site, il a montré des lapins bien plus verts qu’ils ne l’étaient réellement. Je pense que cette attitude était plutôt mauvaise pour la science ainsi que pour l’art« .

Donc, Houdebine dit que, sur son site, Kac a truandé la présentation du lapin pour qu’il apparaisse bien plus fluorescent qu’il ne l’était en réalité. En fait, il n’y a que les yeux qui apparaissent réellement verts fluo. C’est sur que c’était beaucoup moins spectaculaire.

C’est d’ailleurs bizarre que seuls les yeux aient été verts (et est-ce que c’est le pourtour des yeux ou les yeux eux-mêmes ?). C’est bizarre, parce que si le pourtour des yeux était verts, pourquoi le museau et l’intérieur des oreilles (qui comporte moins de poils) n’auraient pas été verts eux aussi, comme pour les chats ? On ne voit pas pourquoi seule une partie très spécifique du corps comme le pourtour des yeux ou le fond des yeux serait verte et pas le reste des chairs. Surtout que pour tous les autres mammifères fluo, c’est toute la peau qui est fluo, ou au moins le groin et la bouche (cas des cochons). Donc, déjà, il y a quelque chose de très bizarre dans la description que fait Houdebine.

D’ailleurs, Houdebine dit que les expériences de mise au point des lapins fluo avaient comme but de créer des lapins dont toute la peau était fluo. Et il dit que les premières générations de lapins étaient comme ça.

« Essentially all the cells of the rabbits are green under UV light. The newborn rabbits appear uniformly green as long as they have no hairs. In adults, only the part of the body devoid of hairs look green and of course, eyes are green instead of red (under UV light).

We generated 3 transgenic lines independently and we kept one which expressed GFP at the highest level. We developed this line and we have permanently about ten of them ready for some experiments and for reproduction. The so-called Alba was just one of our animals. It was about two years old when it died (for unknown reason as rabbits often do). It was thus probably one of the rabbits of the third generation. This could be checked but is not important. »

Traduction : « Essentiellement, toutes les cellules de ces lapins sont vertes sous une lumière ultraviolette. Les nouveaux nés apparaissent uniformément verts tant qu’ils n’ont pas de poils. Chez les adultes seules les parties du corps dépourvues de poils sont vertes bien sur, les yeux sont verts au lieu de rouge (sous la lumière ultraviolette).

Nous avons réalisé 3 lignées transgéniques indépendantes et nous en avons gardé une qui exprimait la GFP (ndt : la molécule qui rend les lapins fluo) à son niveau le plus élevé. Nous avons développé cette lignée et nous avions en permanence environ une dizaine de lapins prêts pour diverses expériences et pour la reproduction. Le dénommé Alba était juste l’un de ces lapins. Il avait environ 2 ans quand il est mort (pour des raisons inconnue comme ça arrive souvent avec les lapins). Il faisait probablement parti de la 3ème génération de lapins. Ca pourrait être vérifié, mais ce n’est pas important« .

Donc, là, on aurait eu trois générations de lapins qui exprimaient la fluorescence à son plus haut niveau. Et tout d’un coup, on aurait un lapin pour qui ça n’aurait pas marché. Déjà, le fait qu’un lapin soit défectueux alors que tous les autres auraient été parfaits semble très bizarre. Le truc aurait parfaitement marché tout le temps. Mais, manque de bol, pour lapin de Kac, ça n’aurait pas été le cas et son lapin aurait été défectueux. Mais, si les autres lapins ne l’étaient pas, pourquoi ne pas donner un autre lapin fluo non défectueux à Kac ?

Bien sur, on pourrait envisager le fait que tous les autres lapins étaient défectueux. Mais un tel cas semble extrêmement peu probable. Surtout qu’on imagine qu’ils devaient garder au minimum 2 ou 3 lapins de la génération précédente en cas de problème. Mais supposons qu’ils aient tous été défectueux. Dans ce cas, Houdebine aurait évidemment parlé de cette catastrophe dans son texte. Dans la mesure où il ne le fait pas, c’est que ça devait être l’unique lapin pour qui ça était arrivé. Mais dans ce cas, on retombe sur l’illogisme qui consiste à ne pas donner un autre lapin complètement fluo à Kac. Par contre, ça devient beaucoup plus logique si tout est bidon.

Le fait qu’Houdebine dénonce le trucage de Kac pourrait laissait à penser qu’il est honnête et que puisqu’il dit que seuls les yeux du lapin étaient fluo, ils devaient l’être réellement. Seulement, en lisant son message sur Agoravox, on apprend qu’Houdebine a monté une société qui est basée justement sur les lapins transgéniques  (voir http://www.bioprotein.com). Donc, il n’a pas du tout intérêt à dire que les lapins n’étaient pas fluo du tout. Apparemment, les lapins développés par la société ne sont pas fluos. Donc, on pourrait répondre qu’il n’y a pas de raison qu’il mente sur le sujet. Oui, mais, vu que Kac leur a fait une énorme publicité, Houdebine peut difficilement balancer que Kac a complètement bidonné la fluorescence du lapin, et que celui-ci ne l’était pas du tout. Là, on ne serait plus dans la simple amélioration, mais dans la truande totale. Et puis, c’est avouer que lui-même a trempé dans une grosse truande. Tant qu’il y a amélioration sur une base déjà existante, et qu’en plus, c’est l’autre qui a fait le trucage sans lui en parler, ça va. Si tout est bidonné, et donc, qu’il ne pouvait pas y avoir de lapin fluo, là, il fait parti de la truande, vu qu’il aurait du dire que le lapin n’était pas fluo du tout.

D’ailleurs, on peut penser que les rapports avec Kac étaient d’un intérêt mutuel. Kac fournissait une publicité gratuite énorme au labo en question. Donc, la version d’Houdebine qui présente la rencontre avec Kac comme venant de ce dernier (qui aurait été intéressé par le fait d’avoir un animal fluo à montrer lors de son exposition) et qui a l’air de dire qu’ils ne se connaissaient pas avant n’est peut-être pas exacte. Peut-être qu’Houdebine était intéressé par la publicité pour sa société récemment fondée (en juillet 1998). Et peut-être qu’ils se connaissaient avant, ou indirectement par des relations mutuelles.

D’ailleurs, la présentation des évènements par Houdebine est bizarre sur un autre point. Il dit que lorsque Kac a visité son labo, c’était la première fois qu’ils constataient la fluorescence sur ce lapin (et apparemment sur toute cette génération de lapins). Il dit que pour constater la fluorescence, il faut une lampe spéciale et que son labo n’avait pas désiré faire cet investissement. Or, une lampe à ultraviolet coutre dans les 10 euros. Donc, on comprend mal pourquoi ils n’ont pas fait cet investissement dérisoire pour un labo. D’ailleurs, ils devaient déjà avoir une lampe à ultraviolet, puisque pour la première génération de lapins fluos (c’était la troisième), il fallait bien pouvoir vérifier la présence de la fluorescence. Mais non, il n’y avait pas de lampe. On comprend mal comment une telle chose est possible, puisque s’ils font des lapins fluos, c’est pour vérifier qu’une manipulation génétique a bien marché. Et donc, il faut un moyen de vérifier qu’ils le sont.

En plus, il n’avait pas l’air vraiment intéressé par le fait que les lapins soient fluo. Comme si c’était un truc tellement ordinaire que ça ne valait pas le coup de s’en soucier. Pourtant, en 2000, c’était encore suffisamment rare pour que la chose ne soit pas banale. Après seulement 3 générations de lapins fluo, la chose était encore assez nouvelle, surtout que les générations de lapins se suivent très rapidement. Ce n’est pas comme s’ils en avaient été à la 50ème génération, auquel cas, on aurait pu comprendre que ça devienne affreusement banal pour eux.

Par ailleurs, sur le site de sa société, il n’est fait apparemment pas du tout mention de lapins fluo. Pourtant, ça devrait être quelque chose qui devrait être mis en valeur. Etre un des premiers français à faire ce genre de chose, ça constitue une belle carte de visite.

Et du coup, vu leur discrétion sur le sujet, on comprend mal comme Kac a pu avoir vent du fait qu’ils avaient des lapins fluos. Bien sur, ce n’est pas impossible, loin de là. Mais il y a quand même une petite bizarrerie supplémentaire ici.

Donc, on peut penser qu’en fait, il n’y a jamais eu de lapins fluo dans ce laboratoire et que l’affaire a été montée de toutes pièces entre les deux protagonistes (Houdebine et Kac) afin que Kac ait un produit inédit qui lui donnerait une renommée mondiale, et afin que cette notoriété rejaillisse sur le labo et surtout la société d’Houdebine.

Il y a des cochons fluos. Seulement, là aussi, il n’y a que le groin, la bouche et les sabots qui sont fluos. C’est bizarre, puisque pour les autres animaux fluos, la peau est fluo aussi (hormis les lapins de du labo d’Houdebine, comme on l’a vu plus haut).

Tous ces cas très douteux, et le fait que ça ne soit visible qu’en labo, mènent à l’idée que tout est bidonné. Après tout, c’est très simple de bidonner une présentation d’animal fluo. Il suffit de le badigeonner de matière fluo et c’est bon. Et justement, des matières fluos, il y en a des tas.


– Les poissons glofish

Mais, depuis quelques années, il y a la commercialisation des poissons fluos : les fameux glofish, des poissons zèbre (ou Danio) fluos. Là, les produits ne sont plus limités uniquement aux labos. Chacun peut vérifier qu’ils sont bien fluo. Donc, la critique faite précédemment ne tient plus pour ce cas particulier. Et s’il est possible de faire des poissons fluos transgéniques, c’est évidemment possible aussi pour les cas précédents.

Voici un petit historique des évènements. Là encore, il s’agit d’animaux qui ont été modifiés en Asie. C’est l’équipe du docteur Zhiyuan Gong, de l’Université Nationale de Singapour qui a mis ce poisson au point en 1999. Un peu plus tard, une équipe Taïwanaise, conduite par le professeur Huai-Jen Tsai à l’Université Nationale de Taïwan, a mis au point un autre poisson fluo : le medaka (Oryzias latipes, ou poisson riz en anglais).

Quelques temps après, chaque équipe a licencié sa technologie à une compagnie. L’équipe de Taïwan à la compagnie asiatique Taikong, la plus grosse société de production de poissons d’aquarium à Taiwan, qui vend désormais le poisson sur le nom de TK-1. Et l’équipe de Singapour à la société Yorktown Technologies L.P, d’Alan Blake et Richard Crockett, une compagnie américaine qui se trouve à Austin au Texas, et qui vend le poisson zèbre sous le nom de Glofish. La compagnie Taïwanaise vend le TK-1 uniquement à Taïwan apparemment, tandis que Yorktown Technologies vend le glofish aux USA essentiellement (même si elle a un contrat d’exploitation mondiale). La première commercialisation s’est faite en 2003.


GloFish

J’avoue que concernant ce cas, je me suis demandé où était le truc. Et j’ai pensé un moment que j’aurais bien du mal à le trouver. En effet, là, c’est vendu à des particuliers. On n’est plus dans le cas d’un labo où l’équipe peut raconter n’importe quoi sans qu’on ait possibilité de vérifier l’absence de trucage. Ici, l’acheteur peut vérifier immédiatement si le poisson est fluo ou pas. Et vu que personne n’a crié à l’arnaque, forcément, c’est qu’ils le sont. Donc, là, a priori, il n’y a pas de possibilité de truande. Parce qu’on ne voit pas comment ils pourraient les rendre fluo artificiellement.

Seulement, ça, c’est quand on ne connait pas le monde de l’aquariophilie. Mais quand on commence à s’y intéresser, on découvre les possibilités de truandes.

En effet, allant sur les sites d’aquariophiles, on en apprend de belles sur le commerce des poissons.

On apprend déjà que les poissons à la mode depuis quelques années sont les poissons fluo. Ca fait littéralement fureur, spécialement dans les pays asiatiques. On apprend aussi qu’il y a pas mal d’espèces de poissons naturellement fluo. Donc, ce n’est pas du tout quelque chose de rare.

Ensuite, on apprend que les éleveurs font des tas de croisements, et arrivent à obtenir les poissons les plus bizarres (voir ici http://www.ivanov.ch/poissons_interdits.html ). Donc, d’un seul coup, on s’aperçoit qu’il est tout à fait possible que les poissons en question aient été obtenus par simples croisements avec d’autres poissons fluo, et pas du tout par génie génétique. Forcément, ça change tout. Des chats fluo par exemple, ça n’existe pas dans la nature. Donc, ils le seraient forcément par génie génétique. Mais là, ça peut tout à fait être obtenu par croisements ainsi que par une sélection pour renforcer la couleur.

Mais par ailleurs, on apprend que face à ce juteux marché des poissons fluo, les éleveurs n’hésitent pas à trafiquer des poissons peu ou pas fluo pour les rendre fluo.

Il y a une première technique qui consiste carrément à peindre le poisson. Quand on ne connait pas le domaine en question, on se dit que c’est impossible qu’une truande aussi basique soit possible. Mais si. Bien sur, la peinture part en quelques semaines.

Du coup, les éleveurs utilisent en général une deuxième technique. Ils injectent un produit fluorescent dans le corps du poisson. Et en parallèle de ça, ils passent un produit sur la peau du poisson qui le desquame fortement. Ce qui fait que quand le corps remplace la peau et les écailles perdues, les nouvelles contiennent le produit et sont fluo. Ca permet de faire durer la fluorescence pendant 8 ou 10 mois, donc beaucoup plus longtemps qu’avec la première technique. Ca parait dingue, mais oui, ça existe.

Bien sur, les gens doivent se rendre compte que les poissons sont moins fluo au cours du temps. Mais il doit y avoir deux types de gens qui achètent ce genre de poissons. Il doit y avoir ceux qui connaissent le truc et donc, ne s’en étonnent pas. Et il doit y avoir ceux qui s’en étonnent ; mais alors ça signifie qu’ils n’y connaissent pas grand-chose. Donc, il doit suffire de leur dire que le poisson évolue comme ça quand il devient adulte, ou que certaines maladies lui font perdre sa couleur. Ca doit passer comme une lettre à la poste (bien sur, c’est différent pour les glofish et autres TK-1, qui sont sensés garder leur fluorescence, mais on va voir la technique pour prolonger l’effet). En plus, vu qu’ils sont fortement fragilisés par le traitement, la plupart ne survivent pas longtemps. Donc, la plupart du temps, ils ne doivent pas vivre assez longtemps pour que l’acheteur puisse constater la disparition de la fluorescence.

Par ailleurs, il y a apparemment une troisième technique qui permet de rendre ou de faire rester fluo un animal, c’est de leur donner une alimentation spéciale ; une alimentation contenant certaines hormones et substances. Il y a des boites d’aliments spéciales poissons fluo. En fait, les poissons en question pourraient manger de la nourriture lambda pour poissons non fluo, mais ça ferait disparaitre la fluorescence.

A partir de ces informations, on imagine le genre de truande possible pour les poissons glofish. Ils ont du faire de simples mais nombreux croisements entre des poissons zèbres et des poissons fluo. Ils ont du obtenir des poissons un peu fluo, mais pas tant que ça. Du coup, pour les rendre plus fluo, ils utilisent la technique ultra répandue de l’injection de produits fluo dans le corps des poissons. Et par ailleurs peut-être qu’ils recommandent de la nourriture spéciale poissons fluo. La nourriture doit permettre de faire durer la fluorescence suffisamment longtemps pour que l’arnaque ne soit pas perçue (ça doit permettre aussi de diminuer l’espérance de vie des poissons, pour le même but).

Une chose confirme cette hypothèse. Il y a des gens qui ont réussi à faire se reproduire les poissons en question. Et ils disent que les descendants ne sont quasiment pas fluo. Cette reproduction est parfois possible. En effet, si normalement, les poissons glofish sont stérilisés, il semble que les meilleures techniques de stérilisations ne soient efficaces qu’à 70 % au mieux. D’ailleurs, il semblerait que les glofish ne soient plus stérilisés désormais.

Voici un témoignage trouvé ici : http://www.ultimatebettas.com/index.php?showtopic=8802&st=12

« Not hybrids, and definitely not sterile. I have been raising them as feeder fish. Interestingly, my strain of red danios is not as day-glo red as what you see in the stores. I suspect that they are juiced (dyed or hormoned) in addition to having the glo-gene. I got my original fish from a person who had them breed in his planted tanks… not purposefully (as I am doing). They were not day-glo red when I got them, though the parents were. I recently bought some more (both red and yellow) from a store that gets them directly from the producer in Florida, and they are vibrant day-glo. I am curious as to what happens when I cross the red and yellow together, but I also want to test the theory that they are juiced as well as transgenic. The company will not respond to emails with questions about that, so I will just have to breed them to find out … patent be damned. One of the yellow fish I bought is a leopard danio ! Same species as a zebra, just a different genetic pattern of markings. »

« Non, les hybrides ne sont définitivement pas stériles. Je les ais élevés en tant que poissons devant servir de repas à d’autres. Une chose intéressante est que ma lignée de danios rouges (il parle de glofish) n’est pas aussi rouge fluo que ceux que vous pouvez voir dans les magasins. Je suspecte qu’ils soient colorés artificiellement (que ce soit avec du colorant ou avec des hormones) en plus d’avoir le gène de la fluorescence. J’ai obtenu mon poisson original de quelqu’un qui les avait fait se reproduire dans ses aquariums… sans but particulier (contrairement à moi). Ils n’étaient pas rouges fluo quand je les ais eu, alors que les parents l’étaient. J’en ai récemment acheté d’autres (des rouges et des jaunes) d’un magasin qui les obtient directement du producteur en Floride, et ils sont d’un rouge fluo flashy. Je suis curieux de savoir ce qui se passera quand je croiserai le rouge et le jaune ensembles, mais je veux aussi tester la théorie qu’ils sont colorés artificiellement en plus d’être transgéniques. La compagnie ne répondra pas à de telles questions par email, donc, il faudra que je les fasse se reproduire pour le savoir, que la licence aille au diable. »


Autre témoignage ici : http://www.thepetsforums.com/forums/showthread.php?t=4924

« The breeding part is that I do see zebra danios that are claimed by their owners to be Glofish offspring, but most don’t look a bit like them and resemble normal non-transgenic zebra danios, while a few may show a trace of the red color, but not nearly as intense or as spread as the glowfish that were initially marketed in local fish stores. Do Glofish breed true? Is the red dominant or recessive, or does it take a more complex turn, such as albinism in oscars which displays a gradient from fully pigmented to fully albino?« 

« Concernant la reproduction, je vois des danios dont leurs possesseurs disent qu’ils sont des enfants de glofish, mais la plupart ne leur ressemblent pas du tout. Ils ressemblent aux danios zèbres normaux et non transgéniques, quoique quelques uns d’entre eux aient quelques traces de couleur rouge, mais loin d’être aussi intense ou aussi étendue que celle des glofish qui étaient initialement vendus au magasin. Est-ce que les glofish se reproduisent vraiment ? Est-ce que le gène rouge est dominant ou récessif, ou est-ce que c’est plus compliqué que ça, comme l’albinisme chez les oscars, qui affichent un dégradé de couleur qui va de pleinement pigmenté à totalement albinos ?« 

Donc, selon ces deux témoignages, les descendants des poissons vendus en magasin ne sont pas fluo ou beaucoup moins que les glofish du magasin. Dans le deuxième cas, la plupart n’étaient même pas rouges (ou alors à peine). Ca laisse bien à penser que soit on a affaire à des danios colorés artificiellement, soit on a affaire à des croisements dont l’apparence n’arrive pas à tenir de générations en générations. C’est peut-être aussi les deux en même temps (couleur artificielle et croisements non stables).

Par ailleurs, ces poissons meurent apparemment assez vite. Il y a pas mal de témoignages de personnes disant que leurs glofish sont morts soit immédiatement, soit assez rapidement. Et dans ces témoignages, les autres poissons de l’aquarium restent en vie. Seuls les glofish meurent. Et en général, en face, il n’y a pas grand monde pour leur répondre que ce n’est pas normal et que leurs glofish ont vécu très longtemps. Ceci alors que pour les danios normaux, de nombreuses personnes disent que ce sont des poissons extrêmement résistants. Quand tous les autres poissons d’un aquarium meurent, les danios sont souvent les derniers à être encore en vie et même à se porter comme un charme.  Or, la faible durée de vie, c’est justement une des caractéristiques des poissons auxquels on injecte du colorant dans la peau.

Sur les forums spécialisés en aquariophilie, certains incriminent la mutation, ou le fait que ces poissons auraient été reproduit à partir d’un faible nombre d’individus, d’où un taux élevé de consanguinité. Sauf que, dans les aquariums des particuliers, il doit y avoir beaucoup de lignées de danios qui sont issus de seulement quelques individus. Or, on ne parle pas de morts précoces dans ces cas là. Ces lignées de danios gardent leur coté increvable. Par ailleurs, il n’y a pas vraiment une mutation profonde des gênes de base des danios, mais seulement production d’une protéine supplémentaire. Protéine qui est sensée ne pas poser de problème de santé. Donc, l’injection de colorants expliquerait assez bien le taux de mortalité élevé des glofish.

Exemple de glofish morts rapidement (j’ai mis la traduction directement) :

http://www.ultimatebettas.com/index.php?showtopic=8582&st=24

« Je viens juste d’en acheter 3. Ils étaient chers !! 6 dollars chaque ; et ils étaient bien quand je les ais mis dans mon aquarium ; ce que j’ai fait lentement, et un par un. Mais, le matin suivant, un seul était encore vivant. Petco et Petsmart n’en vendent pas ici. Aussi, je les ai achetés à Petland, qui est, un très mauvais magasin d’animaux, si vous voulez mon avis. Mais peut-être est-ce que ce sont simplement les gens que j’ai rencontré (mon petit ami aime ce magasin, c’est la seule raison pour laquelle j’y vais). Quoiqu’il en soit, j’ai pris les 2 qui étaient morts, et avant qu’ils ne voient mon sac, ils (plusieurs personnes) m’ont dit « est-ce que ce sont des glofish ? » et m’ont demandé d’apporter de l’eau de mon aquarium ; comme s’ils savaient qu’ils allaient mourir ou quelque chose comme ça ? »

Ce témoignage est assez significatif. Les employés du magasin n’ont même pas eu besoin de voir les poissons ; ils ont immédiatement pensé aux glofish. Ca veut bien dire que le taux de mortalité de ces poissons devait être particulièrement important.

Peut-être que les chercheurs ont pris des danios pour leur truande (dans le cas où il y aurait bien injection de produits fluo) justement parce que ce sont des poissons extrêmement résistants. Dans le cadre d’une injection de colorant fluo, ça pouvait permettre de faire en sorte qu’ils ne meurent pas trop vite.

Et puis, on dit que les produits injectés aux poissons disparaissent au bout de 10 mois, mais peut-être que les entreprises qui réalisent la truande ont trouvé des nouveaux produits qui persistent plus longtemps. Avec des animaux ayant une durée de vie de 2 ou 3 ans, augmenter la persistance du produit de 2 ou 3 fois suffirait à les rendre fluo toute leur vie et a rendre la truande invisible.


– Embryon de caille

Enfin, concernant le fait que toutes ces expériences ne consistent qu’à faire produire une protéine par les cellules, et ne prouvent donc pas qu’il y ait eu manipulation génétique stricto sensu, l’une d’elles contredit cette assertion.

Quand j’ai parlé la première fois de ce sujet sur le forum onnouscachetout, quelqu’un a mis en avant une expérience faite avec un embryon de caille. Soi-disant, les chercheurs avaient réussi à faire en sorte que seules les cellules neuronales émettent la fluorescence. Ca prouverait donc qu’il y a bien possibilité de manipuler le génome pour qu’il ne produise la fluorescence qu’à l’endroit où on veut. Donc, on sortirait du cadre dont j’ai parlé, à savoir qu’on obtient une fluorescence générale, en introduisant quelque chose qui permet la fluorescence, sans qu’on sache vraiment ce que c’est. Ca a été réalisé par Benjamin B. Scott et Carlos Lois au MIT de Cambridge. Il y a la photo suivante qui montre le phénomène.


Caille_neurones_fluo

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1275601/?tool=pubmed

Seulement, le problème, c’est que justement, on voit la fluorescence. Or, a priori, on ne devrait pas la voir. En effet, la photo est prise alors que l’embryon est au 6ème jour de son développement. Il s’agit d’une caille. Et un œuf de caille éclot en 16 ou 17 jours. A ce stade, le squelette au niveau de la tête et de la colonne vertébrale est déjà développé. Donc, normalement, les neurones qui se trouvent à l’intérieur devraient être cachés par le squelette. Alors, ce qu’on voit, c’est en fait les os. Ce sont eux qui sont fluorescents. Ce qui n’a rien à voir avec les neurones.

Par ailleurs, sur la photo A, on voit la fluorescence de façon plus ou moins diffuse au niveau des futures pattes. Or, ça devrait être sombre. Il n’y a pas de neurones à cet endroit. Bien sur, on pourrait me répondre que les neurones ne se limitent pas au cerveau et à la moelle épinière, qu’il y a les neurones moteurs, les neurones sensitifs. Mais dans ce cas, sur la photo B, on devrait voir aussi de la fluorescence diffuse autour de la moelle épinière. Mais ce n’est pas le cas. Donc, ça laisse là aussi fortement penser qu’il y a eu truande sur les photos.


3) Le problème de l’incohérence entre la maîtrise apparente des manipulations génétiques sur les animaux et l’insuccès dans la guérison des maladies génétiques


Il y a un autre problème. En supposant que ces succès revendiqués soient bien une réalité, quand on lit ou écoute les chercheurs, ces expériences ont l’air très maitrisées. Vraiment « no problemo ». Faire produire une protéine à un organisme, ça a l’air facile.

Mais quand on en vient aux choses sérieuses, à savoir traiter des maladies, là, d’un seul coup, tout est apparemment beaucoup plus compliqué. Et ce alors que dans beaucoup de cas de maladies, il ne s’agit là aussi que de faire produire une protéine aux cellules. Si c’était si simple qu’ils ont l’air de nous le dire, on devrait pouvoir infecter les gens avec des virus et faire produire telle ou telle protéine aux organismes malades. Mais non. D’un seul coup, les choses ne marchent plus. Les choses qui étaient ultra simples et ultra maitrisées il y a deux secondes, deviennent ultra compliquées et ultra difficiles à maitriser. Donc, il y a comme un hiatus.

Seulement, vu que c’est quand on peut vérifier le résultat que ça ne marche pas, forcément, ça jette un énorme doute sur les résultats obtenus quand le grand public ne peut pas les vérifier.

Donc, forcément, l’absence de résultats dans le traitement des maladies génétiques introduit un énorme doute sur la réalité des succès concernant les animaux transgéniques.